Permis de végétaliser : quand la ville se met au vert

Les plantes changent-elles la ville ? Montpellier vient de lancer des permis de végétaliser pour inciter les habitants à fleurir leurs rues. L’occasion pour les citadins de renouer avec la nature. 

Silence ça pousse. La capitale de l’Hérault souhaite renforcer sa végétalisation par des initiatives citoyennes. « Montpellier cité-jardin » prévoit également la plantation de 1000 arbres chaque printemps. Pour Jacques Tassin, chercheur-écologue au CIRAD, l’arborisation participe à réduire la température d’un espace urbain de 2 à 8 degrés. Les arbres assainissent l’air dans un rayon de 30 mètres, ils captent et filtrent les polluants avec leur feuillage. Le végétal a aussi une influence non négligeable sur le lien social. Il apaise, concourant à diminuer les violences urbaines. Une étude norvégienne publiée dans The International Journal of Environmental Research and Public Health en 2015 révèle, en effet, une régulation du rythme cardiaque et de la pression artérielle des individus observant des images de nature. Outre l’apaisement visuel, Jacques Tassin évoque « des effets directs sur nos cellules par l’émanation de substances volatiles produites par le feuillage » qui réduit notre stress.

Pour Errol Vela, enseignant-chercheur en botanique à l’Université de Montpellier, cette initiative permettrait de redonner vie à certains espaces délaissés. Placer des bacs à plantes dans les rues aurait aussi un intérêt pour la récupération des eaux de pluie et une diminution du ruissellement, conséquent à Montpellier. De son côté, Laure Cormier, maitre de conférences en urbanisme- paysagisme à l’Université de Tours, souligne l’aspect innovant de cette appropriation de l’espace public, réservé jusque-là aux seules puissances publiques : « On donne plus de possibilités à tout un chacun de s’investir pour que cela soit un espace de dialogue plus spontané, pas forcément organisé autour d’une manifestation culturelle». Cependant, cette ouverture pose la limite d’une privatisation du domaine public par quelques acteurs dominants dont les choix ne font pas toujours unanimité. Une autre difficulté de ce type de projet  repose sur la gestion à long terme. « Que deviennent les plantes si les riverains déménagent ? »

L’impact sur la biodiversité reste également mitigé. Même si Errol Vela salue les intérêts humains d’une « ville jardinée », il met en garde contre des bonnes intentions parfois contraires à l’écologie fonctionnelle .« Si c’est arracher une vraie biodiversité discrète ou que les gens n’aiment pas, pour en cultiver une fausse achetée en pépinière, d’un point de vue scientifique, c’est potentiellement une perte ». Mais pour Jacques Tassin, l’intérêt du permis de végétaliser est avant tout de fédérer une action collective autour du vivant. Une sensibilisation essentielle pour l’écologue au CIRAD qui considère que :« l’une des plus grandes extinctions actuelles vient de la perte de notre confrontation au vivant qui entraîne une indifférence à l’érosion de la biodiversité».

Le permis de végétaliser, qu'est ce que c'est ? 

L'initiative fait suite au projet « embellissons nos murs », lancé il y a dix ans à Rennes, qui visait à fleurir l'espace public. Elle s'est ensuite essaimé travers la France, avec la volonté de créer des espaces de proximité, alliant jardinage et sociabilisation. Paris, Bordeaux, Marseille ou Strasbourg, ces villes sont aujourd'hui nombreuses à disposer du permis de végétaliser. Il offre à chaque habitant la possibilité de faire une demande auprès de la mairie afin d'obtenir une autorisation d'aménagement d'une rue ou d'un quartier. Il peut s'agir de plantations aux pieds des arbres, de l'installation de bacs à cultiver dans les rues ou encore d'implantations de micro fleurissements. Il est cependant préférable de cultiver des plantes locales. L'entretien est à la charge du particulier qui en fait la demande. Pour plus d'informations sur les procédures à Montpellier rendez vous sur le site de la mairie de Montpellier.

« C’est qui le patron ? » : une brique de lait devient l’égérie d’un nouveau mode de consommation positif

Lassés de subir les pressions des multinationales et la chute constante du prix du lait, 51 entrepreneurs ont choisi de reprendre le contrôle de leur production. Avec l’aide des consommateurs ils créent la brique « c’est qui le patron ? ».

La crise du lait se poursuit en France et les producteurs peinent à faire entendre leurs revendications auprès des grandes multinationales. Après l’affaire Lactalis qui refusait de payer les entrepreneurs au juste prix en août dernier, Nicolas Chabanne décide de prendre le taureau par les cornes. Président du collectif « Les Gueules Cassées » qui milite contre le gaspillage alimentaire depuis sa création en 2014, il crée la marque « c’est qui le patron ? ». Un deuxième volet d’action qui entend tourner le dos aux grandes firmes alimentaires pour redonner le pouvoir aux producteurs et aux consommateurs.

La brique de lait, chef de file de la marque

La brique de lait « c’est qui le patron » est le premier produit de la marque. En août dernier, plus de 6000 consommateurs ont répondu à un questionnaire en ligne afin d’établir son cahier des charges. Ils ont ainsi voté pour un produit d’origine 100% française, garantissant une traçabilité optimale, sans OGM et issu de vaches élevées en pâturage 3 à 6 mois dans l’année. Chaque critère correspondant à un coût fixe, les consommateurs ont également défini le prix de vente de la brique.

