Il y a une semaine encore, Montpellier était placée en vigilance orange inondation. En 2014, la ville a connu un épisode de pluies et orages exceptionnels avec près de 250 mm relevés en 3h et une crue spectaculaire du Lez. En 2015, un couple de personnes âgées meurt, emporté par le Verdanson, affluent du Lez. Si de violentes pluies s’abattaient sur Montpellier à l’image de l’Aude, la ville serait-elle en mesure de faire face à une crue hors du commun ?
Depuis une trentaine d’années, la capitale de l’Héraut cherche à réduire les risques d’inondations, principalement dus aux épisodes « cévenols » en fin d’été et pendant l’automne. Ces précipitations intenses et brèves sont « provoquées par des accumulations importantes de nuages provenant de la Méditerranée contre les versants sud des Cévennes» rappelle Montpellier Métropole. Un risque accru par l’urbanisation comme l’explique le paysagiste montpelliérain Guillaume Morlans : « On a bâti très près du Lez. Les zones qui étaient en périphérie, des champs ou des zones humides, ne captent plus l’eau, voire aujourd’hui sont habitées et soumises à un risque élevé d’inondations ». Du fait de l’imperméabilisation des sols, l’eau « se retrouve rapidement dans le réseau pluvial qui se déverse soit au niveau de la voirie soit dans les cours d’eau, contribuant a créer des débits et des hauteurs importants dans le Lez qui gonfle jusqu’à déborder» complète Séverin Pistre, chercheur au laboratoire HydroSciences de Montpellier.
Le Lez redessiné et recalibré
Cependant, ce risque est davantage pris en compte dans les constructions d’aujourd’hui souligne Guillaume Morlans. « On s’est aperçu qu’il fallait compenser l’imperméabilisation en créant des zones tampons, en répartissant l’eau, en stockant temporairement et infiltrant l’eau dans le sol au maximum». Des bassins de rétention ont ainsi été élaborés par l’agglomération de Montpellier. Le Lez a également été redessiné et recalibré. Une initiative à double tranchant selon Severin Pistre : « le côté positif c’est que le Lez a été élargi pour recevoir plus d’eau et se vidanger rapidement vers les zones en aval. Le petit côté négatif, c’est qu’il n’y a plus les obstacles naturels qui retenaient l’eau qui peut prendre une vitesse importante ».
Une vigilance constante
La ville s’associe à différents laboratoires universitaires afin de mettre en place des méthodes et outils permettant de suivre l’évolution du risque d’inondations. Ces centres de recherche étudient le niveau d’eau dans les roches calcaires du bassin versant : « quand ces roches imperméables contiennent trop d’eau, elles ont déjà fait éponge en amortissant les premières pluies, précise Séverin Pistre, c’est donc un indicateur du risque de futurs débordements de la source du Lez». Les laboratoires surveillent également les sous-sols et les nappes afin de connaître le niveau du Lez en cas de fortes pluies. Si le niveau est trop haut, l’alerte est lancée afin de déterminer les actions politiques adaptées pour limiter les dégâts. Fermetures de certaines routes, évacuation de zones à risques, émission d’alertes aux entreprises pour libérer le personnel plus tôt ou le garder en sécurité dans les lieux de travail, différentes mesures ont été pensées pour mettre à l’abri les habitants. La ville tend même à préparer ses citoyens par la mise en place d’ateliers pédagogiques visant à sensibiliser les riverains.
Mais le risque reste difficile à prévenir. Pour Severin Pistre : « beaucoup d’efforts ont été faits, mais il est toujours complexe d’être prêts à des pluies extrêmes. La Métropole continue de travailler avec le domaine universitaire et de se nourrir des dernières avancées technologiques pour toujours mieux comprendre la dynamique des crues et protéger Montpellier».