Campagne héraultaise d’un candidat socialiste

Les 24 et 25 janvier 2011, Arnaud Montebourg était en déplacement dans l’Hérault. Venu défendre sa candidature aux primaires socialistes de 2011, le président du conseil général de Saône-et-Loire était également en quête de soutiens.

Rencontre avec les élus de gauche, les militants socialistes, conférence devant les étudiants de l’Université Montpellier 1 ou bien visite d’une pépinière d’entreprises à Lunel, l’avocat de formation a accompli un marathon, véritable plaidoyer pour son rêve présidentiel.

HautCourant a suivi de près cette campagne héraultaise et vous présente son reportage.


Arnaud Montebourg en campagne dans l'Hérault.
envoyé par masterjournalisme08. – L'info internationale vidéo.

Haut Courant sur Radio Campus: les primaires socialistes

Cette semaine, la venue d’Arnaud Montebourg à Montpellier donne l’excuse parfaite pour parler des primaires socialistes. Comment se dérouleront-elles ? Qui se présentera ? Qui pourra voter ? Vous trouverez les réponses dans le podcast.

Au sommaire cette semaine

  Hugo Jolion-David explique comment vont se dérouler ces primaires socialistes.

 Damien Fournier présente un reportage sur la venue d’Arnaud Montebourg dans l’Hérault.

 Claire Peyrard fait le résumé d’une polémique née d’un article dans Direct Montpellier Plus.

 Lucie Delorme se met dans la peau d’un sympathisant allant voter, le 9 octobre prochain, pour les primaires.

Haut Courant sur RCM

Rencontre avec la diaspora ivoirienne de Montpellier

Les élections présidentielles ivoiriennes ont depuis le 4 décembre 2010 deux vainqueurs : Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Face à cette situation, c’est avant tout l’inquiétude qui règne au sein de la diaspora ivoirienne de Montpellier.

Elections sous haute tension en Côte d’Ivoire

Ce dimanche 28 novembre se déroulait le deuxième tour des élections présidentielles en Côte d’Ivoire, opposant l’actuel président Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara. Le scrutin s’est tenu dans un climat électrique et les deux candidats s’accusent désormais mutuellement de fraudes et d’intimidations. Ce qui risque de raviver les tensions entre les partisans des deux camps, qui ont déjà fait des victimes par le passé.

Le premier tour a consacré Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, rivaux de longue date. Le premier, ancien premier ministre de 1990 à 1993 puis directeur adjoint du FMI de 1993 à 1999, s’était déjà lancé dans la campagne présidentielle en 2000 mais avait vu sa candidature rejetée et une crise politique durable s’installer.

Une vieille rancoeur

Pour écarter la candidature d’Alassane Ouattara lors des présidentielles de 2000, le principe «d’ivoirité» fut invoqué. Ce principe veut que pour se présenter à l’élection le candidat doit avoir un père et une mère ivoirienne. La presse et les opposants de Ouattara émettent alors des doutes sur son identité ivoirienne, l’accusant notamment d’être de nationalité burkinabée. Ces accusations vont créer des tensions et ses partisans seront violemment réprimés par les forces de l’ordre. Il dénonce alors des discriminations à son encontre notamment parce qu’il est musulman.

Le poids des ethnies

Pour comprendre les enjeux et les tensions qui accompagnent chaque élection, il convient d’analyser la place qu’occupent les ethnies dans les choix politiques des ivoiriens. Laurent Gbagbo est identifié comme le représentant des chrétiens animistes du sud, principalement composé de l’ethnie Bété, tandis qu’Alassane Ouattara apparait comme le représentant des musulmans au nord. Quand à l’ethnie Akan, celle du centre et la plus nombreuse, elle était représentée par Henri Konan Bédié, qui a terminé troisième et qui a désormais appelé à voter Ouattara. Ces clivages multiethniques ressurgissent à chaque élection et sont sources d’affrontements souvent meurtriers, comme durant ces derniers jours où l’on compte déjà plusieurs morts.

Une issue incertaine

Alors que le résultat des élections devrait être connu dans les prochaines heures, les deux candidats s’accusent déjà mutuellement de fraudes et semblent peu enclins à reconnaitre une éventuelle défaite. Pour calmer le jeu, la commission électorale indépendante a fait savoir que les dépouillements s’étaient déroulés dans un climat plutôt démocratique, afin d’écarter toute demande d’annulation de scrutin.
Reste à espérer que le candidat perdant acceptera de reconnaître sa défaite afin d’éviter une nouvelle flambée de violence entre les deux camps, et qu’au comptage des voix ne succède pas le comptage des morts.

