Ce dimanche 28 novembre se déroulait le deuxième tour des élections présidentielles en Côte d’Ivoire, opposant l’actuel président Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara. Le scrutin s’est tenu dans un climat électrique et les deux candidats s’accusent désormais mutuellement de fraudes et d’intimidations. Ce qui risque de raviver les tensions entre les partisans des deux camps, qui ont déjà fait des victimes par le passé.
Le premier tour a consacré Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, rivaux de longue date. Le premier, ancien premier ministre de 1990 à 1993 puis directeur adjoint du FMI de 1993 à 1999, s’était déjà lancé dans la campagne présidentielle en 2000 mais avait vu sa candidature rejetée et une crise politique durable s’installer.
Une vieille rancoeur
Pour écarter la candidature d’Alassane Ouattara lors des présidentielles de 2000, le principe «d’ivoirité» fut invoqué. Ce principe veut que pour se présenter à l’élection le candidat doit avoir un père et une mère ivoirienne. La presse et les opposants de Ouattara émettent alors des doutes sur son identité ivoirienne, l’accusant notamment d’être de nationalité burkinabée. Ces accusations vont créer des tensions et ses partisans seront violemment réprimés par les forces de l’ordre. Il dénonce alors des discriminations à son encontre notamment parce qu’il est musulman.
Le poids des ethnies
Pour comprendre les enjeux et les tensions qui accompagnent chaque élection, il convient d’analyser la place qu’occupent les ethnies dans les choix politiques des ivoiriens. Laurent Gbagbo est identifié comme le représentant des chrétiens animistes du sud, principalement composé de l’ethnie Bété, tandis qu’Alassane Ouattara apparait comme le représentant des musulmans au nord. Quand à l’ethnie Akan, celle du centre et la plus nombreuse, elle était représentée par Henri Konan Bédié, qui a terminé troisième et qui a désormais appelé à voter Ouattara. Ces clivages multiethniques ressurgissent à chaque élection et sont sources d’affrontements souvent meurtriers, comme durant ces derniers jours où l’on compte déjà plusieurs morts.
Une issue incertaine
Alors que le résultat des élections devrait être connu dans les prochaines heures, les deux candidats s’accusent déjà mutuellement de fraudes et semblent peu enclins à reconnaitre une éventuelle défaite. Pour calmer le jeu, la commission électorale indépendante a fait savoir que les dépouillements s’étaient déroulés dans un climat plutôt démocratique, afin d’écarter toute demande d’annulation de scrutin.
Reste à espérer que le candidat perdant acceptera de reconnaître sa défaite afin d’éviter une nouvelle flambée de violence entre les deux camps, et qu’au comptage des voix ne succède pas le comptage des morts.