La pilule. Elle reste aujourd’hui encore la méthode de contraception la plus utilisée en France : une femme de 15-49 ans sur deux l’utilise. Pourtant le rapport FECOND révèle une baisse globale d’utilisation de – 4,6%. Cette baisse est en partie compensée par l’adoption des nouvelles méthodes hormonales : implant, anneau vaginal ou patch. Ces méthodes se sont diffusées au cours de la dernière décennie au point d’être utilisées par 4 % des femmes en 2010. Le recours à la pilule a diminué de façon différente selon l’âge des femmes. Chez les jeunes de 18-19 ans, la baisse (– 4,4 %) s’accompagne d’un recours plus fréquent au préservatif et aux nouvelles méthodes hormonales. Chez les femmes de 20-24 ans, la baisse (– 10,4 %) n’est qu’en partie compensée par le recours aux nouvelles méthodes hormonales (+ 5,1 %). Chez celles de 25-29 ans (– 5,8 %), elle est en revanche plus que compensée par ce recours (+ 6,9 %).
Comment expliquer ce qui pourrait ressembler à un désaveu de la pilule chez les plus jeunes ? Il est vrai que les effets secondaires peuvent être légions : prise de poids, baisse de la libido, angoisse de l’oubli, pathologies mammaires. Pour Anna 31 ans, le phénomène s’explique aussi par une plus grande exigence des femmes : « Je suis tout à fait consciente que la pilule est un fantastique vecteur de libération pour les femmes mais 40 ans après, il est normal que nous soyons de plus en plus exigeantes Je ne veux pas avoir à choisir entre ma contraception et ma santé ou ma libido.» Des réserves relativisées par Gemma Durand, gynécologue à Montpellier : « Il ne faut pas se tromper, il n’y a pas de mauvaises pilules seulement de mauvais gynécologues. Une pilule bien adaptée passe totalement inaperçue chez celle qui la consomme et n’entraîne ni perte de poids, ni changement de comportements.» Pour Manon 27 ans, la contraception s’est apparenté à un véritable parcours du combattant : « La pilule ne m’a jamais convenu, l’idée d’avaler ce truc tous les jours pendant 35 ans me déplaisait beaucoup. Je suis passée au stérilet, une catastrophe ! Peu de gynécologues savent les poser chez les femmes n’ayant pas eu d’enfant, résultat : des douleurs atroces pendant 6 mois. Au final, découragée par tous ces gynécos qui ne me comprenaient pas et me reprochaient en gros de me plaindre pour rien, nous avons décidé, un peu naïvement, avec mon compagnon de nous en tenir au préservatif et…voilà le résultat : j’accouche dans un mois ! » Si l’histoire se termine bien pour ce couple qui a souhaité poursuivre cette grossesse imprévue, les conséquences d’une remise en cause générale de la pilule pourraient être plus graves selon Gemma Durand. « L’arrêt de la pilule risque d’entraîner des grossesses indésirables et donc une forte augmentation des IVG ; or il faut savoir que pendant le début de la grossesse, les risques d’accidents cardio-vasculaires sont multipliés par 6. Il est donc plus conseillé de continuer à prendre une pilule qui reste tout de même le moyen de contraception le plus satisfaisant pour une grande majorité de femmes.»
Le débat actuel, quoi que l’on en pense, aura peut-être le mérite de mettre en lumière le désintérêt de la société pour des questions féminines trop souvent cantonnées au cabinet de gynécologie. Comme le souligne Anna : « On parle de la pilule aujourd’hui parce qu’il y a eu des accidents graves, mais ça fait combien de temps qu’on galère ? Le problème c’est pas la pilule, c’est le manque d’écoute dès qu’on souligne un problème. Certains disent que l’on devrait s’estimer heureuse d’avoir accès à la contraception et ne pas trop se plaindre des petits désagréments qui l’accompagnent ? Faux, si les hommes la prenaient il y a longtemps que ces problèmes seraient réglés !»
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