Dilma Rousseff, première femme présidente du Brésil

Les sondages du second tour la donnaient gagnante avec plus de dix points d’avance sur son adversaire José Serra du Parti de la Social Démocratie Brésilienne (PSDB). Avec 56 % des voix, Dilma Rousseff, 62 ans, candidate du Parti des Travailleurs (PT), a été sans surprise élue dimanche 31 octobre à la tête de la huitième économie mondiale.

L’ambiance était à la fête dans le camp de Dilma Rousseff dimanche soir. Avant même la proclamation des résultats par le Tribunal Électoral Supérieur, les sondages de sortie des urnes assuraient à la candidate de Lula de l’emporter. Les différents fuseaux horaires qui traversent le pays ayant différé les dépouillements d’un État à l’autre du Brésil, c’est tard dans la soirée que la victoire du PT a été annoncée.

Lula a donc réussi le pari fou de faire élire, grâce à sa propre popularité, son ancienne ministre, une femme méconnue du public qui n’avait jamais affronté les urnes. Au détriment de José Serra, 68 ans, candidat de l’opposition qui avait pendant un temps espéré emporter ces élections et qui n’obtient que 44 % des voix au second tour.
Candidat malheureux de l’élection présidentielle de 2002 face à Lula, Serra avait démissionné de son poste de gouverneur de Sao Paulo pour pouvoir se présenter cette année. Crédité d’une certaine avance par les sondages avant le premier tour, le candidat du PSDB avait déchanté lorsque la tendance s’était inversée au profit de la candidate du PT, soutenue par la forte popularité de Lula.

Le programme de Dilma Rousseff s’inscrit dans la continuité de la politique de son mentor.
Elle l’a d’ailleurs réaffirmé dimanche soir à Brasilia dans son premier discours.
Elle s’assurera de pérenniser le développement économique de son pays et la mise en place de mesures sociales en faveur des plus démunis, les deux domaines de réussite de Lula.
Rousseff a également ajouté qu’elle améliorait les infrastructures, une nécessité pour un pays qui accueillera la coupe du monde de football et les jeux olympiques d’été dans les années à venir. La réforme de l’éducation, point noir de la gouvernance Lula, sera aussi une priorité.

Dilma Rousseff doit maintenant former son gouvernement, son mandat de quatre ans débutera le 1er janvier 2011, date de passation des pouvoirs entre Lula et sa dauphine.

Dilma Rousseff, future présidente du Brésil ?

Le 31 octobre prochain aura lieu le deuxième tour des élections présidentielles du Brésil. Elles opposent Dilma Rousseff, candidate du Parti des Travailleurs (PT) à José Serra, candidat du Parti de la Social Démocratie Brésilienne (PSDB). Donnée gagnante au premier tour des scrutins, la candidate du PT doit finalement affronter les urnes à nouveau, pour mieux l’emporter ? Décryptage.

Les 136 millions d’électeurs brésiliens ont encore quelques jours pour évaluer les programmes électoraux des deux candidats en lice pour les présidentielles.
Soutenue par l’estimé Président Luiz Inacio Lula da Silva, Dilma Rousseff, 62 ans, va peut-être accéder à la fonction suprême sans n’avoir jamais accompli de mandat électoral.
Avec 46,9% des voix obtenues au premier tour devant le social démocrate (PSDB) et ex-gouverneur de Sao Paulo, José Serra, qui a recueilli 32,6% des suffrages, la candidate reste la favorite du second tour.

Voter Dilma c’est voter Lula

Ayant atteint le quota maximum de deux mandats consécutifs fixé par la Constitution, Lula a mis sa popularité au service de Dilma Rousseff.
Cette dernière, ancienne chef de la maison civile (équivalent du premier ministre), a pu sortir de l’ombre pour affronter pour la première fois l’épreuve des urnes.

Cependant, l’appui de Lula ne serait pas désintéressé puisqu’il resterait dans les coulisses du pouvoir.
Pour beaucoup, il vivrait le mandat de Dilma Rousseff comme une transition avant les élections présidentielles de 2014. Il pourrait briguer un troisième mandat, fort de la continuité politique assurée par sa protégée.
L’actuel Président avoue ainsi vouloir faire corriger par sa candidate les erreurs commises lors de sa présidence, pour qu’elle réussisse là où il a échoué.

