Redoine Faïd : nos prisons sont-elles suffisamment sûres ?

L’évasion de Redoine Faïd a remis en cause la sécurité au sein des établissements carcéraux.

À quand la prochaine ? Après son évasion de prison le 1er juillet dernier, le criminel de 46 ans a été interpellé le 3 octobre dernier dans son fief de Creil (Oise) avec sept autres personnes, dont une majorité issue de sa famille. Redoine Faïd, condamné en appel à vingt-cinq ans de prison de réclusion criminelle pour son rôle « d’organisateur » dans un braquage qui avait coûté la vie à une policière en 2010, s’était évadé du centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne) par hélicoptère. Déjà en 2013, il s’était échappé de la prison de Lille-Sequedin après avoir pris en otage plusieurs surveillants.

Le multirécidiviste a été incarcéré à la maison centrale de Vendin-le-vieil (Salah Abdeslam y est emprisonné), dite une des plus sécurisées de France. Mais qu’entend-on par plus sécurisée ?

La forteresse Vendin-le-Vieil

La maison centrale de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais est considérée comme l’une des plus sures du pays. Selon Jocelyn Defawe, responsable des relations presse à la Direction de l’administration pénitentiaire, « le niveau de sécurité est plus important dans les maisons centrales de Vendin-le-Vieil et Condé sur Sarthe que pour des établissements plus classiques ».

D’abord, il explique qu’il y « a trois fois plus d’agents que de détenus. Un ratio très élevé comparé aux Maisons d’arrêt ou mêmes d’autres établissements pour peines. » Des agents habitués à revêtir casques et combinaisons pare-coups, pour servir le repas à certains détenus en quartier disciplinaire.

L’accès à la prison est ultra-sécurisé. Un premier barrage «  vérifie l’identité de tous les visiteurs ; ceux-ci franchissent ensuite le premier grillage, puis traversent le fossé et le glacis qui précèdent  le double mur d’enceinte, explique Jocelyn. Ensuite, il y a la zone neutre, troisième mur virtuel, avec sa barrière  infrarouge et hyperfréquence, puis les grillages surmontés de concertinas, près de 400 caméras et un filin anti- hélicoptère qui couvre toute la surface du centre. » Un filin absent à la prison de Réau, d’où l’évasion par héliportage de Rédoine Faïd.

Maisons d’arrêt et établissements pour peines

En France, il existe plusieurs types de prison. D’un côté les maisons d’arrêt, à l’instar de celle de Villeneuve-lès-Maguelone dans l’Hérault. Celles-ci regroupent les prévenus en attente de leur procès, ainsi que les derniers condamnés à de longues peines d’au moins deux années. Par ailleurs, les maisons d’arrêts sont les plus touchées par la surpopulation (taux d’occupation moyen de 130%). De l’autre côté, on distingue les établissements pour peines (voir ci-dessous), dans lesquels se trouvent par exemple les maisons centrales. Ces dernières abritent les détenus les plus dangereux avec un accès renforcé à la sécurité.

Les prisons floutées sur Google Maps

La Garde des Sceaux Nicole Belloubet n’est pas restée insensible à cette affaire. Si elle préfère tempérer en soulignant que ce « genre de phénomènes sont peu nombreux », la ministre constate la « surpopulation », les « problèmes de dispositifs d’urgence » et le manque de réactivité au sein des établissements pénitentiaires.
Ce mercredi, Google a accepté la demande de la ministre de flouter les prisons sur Google Maps. Pour éviter que d’autres se la jouent Prison Break

 

À SAVOIR : 

En France, il existe 99 maisons d’arrêt (pour les peines courtes et les détentions provisoires) et 85 établissements pour peines. On distingue parmi ces derniers : 
- 25 centres de détention. Ils accueillent des détenus présentant les meilleures perspectives de réinsertion sociale. À ce titre, les centres de détention ont un régime de détention principalement orienté vers la resocialisation des détenus.
- 6 maisons centrales. Elles reçoivent les détenus les plus dangereux. Le régime de détention de ces prisons est essentiellement axé sur la sécurité.
- 11 centres de semi-liberté. Ces derniers sont destinés à accueillir des détenus bénéficiant d’un aménagement de peine dans le cadre duquel ils jouissent d’horaires de sorties fixés par le juge. 
- 43 centres pénitentiaires. Ceux-ci sont des établissements de grande taille abritant au moins deux quartiers caractérisés par des régimes de détention différents : un centre pénitentiaire peut ainsi regrouper une maison d’arrêt, un centre de détention et/ou une maison centrale. Réau est un centre pénitentiaire.