Il se veut plus bio que bio. Sylvain Fadat, vigneron du domaine d’Aupilhac près de Montpellier, a pourtant commencé voilà 25 ans en produisant du vin conventionnel. « Les chercheurs étaient à l’ouest ! Ils nous disaient que ce n’était pas dangereux. Moi qui utilisais du Roundup dans les champs, j’ai été empoisonné par les insecticides, victime de fièvres et de vertiges », se souvient avec agacement ce fils d’agrégés en sciences. Cette prise de conscience le pousse à rejeter les pesticides. D’agriculture raisonnée, il passe en agriculture biologique pour enfin être aujourd’hui en biodynamique. Une transition « logique » selon lui. Il s’en porte mieux, ses vignes aussi.
Tout n’a pas toujours été aussi simple se rappelle Sylvain : « Au début, la vinification était faite dans des citernes de camion. Les caves n’existaient pas. Nous avons tout construit, même les caves ! »
De Biologique à Biodynamique
Bio dans l’esprit et dans les actes depuis ses débuts, Sylvain n’a pas été pressé de le devenir officiellement. « Trop de paperasse » s’exaspère celui qui produit désormais 130 000 bouteilles pour 25 hectares répartis entre les lieux dits Aupilhac et Cocalière. Il se fait tout de même certifier bio par Écocert en 2006. Une simple étape pour ce personnage proche de sa terre et de ses vignes pour qui le bio n’est pas suffisant. En 2014, le domaine passe en agriculture biodynamique. Il est officiellement certifié la même année par le label Demeter (qui n’apparaît pas sur ses bouteilles). Cette méthode, encore assez méconnue mais faisant de plus en plus d’adeptes, se base sur l’homéopathie naturelle pour soigner les plantes. Elle utilise des techniques surprenantes comme du fumier de bovin enterré dans des cornes de vaches durant l’hiver puis déterrés et mélangés à de l’eau. Très riche pour la vie microbienne et l’humus, cette préparation participe à la vie du sol. Le tout en corrélation avec le calendrier lunaire. Sylvain justifie ce tournant : « C’est une question de bon sens paysan. La biodynamie active la vie dans les vignes. Les plantes nous envoient des signaux qui nous font découvrir leurs facultés de résistance ». Taxé d’ésotérisme, voire de mysticisme par ses détracteurs, notamment pour l’utilisation du calendrier lunaire, Sylvain s’offusque : « On n’est pas des illuminés. La lune à des effets sur l’eau, sur nous, sur la vigne. Il n’y a pas de doute ! ».
Une philosophie humaine
Engagé dans ses vignes, le vigneron Fadat l’est aussi avec les gens. Il a toujours privilégié les relations sur la durée avec sa clientèle de cavistes, restaurateurs et particuliers. « J’ai une clientèle fidèle depuis 25 ans, avant même d’être certifié, qui me fait confiance ». La confiance, le rapport humain : deux valeurs fondamentales à ses yeux. « Si un caviste fait du bon boulot, je ne vais pas voir quelqu’un d’autre, j’essaye que les gens ne se concurrencent pas. J’essaye d’être le plus possible à l’écoute de leurs problèmes, de faire le meilleur vin possible ». Vendu à 75% à l’export, son vin est présent dans 29 pays. Japonais, américains s’arrachent ses bouteilles mais le gros du business se fait avec les Canadiens (20 000 bouteilles par an). En Corée, il ne vend son breuvage qu’un un seul client : « Il a mon exclusivité morale, je lui fais confiance ».
Chef d’entreprise en mode plutôt alter, Sylvain Fadat garde les pieds sur terre ou plus exactement dans sa terre de Montpeyroux.
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