Robert Guédiguian, le peuple sur grand écran

Par le 25 octobre 2018

Aux côtés de ses fidèles acteurs, le plus célèbre des cinéastes marseillais préside le Jury de la 40e édition de Cinemed. L’occasion de revenir sur une filmographie riche et éclectique.

Extrait de "Une histoire de fou"

De Dernier été, son premier film produit en 1980, à La Villa, sorti en 2017, peu de choses ont changé. Ariane Ascaride et Gérard Meylan, son épouse et son ami d’enfance, qu’on prenait parfois pour son jumeau, ont bien pris quelques rides. Mais le décor n’a pas bougé. Robert Guédiguian est resté fidèle à Marseille, et plus particulièrement à son quartier de l’Estaque, décor de la majorité de ses films.
Ses thèmes, eux aussi, restent bien souvent les mêmes. Ancien membre du parti communiste et toujours engagé à gauche, Robert Guédiguian n’aime pas qu’on dise qu’il réalise des films politiques. Il n’empêche, les ouvriers, les pauvres, les résistants ou les grévistes sont omniprésents dans ses scénarios. Le cinéaste le confirme : « Je filme et filmerai toujours des personnages qui galèrent. »
Pour des fins différentes. Comédie, avec Marius et Jeannette, drame, comme La ville est tranquille, film historique, avec L’Armée du crime, ou politique, comme Le promeneur du Champ de Mars, Guédiguian exploite tous les genres.
Au fil des ans et des films, l’Estaque évolue. Un peu. La société également.  En creux, on constate un désamour croissant pour la politique et plus particulièrement un recul de la gauche et de ses valeurs au sein d’une classe populaire qui se tourne de plus en plus vers l’extrême droite.

La famille à l’honneur dans « Les neiges du Kilimandjaro

Une “famille” toujours à ses côtés

“Tribu”, “équipage”, “team”, “crew”. Les termes ne manquent pas pour qualifier, plus ou moins sérieusement, l’entourage de Robert Guédiguian. “Je préfère le terme de famille”, tranche Gérard Meylan, sans pour autant déclencher l’unanimité au sein de la troupe.
Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin, Jacques Boudet ou encore le monteur Bernard Sasia sont présents depuis ses débuts. Plus jeunes, Anaïs Demoustier, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet et Robinson Stévenin l’ont rejoint en cours de route. Tous ont conscience de prendre part à “une oeuvre collective” et à l’écriture d’une immense comédie humaine.
Car si Robert Guédiguian est seul pour écrire les scénarios, il laisse ses acteurs et son monteur libres d’interpréter leurs rôles. “On ne fait jamais de répétition avant les tournages. Je laisse chacun jouer librement et me proposer quelque chose. Puis je valide ou pas”, détaille le réalisateur. “L’amour infini porté par sa mère a donné à Robert une confiance totale en lui. C’est là sa grande force. S’il valide une scène, on sait qu’il nous soutiendra à 300%”, complète Ariane Ascaride.
Ainsi fonctionne la “famille Guédiguian” depuis maintenant 38 ans.
Il m’arrive parfois de croiser des personnes à Marseille qui se rappellent de Dernier été”, s’amuse Gérard Meylan. “Je constate qu’ils ont les tempes grises, et je me dis que c’est un privilège de vieillir avec son public.” Une histoire commune partie pour durer encore quelques temps.
On tourne notre prochain film du 26 novembre au 15 janvier. Cela s’intitule Sic transit gloria mundi, vous savez, la locution latine qui dit la fragilité de nos existences”, confiait Robert Guédiguian. Un film noir, très dur, avec en exergue une phrase : « La domination est à son apogée quand le discours des maîtres est tenu et soutenu par les esclaves.
Le cinéaste de l’Estaque n’a pas fini de filmer “le peuple”.

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