Alors que l’écologie caracole en tête des thèmes à la mode, l’habitat passif reste méconnu de la plupart des Français. Du 3 au 6 avril prochain, seront organisées les 2èmes Assises Nationales de la construction passive, à Grenoble. Ce rendez-vous permettra de faire un point sur le nombre de ces « maisons sans chauffage » au niveau européen.
Avec ses 10 000 maisons passives, l’Allemagne se pose en pays novateur en terme de logement écolo. Inventé au sein de l’institut « Wohnen und Umwelt » (habitat et environnement) de Darmstadt, en 1988, cet habitat consomme peu d’énergie et profite d’une grande autonomie pour ses besoins en chauffage.
Comment ça marche ? Dans la pratique, deux techniques sont à retenir : l’isolation des bâtiments, avec une sur isolation des murs et des fenêtres, et l’augmentation des apports solaires, en orientant les maisons au sud par exemple.
Du coup, les radiateurs deviennent pratiquement inutiles. Avec le système de ventilation qui utilise la chaleur humaine ainsi que celle dégagée par les appareils électriques, la température ambiante reste agréable. Pour les journées les plus froides, il suffit d’utiliser un poêle à bois quelques jours par an.
Des inconvénients à cette « maison sans chauffage » ? Tout d’abord, le prix. Les installations nécessaires, en accord avec la norme allemande (label PassivHaus), sont chères. Une maison passive coûte entre 7 et 15 % de plus qu’un habitat traditionnel. Selon les cas, l’investisseur rentre dans ses frais au bout de dix ou quinze ans, grâce aux économies d’énergie réalisées. Ensuite, la réussite tient aux habitudes des occupants de la maison. Si ils n’utilisent pas correctement les fenêtres ou la ventilation, les avantages disparaissent.
L’aspect financier reste le principal frein au développement des maisons passives. Depuis 15 ans, l’Allemagne encourage les investissements en accordant des prêts à des taux très intéressants. Pour l’instant, la France n’a rien envisagé. Mais cela devrait changer. Le Grenelle de l’Environnement, l’an dernier, s’est fixé un objectif : en 2020, toutes les constructions devront atteindre les performances de la maison passive.
Les initiatives françaises restent pour le moment timides. Les exemples de maisons passives se comptent sur les doigts d’une main. Le manque d’artisans qualifiés et d’architectes formés freine le développement de ces constructions modernes. Les particuliers ont du mal à trouver des professionnels et ne savent pas où s’adresser.
La maison passive porte en elle de nombreux espoirs. Son développement, dans le futur, permettrait de faire baisser la consommation énergétique du bâtiment. Aujourd’hui, en France, l’habitat absorbe 46 % de l’énergie utilisée et réalise près de 25 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2).