Commercialisée à 99 centimes, les consommateurs semblent disposés à payer un peu plus cher leur brique de lait afin de soutenir les producteurs et assurer la pérennité de leur activité.

« #cestquilepatron ? Ça vaut le coup de mettre quelques centimes de plus pour avoir un produit de qualité, dont on connaît tout et qui ne floue pas les producteurs. Belle initiative ! », utilisateur de Twitter.

Rémunérés au juste prix, les entrepreneurs toucheront désormais 39 centimes par litre de lait vendu contre les 25 ou 26 qu’ils perçoivent actuellement de la part des multinationales. Une situation alarmante qui contraint les producteurs à travailler à perte.

« #lamarqueduconsommateur : et si c’était ça l’avenir ? #cestquilepatron ? Pour Moi c’est une réelle révolution qui devra guider nos achats ! », utilisateur de Twitter.

Disponible dans les Carrefour de Paris et de la région Rhône-Alpes depuis le lundi 17 octobre, la brique sera vendue dans tous les Carrefour de France à partir du 2 novembre 2016.

Après le lait, la marque souhaite soumettre d’autres produits aux votes des consommateurs. Prochainement, les français pourront se rendre sur le site afin d’établir le cahier des charges d’un jus de fruit ou encore d’une pizza.

La brique de lait s’invite sur les plateaux politiques

Le lait « c’est qui le patron ? » a fait irruption dans l’Émission politique du jeudi 21 octobre grâce à l’intervention d’Alexandre Jardin, fondateur du mouvement citoyen collaboratif « Bleu Blanc Zèbre ». Une promotion inattendue et bienvenue pour la marque qui privilégie une communication de réseaux afin de faire des économies sur le prix de vente du produit.

Invité de l’émission, Alexandre Jardin critique le programme politique du candidat à la primaire, Bruno Le Maire. Un texte de 1012 pages qu’il juge incompréhensible pour la plupart des français. « Vous avez écrit une brique, je vous en apporte une autre », a-t-il lancé en dégainant la fameuse brique de lait.

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Tandis que Bruno Le Maire se targue d’être proche des français, Alexandre Jardin prend le parfait contre-pied. Il dénonce l’élitisme du candidat et son incapacité à répondre aux problèmes du peuple. Désormais ce sont les « citoyens qui fabriquent les solutions » comme le démontre la création de la brique de lait « c’est qui le patron ? ».

« Les français ont des compétences. Cette France qui existe, elle veut compter, elle n’en a plus rien à foutre qu’une élite écrive 1012 pages pour penser à sa place », Alexandre Jardin.

Plus qu’un mode de consommation alternatif, la marque « c’est qui le patron ? » est le fruit d’une action politique, citoyenne et concrète, contre l’inactivité des puissances dirigeantes.

Extrait de l’Émission politique diffusée sur France 2, le jeudi 21 octobre 2016. Débat entre Alexandre Jardin et le candidat à la primaire de la droite et du centre, Bruno Le Maire :

Millésime Bio, Millésime écolo ?

Au-delà des vins certifiés bio, le célèbre salon est-il vraiment éco-responsable ? Du recyclage des bouchons au nettoyage des verres, Haut Courant a mené l’enquête jusque dans les arrière-cuisines de la manifestation. Verdict à déguster ci-dessous.

-219.jpgBio = écolo ? Quand on vient à Millésime Bio dont la renommée est internationale, mieux vaut répondre par l’affirmative ! Ode à la dégustation et fort de ses 873 exposants, le salon est en état d’ébriété. Premières victimes, les bouteilles. Asséchées, que deviennent-elles sachant que le verre est une matière 100 % recyclable et indéfiniment ? Cendrine Vimont, chargée de communication de la manifestation est limpide : « Elles sont recyclées ! » Vérification faite, des conteneurs sont à disposition des exposants à l’extérieur du Parc des Expos de Montpellier où se tient le salon. « Si à la fin de la journée des bouteilles restent sur les tables, le service de maintenance est chargé de les collecter et de les jeter dans les contenants adéquats », ajoute la communicante. Le recyclage des bouteilles, la base.
Moins évident, les bouchons en lièges, indissociables du précieux contenant. Recyclés aussi. Déposés dans des bacs aux quatre coins du salon, « ils sont récupérés par l’association France Cancer et ils deviendront des panneaux d’isolation », clame Cendrine Vimont. Dehors, des conteneurs jaunes accueillent les emballages en carton.

-220-r90.jpgÀ Millésime Bio on recycle donc, jusqu’à la moquette. Et de la moquette il y en a ! Elle coule littéralement sur le sol du parc des expos. Fournie par une entreprise du nom d’ORSA, la moquette est récupérée et transformée. Idem du côté des bâches de signalétique disposées au coeur du salon. En revanche, les autres supports de communication sont moins verts. Sur ce point-là, Cendrine Vimont admet que « tous les outils de com’ ne portent pas un label responsable ». Au final, seule une plaquette incluse dans le dossier de presse est imprimée durablement (utilisation de papier recyclé et d’encre végétale).
Peut mieux faire aussi à l’intérieur du salon. Pour les déchets de type cannettes, gobelets ou alimentaires, des sacs sont mis à disposition mais aucune consigne de tri n’apparaît. Cendrine Vimont accuse l’état d’urgence et déplore la difficulté à mettre en place des bacs dédiés à l’intérieur de salon, ces derniers seraient « de parfaites cachettes pour des bombes ! » Il semble que l’état d’urgence ne cède pas à l’ivresse écologique…