Dilma Rousseff entend, quant à elle, poursuivre la politique de l’actuel Président. Un mélange de pragmatisme économique et d’interventionnisme social qui a porté ses fruits puisque le pays est en plein essor économique.
Quasi inconnue de l’opinion publique il y a un an, elle était pourtant présente dans les différents gouvernements de Lula depuis 2003. Rousseff, compétente et autoritaire, était surnommée la « dame de fer ».
Toutefois, l’ancienne guerillera a su gommer son austérité et lisser son image à coup de marketing électoral. L’opposition a d’ailleurs raillé ce changement d’attitude mais aussi d’allure, la candidate du PT étant présentée comme une marionnette façonnée par son mentor. Ses capacités techniques en matière d’économie et d’énergie ne suffisant pas semble-t-il à pallier son manque de charisme.

Le bilan de Lula à double tranchant

Si la dauphine de Lula doit sa bonne place dans les sondages à la popularité du Président sortant, elle hérite des dossiers qui demeurent les bêtes noires du gouvernement actuel.
Fernanda, étudiante brésilienne qui vit à Paris, suit de loin les débats de son pays natal, non sans avoir un avis sur la question. Elle estime que si Dilma Rousseff n’a pas connu le plébiscite annoncé par les sondages, c’est en raison du bilan mitigé de Lula. Celui-ci aurait ainsi fait émerger la candidate verte Marina Silva avec près de 20% des suffrages au premier tour.

Fernanda pointe surtout du doigt les lacunes de la présidence Lula en matière d’éducation, opinion partagée par le journaliste Gustavo Ioschpe du journal « Veja » cité par « Courrier International ». La réforme de l’éducation est en effet prioritaire de par son rôle déterminant dans le développement d’un pays émergent.
Selon l’étudiante, la popularité de Lula est basée sur des mesures sociales de court terme, comme les crédits à bas taux ou les bourses qui poussent les parents à scolariser leurs enfants.
De ce fait, l’éducation, l’écologie, les réformes fiscales, agraires et institutionnelles sont autant de dossiers qui ont connu des carences gouvernementales.

Un second tour chahuté

Le candidat social démocrate, José Serra, bénéficie avec ce second tour d’une chance de refaire son retard. La candidate verte Marina Silva étant résolument neutre, il peut de nouveau espérer renverser la tendance.
L’enjeu de ce second tour prend donc des allures de bras de fer entre Serra et Rousseff. Le report des vingt millions de voix recueillis par la candidate écologiste est convoité par les deux candidats.

De plus, Dilma Rousseff a dû aussi faire face à diverses polémiques. La candidate s’était déclarée favorable à la légalisation de l’avortement, sujets sensibles dans un pays à majorité catholique.
Des groupes de pression religieux ont mené une offensive qui a finalement fait reculer la candidate. Dans une lettre aux églises, celle-ci a dû s’engager à ne pas prendre des mesures contraires aux principes de l’Eglise, comme la légalisation du mariage homosexuel ou de l’avortement.
Cette pratique n’est en effet permise que dans les cas où la santé de la mère est en jeu, ou s’il y a eu viol.

Par ailleurs, Rousseff a dû également composer avec les alliés de circonstance du Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB), en acceptant Michel Temer sur sa liste.
Le personnage est sujet à controverses pour ses lacunes en économie et son éthique douteuse, qui l’a récemment impliqué dans deux enquêtes pour corruption. Un délit qui avait déjà entaché la campagne de Dilma Rousseff lorsque la chef de la maison civile qui lui avait succédée avait été mise en cause avant de donner sa démission.

Les derniers sondages semblent donner raison aux efforts de la candidate de Lula en la créditant d’une avance de dix points sur son adversaire. Toutefois les études d’opinion ne font pas les élections, en témoigne l’expérience du premier tour. En quelques jours, tout peut encore basculer.

Voter : « il y a une application pour ça »

A quelques jours du vote pour les élections régionales, les tests de positionnement politique fonctionnent à plein régime sur Internet. Ces tests qui ont fait leur apparition lors des dernières élections présidentielles de 2007, proposent soit de vous situer par rapport à un parti politique, soit par rapport au programme d’un candidat.

Une nouvelle application pour iPhone fait son apparition. L’application Politest permet de déterminer de quel parti, ou tendance politique, l’utilisateur est le plus proche. Moins d’une semaine avant le vote aux élections régionales, la nouvelle fait grand bruit.

Cette application est issue du site internet du même nom, créé en 2005 par des anciens étudiants de Science Po, qui voulaient ainsi participer à la lutte contre l’abstention. Politest prétend ainsi inciter les électeurs à accomplir leur devoir civique. «Beaucoup de personnes ne se rendent pas aux urnes, parce qu’ils ne savent pas pour qui aller voter, alors qu’un parti politique correspond souvent à leurs opinions», expliquait le créateur de Politest, Laurent Cald à l’AFP.

