« Cette réforme trop longtemps différée est une réforme majeure. » Hier à Neufchâteau, le président de la République a insisté sur l’aspect capital de ce vingtième rapport sur la santé en six ans : « Le refus de la réforme conduira à la fermeture des hôpitaux. »
Jean-Olivier Arnaud, directeur général du CHU de Nîmes, partage cet avis et revient sur les trois propositions phare du texte.
Les hôpitaux regroupés comme les communes
Les regroupements d’hôpitaux paraissent inévitables aux yeux de Jean-Olivier Arnaud. Nicolas Sarkozy entend favoriser la mise en réseau d’établissements de santé en créant des communautés hospitalières de territoire. Ces dernières verraient le jour grâce à des aides et des subventions, à hauteur d’une dizaine de milliards d’euros. Pour le directeur nîmois, il s’agit d’une des innovations les plus intéressantes : « Cela va faciliter la mission de service public des hôpitaux. Il y aura ainsi une continuité de la prise en charge du patient, de son domicile jusqu’à son retour chez lui. »
Collaborations accrues avec le secteur privé
Cette mesure s’accompagne d’une porosité accrue entre les secteurs publics et privés. Si ce concept semble novateur, il n’en est rien pour Jean-Olivier Arnaud : « A Nîmes, nous avons déjà passé des conventions avec des établissements privés. Les dirigeants hospitaliers sont convaincus qu’il faut développer de tels partenariats, notamment avec les médecins libéraux. » La maternité privée de Ganges et le CHU de Nîmes travaillent en symbiose, par le biais de la visioconférence. Entre Montpellier et Nîmes, les échanges sont également antérieurs au rapport, d’après le directeur gardois : « Nous collaborons déjà dans plusieurs domaines. Beaucoup de médecins sont passés par les deux hôpitaux, nous sommes aussi liés par la faculté de médecine. »
Cette coopération entre public et privé vise également à endiguer la concentration des établissements de santé à but lucratif. Nicolas Sarkozy craint, en effet, un « risque de monopole des cliniques privées, guidé par des fonds de pensions ». Pour Jean-Olivier Arnaud, cela pourrait engendrer une perte de la qualité des soins.
Le directeur d’hôpital devient le seul patron
Avec le rapport Larcher, le rôle du directeur d’établissement va également être bouleversé. « Les pouvoirs du directeur seront accrus afin que les hôpitaux aient un seul patron et un seul », a affirmé Nicolas Sarkozy. Sur ce point névralgique, Jean-Olivier Arnaud ne se montre pas hostile : « Moi, je compte bien rester un directeur d’hôpital et ne pas devenir un chef d’entreprise. Je suis ancré dans les valeurs du service public. Mais si je peux être un acteur du changement… »
Le directeur du CHU de Nîmes justifie la future évolution de son statut par la nécessité, pour un hôpital, de devenir plus réactif à la mutation de la société : « Les directeurs d’hôpitaux posséderont les clefs des investissements. Nous aurons donc une plus grande liberté de gestion. Nous pourrons investir plus rapidement en s’exonérant de certaines règles du marché public. » Jean-Olivier Arnaud cite en exemple de cette plus grande latitude de décisions l’embauche des médecins : « Actuellement, dans certaines spécialités et zones géographiques, nous avons du mal à recruter. Avec cette mesure, chaque établissement pourra recruter plus facilement, en faisant des choix dans le cadre de sa liberté budgétaire. »
Dès l’annonce du rapport, des voix se sont élevées, exprimant leur inquiétude de voir disparaître les établissements les moins rentables. Mais pour Jean-Olivier Arnaud, « il ne s’agit pas de réformes visant à comprimer. Un établissement avec une bonne activité n’a rien à perdre. » Reste à voir ce qui va advenir des petites structures.
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