Repas bio, traiteur nature

Entre deux dégustations, on mange aussi à Millésime Bio ! Bernard Cabiron, traiteur Montpelliérain, a été choisi par assurer la restauration du salon. La consigne : élaborer un repas 100 % bio. Dont acte. Si ce dernier ne propose pas exclusivement des plats bios à l’accoutumée, il reste néanmoins un traiteur 100 % DD. « Nous faisons partie des 39 entreprises en France qui ont le label QualiTraiteur », souffle-t-il. Mais pas que. « Nous avons été la première association de traiteurs à signer la charte anti-gaspillage », ajoute-t-il fièrement. En résumé, l’entreprise est partenaire de la banque alimentaire à qui elle donne les excédents d’aliments. Pour le surplus de ce premier jour, on repassera. « On a été dévalisé ! », s’exclame Bernard Cabiron.
La vaisselle, elle, est aussi respectueuse de l’environnement. « On utilise des gobelets recyclables et de la vaisselle en faïence réutilisable. On essaie de limiter un maximum les produits jetables », annonce le traiteur à l’aura responsable. Effectivement, même le potage de lentilles est servi dans un gobelet recyclable et dégusté avec une cuillère en bois, 100 % recyclable.

La plonge en mode DD, elle aussi

Selon nos observations, le salon joue jusque-là la carte écolo autant que faire se peut. Que nous reste-t-il à examiner ? La plonge, évidemment. Quand un salon comme celui-ci vibre au tintement des verres qui s’entrechoquent, on peut légitimement se poser la question de la gestion écologique des verres à pieds. Jérôme, chef de la plonge pour le compte de la SARL Belbuc dégaine direct le produit vaisselle utilisé : étiquette écolabel collée sur l’emballage. On aurait pu s’arrêter là. Mais non. « On utilise de l’eau osmosée », dévoile Jérôme. L’eau de la ville est filtrée par centrifugation pour faire tomber le PH de 460 à 5 ! « L’eau osmosée permet de diminuer le calcaire », affirme Jérôme. Un bémol cependant, « quelques fois, il reste un peu de tanin dans le verre ».
L’adage est bien connu, on ne peut pas contenter tout le monde. « On essaie de faire le plus simple possible pour respecter les critères écologiques », précise le prestataire. L’idée est aussi de consommer moins d’électricité. Dans un des seuls halls du Parc des Expos resté désert, on utilise un petit lave-vaisselle, moins énergivore.

Last but not least, l’emprunte carbone. Là encore, le salon s’est mis au vert. « On a fait le choix d’inciter les visiteurs à venir en tramway et nous avons mis une navette gratuite à disposition », lance Cendrine Vimont. Il faut dire qu’après une journée de dégustation, mieux vaut peut-être éviter de prendre le volant. Même si on est censé cracher… Pour Alex, visiteur néophyte, « il manque quand même des toilettes sèches ! » Ce sera peut-être pour l’année prochaine…

Niveau écolo, Millésime Bio a quand même pris de la bouteille. Comme le bon vin, il se bonifie avec le temps.

3/4 « Les éco-organismes, c’est l’avenir de la filière déchets » soutient Gilles Cromière

Tout le monde le connaît, le petit logo recyclage d’éco-emballages. Et pour cause, le tout premier éco-organisme de France a vu le jour il y a 20 ans déjà. Mais au fait, c’est quoi un éco-organisme ?

Éco-emballage, pionner des éco-organismes

Encadré par la loi REP, l’éco-organisme gère des déchets qui nécessitent un recyclage spécifique et travaille en amont avec les entreprises, pour faciliter le recyclage des emballages de leurs produits.
Gilles Cromières, responsable du service bureau d’études de la région Languedoc-Roussillon à Véolia, étudie chaque appel d’offre lancé par les éco-organismes et tente d’y répondre au mieux, en respectant le cahier des charges imposé par la structure. « Notre travail à Véolia, c’est de s’assurer que la revalorisation des déchets imposée par la loi REP, fondatrice pour tout le secteur, soit effective. Nous organisons la mise en logistique du recyclage.» précise Gilles Cromières.

Zoom sur Écosystème

Ces dernières années, des éco-organismes fleurissent et révolutionnent toute la filière du tri. De l’éco-organisme spécialisé dans les ampoules usagées, à ceux qui se consacrent aux mobiliers, tous ont pour objectif de fédérer les acteurs d’un secteur autour d’une participation financière destinée au recyclage. Écosystème est le leader des éco-organismes en matière de recyclage des déchets électroniques. Il réunit autour de lui tous les producteurs d’objets électroniques, afin d’organiser le recyclage des produits en fin de vie.
Gilles Cromière explique : « Il y a quatre catégories de déchets électroniques qui répondent à quatre procédés de recyclage différents. Cela oblige le milieu du tri à innover, trouver toujours plus d’espace pour trier, catégoriser. Le problème c’est que le tri, tout le monde est pour, mais dès qu’il s’agit de créer de nouvelles structures, il y a levée de boucliers. On appelle ça dans le métier « Not in my backyard. » Stocker des frigidaires ou des machines à laver avant qu’ils soient recyclés, ça prend beaucoup de place. Par exemple, le local Véolia de Nîmes fait près de 2.300.m². »

Les éco-organismes au cœur de l’innovation

Le secteur est en processus d’industrialisation et grâce au développement du phénomène éco-organismes, les innovations sont au cœur des stratégies d’entreprises de déchets. « L’arrivée de nouvelles technologies, comme les smartphones, nous oblige à réfléchir à de nouvelles solutions de recyclage en permanence. Ça prend du temps et parfois, les contrats que l’on signe avec les éco-organismes sont trop courts pour que l’on investisse suffisamment d’argent dans nos centres de tri » souligne Gilles Cromière.

