Food Trucks : Montpellier a-t-elle peur des restos roulants ?

Aujourd’hui, les camions-cuisine ou « food truck », sont les nouvelles coqueluches des amoureux de bonne cuisine, mais surtout de rapidité. Aucun rapport avec la baraque à frite ou le camion pizza. Leur principe est assez simple : il se trouve sans doute quelque part entre le restaurant traditionnel et ses produits de qualité, et le fast food visant à manger sur le pouce. Si nous nous limitions à cette définition, tout serait parfait dans le meilleur des mondes, mais des bâtons viennent souvent se loger dans les roues de ces gastronomes roulants.

Burgers, bagels, sandwichs ou cuisine exotique : plus de 400 food trucks ont été recensés en France en 2015. La progression est fulgurante : +1200% en 2 ans. On estime qu’un nouveau food truck est crée chaque jour sur le territoire. Souvent postés à des endroits stratégiques, ils font le bonheur des étudiants et des travailleurs, qui n’ont ni le budget, ni le temps d’aller au restaurant le midi. Quelques années après leur arrivée en France, plusieurs centaines d’entre eux arpentent les grandes villes de France. Mais qu’en est-il à Montpellier ?

Ils seraient dorénavant une quarantaine à se partager la ville et ses environs. Malgré un net succès auprès des consommateurs, et un effet de mode et tendance apparent, la réalité est toute autre côté cuisine, tant ces nouveaux restaurateurs itinérants font face à leur lot de difficultés.

L’emplacement, c’est pas évident

Une question se pose : pourquoi les food trucks font autant de bruit, mais sont finalement peu visibles ? À Montpellier, vous ne verrez sans doute jamais de food truck sur la place de la Comédie. La raison est simple, ces camions ne peuvent pas se garer où bon leur semble.

Pour obtenir un emplacement dit « public », c’est à dire sur la voirie, une place, ou tout endroit qui n’est pas « privé », les restaurateurs doivent demander une autorisation à la Mairie du lieu concerné. Manque de chance, celle de Montpellier n’accorde pas encore d’emplacements aux food trucks : « on marche uniquement avec des entreprises privées qui nous ont contacté ou que l’on a démarché » nous indique Benjamin, gérant du food truck Ziinco. C’est souvent le baptême du feu pour les camions débutants, avant même d’avoir commencé à travailler. Pour Carole, co-gérante du Wok’n’go : « Cela a été très difficile au début, il nous a fallu au moins 6 mois de prospection pour commencer à pouvoir travailler trois jours par semaine.. ».

Le crédo de ces restaurateurs itinérants est donc de compter sur l’attrait des entreprises privées, qui accordent le plus souvent un accès à leur parking. La géographie des food trucks montpelliérain est éloquente : une grande partie d’entre eux se trouvent au Parc 2000 près de la Mosson ou au Millénaire.

La grogne des restaurateurs est-elle justifiée ?

À l’instar des taxis, s’indignant contre l’arrivée des VTC, les restaurateurs ont grincé des dents face à l’arrivée des food trucks en France. Non seulement il leur est difficile de trouver un emplacement, mais la colère des restaurants « classiques » pousse souvent les mairies à retarder l’ouverture de leurs voiries aux camions. À nourriture comparable, le public visé n’est pourtant pas le même : « on ne travaille pas de la même manière que les restaurateurs, notre demande c’est de la restauration rapide, ça n’est pas du assis » rapporte Emma, gérante des Mastrucks Chef.

Alors qu’une grande majorité des restaurants de Montpellier se trouvent en centre ville, les camions ne pensent pas faire concurrence pour autant. Carole et Raphaël, les gérants du Wok’n’go, insistent d’ailleurs sur le fait qu’il n’y ait pas le moindre restaurant proche de leur emplacement : « on ne veut pas leur faire de l’ombre, on voulait vraiment les respecter et partir sur cette idée pour ne pas avoir de problèmes ».

Quel avenir pour les food trucks ?

