Un rassemblement de soutien aux sans-papiers sur la place de la Comédie

La loi sur l’immigration a été adoptée à une courte majorité mardi 12 octobre par l’assemblée nationale. Samedi, le collectif « contre la loi Besson » a organisé une manifestation pour l’abrogation de cette loi qu’il qualifie de « xénophobe ».

Ils étaient une petite centaine vers quatorze heures pour manifester leur opposition à la nouvelle loi sur les sans-papiers. Au milieu des banderoles, des militants distribuent des tracts parmi les badauds, les réactions sont tantôt amicales, tantôt froides mais beaucoup n’hésitent pas à engager la conversation. Certains chantent, et une dame, face aux trois grâces, entonne plusieurs fois un slogan équivoque: « arrêt des rafles, arrêt des expulsions, régularisation de tous les sans-papiers! ». À mesure que les minutes s’égrènent, la foule se fait de plus en plus nombreuse. Un des meneurs, Benoît, membre de la Confédération Nationale du Travail (CNT) est catégorique sur leurs revendications: « le retrait de la loi Besson, la régularisation de tous les sans-papiers et l’application réelle du droit d’asile ». Pour ce responsable, les immigrés seraient victimes du contexte: « Il y a un lien important entre la crise et le durcissement de la politique d’expulsion du gouvernement, on fait des immigrés des boucs-émissaires alors qu’ils ne sont pas responsables de la crise ».

«Jospin a expulsé autant que Sarkozy»

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Mais selon Benoît, le gouvernement ne serait pas l’unique responsable de la situation actuelle des sans-papiers, c’est toute la classe politique gouvernante que le collectif remet en cause: « Nous ne sommes pas anti-sarkozystes. Il y a eu cinq lois en sept ans sur le sujet, par tous les dirigeants successifs. La gauche en premier a agi dans ce sens, Jospin a expulsé autant que Sarkozy, mais en faisant beaucoup moins de communication et de loi là dessus. De toute façon, c’est toujours la même rengaine, le gouvernement expulse vingt mille sans-papiers pendant que trente mille autres arrivent ».
Une demi-heure plus tard, le cortège se met en marche pour rejoindre les rives du Lez et la manifestation contre la réforme des retraites. C’est alors plusieurs centaines de personnes qui s’apprêtent à prolonger la protestation.

Immigrés: facteurs de développements et boucs émissaires pour des raisons électorales!

Les immigrés sont de véritables facteurs de développement dans leur pays d’origine et dans leur pays d’accueil. Ils paient leurs impôts et toutes les cotisations sociales. Leur transfert d’argent dans leur « bled » atteint des sommes colossales. Selon la Banque Mondiale, les versements des travailleurs immigrés constituent une source essentielle du financement et du développement.

Toutefois ils sont souvent indexés et demeurent de véritables boucs d’émissaires de certains gouvernements pour des raisons électorales dans leur pays d’accueil.

Les immigrés ont une volonté d’engager des actions de développement dans leur pays d’origine. Cette volonté varie d’une communauté à l’autre. Elle dépend manifestement des relations maintenues avec celui-ci et aussi de l’état d’esprit qui règne entre les membres de la communauté, de leur mode d’organisation et de leur homogénéité ou hétérogénéité. Certains immigrés sont bien organisés (qualifiés par les chercheurs de groupe homogène), et ont une attitude plus constructive, engagés en initiant des projets dans leur pays à travers des structures plus organisées, telles que les associations d’immigrés.

Dès le début de l’émigration vers la France, à la fin des années 50 [[http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1214]] , ils ont constitué des caisses de solidarité, qui serviront d’abord à mutualiser les différents risques inhérents au séjour en migration (accident du travail, chômage ou maladie de l’un d’entre eux), mais aussi rapatriement du corps d’un défunt jusqu’au village. Lors des grandes sécheresses qui affectent les pays de la zone sahélienne – à la fin des années 60 et au début des années 70, les responsables de ces caisses en France sont sollicités par les chefs de villages : les lettres de l’époque en témoignent, qui indiquent que les greniers sont vides et que la famine menace. Les immigrés qui ont vécu cette période de détresse s’en souviennent : « Nous avons évité l’aide d’urgence à nos villages ». Leurs envois collectifs d’argent permettent aux villages menacés de survivre en attendant le retour de la pluie qui permet à nouveau le travail dans les champs. D’autres initiatives collectives marquent cette période, notamment la construction de mosquées financées par les immigrés ou encore la réfection du cimetière du village. Le financement des mosquées fut « leur clé d’entrée dans les villages » : il s’agissait de prouver aux chefs de familles qu’ils n’avaient pas renié les valeurs de leur société d’origine, pour pouvoir s’attaquer à des perspectives.

