Matinale du 6 décembre 2012

Tous les jeudis, les membres de l’équipe d’Haut Courant animent la matinale sur Radio Campus Montpellier.

Au programme du 6 décembre :

– Les titres de l’actualité internationale et nationale – Clothilde Dorieux
– Interview de Robert Kissous et Camille Saragosa de l’Association France Palestine Solidarité. – Alix Moréteau

 Chronique : La Bretagne – Simon Robert

 Journal d’informations locales – Coline Chavaroche
– Météo – Clothilde Dorieux

 Interview de Pierre André et Dave Nicolas, étudiants à l’université de lettres de Montpellier et Président et Vice-président de l’association Corpo Lettre Epsylon – Coralie Pierre

La justice pénale internationale : un défi pour l’avenir

Jeudi 28 octobre, l’amphithéâtre B de la faculté de droit de Montpellier a accueilli une projection-débat sur le thème de la justice pénale internationale. Le point de départ de cette soirée était la diffusion du film de Christophe Gargot, « D’Arusha à Arusha », qui présente le fonctionnement du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). Cette projection a ensuite permis d’ouvrir le débat sur les défis que doit relever la justice pénale internationale.

D’Arusha à Arusha : parole à la défense

Du procès de Nuremberg à la mise en place du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, des efforts ont été faits en matière de jugement des crimes de génocide.
Le 6 avril 1994, l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, cible d’un attentat, explose en plein vol. Quelques heures plus tard, c’est le début du génocide des Tutsis par les Hutus. Dans le documentaire « D’Arusha à Arusha », réalisé par Christophe Gargot, le génocide n’est pas traité dans ses faits mais il témoigne de la complexité de juger un tel événement par la communauté internationale.
Arusha est une ville de Tanzanie où siège le TPIR, créé par les Nations-Unies pour juger les responsables du génocide rwandais.

Pour réaliser son documentaire, Christophe Gargot a pioché des extraits dans les 30 000 heures d’enregistrements effectués par le Tribunal.
Parmi les 79 personnes poursuivies, Georges Ruggiu, ancien animateur belgo-italien de la radio Mille Collines et seul étranger à comparaître devant le TPIR, semble d’un sang-froid saisissant malgré les nombreuses incitations au crime exprimées à travers ce média. D’ailleurs, durant le film, des extraits radiophoniques sont utilisés pour témoigner de l’influence de ce support médiatique sur les auteurs du génocide.
L’autre principal inculpé est Théoneste Bagosora, un colonel retraité des Forces armées rwandaises. Présenté comme le cerveau du génocide, il nie avoir planifié les massacres, préférant parler de « préparation ».

Pour juger ces criminels, l’ONU a mis en place des salles d’audience ultra équipées.
Mais le réalisateur a également insisté sur l’existence, moins connue, de tribunaux populaires implantés dans les collines du Rwanda, là où les crimes ont été perpétrés. Le silence des images montrant les tribunaux de plein air, appelés les Gacaca, contraste avec le témoignage de Jean de Dieu.
Ce dernier, hutu, s’est dit contraint de commettre des crimes pour que sa compagne tutsie soit épargnée.
Un paradoxe qui illustre l’ambiguïté entre responsabilité et culpabilité. Des cas comme celui-là sont difficiles à résoudre pour la justice pénale internationale, confrontée à des « bourreaux malgré eux » révélant une part d’humanité lors des audiences.

Les défis de la justice pénale internationale en débat

Avant même la diffusion du documentaire « D’Arusha à Arusha » et le débat qui suivit, François Roux, avocat et chef du bureau de la défense du Tribunal Spécial pour le Liban, avait préparé l’auditoire. « La justice pénale internationale est complexe » avait-t-il annoncé.

D’un côté, il y a le sentiment général qu’il faut lutter contre l’impunité des crimes commis au Rwanda, au Cambodge ou en ex-Yougoslavie. De l’autre, il y a la justice qui, selon François Roux, « ne doit ni lutter contre l’impunité ni œuvrer pour la réconciliation ». Il cite les propos qu’il adresse aux juges devant les tribunaux : « Oubliez qui vous a nommés et pourquoi vous avez été nommés », autrement dit oublier la pression onusienne et l’atrocité des crimes. Seule l’application du droit compte, la réconciliation devant logiquement découler d’un verdict juste.

