Photographie, 13 000 signatures pour sauver une profession

Par le 3 février 2010

L’Union des Photographes Créateurs, Freelens, et la Société des auteurs de l’art visuel et de l’image fixe, ont conjointement lancé un appel pour la constitution d’Etats généraux de la photographie. La pétition a été déposée ce mardi 02 février au Ministère de la Culture et de la Communication où une délégation a été reçue.

Depuis des années, la photographie, et notamment la photographie de presse, est en danger. Directement liées à la crise de la presse, les difficultés que rencontrent les photojournalistes sont nombreuses : « les utilisations massives de photos dites « libre de droits », les photographies à « 1 euro », les photographies signées « DR », la baisse générale des tarifs, les contrats de cession de droits ne respectant pas la loi, la remise en cause par les juges de la qualité originale des photographies, la banalisation de la photographie comme un bien de consommation […]. Ces pratiques abusives génèrent une crise économique sans précédent qui met en péril les auteurs photographes et les agences photographiques qui diffusent leurs images. » Le constat énoncé par les professionnels de la photographie est donc bien sombre.

Trois associations professionnelles ont décidé de réagir en lançant une pétition intitulée « Sauvons la photographie » : l’Union des Photographes Créateurs (UPC), Freelens, et la Société des auteurs de l’art visuel et de l’image fixe (SAIF).

L’UPC est une organisation professionnelle de défense des droits des photographes auteurs. Elle étudie notamment les questions sociales, économiques ou encore juridiques, intéressant la profession de photographe auteur. Elle s’attache particulièrement au respect du droit d’auteur, tel que défini par le Code de la Propriété Intellectuelle. Mobilisée, elle a notamment organisé le week end dernier son Congrès 2010 pour étudier les perspectives qui s’offrent à la profession. Cet évènement a donné lieu à la naissance de l’UPP (Union des Photographes Professionnels), sur la base d’une association entre l’UPC et FreeLens. Cette nouvelle entité est la première organisation professionnelle de photographes 100% auteur. Freelens étant une association qui a pour objectif « d’établir et de faire prévaloir, au sein du grand public, de la profession et de ses utilisateurs, une éthique et une déontologie de la photographie d’information« . Enfin, la SAIF est une société civile dont la mission est de percevoir et de répartir les droits des auteurs des arts visuels dans leur ensemble : designers, dessinateurs, graphistes, peintres, photographes, sculpteurs…

Ces professionnels dénoncent l’absence de la photographie aux États généraux de la presse qui se sont déroulés en 2009. C’est d’ailleurs la principale revendication de cette pétition : la constitution d’Etats généraux de la photographie. Ainsi, dans l’édito du quatrième numéro du magazine Polka, Alain Genestar, directeur de la publication, milite pour des Etats généraux de la photographie : « puisque la presse s’est réunie pour trouver des solutions et remèdes à la crise qu’elle traverse, pourquoi ne pas en faire autant pour la photo en réparant « l’oubli » des Etats généraux et en organisant d’autre… mais en toute liberté. C’est à dire : sans la bénédiction préalable du pouvoir, mais sans s’interdire de lui faire part de nos réflexions et de nos propositions puisqu’en France, c’est ainsi et nul n’a envie de s’en plaindre: l’Etat, par sa législation, notamment fiscale, contribue à l’équilibre de la gestion des entreprises de presse. »

La pétition a donc été déposée ce mardi 02 février au Ministère de la Culture et de la Communication. Elle a recueillie 13 000 signatures dont, entre autres, celles des photographes Abbas, Jane Evelyn Atwood, Eliott Erwitt, Sebastiao Salgado, Sabine Weiss, et des politiques Marie-Georges Buffet, Jack Lang et Robert Navarro.

Selon Le Point, l’entourage de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, aurait indiqué que la « prise de conscience des difficultés des photographes est bien réelle et que] leurs sujets de préoccupations seront traités dans le cadre d’une mission de l’Inspection générale des Affaires culturelles« . De même, selon le [Parisien, deux inspecteurs généraux, Michel Balluteau et Marie Bertin se sont vu confier la semaine dernière une mission sur les actions à entreprendre en faveur du photojournalisme.

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à propos de l'auteur

Auteur : Julie Derache

« Un photographe est un funambule sur le fil du hasard, qui cherche à attraper des étoiles filantes » (Querrec) Diplômée du Master 2 Métiers du journalisme, je suis passionnée à la fois par les lettres, l’écriture et par la photographie. J'aime à reprendre les mots d'Eric Valli : « La photographie est avant tout, pour moi, la rencontre, la découverte, l’apprentissage d’autres mondes. Et le partage. C’est parce que ce métier est avant tout humain qu’il me passionne. » Ces propos résument tout. Mes expériences professionnelles, mes rencontres, mes passions, et surtout pourquoi j’ai choisi d’être à la fois journaliste et photographe. Amoureuse des mots, des livres, des images et des rencontres, j’ai toujours eu à cœur de comprendre le monde et de défendre ce que je crois être des causes justes. Curieuse, j’ai toujours voulu acquérir le plus de connaissances et d’expériences possibles dans divers domaines. Ainsi, mes multiples cheminements, atypiques bien souvent, se sont constamment éloignés des sentiers battus. Jeune, je me suis engagée par le biais d’une action pour la protection de l’environnement soutenue par PPDA, Roger Gicquel, Robert Hossein, entre autres. Grâce à cela, j’ai appris les bases du métier de journaliste, son éthique, et surtout à me dépasser pour aller vers l’autre. Ensuite, mon baccalauréat littéraire en poche, je me suis dirigée naturellement vers des études d’Histoire. Après ma licence, je suis allée voir ce qui se passait ailleurs, au Québec. M’intéressant à l’investigation et voulant m’immerger dans l’histoire du pays qui m’accueillait, j’y ai écrit un essai sur la femme amérindienne chrétienne en Nouvelle France dirigé par Paul André Dubois (Université Laval), explorant ainsi la culture et l’environnement des Premières Nations. A mon retour, je me suis vraiment lancée dans le journalisme. D’abord en intégrant le Master 1 Science Politique et le Master 2 Métiers du Journalisme, puis en faisant des stages dans le monde de la presse comme du photojournalisme. Notamment à l'Agence Vu, au sein de la rédaction locale, de la rédaction Culture/Magazine de Midi Libre et de celle de Polka Magazine où j’ai notamment eu la chance de pouvoir publier une première photographie commandée par Alain Genestar. Au sein du Master, j'ai également rédigé un mémoire intitulé « Au delà des clichés. Des évolutions du photojournalisme et de l'avenir d'une profession » sous la direction d'Edwy Plenel. A ce jour, je le retravaille en vue de le publier. Pour conclure, je pourrai vous dire, en reprenant les mots de Cédric Gerbehaye : « Je fais de la photo parce que j’ai des convictions », en ajoutant que pour moi le journalisme, c'est à la fois les mots et l'image, et que mon objectif est de faire des reportages pour documenter ce dont on ne parle pas, pour rendre compte, pour témoigner en prenant le temps, en analysant, en assumant sa subjectivité.