Jean Louis Roumégas : « J’espère que cette dynamique de rassemblement de la gauche va continuer »

Suite à l’annonce de sa candidature aux élections législatives sous une bannière commune Europe Ecologie les Verts (EELV) / Parti socialiste, Haut courant a interviewé Jean Louis Roumégas, président du groupe EELV de Montpellier et conseiller municipal depuis 2008.
Politique environnementale locale, perspectives pour les élections présidentielles, législatives puis municipales sont les principaux thèmes abordés lors de cet entretien.

EELV et les élections présidentielles

Nous avons d’abord demandé à Jean Louis Roumégas d’expliquer comment Eva Joly pouvait concrètement créer un million d’emplois comme elle le propose dans son programme présidentiel de transition écologique. Il insiste ici sur les 3 piliers que sont l’énergie, le transport et l’agriculture pour parvenir à cet objectif en prenant pour exemple le Danemark et l’Allemagne. Il évoque ensuite la conjoncture peu favorable à EELV dans cette campagne présidentielle en insistant sur le fait que vouloir résoudre les problèmes sociaux sans prendre en compte les problèmes énergétiques mène indubitablement à une impasse.


Jean louis Roumegas : élections présidentielles par masterjournalisme08

Elections législatives de juin prochain :

Haut courant a voulu comprendre la nature et les raisons principales de l’accord passé entre les écologistes et le PS d’Hélène Mandroux, actuelle maire de Montpellier. Jean Louis Roumégas réfute d’abord l’idée d’un accord purement électoral. Il se base sur un programme défini et un consensus idéologique tant à l’échelle locale que nationale. Il explique également les enjeux stratégiques de cette alliance qui permettra aux circonscriptions où le FN a des chances de faire un bon score d’être laissées à des élus PS. La dernière partie de la vidéo est consacrée au projet de l’élu écologiste en matière de répartition des richesses et de justice sociale. Deux sujets inscrits dans le projet écologiste.


Jean louis Roumegas élections législatives par masterjournalisme08

Projets et situation en matière d’écologie à Montpellier

Jean Louis Roumegas explique son soutien à certaines politiques de la ville qui vont dans le sens d’une densification et d’un réaménagement de la cité sur elle-même. Il condamne dans le même temps toute logique d’étalement urbain soulignant que Montpellier a été plutôt épargné par rapport au reste de l’agglomération dans laquelle on a construit à tout va. Il revient ensuite sur les projets positifs portés par la municipalité tout en en critiquant la lenteur et le manque d’ambition accordés à ces mêmes projets notamment en ce qui concerne le « plan climat ».


Jean louis Roumegas projets et situation de… par masterjournalisme08

Municipales de 2014 à Montpellier

Haut courant a questionné Jean Louis Roumegas sur son éventuelle candidature aux municipales. Nous lui avons demandé de réagir à celle de Philippe Saurel et de nous détailler les différents enjeux de cette élection sur le plan du programme, de sa faisabilité mais aussi des alliances éventuelles.
S’il n’a pas souhaité commenter la candidature du socialiste Philippe Saurel, il a détaillé une partie du programme d’EELV pour Montpellier qui se fonde sur 4 points :

  Un arrêt total de l’étalement urbain et l’organisation des espaces naturels pour en faire des espaces de vie

  la mise en place d’une nouvelle politique énergétique (notamment en ce qui concerne la rénovation des logements anciens)

  une mutation des réseaux de transport

  une série de réformes dans le domaine de l’alimentation, de l’agriculture et de la grande distribution.


Jean louis Roumegas municipales 2014 par masterjournalisme08

Beaucoup de bruit pour (presque) rien!

Deux semaines de négociations, tous les Etats membres de l’ONU représentés, 36 heures de prolongations, une feuille de route communément ratifiée… Sur le papier, la clôture du sommet international pour le climat de Durban se veut couronnée de succès. En pratique il n’en est rien.

Si les responsables présents dans cette ville d’Afrique du Sud se sont pompeusement félicités du compromis établi, son application n’érigera aucune barrière efficace pour lutter contre le réchauffement de la planète.

Les mesures, purement symboliques, conclues lors de cette conférence sont symptomatiques du manque de considération général pour les causes environnementales. Le prolongement du protocole de Kyoto à partir de 2015, qui a perdu en chemin Canada, Japon et Russie, relève pour l’heure, de la mascarade et farce de mauvais goût. Comment un pacte, dépourvu de contraintes juridiques et nouveaux engagements chiffrés, peut-il raisonnablement faire figure de modèle pour la communauté internationale ?

Ce sommet n’a pas non plus déterminé les sources de financement (100 milliards par an) allouées aux pays en voie de développement par le « Fonds Vert », dont l’entrée en vigueur n’est prévue qu’en 2020. Un fond déjà acté à Copenhague voilà maintenant trois ans.