François Roux a travaillé à la défense d’accusés présentés devant les tribunaux internationaux, à l’image de Douch au Cambodge. Pour l’avocat, « il ne peut y avoir de justice sans défense. Avant de juger il faut comprendre ».
Le système de la justice pénale internationale est accusatoire. Dans les tribunaux, l’absence de juge d’instruction, sauf au Cambodge, contraint l’accusation et la défense à procéder à leurs propres enquêtes. Ce mode de fonctionnement basé sur le Common Law choque les juristes issus du droit romano-germanique.
Les tribunaux sont alors perçus comme des théâtres où l’on fait défiler des témoins et où les victimes n’ont pas le droit de faire valoir leurs intérêts.

Cette justice des symboles condamne lourdement les donneurs d’ordre, tels que les chefs d’État ou hauts gradés de l’armée, pour en faire des exemples.
Quant aux exécutants, leurs peines sont moindres, ils ne peuvent être condamnés comme des criminels de droit commun en raison du contexte particulier et politique dans lequel on les a poussés à agir.
Dans l’incapacité de juger tous les criminels, la justice pénale internationale délègue son pouvoir aux tribunaux populaires où la procédure est loin d’être tout à fait respectée. A l’image des « Gacaca » rwandais où les victimes sont devenues juges, les avocats absents, et les témoignages de personnes emprisonnées considérés comme irrecevables.

Une justice internationale imparfaite, de par sa jeunesse -quinze ans aujourd’hui-, mais aussi en raison des difficultés posées par la non-adhésion de certains pays concernés.
De la légitimité d’un tribunal dépend l’efficacité de la justice. Or, les tribunaux spéciaux internationaux sont parfois perçus comme des outils d’ingérence des Nations-Unies dans les affaires internes des Etats.

Ainsi au Rwanda, le tribunal n’a jamais connu l’adhésion du pays. Cela a compliqué les enquêtes et la recherche de preuves, rendues déjà difficiles par les délais séparant la commission des crimes et la mise en place du tribunal.
Le Liban n’a pas ratifié la charte de création du tribunal spécial, alors même qu’il était à l’origine de la demande de sa création.

Des pays s’insurgent contre ce qu’ils considèrent comme une ingérence dans leurs affaires. D’autres pensent que l’ONU doit veiller à ce que des criminels ne se cachent pas derrière le « paravent de la souveraineté » pour échapper à la justice.
Faudrait-il alors préférer aux tribunaux spéciaux les  »commissions vérité et réconciliation » ? Leur travail est important mais leur bilan est mitigé car elles suscitent autant d’espoirs que de frustrations. Le désir de voir des têtes tomber étant souvent perçu comme un préalable à toute réconciliation.
« Il n’y a pas de réponse parfaite, nous sommes condamnés à faire parce que ne rien faire serait condamnable », conclut François Roux.

Les étudiants de la clinique de droit international, qui sera mise en place au second semestre 2011 à la faculté de Droit de Montpellier, seront peut être ceux qui contribueront aux améliorations de la justice pénale internationale.
Olivier de Frouville et François Roux ont mené conjointement cette initiative. Après avoir pris contact avec le bureau des co-procureurs du Cambodge il y a trois ans, le premier, professeur de Droit public à l’Université de Montpellier propose son projet de coopération au second.
François Roux a déjà participé à la création de cliniques de droit international, notamment aux Etats-Unis et au Liban. L’objectif est de faire travailler les étudiants de master 2 sur des questions pratiques posées par des professionnels. Grâce aux liens établis, les étudiants pourront postuler pour des stages dans les institutions internationales, et, à plus grande échéance, travailler en leur sein.

Communauté internationale ou « communauté d’intérêt national » ?

La communauté internationale semble oublier ses prérogatives au profit de l’intérêt respectif des grandes puissances. Elle ressemble parfois à une jungle où chaque état garde égoïstement son butin au détriment d’une paix mondiale. Ici, la citation de Jean de La Fontaine tombe fort à propos :
« La raison du plus fort est toujours la meilleure »

A l’origine, la communauté internationale à travers l’ONU est là pour régler les conflits dans le monde et préserver la stabilité économique, environnementale et la paix dans le monde. Partant d’un constat sur les responsabilités des grandes puissances actrices importantes de la communauté internationale, on pourrait croire que l’appellation de «communauté d’intérêt national » semble mieux appropriée. Est-il exagéré d’affirmer que la communauté internationale est un pompier pyromane ? Et comment le désir de préserver des intérêts respectifs constitue des menaces pour la stabilité de la communauté internationale qui de ce fait ne nous apparaît plus comme une «communauté d’intérêt national » ?