Douze grandes questions de société (impôts, immigration, homosexualité, …) permettent de se positionner autour de 26 partis ou tendances politiques que sont : Alternative Libérale, Chasse Pêche Nature et Traditions, Debout la République, le Front National, La Gauche Moderne, Lutte ouvrière, le MoDem, le Mouvement pour la France, le Mouvement Républicain et Citoyen, le Nouveau Centre, le Nouveau Parti Anticapitaliste, le Parti Chrétien-Démocrate, le Parti Communiste, le Parti de Gauche, le Parti Radical de Gauche, le Parti Socialiste, l’aile gauche du PS, l’aile droite du PS, l’UMP, les tendances centriste, gaulliste, libérale, souverainiste de l’UMP, et les Verts (à travers 3 tendances).

Ce test a déjà fait parler de lui en 2007 lors du vote pour l’élection présidentielle, et a été rejoint par d’autres. Un exemple parmi tant d’autres, celui de LeMonde.fr, qui proposait un quizz permettant de se situer en fonction des programmes politiques défendus par les candidats à la présidentielle.

Bien que Politest ne questionne pas directement sur les enjeux régionaux, il peut aider à se positionner sur l’échiquier politique. Cependant, on ne sait pas si ce test attire plus les indécis que les curieux, ni s’il incite l’électeur à se rendre dans l’isoloir. Quoi qu’il en soit, il va sans doute continuer à fonctionner à plein régime jusqu’au premier tour des régionales, ce dimanche.

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Eléctions Présidentielles en Algérie : C’est reparti pour 5 ans!

L’Algérie s’est réveillée ce matin avec une drôle de tête, et pourtant rien n’a changé…Sauf, la réélection du Président Abdelaziz Bouteflika pour la troisième fois consécutive avec plus de 90% des voix, et un taux de participation officiel qui atteint 74%. L’opposition crie au scandale…

Sur fond de polémique; entre boycott, suspicion de fraude et désintéressement de la population. Le Président Bouteflika a été reconduit sans grande surprise, pour un troisième quinquennat avec 92% des voix. Derrière lui, arrive Louiza Hanoune, présidente du parti des travailleurs (PT) avec 4,22%. Un triomphe qui ne surprend guère la population se préoccupant davantage de ses conditions de vie, de plus en plus difficiles, entre pouvoir d’achat, chômage et insécurité.

Chronique d’une victoire annoncée

Tout a commencé, en novembre 2008 quand le parlement algérien a amendé la constitution pour supprimer la limitation à deux du nombre possible de mandats présidentiels, ouvrant ainsi la voie à un troisième quinquennat d’Abdelaziz Bouteflika. La réforme constitutionnelle a été adoptée à une écrasante majorité lors d’une session conjointe de l’Assemblée populaire nationale et du Conseil de la nation. Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), parti d’opposition avait dénoncé à l’époque « un coup d’état déguisé ».

«Boycotter devient un acte révolutionnaire»

Le début de la campagne électorale, le 19 mars dernier a été marqué par un événement surprenant : l’appel au boycott par le vieux parti d’opposition, le Front des Forces sociales (FFS) qui a dénoncé le favoritisme de l’administration pour le Président sortant, et notamment la télévision publique (l’Algérie ne possède pas de chaines de télévisons privées). Lors d’un point de presse, donné au siège du parti à Alger, le secrétaire général du FFS, Karim Tabou a regretté la manière avec laquelle s’était déroulée la campagne électorale qu’il a jugée « favorable à un seul candidat, ainsi que le parti pris de l’administration au profit de ce candidat ». Il a également dénoncé «  l’état de siège  » imposé par la police au local du FFS à Alger, depuis le début de la campagne électorale, empêchant le parti de mener campagne en faveur du boycott.
Le RCD quant à lui a remplacé la bannière nationale par un drapeau noir, symbole « de deuil contre l’absence de la démocratie » .Un geste fort symbolique qui a créé la polémique sur la scène politique algérienne.
Cependant, favori dès le début de la campagne électorale, Abdelaziz Bouteflika, élu en 1999 et réélu en 2004 avec 84,99 espérait une large participation des 20 millions d’algériens inscrits afin d’asseoir sa légitimité. D’ailleurs, lors de ses différents meetings, le Président sortant a appelé les algériens « à voter même contre lui, mais ne pas négliger l’acte de voter » . Dans les rues, les algériens n’étaient guère motivés car ils disaient connaitre le résultat, même six mois à l’avance : « le seul suspense dans ces élections est le taux de participation, c’est incroyable mais c’est une formule typiquement algérienne » lâche Sofiane étudiant en documentation à l’université d’Alger. D’autres, avouaient qu’ils allaient voter par peur de perdre certains droits – une rumeur qui courrait un peu partout en Algérie- « J’ai peur d’avoir plus tard, des obstacles pour certains papiers administratifs ou qu’on exige ma carte de vote si je me présente à un entretien de travail ». Mais certains électeurs avouent avoir voté à contre cœur pour avoir le sentiment d’agir, comme Nadia, manager, vivant à Paris : « j’irai voter pour le moins pire, après tout, Boutef est le seul à avoir de l’expérience parmi les six candidats ».

