Droits tv du foot : les bars jubilent

Les bars seront-ils les grands gagnants du grand mic-mac de la rentrée du foot ? La ligue des champions, plus grande compétition de foot européen est désormais diffusée sur RMC Sport. Un casse-tête pour les amoureux du ballon rond obligés de multiplier les abonnements aux offres TV pour voir tous les matchs.

Payer plus pour ne rien manquer, telle est la loi des droits tv. Le 11 mai 2017, l’UEFA attribuait les droits de diffusion des deux coupes d’Europe de football à SFR Sport (aujourd’hui RMC) pour la période 2018-2021. Entre 9 et 19 euros ont du se rajouter aux 34,90 € (offre Bein sport + Canal) sur la facture des habitués des soirées foot du mardi et du mercredi. Pour ceux qui trouvent cela excessif, il reste deux solutions : utiliser les sites de streaming illégaux sur le net ou se rendre dans un bar. Une aubaine pour ces derniers.

« Lors du match opposant le Paris SG à Liverpool, mi-septembre, nous avons eu beaucoup de clients qui n’avaient jamais fréquenté l’établissement auparavant. En une soirée, nous avons rentabilisé l’abonnement d’un mois », se réjouit Anthony Rambal, manager général de l’Australian Bar. Cette rencontre de haut niveau a d’ailleurs permis à de nombreux bars de faire le plein. La diffusion de ce match a pourtant posé problèmes à de nombreux bars même ceux qui avaient souscris à la chaîne. « RMC s’est clairement loupé ce soir là avec des problèmes techniques, ce qui nous a obligé de passer par le streaming ! Les gens ont regardé le match avec des commentaires en russe ! », se rappelle le manager du bar situé place de l’Europe.

350 euros d’abonnement par mois

Ce recours à des sites de diffusion illégaux est toutefois peu courant chez les établissements de nuit, leur qualité restant à désirer. « Il y a beaucoup de décalage avec le direct, la dernière fois nous avons même manqué le dernier but du match », regrette Sébastien Nay du O’Sullivan.

Il faut croire qu’investir dans les chaînes de sport, quel que soit leur coût, est devenu primordial pour ramener de la clientèle aux comptoirs. « Il est clair que l’offre devient beaucoup trop chère. Mais le sport est l’âme de notre bar, donc nous dépensons tant qu’il le faut. Cela fait partie du jeu », assure le manager général du pub irlandais qui dépense environ 350 euros par mois pour retransmettre les rencontres sur ses quatre écrans. Le Montpelliérain met aussi l’accent sur la convivialité qui serait « la première raison poussant les gens à se rendre dans les bars plutôt que de rester dans leur canapé ».

Si la ligue des champions et les matches du PSG restent les événements les plus sollicités, le rugby n’est pas en reste. « Le championnat de France (Top 14) et les matches internationaux faisant jouer des équipes comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande nous ramènent de la clientèle également », affirme Cory, un des gérants du Fitzpatrick, dans le quartier St Roch. Même si le sport-business agace certains passionnés, les bières, elles, continueront de couler à flot.

Streaming : peu de risque de poursuites selon un juriste

De nombreux sites illégaux proposent aujourd’hui un large panel de contenu sportif au grand bonheur des fauchés. Les chaînes les plus « piratées » sont Russes, Anglaises ou encore Espagnoles. L’article 335-1 du Code de la propriété intellectuelle prévoit 3 ans de prison et une amende de 300 000 euros pour les internautes commettant ce délit de contrefaçon. Cependant, le risque d’être poursuivi pour avoir visionné des matchs illégalement reste assez faible. Le temps judiciaire joue en faveur des pirates. « Pour un bar, il faut que l’infraction soit signalée avant la fin du match afin que des huissiers puissent intervenir sinon les preuves manqueront », explique Jean-Michel Orion, juriste spécialiste de la propriété intellectuelle à Paris.

Les affaires liées à des sites de streaming en direct se font d’ailleurs assez rares bien que cela soit illégal. « Il y a quelques années, la Ligue de Football Professionnelle (LFP) avait attaqué un site de streaming espagnol pour des faits constatés dans des bars, mais aucun contentieux n’a eu lieu », se souvient l’ancien directeur juridique de France télévisions. Les « pirates » ont encore de beaux jours devant eux.