Pourquoi avoir accepté de participer aux rencontres D’un genre à l’autre ?
Les festivals de type « cinéma gay » me gênent, mais j’ai tenu à venir à Nice parce que ça me semblait important. Dans une ville avec une politique de droite, fermée et homophobe (1), j’ai trouvé l’initiative du festival très courageuse. Je suis contre la ghettoïsation, mais si je suis venu, c’est que je cautionne un minimum.
Contestez-vous le bien-fondé d’un festival cinématographique gay et lesbien ?
J’ai un rejet complet pour les étiquettes, on ne dit pas des autres festivals qu’ils sont hétéros ! Mais je ne peux pas refuser de faire partie de la communauté gay. C’est comme la famille : elle nous emmerde un peu mais on est content quand on la retrouve aussi. Ces festivals stigmatisent l’homosexualité, mais si c’est un moyen pour éveiller les consciences et faire bouger les choses, comme à Nice, pourquoi pas ?
Dans votre dernier film, Avant que j’oublie (2007), l’homosexualité suggère l’interdit, la maladie, la mort. Que souhaitez-vous exprimer à travers vos films ?
Je suis assez vigilant avec l’homosexualité, je refuse de représenter l’homo à travers le cliché de la « folle », comme l’a fait Pédale douce par exemple. Dans mes films je brise le tabou de l’homme homosexuel, car l’homosexualité féminine est beaucoup plus acceptée. Je montre le réel, le quotidien : des hommes mariés qui se payent des gigolos, la séropositivité, la vieillesse.
Quelle est votre vision du cinéma, et surtout, de votre cinéma ?
Il y a toute une partie du cinéma français que je ne regarde pas, notamment les comédies. Pour moi le cinéma doit provoquer la réflexion, le spectateur doit ressortir nourri. Moi, j’écris pour exprimer mon malaise. C’est pour cela que mes films dérangent et surprennent. En ce moment, je vais trop bien pour écrire un nouveau film…
(1) : NDLR, ces propos n’engagent que leur auteur, et en aucun cas la rédaction de ce site.