Jeudi 9 avril : 20 millions d’algériens ont été invités aux urnes, pas d’engouement particulier dans les grandes villes et notamment, Alger, le ciel est gris, les rues semblent désertes, on attend le score et on pense au prix de la pomme de terre qui atteint 120 DA( environ un euro)…

Vendredi 10 avril, à 12h00 heure française, l’annonce officielle du secret de Polichinelle. 92% de voix et 74.11 %, tel est le taux de participation définitif à l’élection présidentielle de ce jeudi 9 avril 2009. Ce taux annoncé par le ministre de l’intérieur dépasse largement toutes les prévisions. Depuis 1995, à l’occasion de l’élection de Liamine Zeroual, les taux de participation aux élections ont rarement dépassé la barre des 60 %.
A 72 ans, Abdelaziz Bouteflika est réélu pour la troisième fois. C’est reparti pour 5 ans ! Dès la veille, on pouvait voir sur les trois chaines de télévisions publiques, des images et des scènes de joie de la population, où on décrit « une fête de la démocratie ». L’opposition est loin d’être d’accord et veut se faire entendre….

L’opposition crie au scandale !

L’opposition représentée par les deux partis, le Front des Forces Socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) parlent de « fraudes et mascarades électorales » .Le RCD a annoncé dans un communiqué qu’il avait mis en place un procédé d’évaluation ciblant des wilayas du grand Sud, des hauts plateaux et du Nord. Prenant un échantillon de 58 centres de vote urbains, périurbains et ruraux, les estimations recueillies à 16h donnent un taux de participation nationale de 16.73%. A titre d’exemple, le taux de participation à Tlemcen ville à 15h était de 13.28%. A la même heure, la ville de Sidi Bellabes (ouest) enregistrait un taux de 17.33%. « Les irrégularités sont massives, multiples et se retrouvent du nord au sud et de l’est à l’ouest, illustrant une stratégie centralisée de la fraude » ». De son côté le ministère de l’intérieur se félicite du bon déroulement des élections en affirmant que « le système électoral garantissant la transparence et le respect des résultats du vote était assuré « . Il a souligné la présence en Algérie d’observateurs de l’Union africaine, de l’Organisation de la conférence islamique, de la Ligue arabe. L’ONU a pour sa part envoyé une « mission de suivi », chargée de faire un rapport au secrétaire général, Ban Ki-moon.

le paradoxe algérien

Le paradoxe algérien

L’Algérie est 100 ème (sur 179) dans le classement de l’ONU du développement humain (éducation, santé, niveau de vie…).- 92ème sur 180 au classement de la corruption établi par Transparency Internationl, en septembre 2008. La population algérienne est composée de plus de 70 % de jeunes de moins de trente ans, ces jeunes souffrent de chômage, et la majorité d’entre eux veut quitter le pays d’une manière régulière ou… sur des embarcations de fortune. Ces mêmes jeunes qui ont refusé d’aller voter jeudi en signe de mécontentement ou de ras-le-bol. Ces jeunes qui avec ou sans diplômes se retrouvent souvent avec des contrats précaires s’ils ont la chance de trouver un emploi « mon pays ne m’a rien offert de positif jusqu’à maintenant et n’a fait aucun effort pour moi… », lâche Yazid, un jeune homme « sans papiers » vivant à Paris. Imane, biologiste de formation (avec un bac +5) travaille sans être déclarée comme assistante commerciale dans une petite entreprise de produits para-pharmaceutiques à Oran, où elle touche à peine le SMIC. En Algérie, nombreux sont comme Imane à accepter des emplois précaires pour survivre. Et cela est un énième fléau qui devrait préoccuper le président fraichement réélu.

Par ailleurs, Abdelaziz Boueflkia a certes effacé la dette extérieure du pays, et a mis en place une politique de réconciliation nationale pour lutter contre l’insécurité. Mais le chemin du développement reste long à parcourir. Pour les cinq années à venir, le président devrait être sur tous les fronts en même temps car le quotidien des algériens demeure très difficile, au point que le peuple n’ose plus espérer…