Alors que la période 1997-2011 concentre les treize années les plus chaudes depuis deux siècles, le sort du globe n’est toujours pas une priorité pour nos dirigeants. Pourquoi faire aujourd’hui ce que l’on peut remettre à demain? Surtout s’il s’agit d’écologie…

Le Sénat brésilien risque d’étouffer le « poumon vert » de la planète

Dans les heures qui viennent, le Brésil va certainement adopter un nouveau code forestier, symbole d’une forte régression de la politique environnementale portée par le pays depuis une quinzaine d’années. Ce projet de loi tend à reconfigurer et diminuer les zones protégées contre la déforestation, notamment au cœur du «poumon vert » de la planète ; l’Amazonie. Un code qui réjouit les puissants lobbys agricoles, et fait frémir militants et sympathisants écologistes, craignant que cette nouvelle législation entraîne une lente disparition de la biodiversité brésilienne.

Une entrave contre une politique environnementale efficace

S’étendant sur près de 10 fois la superficie du territoire français, l’Amazonie (5,5 millions de km²) est le plus riche massif forestier de la planète. Pour préserver cet écosystème unique, le Brésil avait déjà conçu un code forestier dès 1934, délimitant et protégeant un grand nombre de zones naturelles. Si sur le papier, cette loi apparait désormais ancienne, elle ne commence à rentrer en application qu’au milieu des années 1990, suite à la prise de conscience de l’importance des questions environnementales, lors du « Sommet de la Terre » de Rio de Janeiro (en 1992). Jusqu’à cette période, les exploitants agricoles défrichaient la forêt amazonienne en toute impunité, à une cadence ahurissante (jusqu’à 29000km² en 1995). Une déforestation souvent couplée à un phénomène de désertification: aux arbres, succédaient de vastes champs de monocultures rentables (le soja en tête), entraînant un appauvrissement des sols.

C’est au tournant des années 2000, les mentalités ayant considérablement évolué, que ce code (devenu texte de loi) sera mieux appliqué ; chaque année la déforestation ralentira. Cette législation incarne alors une politique environnementale audacieuse : elle protège 80% de la superficie du territoire amazonien. Sur la dernière décennie, les aires protégées brésiliennes représentaient environ 70% des aires protégées mondiales. En 2009, l’ancien président Lula va encore plus loin. Il s’engage à réduire drastiquement la déforestation, souhaitant une diminution de cette activité de 80% pour 2020. Des promesses ambitieuses qui placent ainsi le Brésil, dans le groupe des Etats les plus engagés en matière de lutte pour le climat.

Les groupes de pression des exploitants agricoles plus forts que les scientifiques et militants écologistes

Se sentant lésés par ce Code forestier, petits, et surtout grands exploitants agricoles ne tardent pas à faire pression sur la classe politique. Les lobbys de l’agriculture intensive brésilienne proposent alors une nouvelle version, plus à leur avantage, de ce Code forestier «vieillissant». Après deux ans de discussions et débats houleux, opposant les militants écologistes aux partisans du développement de l’agriculture intensive, la Chambre des députés brésiliens approuve massivement ce nouveau texte de loi, le 24 mai 2011. Déjà approuvé par la commission de l’environnement du Sénat, ce 23 novembre, il est actuellement à l’étude en session plénière, et a de très fortes chances d’être à nouveau adopté. La révision de ce Code prévoit notamment de réduire de 80 à 50% les zones forestières protégées du pays.

Cette législation marque l’échec des efforts faits, ces dernières années, par le gouvernement en matière de lutte contre la déforestation. Elle soulève surtout de vives polémiques et inquiétudes pour tout un pan de la population brésilienne. Estimant qu’il s’agit d’une « loi d’amnistie des crimes environnementaux », les écologistes craignent le retour d’un sentiment d’impunité de la part des « pro-agrobusisness ». Si on en croit Greenpeace et des chercheurs de l’université de Brasilia, en cas d’entrée en vigueur de cette nouvelle législation, la déforestation au Brésil risque à nouveau d’augmenter de 50%. Pire, dans ce contexte permissif, l’INPE (Institut National d’Observation des Espaces) estime que la déforestation de l’Amazonie devrait croître, cette année, de 144%. Pour tous les opposants, cette législation entrainerait donc un flot de conséquences néfastes et dangereuses tant pour l’environnement que pour l’Homme (augmentation des émissions de gaz à effet de serre, disparition de la biodiversité, risque de glissement de terrains dans des zones déboisées récemment urbanisées…).

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Les opposants à ce projet n’abandonnent par leur combat

Depuis 48 heures, la résistance se mobilise devant les ambassades du Brésil, un peu partout à l’étranger. Il s’agit là d’un dossier brûlant. Peu avant son adoption, en mai dernier par la chambre des députés, le militant écologiste Jose Carlo Silva et sa femme avaient été tués, pour leur opposition face à ce nouveau texte de loi. Cet assassinat n’a cependant pas étouffé ou freiné la résistance des écologistes et scientifiques brésiliens. Déjà à cette période, Paulo Adario (directeur de la campagne Amazonie menée sur place par Greenpeace) manifestait une détermination à toute épreuve ; « Cela fait douze ans que je me bats contre la révision du code, et aujourd’hui, ils sont sur le point de gagner… mais nous ne nous laisserons pas faire ».

En cas d’adoption par le Sénat, tous les espoirs se tourneront alors vers la présidente Dilma Roussef, dernier maillon apte à pouvoir contrer ce nouveau code forestier, en déposant son droit de veto. Reste à savoir si, à l’heure de la conférence sur le climat de Durban, et à un an du vingtième anniversaire du « Sommet de la Terre » (qui se déroulera à Rio de Janeiro), le Brésil aura le courage de claquer la porte aux lobbies de l’agro-business, pour laisser la voie libre à un développement économique plus responsable.
Rien n’est moins sûr…



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D’une marée noire à l’autre

Aujourd’hui, les États-Unis font face à leur plus grande catastrophe écologique, tandis que l’Italie, ayant récemment subit une marée noire, met en place un système de protection contre.