Tout d’abord qu’entendons nous par « communauté d’intérêt national ». Le mot intérêt se présente comme un leitmotiv car ce calcul d’intérêt respectif des États constitue un facteur déterminant dans la politique internationale. Et cette appellation vient d’un constat fréquent.Très souvent les grandes puissances de cette communauté internationale sont elles-mêmes à l’origine de grands conflits dans le monde. Elles sont souvent des obstacles au règlement rapide ou pacifique des conflits. En guise d’illustration, on peut citer par exemple les deux grandes guerres mondiales (1914 – 18) et (1939 – 45), de même que l’invasion de l’Irak par les USA. Aujourd’hui on se rend bien compte que les armes de destructions massives n’étaient qu’un prétexte pour l’administration de Bush. Mais la quintessence de cette sauvegarde de l’intérêt des grandes nations est symbolisée par le droit de véto au sein de l’ONU comme nous le savons tous. Dans le Conseil de sécurité de l’ONU, les cinq membres permanents (les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni) ont le pouvoir de véto. Si l’un de ces pays vote contre une proposition, elle est rejetée. Et ce droit de véto est un moyen efficace pour ces pays de sauvegarder leurs intérêts dans toutes les relations internationales. Cette pratique est une menace pour la stabilité car ce calcul d’intérêts se manifeste par un soutien gratuit pour ses alliés ou états amis et une sévérité avec les États avec qui ils n’ont pas d’intérêts. Les armes de destructions massives nous en témoignent entre autres . Ainsi des pays comme Israël ou le Pakistan alliés des États-Unis ont bénéficié d’un laissez-faire, d’une légèreté de cette communauté internationale. Et ces dits pays disposent maintenant de la bombe atomique.

Nous avions assisté à deux élections marquées par des soupçons de manipulations à travers le monde : l’une en Iran et l’autre au Gabon. En Iran, la communauté internationale n’est pas restée à l’écart même si le caractère belliqueux de Mahmoud Ahmadinejad demeure une réalité. En revanche, au Gabon, après 40 ans au pouvoir d’Omar Bongo, son fils Aly Bongo a été élu malgré les fraudes supposées et les manifestations de l’opposition. On n’a d’ailleurs noté aucune réaction de cette communauté internationale ou plutôt de cette « communauté d’intérêt national ». Et on comprend pourquoi vu les intérêts que la France a dans ce pays.

D’autre part, dans des fléaux cruciaux comme le réchauffement de la planète par exemple, les USA, tête de file de cette communauté internationale qui doivent donner de bons exemples, ont refusé pendant longtemps d’adhérer à tout protocole ou accord qui menace ses propres intérêts. L’organisation de l’OMC qui encourage essentiellement la domination des puissants leur permettant de sauvegarder leurs intérêts au détriment des faibles en est aussi un exemple. Enfin le point culminant qui justifie l’hypocrisie de cette communauté internationale et le mérite de les appeler « communauté d’intérêt national » peut trouver sa justification dans le commerce des armes. Tous les jours, des mines antipersonnelles détruisent la vie des enfants dans des pays en conflits. A cela s’ajoute le nombre de victimes dans ces conflits et les pertes humaines considérables. Et pourtant aucun de ces pays ne fabriquent ces armes. Dans beaucoup de conflits, ce sont les leaders de cette communauté internationale qui arment l’un ou les deux belligérants et font marcher ainsi leur business au grand malheur des populations ! On peut citer dans cette vision la guerre Iran – Irak avec des milliers de morts. La France, comme d’autres pays, a bénéficié de contrats pour leurs industries d’armements. Aujourd’hui encore la crise de Darfour a mis du temps pour voir la mobilisation de cette même communauté et pourtant si ce pays disposait d’intérêts capitaux pour le reste du monde, on lui aurait accordé depuis longtemps l’engagement que la gravité de la situation nécessitait. La chine a toujours été pendant longtemps un obstacle au règlement de ce conflit brandissant à tort et à travers son droit de véto à toute sanction contre le régime d’Omar El – Béchir pour sauvegarder ses propres intérêts. La Chine soutient militairement et diplomatiquement le gouvernement de Khartoum.