Les immigrés, même loin de leur pays, demeurent sous le contrôle social de leur communauté, organisée en « villages-bis », respectant les règles de la hiérarchie et les chefs. Dans la région de Kayes au Mali, les émigrés sont ainsi l’un des premiers agents de développement.
On observe une tendance à la hausse des investissements des émigrés depuis 1990.

On peut aussi citer l’exemple des immigrés du fleuve Sénégal qui ont longtemps été unique dans l’organisation du soutien à des projets collectifs. Rejoints par d’autres, ils sont soucieux d’un partenariat avec les associations communales et les acteurs du développement.
A travers leurs associations, en effet, les immigrés mettent en œuvre de nombreux projets à dimension sociale : écoles, dispensaires et maternités, puits et adductions d’eau, magasins coopératifs. Tous ces projets répondent à des besoins cruciaux des populations, alors délaissées tant par leurs gouvernements nationaux que par les coopérations bilatérales.

Les transferts financiers des immigrés du tiers monde dans leur pays d’origine, durables et réguliers, complètent les ressources locales, et soutiennent les économies locales : migrants ou familles achèteraient des logements, créeraient des entreprises, participeraient collectivement à la construction d’écoles, de dispensaires ou d’adduction d’eau. « The San Francisco Chronicle » nous apprend que « les immigrés aux USA ont expédiés $23 millions de dollars à l’étranger durant l’année 2000. Et en 2003 ce montant a atteint $32 milliards de dollars. » Au niveau mondial, chaque année près de 81 milliards de dollars sont envoyés par les immigrés dans les pays d’origine estime la Banque Mondiale. Les transferts informels sont estimés à près de 16 milliards d’euros. En effet cet apport dépasse celui de l’aide publique au développement et surpasse parfois les investissements directs étrangers. Pour les petits pays cela représente une vraie manne, 12 à 16% du produit intérieur brut pour le cap vert, et jusqu’à 26% pour le Lesotho proviennent de ces transferts de fond. On comprend donc l’intérêt de faire financer partiellement le développement par les immigrés…

Dans certains pays d’Amérique centrale ces transferts financiers appelés  » rémittences » en anglais ou communément appelé « moudou-modou » dans un pays comme le Sénégal représentent plus de 10% du produit national brut du pays. Et même 29 % au Nicaragua et 15% au Salvador. Il y a donc un véritable impact de ces immigrés sur les économies des pays d’origine : ils contribuent à augmenter la consommation locale, stimulent l’économie et contribue en apportant une aide financière significative à leurs amis et proches.

Cependant les immigrés sont freinés dans leur élan par plusieurs obstacles. Ils constituent un véritable fond de commerce pour certains élus à la recherche d’un électorat. Certains candidats ont bien compris , plus on enchérit sur les immigrés , plus on gagne des électeurs.

Aux problèmes de mauvaises gouvernances et de corruptions décourageants dans certains de leur pays d’origine s’ajoutent une mauvaise organisation et une absence d’appui par leur gouvernement. Chaque immigré donc essaie de s’organiser d’une manière informelle en s’appuyant sur sa famille et ses amis sur place pour monter des projets.

Et certains sont victimes de trahisons par leurs proches ou amis dans leur rêve de création d’entreprise.
Les compatriotes au pays pensent souvent que les immigrés roulent sur l’or et qu’il est très facile pour eux d’amasser de l’argent à l’étranger. Cette fausse idée reçue leur porte préjudice.
Que vous soyez étudiants travaillant à côté ou salariés en temps plein les immigrés participent aussi à la vie de leur famille en envoyant mensuellement de l’argent à leur parent. Certains étudiants même réussissent à acheter à leur parent une maison pour loger leur grande famille, paient les pèlerinages à la Mecque grâce aux petits boulots d’étudiants.

Malgré tout ceux-ci ces immigrés se sentent seuls. Ils sont indexés dans les pays d’accueil qui les utilisent comme des boucs émissaires pour des raisons électorales et ne sont pas aidés par leur gouvernement d’origine et leur famille dans leur projet sur place.