«La plus grande catastrophe écologique qu’ont connu les Etats-Unis»

«Marée noire aux États-Unis : L’équivalent d’un Erika toutes les 48 heures» ; «Un nouveau 11 Septembre pour les Américains» ; «Obama et le 11-septembre écologique» ; «Marée noire : retour sur une catastrophe écologique hors norme»… Une légère revue de presse aux titres évocateurs sur la marée noire qui touche depuis trois mois les côtes du golfe du Mexique, soit 800 km au total, en Louisiane, dans le Mississippi, en Alabama, en Floride et maintenant au Texas.

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La catastrophe écologique a commencé le 20 avril, jour de l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon. Voilà maintenant trois mois qu’elle s’aggrave. Ses conséquences écologiques sont difficilement mesurables bien que le patron de BP, Tony Hayward, ait assuré que «l’impact du désastre sur l’environnement sera sans doute très, très modeste».
Mais qui, sinon le responsable de la catastrophe, se risquerait à dresser un bilan définitif quand bayous, mangroves et marais continuent à être pollués ?

Certes, des progrès sont annoncés. Mais, les chiffres montrent que l’on est encore loin du compte : 25 000 barils de brut sont pompés chaque jour contre les 35 000 à 60 000 déversés. Autres chiffres donnés, ceux des victimes de la marée noire. Croisant les bilans fournis par les services de secours et les diverses autorités américaines de protection de la nature, le site « Daily Dead Birds » tient le décompte morbide des oiseaux, tortues de mer et mammifères mazoutés par la marée noire de BP. Aujourd’hui, les compteurs affichaient 1 505 oiseaux, 447 tortues de mer et 54 mammifères marins morts, entre autres. Autres chiffres encore : près de 7000 bateaux, 100 avions et 50000 personnes sont engagés dans le combat pour limiter les dégâts de la fuite, nous informe le Figaro.fr.

De plus, l’avancée du nettoyage des rivages a été rendu plus compliqué par le passage récent de la tempête Alex. Aujourd’hui, il s’agit donc de la pire marée noire aux États-Unis, renvoyant «l’Exxon Valdez et ses 42 millions de litres déversés sur les côtes de l’Alaska en 1989, à une quasi-anecdote», indique le Parlement européen dans sa dernière session plénière.

Un système satellitaire italien pour lutter contre les marées noires en Méditerranée

La gravité de la marée noire américaine semble en avoir éclipsée une autre, toute aussi grave, à une autre échelle : le plus grand fleuve d’Italie, le Pô, a été victime mardi 23 février 2010 d’une importante marée noire suite à un sabotage dans une ancienne raffinerie près de Monza (Lombardie).

Ainsi, l’Agence Spatiale Italienne (ASI) vient de lancer, cette semaine, un projet pilote visant à identifier et assurer le suivi des déversements d’hydrocarbures, accidentels ou illégaux, en Méditerranée : le Projet Pilote Pollution Marine liée aux Hydrocarbures (PRIMI).

La Méditerranée borde, en effet, 23 pays continentaux, dont 5 pays d’Afrique, et 8 îles. Onze millions de navires par an fréquentent «ce réservoir majeur de biodiversité qui concentre à lui seul 25 % du trafic planétaire et 30 % du trafic pétrolier». Ainsi, «plus de 2 000 navires sont en permanence à la mer avec, parmi eux, 200 à 300 pétroliers selon la préfecture maritime de la Méditerranée», indique le site bioaddict.fr. Et, selon la Préfecture maritime, «250 pollutions orphelines dont 180 d’hydrocarbures ont été dénombrées en 2008 en Méditerranée. Pour 2009, le décompte révèle 190 pollutions dont 100 d’hydrocarbures».

Ainsi, l’ASI met en place la phase d’étalonnage du PRIMI, une de ses grandes initiatives pour la gestion du risque environnemental, qui doit identifier et assurer le suivi des déversements d’hydrocarbures en Méditerranée. La mer pourrait ainsi être contrôlée de jour comme de nuit et quelles que soient les conditions météorologiques.

Espérons que PRIMI incite les embarcations à ne plus déballaster des hydrocarbures ou autres matières toxiques en Méditerranée. Et, que ce modèle se développe partout dans le monde.

Georges Fandos : « Il faut éviter la concentration sur Montpellier »

Délégué régional du parti « écolo-centriste » Cap 21 en Languedoc-Roussillon, Georges Fandos a rejoint la liste d’Europe Écologie menée par Jean-Louis Roumégas pour les élections régionales. Revenant sur son parcours et les raisons de cette alliance, il se livre à Haut Courant.

Europe Écologie plutôt que le MoDem

Quel a été votre parcours ?

Je suis engagé dans la cause écologiste depuis des années. J’ai participé au comité de soutien du premier candidat écologiste aux présidentielles de 1974 : René Dumont, un ingénieur agronome comme moi. Après, j’ai participé à la création des Verts en Languedoc-Roussillon. Ensuite, j’ai participé au développement de Cap 21. J’ai soutenu Corinne Lepage en 2002 lorsqu’elle s’était présentée aux présidentielles et j’ai été candidat Cap 21 aux législatives. En 2004, j’ai composé une liste Cap 21 aux élections régionales où j’ai presque fait 5% des voix.