La communauté internationale est elle dés lors dans son ensemble un arbitre intéressé ? Et on peut se demander si les attitudes des uns et des autres de cette communauté internationale ne peuvent pas engendrer des frustrations ? Quelle interprétation doit-on donner à la dernière intervention de Momar Khadafi à la tribune de l’ONU ? Certes les médias occidentaux n’ont rapporté que le côté folklorique de Kadhafi en passant sous silence le contenu de son discours et se limitant à ironiser. Mais demandons-nous au moins si le président libyen n’était pas ce jour là, la voix des sans voix. Outre le fait que Khadafi a déchiré et a jeté la charte de l’ONU, il a renouvelé son appel pour le transfert des compétences du Conseil de sécurité, le qualifiant de « Conseil de la terreur et du terrorisme » à l’Assemblée générale qui représente « le Parlement du monde » où tous les pays sont égaux tel que stipule sa charte. Dans son coup de gueule, Kadhafi a aussi évoqué le dossier du transfert du siège des Nations Unies vers un autre endroit et a proposé son transfert à Syrte en Libye, ou à Vienne en Autriche ou au centre de la planète à New Delhi ou à Beijing. Passer outre la personnalité du guide libyen, certaines de ses suggestions peuvent au moins nous interpeller pour un monde plus paisible, un monde peace and love!
Comment arriverons nous vraiment à refonder un système basé sur l’intérêt commun au service de cette communauté internationale au détriment des intérêts respectifs de chaque état?

Ibra khady NDIAYE

RD Congo : le conflit sans fin du Nord-Kivu

Après un accord de paix signé en janvier 2008, la région du Nord-Kivu, à l’est du Congo et frontalière du Rwanda, est de nouveau à feu et à sang depuis la fin du mois d’août 2008.

Depuis son indépendance en 1960, le Congo-Kinshasa est passé de conflits en conflits, de massacres en massacres. Après deux guerres (1996-1997 et 1998-2002) et les fortes répercussions du génocide du Rwanda voisin [[1994: Au lendemain du génocide rwandais, plus d’un million de Hutus se réfugie dans l’est de la République Démocratique du Congo, ex-Zaïre, fuyant l’avancée du Front patriotique rwandais (à majorité Tutsi) qui prend le pouvoir à Kigali. L’opération Turquoise, menée par la France et censée sauver les Tutsis du génocide, a surtout permis à l’armée, au gouvernement intérimaire et aux génocidaires de fuir au Zaïre. Leur installation au Kivu fera peser une menace continuelle sur le nouveau régime rwandais]], les tensions réanimées par la rébellion de l’ex-général de l’armée congolaise Laurent Nkunda paraissent insolvables.

Trois acteurs s’opposent…

 Les rebelles Tutsis congolais du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) menés par le général déchu Laurent Nkunda. Il estime que la population Tutsie est menacée par la présence sur le territoire de Hutus Rwandais et accuse le gouvernement de protéger ses ennemis.

 L’armée régulière congolaise appelée Forces Armées de République Démocratique du Congo (FARDC). Le gouvernement accuse le Rwanda de soutenir la rébellion de Nkunda, craignant que les Hutus Rwandais ne tentent de reconquérir le pouvoir de Kigali. L’armée est soutenue par l’ONU à travers la mission de la paix MONUC (Mission de l’ONU en RD Congo) [[17000 casques bleus actuellement. 3000 soldats supplémentaires ont été demandés par Ban Ki-moon]]

 Les rebelles Hutus rwandais composent l’essentiel des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). Dans leurs rangs se trouvent des génocidaires de 1994. Les FDLR réclament la possibilité de rentrer au Rwanda et l’intégration de certains d’entre eux dans l’administration.

