La faillite d’un homme

D’aberrations en aberrations, Raymond Domenech a raté tout ce qu’il a entrepris durant cette euro. De la liste des 23 à sa sortie (espérons le), il a définitivement prouvé qu’il n’était pas à sa place. Il n’a jamais rien gagné et il n’y avait vraiment aucune raison pour que ça change.

Dernière de son groupe derrière la Roumanie, six buts encaissés pour un marqué malencontreusement, la France a livré sa pire prestation en phase finale d’une compétition internationale (avec 2002). Toutes les responsabilités ne doivent pas être imputées à Raymond Domenech mais une grande partie sans aucun doute. A tous les niveaux, le bilan de Raymond est désastreux.

La liste des 23

Au début, Raymond-la-science devait prendre 29 joueurs mais ce n’était pas assez (on ne sait jamais avec les blessures). Alors, Raymond a décidé d’en convoquer 30. En plus « astrologiquement » parlant ça collait mieux. Au final, la France se retrouve à l’Euro avec 22 joueurs suite à l’absence de Vieira.
Domenech n’est certes pas médecin, mais il doit quand même pouvoir obtenir un diagnostic fiable sur la blessure du capitaine de l’équipe de France. Après le forfait de Cannavaro, les Italiens ont obtenu de l’UEFA que leur capitaine puisse assister aux matches du banc de touche. Et eux, du coup, ils ont pu appeler 23 mecs capables de jouer au foot. Pas 22. Pas cons les Italiens.
La France a, en plus, du faire avec le fantôme de Florent Malouda (quand rien ne va). Au regard du match contre la Roumanie, on peut légitimement se demander si Hatem Ben Arfa n’aurait pas été une bonne alternative au Guyanais. Sur cette rencontre encore plus que sur les autres, la France a cruellement manqué de percussion, d’un joueur à même de faire la différence dans un match cadenassé. Un Ben Arfa quoi. Une dose d’individualisme forcené n’aurait certainement pas été de trop.

Mais bien pire que l’absence du jeune futur-ex lyonnais ou pas, celle de Mexès s’est montrée encore plus préjudiciable que prévu. De l’autre côté des Alpes, nos amis transalpins ont dû bien se marrer quand Ray-la-science a fait entrer Jean-Alain Boumsong sur le terrain suite à l’expulsion d’Abidal. « Putain, ces Français, ils sont vraiment trop c… Ils laissent Mexès, l’un des meilleurs défenseurs du championnat, à la maison et après ils sont obligés de faire entrer Boumsong, l’ancien porteur d’eau de la Juve », un Italien anonyme.

Passons rapidement sur la présence de François l’Escroc Clerc. Si Raymond préfère un co-remplaçant lyonnais au meilleur latéral droit de Premier league, il n’y a plus qu’à s’incliner. A moins, qu’il ait pensé que le gone venait uniquement pour faire du tourisme. C’est bien beau d’appeler des remplaçants pas chiants (c’est vrai que François l’Escroc a tout du témoin de mariage idéal) mais s’ils doivent jouer… Tout se complique même s’il n’est pas pour grand chose dans la débâcle française.

Le coaching

C’est là que Ray-la-science prend toute sa dimension, qu’il excelle.

Premier match (France-Roumanie), Raymond n’hésite pas pendant 80 minutes. La rencontre est fermée, les Roumains recroquevillés, il n’en faut pas plus pour que le sélectionneur prenne ses responsabilités. C’est quand même le match du groupe à gagner. A la 72e, la décision tombe Anelka cède sa place à Gomis. Un attaquant pour un autre. Prise de risque, quand tu nous tiens.
Les minutes s’égrènent et les Roumains sont toujours aussi téméraires alors Raymond joue sa plus belle carte : Nasri, milieu de terrain remplace Benzema attaquant. Là c’est clair le 0-0 est à notre portée, on ferme tout. Ambition, quand tu nous tiens. italy_euro2_wideweb__470x350_0.jpg

Deuxième match : France-Pays-Bas. Malouda demeure dans le 11 de départ mais première bonne décision de Raymond. Il titularise Evra sur le flanc gauche de la défense. 2-0 à la 60e, coaching obligé, Domenech ne tremble pas. Il sort le fantôme de Malouda pour faire entrer un attaquant. Tout le monde attend l’entrée de Benzema. C’est mal connaître le bougre. Ce sera Gomis. « Je voulais un attaquant de fixation », clamera Raymond. Si Gomis a de beaux jours devant lui, il est évident qu’il n’est pas encore prêt pour les joutes internationales et surtout n’a rien d’un point de fixation. C’est avant tout un joueur de profondeur. Selon certains journalistes, Benzema, critiqué par Madame Domenech, paierait des mots déplacés envers la belle de la bête.
Deuxième bourde à la 75e, Govou, joueur le plus influent du match côté tricolore (qui l’eût cru), sort au profit d’Anelka. Toujours pas de Benzema. Raymond a la rancune tenace.