Pourquoi être passé des Verts à Cap 21 ?

A l’époque, les Verts s’étaient alliés à Georges Frêche. Or, je n’étais pas d’accord avec la politique d’urbanisme de ce dernier, entre autres. Maintenant, ils s’éloignent de Georges Frêche alors je m’en rapproche. Frêche est un bon baromètre de mes relations avec les Verts, ou avec le MoDem (sourire).

C’est pour cette raison que vous êtes revenu vers Europe Écologie dernièrement ?

Oui. A un certain moment Cap 21 s’est rapproché du MoDem lors d’un accord avec François Bayrou. Au niveau régional, cela ne se passe pas très bien, surtout depuis que Dufour a passé un accord avec Georges Frêche aux municipales. Alors, on a prit nos distances avec et on s’est rapproché d’Europe Écologie. Cela me paraissait plus cohérent. On a essayé  » d’écologiser  » le MoDem et cela n’a pas marché. Ils n’ont pas été sensibles à tout ce que l’on pouvait développer. En plus, M. Bayrou a un exercice du pouvoir qui est quand même très personnel. Cela ne nous a pas plu. Corinne Lepage s’est aussi mise en retrait.

Que pensez-vous du fait que François Bayrou ait voulu mettre un candidat comme Drevet en tête de liste MoDem ?

Il n’avait plus d’écologistes dans ses rangs : nous étions partis à Europe Écologie. Il avait besoin d’un label « écologie » et il a trouvé quelqu’un en la personne de Drevet. Mais, cela n’a pas marché : Drevet fait sa propre liste. Les militants du MoDem avaient élu Marc Dufour, et Bayrou a voulu imposer Drevet de manière autoritaire. Or, Drevet n’a rien voulu céder. Du coup, il n’a eu aucun accord avec lui.

Lorsque j’ai rencontré Drevet, il y a trois mois, je lui ai proposé de faire une liste commune entre tous les écologistes. Je n’ai jamais eu de réponse. Il a décidé de faire cavalier seul. C’est dommage. Sa stratégie est de se vendre au plus offrant. Ce n’est pas la bonne. Au second tour, Frêche lui fera toutes les promesses qu’il voudra. Mais, une fois élu, il fera ce qu’il voudra. En d’autres termes, il va se faire bananer. Ce n’est pas une stratégie pertinente au niveau de l’écologie politique.

Quel regard portez-vous sur la proposition faite par Daniel Cohn-Bendit d’une présidence tournante entre les socialistes et Europe Écologie ?

Cohn-Bendit dit toujours des choses surprenantes. Je pense qu’avec les socialistes, il peut y avoir un accord de second tour, mais pas au premier tour. Je vois mal Hélène Mandroux devenir du jour au lendemain écologiste. Cela ne serait pas très crédible. Je ne suis pas favorable à la proposition de ce cher Daniel.

Que pensez-vous de toute la polémique autour de Georges Frêche ?

Cela fait longtemps qu’il fait des déclarations fracassantes. Tout le monde semble découvrir le personnage, je trouve cela un peu cocasse. C’est de la péripétie. Il est très malin. S’il a fait ces déclarations c’est pour s’attirer les voix du Front National au second tour. Il mène à la fois une politique communautariste : il donne des subventions à la communauté juive notamment. En même temps, il fait des déclarations comme ça, déconcertantes. Il y a du calcul politique : c’est plus du machiavélisme politique que du racisme. Je connais le personnage.

Pourquoi sont-ils si nombreux à suivre Frêche ?

C’est la solution de facilité, pour avoir quelques places d’élus.

Pensez-vous que le fait que Cap21 se détache du MoDem sera une tendance générale dans l’avenir ?

Pour les élections régionales, dans plusieurs régions, Cap21 a passé des accords avec Europe Écologie : Haute Normandie, PACA, Ile-de-France, … Dès le départ, Corinne Lepage souhaitait que pour les régionales le MoDem travaille avec Europe Écologie. En particulier dans notre région car le MoDem a une attitude très ambigüe envers Georges Frêche et nous ne voulions en aucun cas le soutenir au second tour. Mais ce n’est pas le choix qui a été fait par le MoDem et il va finir par soutenir Frêche au second tour. Du coup, nous étions en porte-à-faux vis-à-vis de leur stratégie. Sur le plan régional, nous étions plus proches d’Europe Écologie et nous avons préféré nous allier avec. Avec l’accord des militants. Pour les autres régions, je connais mal la problématique mais c’est lié aux dysfonctionnements anti-démocratiques du MoDem.

Sur quelles bases communes vous entendez-vous avec Europe Écologie ?

Nous avons posé plusieurs conditions préalables avant de lier cette alliance. Notre première condition était de ne pas soutenir Frêche en tant que président de région. Ensuite, nous avons deux axes forts dans cette campagne. Le premier est l’aménagement équilibré et harmonieux du territoire : refuser de tout centraliser sur Montpellier. Le second est la gouvernance démocratique de la région. C’est sur ces bases que nous nous sommes rapprochés d’Europe Écologie. Après, nous avons négocié pour avoir des élus de Cap21.

Cette alliance préfigure-t-elle une future force écologiste unifiée en Languedoc-Roussillon ?

