Un grand ensemble blanc, espace dégagé et installations étranges. A gauche, des écouteurs à poser sur les yeux, et non sur les oreilles, gisent sur un carré de moquette. A droite, une vidéo projette sur le sol un jeu d’ombres chinoises alors que quelques mètres plus loin, assis sur des coussins, des visiteurs regardent une vidéo en plan fixe armés de casque audio. Ce mélange d’œuvres artistiques comportant toute une relation à l’univers sonore, c’est Un bruit qui court, exposition d’art contemporain organisée par l’association Carbone 14, une association regroupant les étudiants du Master 2 CGDOAXX de Paul Valery.
« Nous avons fait un travail de commissaire » explique Audrey Maret-Mercier, étudiante du Master 2 CGDOAXX. « Nous avons choisi des œuvres parmi celles que possédait déjà le Frac, mais nous avons aussi fait appel à des élèves de l’école des Beaux Arts de Montpellier ou à des artistes de la région ». Emmanuel Latreille, directeur du Frac, appuie ce projet incitant à « réfléchir à ce qu’est une œuvre dans sa dimension sonore ». Un concept qui, pour Audrey, appelle « un dépassement de la perception purement visuelle ».
« Un son caché, un bruit qui court : celui du complot ».
Christophe Sarlin fait partie des deux élèves des Beaux Arts de Montpellier sollicités par Carbone 14. Pour cette exposition, il a choisi 1963-2007, la deuxième œuvre d’une trilogie consacrée à John Fitzgerald Kennedy qu’il avait réalisé en 2007. Tout d’abord, un élément physique, une plaque en métal de la couleur de la Ford présidentielle. Sous un coté relevé de ce carré de métal, un son s’échappe : celui de la première lecture du rapport Warren sur l’assassinat de JFK. « Je veux réactiver l’événement » lance Christophe Sarlin. Du sens pour une œuvre qui, si elle parait minimale, constituerait plus un prétexte à la narration. Évoquant différents niveaux de questionnements mais aussi de lecture, l’artiste s’évade et extrapole avant de conclure : « Un son caché, un bruit qui court : celui du complot ».
De la région également, Benoist Bouvot a construit Nous ne sommes plus ici spécialement pour l’exposition. Dans un renfoncement séparé du public par un rideau, un fauteuil rouge trône entre un tourne-disque et une camera projetant une image sur le mur d’en face. Par terre, un casque audio diffuse un recoupement de cinq films différents. « L’holophonie permet de respatialiser le son, développe Benoist Bouvot. Tout est dans la bande son, même si paradoxalement mon œuvre traite de l’absence à l’image ».
Bruits variés, bandes audio, et même quelques notes de musique. Accompagnée d’un clarinettiste, Julia Garbuzova retranscrit lors de sa performance une signature manuscrite en partition. Mais petit bémol, choisissez une période creuse pour parcourir la salle. « Quand il y a du monde, on entend très mal » ironise Audrey.
Du mardi au samedi, de 14h à 18h. Pour plus d’informations : www.myspace.com/expounbruitquicourt