… dans un combat à entrées multiples

Déplacements de milliers de personnes, violences sexuelles institutionnalisées, pillages, la situation humanitaire et sécuritaire est plus qu’instable. Des cessez-le-feu sont régulièrement décrétés, peu souvent respectés. Les causes du conflit sont multiples. Conflit ethnique bien sûr, il est aussi économique. La région possède de nombreuses richesses minières au centre des préoccupations de tous. Selon l’ONG « Global Witness », le CNDP de Nkunda se bat pour conserver sa mainmise sur la mine de coltan qui serait la principale source de financement de ce mouvement.

Les gentils contre les méchants ?

Il faut souligner l’attitude discutable qu’ont eu tous les acteurs des tensions. Si Rama Yade, secrétaire d’État auprès du Ministre des Affaires Étrangères, en déplacement en RDC le 30 novembre, a réaffirmé le soutien de la France au Président congolais Joseph Kabila, reste que le personnage est discutable. Le président Kabila est, en effet, accusé par l’association Human Right Watch d’avoir fait exécuter plus de 500 opposants en deux ans. Les casques bleus de la mission MONUC, loin d’une image héroïque, ont été accusés de trafics d’or et d’armes avec les rebelles. Pour finir, l’armée régulière s’est révélée être à l’origine de « pillages et d’exactions » contre la population civile dans le Nord Kivu…

Le rôle de l’Europe ?

Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU a lui-même demandé à l’Union Européenne de dépêcher sur place une force intérimaire en attendant l’arrivée de 3000 casques bleus supplémentaires. La Belgique, à travers son ministre des affaires Étrangères Karel De Gucht, s’est dite prête à envoyer des forces au Congo. Toutefois, ne s’estimant pas assez « forte », elle a rejeté la possibilité de conduire une opération sur place. Les autres pays européens sont pour le moins réservés sur cette éventualité. Javier Solana, haut représentant de l’Union Européenne pour la Politique Étrangère et de Sécurité Commune (PESC) a annoncé le 3 décembre que l’envoi d’une force européenne en RDC n’était pas à l’ordre du jour.

Nkunda veut des pourparlers…

L’ancien président nigérian et émissaire de l’ONU Olusegun Obasanjo a rencontré le président Kabila et Laurent Nkunda les 14 et 16 novembre. Depuis, les combats ont majoritairement cessé et les rebelles de Nkunda se sont retirés de certaines villes, arguant vouloir favoriser un climat de négociations. Des casques bleus ont confirmé que les rebelles s’étaient retirés d’Ishasha dont ils avaient pris le contrôle le 27 novembre.
L’actuelle position de médiateur d’Obasanjo pourrait aider à établir de véritables négociations. A suivre…

ONU: Derrière la mission salvatrice se cachent des trafics d’armes

La mission officielle de l’Organisation des Nations Unies est le maintien de la paix dans les zones dîtes de conflits. Pourtant, derrière cette fonction salvatrice, l’ONU serait impliquée dans divers trafics d’armes et d’or en République Démocratique du Congo. L’affaire a été révélée dans une émission de la BBC le lundi 28 avril. Suite à une enquête de dix-huit mois, la chaîne britannique affirme que des casques bleus indiens et pakistanais auraient participé à divers trafics mêlant l’ONU à des milices rebelles de l’est du pays.

En 2007, la MONUC (Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo) avait déjà révélé des informations selon lesquelles des troupes de l’ONU, basée dans le nord-est du Congo auraient participé à des trafics d’armes et d’or en 2005 et 2006. L’organisation avait ensuite demandé à l’instance internationale d’engager une enquête interne. Enquête menée par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) des Nations Unies, mais rapidement classée, faute de « preuves concordantes ».

La longue investigation de la BBC a permis de rassembler suffisamment de preuves et a permis de révéler que :
«Des soldats de la paix pakistanais, dans la ville de Mongbwalu (Est), ont été impliquées dans un trafic d’or illégal avec la milice FNI (Front nationaliste intégrationniste), leur livrant des armes pour qu’elle garde le périmètre des mines. Des soldats de la paix indiens opérant autour de la ville de Goma ont négocié directement avec les milices responsables du génocide rwandais, aujourd’hui présentes dans l’est de la RDC. Les Indiens ont échangé de l’or, acheté de la drogue aux milices, et, avec un hélicoptère de l’ONU, se sont rendus dans le parc national des Virunga, où ils ont échangé des munitions contre de l’ivoire.»
Véhicule blindé pakistanais de la MONUC (Mission des Nations Unis en RD Congo)

