Redoine Faïd : nos prisons sont-elles suffisamment sûres ?

Par le 13 octobre 2018

L’évasion de Redoine Faïd a remis en cause la sécurité au sein des établissements carcéraux.

L’un des quatre miradors du centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil. (Crédit photo : LA VOIX DU NORD)

À quand la prochaine ? Après son évasion de prison le 1er juillet dernier, le criminel de 46 ans a été interpellé le 3 octobre dernier dans son fief de Creil (Oise) avec sept autres personnes, dont une majorité issue de sa famille. Redoine Faïd, condamné en appel à vingt-cinq ans de prison de réclusion criminelle pour son rôle « d’organisateur » dans un braquage qui avait coûté la vie à une policière en 2010, s’était évadé du centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne) par hélicoptère. Déjà en 2013, il s’était échappé de la prison de Lille-Sequedin après avoir pris en otage plusieurs surveillants.

Le multirécidiviste a été incarcéré à la maison centrale de Vendin-le-vieil (Salah Abdeslam y est emprisonné), dite une des plus sécurisées de France. Mais qu’entend-on par plus sécurisée ?

La forteresse Vendin-le-Vieil

La maison centrale de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais est considérée comme l’une des plus sures du pays. Selon Jocelyn Defawe, responsable des relations presse à la Direction de l’administration pénitentiaire, « le niveau de sécurité est plus important dans les maisons centrales de Vendin-le-Vieil et Condé sur Sarthe que pour des établissements plus classiques ».

D’abord, il explique qu’il y « a trois fois plus d’agents que de détenus. Un ratio très élevé comparé aux Maisons d’arrêt ou mêmes d’autres établissements pour peines. » Des agents habitués à revêtir casques et combinaisons pare-coups, pour servir le repas à certains détenus en quartier disciplinaire.

L’accès à la prison est ultra-sécurisé. Un premier barrage «  vérifie l’identité de tous les visiteurs ; ceux-ci franchissent ensuite le premier grillage, puis traversent le fossé et le glacis qui précèdent  le double mur d’enceinte, explique Jocelyn. Ensuite, il y a la zone neutre, troisième mur virtuel, avec sa barrière  infrarouge et hyperfréquence, puis les grillages surmontés de concertinas, près de 400 caméras et un filin anti- hélicoptère qui couvre toute la surface du centre. » Un filin absent à la prison de Réau, d’où l’évasion par héliportage de Rédoine Faïd.

Maisons d’arrêt et établissements pour peines

En France, il existe plusieurs types de prison. D’un côté les maisons d’arrêt, à l’instar de celle de Villeneuve-lès-Maguelone dans l’Hérault. Celles-ci regroupent les prévenus en attente de leur procès, ainsi que les derniers condamnés à de longues peines d’au moins deux années. Par ailleurs, les maisons d’arrêts sont les plus touchées par la surpopulation (taux d’occupation moyen de 130%). De l’autre côté, on distingue les établissements pour peines (voir ci-dessous), dans lesquels se trouvent par exemple les maisons centrales. Ces dernières abritent les détenus les plus dangereux avec un accès renforcé à la sécurité.

Les prisons floutées sur Google Maps

La Garde des Sceaux Nicole Belloubet n’est pas restée insensible à cette affaire. Si elle préfère tempérer en soulignant que ce « genre de phénomènes sont peu nombreux », la ministre constate la « surpopulation », les « problèmes de dispositifs d’urgence » et le manque de réactivité au sein des établissements pénitentiaires.
Ce mercredi, Google a accepté la demande de la ministre de flouter les prisons sur Google Maps. Pour éviter que d’autres se la jouent Prison Break

 

À SAVOIR : 

En France, il existe 99 maisons d’arrêt (pour les peines courtes et les détentions provisoires) et 85 établissements pour peines. On distingue parmi ces derniers : 
- 25 centres de détention. Ils accueillent des détenus présentant les meilleures perspectives de réinsertion sociale. À ce titre, les centres de détention ont un régime de détention principalement orienté vers la resocialisation des détenus.
- 6 maisons centrales. Elles reçoivent les détenus les plus dangereux. Le régime de détention de ces prisons est essentiellement axé sur la sécurité.
- 11 centres de semi-liberté. Ces derniers sont destinés à accueillir des détenus bénéficiant d’un aménagement de peine dans le cadre duquel ils jouissent d’horaires de sorties fixés par le juge. 
- 43 centres pénitentiaires. Ceux-ci sont des établissements de grande taille abritant au moins deux quartiers caractérisés par des régimes de détention différents : un centre pénitentiaire peut ainsi regrouper une maison d’arrêt, un centre de détention et/ou une maison centrale. Réau est un centre pénitentiaire.

 

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à propos de l'auteur

Auteur : Paul Seiden

Un Midi Libre posé tous les matins sur la table du petit-déjeuner, mêlé à ma curiosité de feuilleter ses pages, et voilà que ça donne ! Depuis dix ans maintenant, devenir journaliste est devenu l’objectif numéro un. Mes expériences au sein de Midi Libre, Radio Campus Montpellier, le Montpellier Hérault Rugby ou encore Le Rugbynistère m’ont conforté dans cette idée. Mon domaine de prédilection ? Le sport. Mais pas seulement. Le suivi de l’actualité, et j’entends par là, l’actualité GENERALE, est obligatoire pour un journaliste, mais aussi utile dans la vie de tous les jours. Pertinence et utilité, voilà à quoi se résume une bonne information ! En y ajoutant une petite touche personnelle à travers la plume…

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