Qualité, proximité, respect, et bien sûr le goût : voilà la formule gagnante qui ressort de la bouche des gérants de food trucks. Malgré tout, la concurrence entre les camions est rude, sans doute faute aux peu d’emplacements qui sont pour le moment disponibles. « 40 camions à Montpellier c’est bien beau, mais tout le monde ne tiendra pas : il y en a déjà qui craquent au bout d’un an, même après avoir investi 80 000€ dans un camion, ils le remettent en vente..» selon Raphaël de Wok’n’go.

L’union faisant force, une quinzaine de food trucks montpelliérains se sont réunis début 2015, dans le but de créer l’association « Les cuisiniers de rue ». Partage de bons procédés et rassemblement autour d’une charte de bonne conduite, tous les moyens sont bons pour renforcer les liens entre camions et maintenir l’unité devant les difficultés liées au métier.

Même si la ville de Montpellier n’accorde pas encore d’emplacements publics, certaines municipalités environnantes telles que Jacou, Vendargues, Pérols ou Mauguio, commencent à ouvrir leurs voies. De quoi donner de l’espoir à ces amoureux de bonne bouffe.

La haute gastronomie s’invite au resto U !

Invités au restaurant universitaire de Richter, les célèbres frères Pourcel proposaient aux étudiants un menu de leur création. Sans surprise, le succès était au rendez-vous…

Qui a dit que les étudiants ont la vie dure ? Ce jeudi 28 janvier, le restaurant universitaire de Richter troquait son traditionnel steak frites contre un repas signé Pourcel, les célèbres frères qui dirigent, depuis 1988, le très chic Jardin des Sens. Une fois n’est pas coutume, les deux chefs étoilés se pliaient en quatre pour offrir un repas gastronomique à un prix (2,90€) défiant toute concurrence.

Branle-bas de combat en cuisine pour ce service un peu particulier Dans la file d’attente à l’extérieur, au milieu des habitués, de nombreux autres sont venus, à l’affût du « bon plan ». C’est le cas de Camille, descendue de la lointaine fac de Lettres « parce que c’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de manger Pourcel ». Une file interminable d’étudiants, qui aura découragé certains pressés à l’image de Damien, habitué du « resto u » qui n’avait pas entendu parler de l’opération. Lui ira « manger une pizza », n’ayant « pas envie d’attendre une heure pour manger ». Dommage pour lui. Car à la sortie, les participants à ce banquet arborent tous un large sourire et les jugements sont unanimes. « Ça valait le coup d’attendre, même une heure » affirme catégorique Alexandre qui avoue toutefois avoir « un peu grugé » pour entrer avec son ami Jean Christophe. Le meilleur plat ? « Le suprême de volaille, répondent-ils en cœur. C’était exceptionnel ! ». « Et les desserts fracassaient ! » renchérit Alex, définitivement conquis.

Un franc succès donc, et une sacrée pagaille à l’intérieur. Béatrice Pili, directrice adjointe du Crous, s’essaie à un périlleux exercice de coordination en plein cœur de la confusion. « Il y a encore plus de monde que ce qu’on avait imaginé » avoue-t-elle tout en apostrophant un étudiant qui essaie de se faufiler avec un plat en plus.

La longue file des aspirants à l'extérieur du resto U

L’objectif de cette opération est de « valoriser les personnels universitaires. Pour l’équipe c’est extra » s’enthousiasme-t-elle. Des chefs de cuisine qui ont suivi un stage au Jardin des sens afin d’apprendre les techniques de quelques-uns des meilleurs cuisiniers de France. À terme, l’objectif est de « montrer le potentiel au niveau de la restauration universitaire » conclut-elle. A quelques mètres de là, Jacques Pourcel fait une apparition remarquée dans une élégante veste de travail noire avant de disparaître à nouveau en cuisine. Sympathique image que ce grand chef s’activant pour une clientèle d’étudiants.
Une bienheureuse initiative, en somme, et que de satisfactions. Une publicité à peu de frais pour le C.R.O.U.S. et les frères Pourcel, et l’occasion pour les étudiants de goûter au très haut niveau de la gastronomie française. Le retour aux boulettes de bœuf s’annonce difficile…