Mais on peut toujours se demander si lutter contre l’immigration ne passe pas avant tout par un combat sans faille contre la corruption et le détournement des deniers publics par certains dirigeants du Tiers Monde dont les fortunes et les biens mals acquis sont bien gardés dans les mêmes pays dits démocratiques qui combattent ces immigrés et qui déroulent le tapis rouge à leur dirigeant ?
D’autres part les partenariats de développement économique étatiques mis en place jusqu’ici semblent avoir échoués. Désormais ne doit- on pas privilégier des solutions telles que les microcrédits pour améliorer l’apport des immigrés?

Entre espoir et doute, les juifs s’intègrent dans Berlin réunifié

La chute du Mur de Berlin et, plus globalement, l’effondrement du bloc soviétique ont bouleversé la situation des juifs en Europe de l’Est. Et d’abord à Berlin.

Sur les 11 000 juifs que compte aujourd’hui la capitale fédérale allemande, 80 % sont originaires de l’ex-Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Au côté des États-Unis et d’Israël, l’Allemagne est devenue une terre d’immigration pour les populations juives. En 1990, une loi fédérale a facilité leur arrivée, leur assurant du même coup de meilleures conditions socio-économiques. Et, si vingt ans après, le nouveau Berlin n’a pas retrouvé son quartier juif d’antan, des parcelles de communauté se reforment.

Après la Seconde guerre mondiale, la grande communauté juive de Berlin est dévastée : « En 1945, seul un millier de juifs berlinois ont survécu à l’holocauste » explique Martin Jander, historien au Centre d’étude de la New-York University à Berlin.

Cimetière juif de Berlin

Avant 1933, 160 000 juifs résidaient dans la ville. Ceux qui ont fuit la barbarie nazie n’envisagent plus le retour dans une Allemagne divisée : « Ils ont préféré le rejet de leur origine tant le pays représentait pour eux la souffrance et l’horreur » précise Sigmunt A.Königsberg, représentant de la communauté juive berlinoise. Au début des années 1950, l’antisémitisme, renaissant au sein de l’URSS, amène de nombreux juifs à rejoindre Berlin. Entre 1961 et 1981, le mur les sépare en deux communautés : « En 1989, il n’y avait que 700 juifs en RDA » détaille Martin Jander. « Le gouvernement communiste, critique par rapport à l’Etat d’Israël, se méfiait d’eux, les soupçonnant d’être des espions américains ». A Berlin-Ouest, une population vieillissante de 6 000 personnes y vivait en quasi huis-clos.

9 NOVEMBRE 1989 : LE TEMPS DU RENOUVEAU

À partir de la réunification, des milliers de jeunes juifs arrivent de Saint-Pétersbourg, Kiev ou encore Riga. En doublant la population juive berlinoise, ils lui donnent un second souffle. Leur intégration est facilitée par leur soif d’apprendre la langue germanique. Alors qu’ils s’imprègnent de la culture allemande, leurs ainés peinent à trouver leurs marques : « L’identité des juifs nés avant 1945 est beaucoup plus marquée par le choc de l’holocauste » raconte Martin Jander. « Plus que le problème de langue, c’est l’intégration dans le peuple allemand qui leur est pénible ». La jeune génération entretient encore les traditions juives mais délaisse la pratique religieuse.

Pour M. Jander, les Allemands ont globalement pris conscience de l’impact gravissime du drame de la Shoah dans les années 70. Aujourd’hui, l’antisémitisme ethnique a disparu. Mais le chercheur dénonce l’émergence d’une nouvelle forme d’antisémitisme « déculpabilisant », une perception partagée par Sigmunt A.Königsberg : « Les jeunes Allemands ne veulent plus qu’on leur renvoie constamment la responsabilité de ce qui s’est passé pendant le IIIè Reich ». Une réaction qui peut mener à de nouvelles formes de haine xénophobe.

