Les immigrés sont de véritables facteurs de développement dans leur pays d’origine et dans leur pays d’accueil. Ils paient leurs impôts et toutes les cotisations sociales. Leur transfert d’argent dans leur « bled » atteint des sommes colossales. Selon la Banque Mondiale, les versements des travailleurs immigrés constituent une source essentielle du financement et du développement.
Toutefois ils sont souvent indexés et demeurent de véritables boucs d’émissaires de certains gouvernements pour des raisons électorales dans leur pays d’accueil.
Les immigrés ont une volonté d’engager des actions de développement dans leur pays d’origine. Cette volonté varie d’une communauté à l’autre. Elle dépend manifestement des relations maintenues avec celui-ci et aussi de l’état d’esprit qui règne entre les membres de la communauté, de leur mode d’organisation et de leur homogénéité ou hétérogénéité. Certains immigrés sont bien organisés (qualifiés par les chercheurs de groupe homogène), et ont une attitude plus constructive, engagés en initiant des projets dans leur pays à travers des structures plus organisées, telles que les associations d’immigrés.
Dès le début de l’émigration vers la France, à la fin des années 50 [[http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1214]] , ils ont constitué des caisses de solidarité, qui serviront d’abord à mutualiser les différents risques inhérents au séjour en migration (accident du travail, chômage ou maladie de l’un d’entre eux), mais aussi rapatriement du corps d’un défunt jusqu’au village. Lors des grandes sécheresses qui affectent les pays de la zone sahélienne – à la fin des années 60 et au début des années 70, les responsables de ces caisses en France sont sollicités par les chefs de villages : les lettres de l’époque en témoignent, qui indiquent que les greniers sont vides et que la famine menace. Les immigrés qui ont vécu cette période de détresse s’en souviennent : « Nous avons évité l’aide d’urgence à nos villages ». Leurs envois collectifs d’argent permettent aux villages menacés de survivre en attendant le retour de la pluie qui permet à nouveau le travail dans les champs. D’autres initiatives collectives marquent cette période, notamment la construction de mosquées financées par les immigrés ou encore la réfection du cimetière du village. Le financement des mosquées fut « leur clé d’entrée dans les villages » : il s’agissait de prouver aux chefs de familles qu’ils n’avaient pas renié les valeurs de leur société d’origine, pour pouvoir s’attaquer à des perspectives.
Les immigrés, même loin de leur pays, demeurent sous le contrôle social de leur communauté, organisée en « villages-bis », respectant les règles de la hiérarchie et les chefs. Dans la région de Kayes au Mali, les émigrés sont ainsi l’un des premiers agents de développement.
On observe une tendance à la hausse des investissements des émigrés depuis 1990.
On peut aussi citer l’exemple des immigrés du fleuve Sénégal qui ont longtemps été unique dans l’organisation du soutien à des projets collectifs. Rejoints par d’autres, ils sont soucieux d’un partenariat avec les associations communales et les acteurs du développement.
A travers leurs associations, en effet, les immigrés mettent en œuvre de nombreux projets à dimension sociale : écoles, dispensaires et maternités, puits et adductions d’eau, magasins coopératifs. Tous ces projets répondent à des besoins cruciaux des populations, alors délaissées tant par leurs gouvernements nationaux que par les coopérations bilatérales.
Les transferts financiers des immigrés du tiers monde dans leur pays d’origine, durables et réguliers, complètent les ressources locales, et soutiennent les économies locales : migrants ou familles achèteraient des logements, créeraient des entreprises, participeraient collectivement à la construction d’écoles, de dispensaires ou d’adduction d’eau. « The San Francisco Chronicle » nous apprend que « les immigrés aux USA ont expédiés $23 millions de dollars à l’étranger durant l’année 2000. Et en 2003 ce montant a atteint $32 milliards de dollars. » Au niveau mondial, chaque année près de 81 milliards de dollars sont envoyés par les immigrés dans les pays d’origine estime la Banque Mondiale. Les transferts informels sont estimés à près de 16 milliards d’euros. En effet cet apport dépasse celui de l’aide publique au développement et surpasse parfois les investissements directs étrangers. Pour les petits pays cela représente une vraie manne, 12 à 16% du produit intérieur brut pour le cap vert, et jusqu’à 26% pour le Lesotho proviennent de ces transferts de fond. On comprend donc l’intérêt de faire financer partiellement le développement par les immigrés…
Dans certains pays d’Amérique centrale ces transferts financiers appelés » rémittences » en anglais ou communément appelé « moudou-modou » dans un pays comme le Sénégal représentent plus de 10% du produit national brut du pays. Et même 29 % au Nicaragua et 15% au Salvador. Il y a donc un véritable impact de ces immigrés sur les économies des pays d’origine : ils contribuent à augmenter la consommation locale, stimulent l’économie et contribue en apportant une aide financière significative à leurs amis et proches.
Cependant les immigrés sont freinés dans leur élan par plusieurs obstacles. Ils constituent un véritable fond de commerce pour certains élus à la recherche d’un électorat. Certains candidats ont bien compris , plus on enchérit sur les immigrés , plus on gagne des électeurs.
Aux problèmes de mauvaises gouvernances et de corruptions décourageants dans certains de leur pays d’origine s’ajoutent une mauvaise organisation et une absence d’appui par leur gouvernement. Chaque immigré donc essaie de s’organiser d’une manière informelle en s’appuyant sur sa famille et ses amis sur place pour monter des projets.
Et certains sont victimes de trahisons par leurs proches ou amis dans leur rêve de création d’entreprise.
Les compatriotes au pays pensent souvent que les immigrés roulent sur l’or et qu’il est très facile pour eux d’amasser de l’argent à l’étranger. Cette fausse idée reçue leur porte préjudice.
Que vous soyez étudiants travaillant à côté ou salariés en temps plein les immigrés participent aussi à la vie de leur famille en envoyant mensuellement de l’argent à leur parent. Certains étudiants même réussissent à acheter à leur parent une maison pour loger leur grande famille, paient les pèlerinages à la Mecque grâce aux petits boulots d’étudiants.
Malgré tout ceux-ci ces immigrés se sentent seuls. Ils sont indexés dans les pays d’accueil qui les utilisent comme des boucs émissaires pour des raisons électorales et ne sont pas aidés par leur gouvernement d’origine et leur famille dans leur projet sur place.
Mais on peut toujours se demander si lutter contre l’immigration ne passe pas avant tout par un combat sans faille contre la corruption et le détournement des deniers publics par certains dirigeants du Tiers Monde dont les fortunes et les biens mals acquis sont bien gardés dans les mêmes pays dits démocratiques qui combattent ces immigrés et qui déroulent le tapis rouge à leur dirigeant ?
D’autres part les partenariats de développement économique étatiques mis en place jusqu’ici semblent avoir échoués. Désormais ne doit- on pas privilégier des solutions telles que les microcrédits pour améliorer l’apport des immigrés?