En 2007, la MONUC (Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo) avait déjà révélé des informations selon lesquelles des troupes de l’ONU, basée dans le nord-est du Congo auraient participé à des trafics d’armes et d’or en 2005 et 2006. L’organisation avait ensuite demandé à l’instance internationale d’engager une enquête interne. Enquête menée par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) des Nations Unies, mais rapidement classée, faute de « preuves concordantes ».
La longue investigation de la BBC a permis de rassembler suffisamment de preuves et a permis de révéler que :
«Des soldats de la paix pakistanais, dans la ville de Mongbwalu (Est), ont été impliquées dans un trafic d’or illégal avec la milice FNI (Front nationaliste intégrationniste), leur livrant des armes pour qu’elle garde le périmètre des mines. Des soldats de la paix indiens opérant autour de la ville de Goma ont négocié directement avec les milices responsables du génocide rwandais, aujourd’hui présentes dans l’est de la RDC. Les Indiens ont échangé de l’or, acheté de la drogue aux milices, et, avec un hélicoptère de l’ONU, se sont rendus dans le parc national des Virunga, où ils ont échangé des munitions contre de l’ivoire.»
L’ONU souhaite enterrer l’affaire
Le Pakistan et l’Inde sont deux des plus gros contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. Il serait donc malvenus pour les Nations Unies d’écorner l’images de ces soldats de la paix. La BBC affirme que ses contacts internes à l’organisation internationale se sont vus refuser des informations pour « raisons politiques ». Suite à l’émission, l’ONU a démenti avoir couvert, pour raisons politiques, des trafics d’or et d’armes impliquant des Casques bleus indiens et pakistanais déployés en 2005 en RDC.
Le 2 mai dernier, la Human Rights Watch (HRW) vient se mêler à la fête. A travers une lettre au secrétaire général Ban Ki-moon, diffusée à la presse, l’organisation affirme que « des documents de l’ONU font apparaître que les allégations visant les soldats pakistanais et indiens ont été ignorées, minimisées ou remisées au placard par le Bureau des services de contrôle interne de l’ONU ».
Interrogé pour l’enquête de la BBC, le représentant du secrétaire général de l’ONU, Alan Doss, qui, outre la langue de Shakespeare, semble exceller dans la langue de bois a déclaré :
« Les chefs miliciens sont des chefs miliciens. Ils ont toujours leurs propres intérêts. Tout ce que je peux dire, c’est que notre enquête n’a pas confirmé ces faits ». L’affaire est loin d’être close.
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