Les commémorations du 9 novembre accentuent, sans le vouloir, les doutes autour de l’identité juive en Allemagne. En ce jour, les juifs ne sont pas vraiment à la célébration de la chute du Mur. Dans la quiétude des synagogues, le massacre de la nuit du Cristal, perpétré par les nazis le 9 Novembre 1938, garde la primeur du souvenir. Martin Jander rappelle que les autorités n’organisent pas de cérémonie officielle qui entretiennent la mémoire du drame : « Jusqu’à maintenant, l’organisation est laissée aux autorités religieuses juives. Les politiciens n’en parlent pas. Ils préfèrent se focaliser sur la célébration de la chute du Mur ». Les juifs berlinois s’accommodent pourtant de ce malheureux hasard de calendrier, et se souviennent de la chute du Mur comme le début d’un mouvement de renouveau, dont ils n’imaginaient pas le poids avant 1989.

Pour approfondir :

Article de Frank Tétart et Alcidio Martins, Juifs et Allemands d’ex-URSS, des diasporas « russes » en Israël et en Allemagne. Sur le site Cairn.info

Enquête de Virginie Gimbert, Une immigration déqualifiante ? Immigrés juifs soviétiques à Berlin depuis 1989. Sur le site Cairn.info

EHRENFREUND Jacques, Mémoire juive et nationalité allemande. Les juifs berlinois à la Belle Epoque, PUF, Collection Perspectives Germaniques, 2000.

[[Photographie de une : Nouvelle synagogue de la rue Oranienburge située au centre de Berlin datant de la deuxième moitié du 19 ème siècle. Détruite lors de la Nuit du Cristal, elle fut entièrement reconstruite en 1993.

Photographie dans l’article : Cimetière juif de Berlin. Ce lieu de mémoire est situé à l’emplacement de l’ancien cimetière juif. Dans cette même rue, Hambourger Strasse, le premier hospice juif de Berlin de la fin du 19ème. Le bâtiment fut utilisé par les nazis pour regrouper les juifs avant de les envoyer aux camps. En 1943, ce cimetière a été profané par les nazis pour effacer le passé juif. Ces statuts en bronze représentent des adultes et des enfants aux regards vides et sans vie.]]

Éric Besson affirme son identité

Le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale veut promouvoir les valeurs de la République en lançant un débat sur l’identité nationale. Et ce à quatre mois des élections régionales de mars 2010.

«J’ai envie de lancer un grand débat sur les valeurs de l’identité nationale, sur ce qu’est être français aujourd’hui», a déclaré dimanche le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Eric Besson, au micro de RTL. Le ministre a en effet proposé aux associatifs et politiques de plancher sur la promotion des valeurs de la République française. Il invite ainsi «préfets et sous-préfets a organiser des réunions avec les forces vives de la Nation sur le thème de qu’est-ce qu’être Français, quelles sont les valeurs qui nous relient, quelle est la nature du lien qui fait que nous sommes français et que nous devons être fiers».

Éric Besson a déjà lancé quelques pistes de réflexions comme l’apprentissage de la Marseillaise aux élèves ou encore «un parrainage républicain » entre un étranger arrivant sur le territoire et un français «dans le but de faciliter l’intégration de celui-ci sur le territoire nationale.» Pour illustrer sa motivation, le ministre a aussi pris l’exemple de la burqa comme un phénomène «contraire aux valeurs de l’identité nationale.» Après les débats suscités par l’expulsion de trois clandestins Afghans le 21 octobre dernier, le ministre de l’immigration semble prendre à cœur le deuxième volet de sa fonction: celui de «l’identité nationale».

Même si Eric Besson conteste vouloir appliquer les thèses du Front national pour capter le reste de son électorat avant les élections régionales du printemps 2010, l’opposition ne cesse de critiquer la proposition du ministre. Les verts y voient une «vieille soupe nationaliste », le Parti Communiste « une résurgence du pétainisme », et pour le Parti Socialiste, il s’agit bel et bien d’une manœuvre électorale. En effet, à l’approche des élections régionales l’UMP semble vouloir jouer une carte qui avait fait la réussite de l’élection présidentielle de Nicolas Sarkozy, celle de la protection de l’identité française. Peu avant la présidentielle de 2007, un sondage CSA-Cisco pour France 3 et France Info, avait fait apparaître que l’irruption du thème de l’identité nationale dans le débat électoral était jugée comme une «bonne chose» par 62% des français, et 81% des électeurs potentiels de Nicolas Sarkozy.

Donc rien de nouveau sous le soleil sauf peut être une droite qui se rapproche encore un peu plus du terrain glissant du nationalisme.

