Aujourd’hui quand on parle du statut des journalistes, on pense précarité, qu’en est-il ?
Il est vrai que pour des jeunes qui s’engagent dans cette voie, la tâche n’est pas aisée. Quand je discute avec des anciens de la profession, je m’aperçois qu’il y a quelques décennies en arrière, la situation des journalistes n’était vraiment pas la même que celle des jeunes journalistes d’aujourd’hui. Obtenir un travail était beaucoup plus simple et passer par les grandes écoles n’était pas si important que ça. La précarité pour les jeunes journalistes commence selon moi dès les études. Je prends ici mon cas comme exemple. Pendant mes deux années passées au CFPJ, j’étais rémunérée à hauteur de 40% du SMIC. Difficile de vivre avec ce genre de rémunération. Une fois diplômée, ma situation financière ne s’est pas forcément améliorée. Les futurs journalistes doivent être conscients qu’ils obtiendront difficilement un CDI à la sortie de leurs études. J’ai dû faire des piges pendant cinq ans avant d’obtenir le mien. Et être pigiste, c’est réellement un statut précaire dans la mesure où le salaire à la fin du mois est incertain. Généralement, c’est entre 8OO et 900€. Et ce, en travaillant tous les jours de la semaine, sans compter les heures et évidemment sans prendre de vacances.
Vous avez récemment obtenu votre CDI à l’agence d’Arles, vous sentez-vous enfin en sécurité professionnellement parlant, ou tout du moins plus stable ?
Plus stable, c’est certain, mais sûrement pas en sécurité. Le point positif c’est que mon salaire est assuré. Toutefois, la précarité des journalistes s’illustre par le fait que le salaire n’est pas à la hauteur des heures que l’on fait. Pour ma part, je travaille 12 à 13 heures par jour. Autant dire qu’un journaliste est rémunéré de façon forfaitaire. Mais je reste sur un siège éjectable : à la fin de l’année 2009, un bilan des actionnaires est prévu. Si un plan social est programmé, dans ce cas les derniers arrivés seront les premiers à partir. Je vous laisse imaginer la suite…
Dans ce cas, comment percevez-vous votre avenir en tant que journaliste et plus généralement celui de la profession ?
Il faut arrêter d’avoir peur et de faire peur à ceux qui veulent exercer cette profession. J’ai l’espoir que la presse écrite réussisse sa reconversion. Si le support est probablement condamné, le métier ne l’est pas. Je ne doute pas du fait qu’Internet va probablement la supplanter mais cela ne me dérangerai pas de travailler sur la toile, au contraire. Mon avenir n’est certes pas assuré et celui de la presse quotidienne régionale, et de la presse écrite plus globalement, ne l’est pas non plus, mais j’ai confiance : le rôle du journaliste est trop essentiel pour être voué à disparaître.