L’ONU souhaite enterrer l’affaire

Le Pakistan et l’Inde sont deux des plus gros contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. Il serait donc malvenus pour les Nations Unies d’écorner l’images de ces soldats de la paix. La BBC affirme que ses contacts internes à l’organisation internationale se sont vus refuser des informations pour « raisons politiques ». Suite à l’émission, l’ONU a démenti avoir couvert, pour raisons politiques, des trafics d’or et d’armes impliquant des Casques bleus indiens et pakistanais déployés en 2005 en RDC.

Le 2 mai dernier, la Human Rights Watch (HRW) vient se mêler à la fête. A travers une lettre au secrétaire général Ban Ki-moon, diffusée à la presse, l’organisation affirme que « des documents de l’ONU font apparaître que les allégations visant les soldats pakistanais et indiens ont été ignorées, minimisées ou remisées au placard par le Bureau des services de contrôle interne de l’ONU ».

Interrogé pour l’enquête de la BBC, le représentant du secrétaire général de l’ONU, Alan Doss, qui, outre la langue de Shakespeare, semble exceller dans la langue de bois a déclaré :
« Les chefs miliciens sont des chefs miliciens. Ils ont toujours leurs propres intérêts. Tout ce que je peux dire, c’est que notre enquête n’a pas confirmé ces faits ». L’affaire est loin d’être close.
Le drapeau des Nations Unies

Jacques Aben (CNRS) : « Il existe un droit au nucléaire »

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté dernièrement une troisième série de sanctions afin que l’Iran interrompt son programme nucléaire. Entretien à propos d’une éventuelle bombe iranienne avec Jacques Aben, ancien responsable de l’axe « crises et conflits » à l’ESID (Etats, sociétés, idéologies, défense), unité mixte de recherche du CNRS.

Pensez-vous que l’Iran veut se doter de l’arme nucléaire ? Une bombe iranienne serait-elle vraiment dangereuse?
Je crois que Téhéran veut la bombe, mais elle ne serait pas plus dangereuse qu’une autre. La détention d’une arme nucléaire a la vertu de rendre prudent. Celui qui jouerait avec saurait qu’il s’expose à des représailles nucléaires.

Dans la revue Défense nationale de juillet 2007, Tewfik Hamel, doctorant en sciences politiques et relations internationales, avance que l’arme nucléaire est l’ultime et seule assurance pour un État jugé voyou.
C’est exactement ce que la France a toujours dit pour elle-même – ce qui ne veut pas dire que ce soit obligatoirement efficace. L’Iran voudrait, grâce au nucléaire militaire, devenir une puissance régionale capable de résister à la plupart des menaces.

Est-ce que le concept de « destruction mutuelle assurée », qui a marché pendant la Guerre froide, peut fonctionner ici entre l’Iran et Israël ?
S’agissant de la Guerre froide, tout ce que l’on sait c’est qu’elle n’a pas dégénéré, le reste n’est que spéculation. Cela dit, l’équilibre de la terreur est un concept potentiellement universel, pourvu qu’il s’applique à des États dits rationnels, intéressés par leur pérennité.

Le TNP (Traité de non prolifération nucléaire) annonce que « chaque pays aura le droit de se retirer du traité s’il décide que des évènements extraordinaires, en rapport avec l’objet du présent traité, ont compromis les intérêts suprêmes de son pays ». Téhéran pourrait-il avoir une excuse pour quitter le TNP ?
A-t-on vraiment besoin d’une excuse pour faire quelque chose dont, de toute façon, les autres ne veulent pas ? Qui a demandé quoi que ce soit à Israël ? On n’est pas dans le domaine du juste ou de l’injuste, mais dans celui du « bon pour moi » ou « mauvais pour moi » et donc des rapports de forces. Il ne faut pas oublier que la France a été le premier pays disséminateur.

Peut-on parler d’un droit au nucléaire?
C’est mon point de vue. Je ne vois pas au nom de quoi certains s’arrogeraient le droit d’interdire aux autres de se doter des mêmes capacités qu’eux. Reste qu’un État est seul juge de sa propre sécurité, sous réserve que son action pour la préserver ne provoque pas une réaction excessive de ses voisins ou du Conseil de sécurité de l’ONU.