Immigration, trahison et encartage

Au jeu des chaises musicales ministérielles, un grand gagnant émerge cette semaine. Eric Besson, ancien ponte du parti socialiste, n’en finit plus d’accomplir le retournement de sa veste. Que dire, de sa chemise, de son maillot de corps, voire même de ses chaussettes. Voyage au pays des félons.

L’année 2009 commence plutôt bien pour Eric Besson. Le traître qui planta un couteau dans le dos de Ségolène Royal n’en finit plus de faire hurler les sirènes du PS. Pour commencer, le félon devrait renoncer une bonne fois pour toutes à ses anciennes amitiés. Qu’on se le dise, Eric Besson n’a définitivement plus rien de socialiste. Le Monde indique en effet que l’ancien dirigeant de gauche « sera nommé secrétaire général adjoint […] le 24 janvier, lors d’un conseil national du parti majoritaire ». Belle promotion pour un homme qui, à l’heure actuelle, n’est toujours pas encarté à l’UMP. Tant de bonne volonté, il y a de quoi rester rêveur… Pour l’Express, « parmi les « traîtres », il restera toujours le premier. Celui qui a assumé avant les autres et qui a légitimé la démarche : la pierre angulaire de l’ouverture ». De quoi justifier l’attachement particulier que lui porte le chef d’Etat. A l’UMP, les jaloux murmurent au Canard Enchainé qu’Eric Besson serait « le chouchou du président. Le premier de la classe ».

Car jaloux il y a : Eric Besson est pressenti pour recevoir d’ici peu le prix de son dur labeur. Exit son ancien titre un brin poussif de secrétaire d’Etat à la prospective, à l’évaluation des politiques et à l’économie numérique. Place au nouveau ministre de l’immigration. Libération s’amuse et rappelle qu’il y a tout juste deux ans, le transfuge critiquait joyeusement ce portefeuille. Petit morceau choisi : «En supprimant ou en restreignant fortement les principaux dispositifs de régularisation, Nicolas Sarkozy se prive des outils permettant une régularisation au fil de l’eau et évitant ainsi les régularisations de masse. En d’autres termes, Nicolas Sarkozy fabrique des sans-papiers, lui qui prétend lutter contre l’immigration clandestine !».

Une promotion qui pourrait alors s’avérer un poil casse gueule. D’autant plus que la barre a été plutôt haut placée par son prédécesseur. L’heure est au bilan pour Brice Hortefeux qui se glorifie d’avoir effectué plus de 29 000 expulsions en 2008 au lieu des 28 000 prévues. Un « bilan « truqué » et « totalement inhumain » » selon le Figaro rapportant les propos de la ligue communiste révolutionnaire. Citoyens de l’Union européenne non-expulsables, retours volontaires financés par le ministère, rafles et contrôles à tout prix, les chiffres de l’immigration continuent d’être entachés par des pratiques peu recommandables.

Honni soit qui Mali pense

La tâche d’Eric Besson, « sans états d’âmes » selon France Soir, ne sera donc pas des plus aisées. La preuve en est des tribulations téméraires de Brice Hortefeux au Mali. Ne sachant plus quoi faire de ces ambassades qui refusent de reconnaitre leurs compatriotes, rendant ainsi toute expulsion impossible, le ministre a su prendre son courage à deux mains et s’embarquer, comme il sait si bien le faire pour les autres, dans un avion à destination de l’Afrique. Petit souci, le toujours-ministre de l’immigration sous-estime l’impact de l’argent envoyé par les 130 000 maliens vivant en France au pays. Le Canard enchainé déclare en effet qu’à « eux seuls, ils aident deux fois plus le Mali que les miettes distribuées par l’Occident au titre de l’aide au développement ». Et dans sa petite valise diplomatique, Brice Hortefeux n’avait à proposer en échange que quelques 1500 régularisations annuelles de maliens. Ridicule. Surtout lorsque l’on sait que c’est le quatrième refus consécutif du Mali à signer un accord avec la France sur le sujet. Attention, connaissant la rigueur de conviction du futur titulaire Eric Besson, méfions nous qu’il n’adhère pas brusquement à un comité d’hébergement des clandestins, ou encore qu’il n’aille s’enchaîner à l’une des ailes de l’un de ses charters.

