Otages : ne les oublions pas

Par le 25 octobre 2010

Ce lundi 25 octobre est marqué par un bien triste anniversaire. Hervé Ghesquière, Stéphane Taponier et leurs trois accompagnateurs sont retenus en Afghanistan depuis 300 jours maintenant.

Les deux journalistes de France 3 ont été enlevés dans la vallée de Kapisa, au nord-est de Kaboul, alors qu’ils réalisaient un reportage pour le magazine Pièces à conviction. Une détention plus longue que celles, très médiatiques, de Christian Chesnot, Georges Malbrunot (124 jours en Irak en 2004) et Florence Aubenas (157 jours en Irak en 2005).

Une campagne de discrédit

Aujourd’hui, personnalités et anonymes se mobilisent pour tenter de faire libérer les otages. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Des polémiques ont éclaté durant les premiers mois qui ont suivi le 29 décembre 2009, date de l’enlèvement. A l’époque, les hautes sphères de l’Etat avaient dénigré les deux hommes, jugés inconscients.

Fabien Namias, chef du service politique d’Europe 1, a révélé le 6 janvier 2010 le mécontentement du président de la République. Nicolas Sarkozy aurait manifesté sa colère en conseil des ministres et vivement critiqué le comportement des journalistes.
Le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant (42’40), s’est quant à lui indigné le 17 janvier contre la recherche excessive d’un scoop.

Un mois plus tard, c’est au tour du chef d’état-major des armées d’apporter sa pierre à l’édifice. A quelques jours de la retraite, Jean-Louis Georgelin (19’55) a enchaîné les maladresses au micro d’Europe 1. Il a entre autres révélé le coût exorbitant des recherches, s’élevant alors à plus de 10 millions d’euros.

Tollé parmi les confrères

Journalistes, associations et syndicats sont immédiatement montés au créneau. Les responsables de Reporters sans frontières ont exprimé leur révolte face à de telles déclarations. Ils ont rappelé que leurs confrères avaient été enlevés en exerçant leur métier. Un métier qui suppose parfois de prendre des risques pour accomplir un objectif louable : informer la population de ce qui se passe hors de ses frontières.

Il faut rappeler que les journalistes de France 3 étaient loin d’être inexpérimentés. Tous deux étaient habitués à travailler dans des zones difficiles. Hervé Ghesquière a notamment couvert la guerre en ex-Yougoslavie, au Rwanda et en Irak. Stéphane Taponier, caméraman, a pour sa part réalisé des reportages en Afrique, en Irak et s’est rendu plusieurs fois en Afghanistan.

Un soutien massif

L’appui de la profession a permis de lever l’anonymat des journalistes. Les otages ont depuis le mois d’avril retrouvé un nom, un visage et un CV. Ils sont alors devenus plus humains. Plus réels. Le soutien de l’opinion a logiquement suivi.

A présent, fini les polémiques. C’est à celui qui manifestera le plus fort son engagement. Et dans ce domaine, les hautes sphères du pouvoir ne sont pas en reste. Loin des critiques initiales, Nicolas Sarkozy s’emploie aujourd’hui à régler la situation. Edouard Guillaud, le nouveau chef d’état-major des armées, se montre quant à lui optimiste. Les journalistes ont été joints par téléphone en septembre dernier. Une libération avant Noël pourrait être envisageable.

D’ici-là, des actions sont prévues pour rappeler quotidiennement la détention des deux journalistes. Ce soir, France 3 diffusera en direct un concert de solidarité réunissant une pléiade d’artistes, de journalistes et d’animateurs. Il en aura fallu du temps pour que Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier retrouvent une crédibilité dans leur propre pays.

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à propos de l'auteur

Auteur : Cécile Alibert

« Tu veux faire quoi quand tu seras grand ? » Combien de fois avons-nous entendu cette question, apparemment incontournable ? Il y a d’abord les décidés qui répondent sans la moindre hésitation et quelques mètres derrière, tous les autres, qui se cherchent encore… Et puis, un jour, la grande révélation se produit. On ne se souvient plus trop comment, ni pourquoi, mais c’est désormais une évidence : on deviendra journaliste. Et peu importe les regards sceptiques ou compatissants qui en disent long sur ce que certains pensent du métier… Pour ma part, le déclic s’est fait au lycée, alors que je me spécialisais en ES. Il a mûri durant mon hypokhâgne à Toulouse, ma Licence d’histoire et mon Master de science politique effectués sur Montpellier. Mon projet s’est définitivement confirmé avec mes expériences au journal L’Indépendant à Narbonne. Pourquoi s’engager dans une telle voie ? Actualité, rencontres, découvertes, écriture… Ce sont tous ces intérêts mélangés qui m’ont naturellement poussée vers un choix de vie pas toujours évident… mais tellement exaltant.