Après l’Égypte dernièrement, d’autres pays du Moyen-Orient veulent se mettre au nucléaire civil. C’est le cas de l’Arabie Saoudite, du Yémen, de la Jordanie, mais aussi de la Lybie, de l’Algérie et du Maroc. L’Iran a-t-il pu jouer un rôle dans ces décisions ?
Un système vraiment civil et donc surveillé par l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) ne peut donner lieu à utilisation militaire. Et tout le monde sait que tôt ou tard le prix du pétrole deviendra exorbitant, et qu’il faudra bien continuer à produire de l’électricité. Je ne vois donc pas le besoin d’un exemple, iranien ou autre.

Jacques Aben (CNRS) : « Il existe un droit au nucléaire »

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté dernièrement une troisième série de sanctions afin que l’Iran interrompt son programme nucléaire. Entretien à propos d’une éventuelle bombe iranienne avec Jacques Aben, ancien responsable de l’axe « crises et conflits » à l’ESID (Etats, sociétés, idéologies, défense), unité mixte de recherche du CNRS.

Pensez-vous que l’Iran veut se doter de l’arme nucléaire ? Une bombe iranienne serait-elle vraiment dangereuse?
Je crois que Téhéran veut la bombe, mais elle ne serait pas plus dangereuse qu’une autre. La détention d’une arme nucléaire a la vertu de rendre prudent. Celui qui jouerait avec saurait qu’il s’expose à des représailles nucléaires.

Dans la revue Défense nationale de juillet 2007, Tewfik Hamel, doctorant en sciences politiques et relations internationales, avance que l’arme nucléaire est l’ultime et seule assurance pour un État jugé voyou.
C’est exactement ce que la France a toujours dit pour elle-même – ce qui ne veut pas dire que ce soit obligatoirement efficace. L’Iran voudrait, grâce au nucléaire militaire, devenir une puissance régionale capable de résister à la plupart des menaces.

Est-ce que le concept de « destruction mutuelle assurée », qui a marché pendant la Guerre froide, peut fonctionner ici entre l’Iran et Israël ?
S’agissant de la Guerre froide, tout ce que l’on sait c’est qu’elle n’a pas dégénéré, le reste n’est que spéculation. Cela dit, l’équilibre de la terreur est un concept potentiellement universel, pourvu qu’il s’applique à des États dits rationnels, intéressés par leur pérennité.

Le TNP (Traité de non prolifération nucléaire) annonce que « chaque pays aura le droit de se retirer du traité s’il décide que des évènements extraordinaires, en rapport avec l’objet du présent traité, ont compromis les intérêts suprêmes de son pays ». Téhéran pourrait-il avoir une excuse pour quitter le TNP ?
A-t-on vraiment besoin d’une excuse pour faire quelque chose dont, de toute façon, les autres ne veulent pas ? Qui a demandé quoi que ce soit à Israël ? On n’est pas dans le domaine du juste ou de l’injuste, mais dans celui du « bon pour moi » ou « mauvais pour moi » et donc des rapports de forces. Il ne faut pas oublier que la France a été le premier pays disséminateur.

Peut-on parler d’un droit au nucléaire?
C’est mon point de vue. Je ne vois pas au nom de quoi certains s’arrogeraient le droit d’interdire aux autres de se doter des mêmes capacités qu’eux. Reste qu’un État est seul juge de sa propre sécurité, sous réserve que son action pour la préserver ne provoque pas une réaction excessive de ses voisins ou du Conseil de sécurité de l’ONU.

Après l’Égypte dernièrement, d’autres pays du Moyen-Orient veulent se mettre au nucléaire civil. C’est le cas de l’Arabie Saoudite, du Yémen, de la Jordanie, mais aussi de la Lybie, de l’Algérie et du Maroc. L’Iran a-t-il pu jouer un rôle dans ces décisions ?
Un système vraiment civil et donc surveillé par l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) ne peut donner lieu à utilisation militaire. Et tout le monde sait que tôt ou tard le prix du pétrole deviendra exorbitant, et qu’il faudra bien continuer à produire de l’électricité. Je ne vois donc pas le besoin d’un exemple, iranien ou autre.