Troisième et dernier match : France-Italie. Exit la défense vieillissante incarnée par Thuram et Sagnol, Raymond décide d’apporter davantage de vitesse. François l’Escroc Clerc prend la place de Sagnol tandis qu’Abidal, absent du dernier match est titularisé dans l’axe gauche de la défense, un poste qu’il n’a quasiment pas occupé de l’année. Face à la vitesse néerlandaise Raymond-la science oppose une défense relativement lente. Face aux Italiens et Toni, son fer de lance (un vrai point de fixation lui), Raymond opte pour une défense plus rapide. A la 4e, Abidal se troue une première fois sans conséquence. Mais à la 25e, il commet l’irréparable, de nouveau pris en défaut par Toni. Conséquence : penalty et carton rouge. Domenech est forcé de faire un deuxième changement. Et merde. Le premier a été réussi. Suite à la blessure de Ribery, Raymond a décidé de faire entrer Nasri (ouf pas de Malouda). Réduite à dix et menée d’un but, l’équipe de France n’a plus le choix, elle doit marquer deux buts pour se qualifier. Certains entraîneurs auraient fait sortir un joueur à vocation défensive pour rester à deux pointes et espérer renverser la situation. Pas Raymond. Lui, il préfère sortir Nasri au profit de Boumsong. Assurément son meilleur coaching de l’Euro. A la 66e, ultime décision de la compétition, Raymond fait sortir Govou pour Anelka. La France est déjà éliminée de l’Euro.

Arshavin Tsar à son zénith

En l’espace d’une saison Andrei Arshavin est devenu l’une des références du football mondial. Sous ses allures d’ado, il éclabousse l’Euro de toute sa classe. Vif, technique et doté d’un sens du but redoutable, l’attaquant russe se pose en symbole d’une nation qui ne cesse d’impressionner.

Alors que la mode actuelle est au « teen player » (Pato, Messi, Balotelli…), Andrei Arshavin fait figure de joueur atypique. A 27 ans, cet attaquant/milieu offensif de poche (1m72, 62 kg) qui a toujours porté les couleurs du Zénith Saint-Pétersbourg réalise la saison la plus aboutie de sa carrière, au point d’aiguiser l’appétit d’une pléiade de clubs prestigieux dont Arsenal. Sa venue à Marseille, un temps envisagée semble aujourd’hui bien loin. Vainqueur du championnat russe 2007, puis de la supercoupe de Russie et de la coupe de l’UEFA, il enchaîne par un superbe Euro. Relativement méconnu, il a explosé sur la scène européenne lors de la campagne victorieuse du Zénith en coupe de l’UEFA.

Le public français a découvert le joyau, à l’occasion d’une double confrontation entre l’Olympique de Marseille et le Zénith Saint-Pétersbourg. Le 6 mars 2003, au Vélodrome, l’OM se promène devant le Zénith en huitième de finale aller de la C3. Mais à la 82e, ce diable d’Arshavin pose une accélération foudroyante, dépose littéralement un Zubar fraîchement entré en jeu avant de réduire le score. Finalement, Marseille s’impose sur le score de 3-1 mais ce but à dix minutes de la fin contribuera grandement à la qualification des Russes au retour. Avec son compère Pavel Pogrebnyak (meilleur buteur de la compétition), il conduira le Zénith à son premier sacre européen. Le Bayer Leverkusen, le Bayern de Munich et les Glasgow Rangers en finale s’inclineront tour à tour face à cette surprenante formation. Trois ans après celle du CSKA Moscou, cette victoire prouve bien le renouveau du football russe.

Hold-up sur le ballon d’or ?

Un renouveau parfaitement incarné par une sélection guidée par l’entraîneur batave Guus Hiddink. Après s’être qualifiée, aux dépens de l’Angleterre, la Russie réalise un magnifique Euro. Après un début poussif, l’équipe de l’ancien parisien Sergueï Semak (métamorphosé depuis son passage au PSG) monte en régime. Une forme ascendante qui s’explique par le retour de son maître à jouer. Absent des deux premières rencontres de l’Euro pour cause de suspension, Arshavin a transfiguré la Russie dès son entrée en jeu dans la compétition. Un but contre la Suède puis un autre assorti d’une passe décisive en quart de finale contre les Pays-Bas lors des prolongations l’ont propulsé au rang de star de la compétition.

A l’inverse d’un Cristiano Ronaldo qui a toujours autant de mal à marquer de son sceau les grandes rencontres, Arshavin possède des allures de « clutch player ». De quoi ravir, en cas de victoire russe à l’Euro, un ballon d’or promis à l’ailier lusitanien ?