J-P Nunez « Contre la politique du chiffre »

« Les politiques de l’immigration se suivent et se ressemblent ». Depuis plus de 70 ans, la Cimade tente d’aider, d’accompagner et de défendre migrants et demandeurs d’asile. Délégué régional de cette association en Languedoc Roussillon, Jean Paul Nunez nous livre ses inquiétudes…

Depuis le début de la présidence Sarkozy, les polémiques concernant l’immigration se sont bousculées. Comment appréhendez vous cette évolution ?

Il n’y a pas eu de bouleversement de la politique de l’immigration. C’est un processus qui a commencé depuis longtemps. Ce qui est vrai c’est que ce processus s’accélère aujourd’hui au niveau français. Mais cela s’inscrit dans un cadre plus large, européen. Il faut tout de même souligner que nous sommes face à un durcissement sans précédent de ces politiques. Il y a une volonté de taper fort sur les étrangers.

Nous avons récemment appris l’existence d’un projet de charter Londres/Paris/Kaboul. Quelle est votre position à ce sujet ?[[Ces propos ont été recueillis le 14/11/08. Ce projet a été annulé par le gouvernement le 17/11/08]]
La Cimade l’a tout de suite dénoncé. Renvoyer des individus dans les bras des Talibans, c’est inconcevable. Ce charter, c’est l’expression de la politique du chiffre. Il est intéressant de noter que la France et le Royaume-Uni s’associent dans leur politique d’immigration.
Ce charter n’est pas le seul de cet acabit. Un charter vers le Libéria existe déjà. Ce sont des zones où les conditions de vie sont ignobles. Mais, et il ne faut pas se le cacher, la France l’avait déjà fait vers la Tchétchénie. Bientôt, on expulsera vers le Congo. En France, il n’y a aucun problème avec ça. On fait n’importe quoi. Le chiffre au-dessus du respect pour l’être humain.

Est-ce dans la même optique que la fermeture du Centre de Rétention Administratif de Mayotte a été demandée par la Cimade ?

Effectivement. Le CRA de Mayotte est une zone de non droit. Il y a déjà une différence entre la situation en métropole et outre mer, mais à Mayotte, c’est encore pire. La Guyane est la collectivité où il y a le plus de reconduites, 30 000 par an. C’est un droit expéditif. Pourtant, la situation de Mayotte est encore plus contestable. Cela se passe en dehors de toutes considérations humaines.

« Il y a une volonté de taper fort sur les étrangers »

Le décret annoncé par Brice Hortefeux en août dernier a été lourdement contesté. Pourquoi ?

Le décret met en place un système où ce ne sont plus des associations mais des personnes morales qui seront en charge des centres de rétention. Cela pourrait tout aussi bien être Mac Do. Pour nous, comme pour d’autres associations, c’est une situation qui va à l’encontre du droit des sans-papiers.

L’appel d’offre que contenait ce décret vient d’être annulé par le tribunal administratif de Paris. En quoi est-ce une bonne nouvelle ?

Cet appel d’offre prévoyait que les centres de rétention soient répartis en huit lots. Cela revient à éclater une mission
nationale. On fait des lots, on disperse une logique. Un migrant arrêté à Calais et envoyé à Nîmes aurait posé des problèmes. Nous sommes présents sur tout le territoire et cela nous permet d’être plus efficace, cohérent dans notre action. Remettre ce système en cause c’est porter atteinte à la défense des droits des personnes migrantes.

Le gouvernement a laissé entendre que si vous vous opposiez au décret, c’était uniquement pour conserver votre « monopole »…

C’est faux. Nous voulons juste protéger le droit des personnes. Nous sommes prêts à travailler avec d’autres associations et cela nous arrive régulièrement. Mais notre souci principal, c’est de pouvoir aider, au mieux les étrangers. Et pour ça, nous avons besoin de cohérence. L’appel d’offre a été annulé car il ne donnait pas de droits effectifs aux personnes. La décision du tribunal nous donne raison.
Un nouvel appel d’offres sortira la semaine prochaine. On l’attend, on verra bien.

Rapport Attali : 316 propositions qui ont fait l’effet d’une bombe

La place de Paris le guettait depuis plusieurs semaines comme le lait sur le feu. Quelques fuites dans la presse (Le Figaro du 10 janvier), des chuchotements ça et là sur le contenu du rapport… Jacques Attali, iconoclaste président de la commission sur la libération de la croissance française, a finalement réussi à protéger son rapport avant sa remise officielle le 23 janvier entre les mains de Nicolas Sarkozy.