Cela dépend de ce que deviendra Europe-Écologie. En son sein, il y a différentes sensibilités, personnalités. Son avenir n’est pas encore trop fixé. Mais, je pense que l’on a intérêt à continuer à travailler avec Europe Écologie.

N’y-a-t-il pas une contradiction dans le fait qu’un parti comme Cap 21, de centre droit, s’allie avec un mouvement qui rassemble jusqu’à l’extrême gauche ?

Cap21 n’est pas tellement de centre-droit. En fait, Corinne Lepage a été appelée à être ministre de l’environnement par M. Juppé sur la base de critères techniques avant tout, sur ses compétences propres. Elle n’est pas rentrée dans le gouvernement Juppé en tant que soutien de sa politique générale. Par exemple, lorsqu’elle a fait la loi sur l’air, les oppositions venaient du groupe RPR. Elle s’est heurtée aux lobbies pétroliers, automobiles… Elle a donc beaucoup eu d’autonomie par rapport au gouvernement Juppé. Sa sensibilité est plutôt au centre. Nous avons essayé de créer un mouvement à la fois démocrate et écologiste avec le MoDem. Nous n’avons pas réussi à le faire. Aujourd’hui, nous nous retrouvons plus à l’aise au sein d’Europe Écologie où il y a des personnes proches de la mouvance de Nicolas Hulot : Jean-Paul Besset, Yannick Jadot… Tous ne sont pas proches de nous, mais globalement il y en a. Le programme que nous avons élaboré ensemble pour les régionales est assez proche de nos thèses.

Sortir du modèle de développement en tâches d’huile

Que reprochez-vous au bilan de Georges Frêche ?

Il a une vision de l’aménagement du territoire du siècle passé. Sa théorie : le développement en tâches d’huile. C’est-à-dire : je développe Montpellier et, en tâches d’huile, cela se développe dans la région. Ce n’est pas comme cela que ça marche. Il faut avoir une vision moderne : développer les villes moyennes de notre région pour essayer de dynamiser tous les départements, tout en conservant une capitale régionale avec des fonctions culturelles, administratives et politiques. Il faut notamment renforcer le pôle universitaire montpelliérain et le mettre au service de la région, et non au service d’une mégalopole régionale.

Nous sommes proches de la conception d’aménagement du territoire que l’on peut voir en Italie du Nord ou en Allemagne où chaque ville moyenne a ses propres industries… C’est une vision d’un aménagement équilibré. Nous ne voulons pas que se reproduisent les erreurs de la région parisienne : une mégalopole qui génère des contre-productivités en termes d’embouteillages – que l’on vit déjà à Montpellier et qui s’aggraveront si l’expansion de Montpellier continue comme prévu ; car M. Frêche veut construire jusqu’à la mer -, en terme de santé – dans les grandes mégalopoles, il y a notamment des problèmes de qualité de l’air -, en terme de perte de temps dans les transports, en termes de coûts des services – la gestion des déchets, la gestion de l’eau coûte plus cher dans les grandes villes -. Il n’y a pas d’économie d’échelle, il y a des  » déséconomies  » d’échelle. Par exemple, c’est ce qui explique que la RATP soit déficitaire. Alors, c’est l’Etat français qui compense les déficits de la RATP.

Quels sont les différents besoins selon les départements ?

Il faut assurer à l’ensemble du territoire régional des services publics. Qu’ils soient présents et attractifs dans toutes les villes moyennes : Perpignan, Béziers, Bédarieux, Ganges, Sète… Nous voulons une politique d’aménagement du territoire très volontariste pour rendre attractive toutes les villes de la région. Il faut développer les savoirs-faire de la région qui sont aujourd’hui négligés. A Alès, la métallurgie par exemple. Au niveau de l’habitat, il faut développer l’isolation, la sobriété énergétique. C’est-à-dire, plutôt que de produire l’électricité, il faut l’économiser et ne pas la gaspiller. C’est faisable en isolant les maisons par exemple.

Est-il compatible de développer l’économie tout en protégeant l’environnement ?

C’est le défi de demain. Nous sommes pour l’éco-économie. La protection de l’environnement et l’écologie peuvent être un vecteur de création d’emplois important. On le voit avec les énergies renouvelables : le photovoltaïque, l’éolien… Alors pourquoi ne pas développer le photovoltaïque dans notre région ?

Changer pour ne pas sombrer

Pensez-vous qu’il y a encore la place pour un parti écologique alors que les valeurs écologiques sont reprises par tous les partis ?

Nous avons gagné une bataille culturelle : les questions écologiques sont au centre des préoccupations aujourd’hui. Par contre, ces préoccupations ne sont pas encore entrées dans les politiques concrètes. C’est tout le problème. Tout le monde fait du développement durable dans les discours mais pas dans l’action. Par exemple, en matière de transport : ce qui est envisagé par toutes les classes politiques, c’est le doublement de l’A9. Il serait mieux de mettre les camions sur les trains pour que le trafic fret se passe plutôt sur les rails que sur la route. On est encore dans des logiques traditionnelles : pour dégager l’A9, on est obligé de la doubler. On a donc progressé sur le plan des idées, de la prise de conscience mais, concrètement, dans les politiques sectorielles tout reste à faire. Je suis pour des changements structurels lourds. Il faut notamment préparer la transition vers une économie sans pétrole, tournée vers la chimie alternative verte, à partir de la biomasse, à partir d’autre chose en somme. Il faut y réfléchir très vite parce que si l’on fait rien les ressources pétrolières vont s’épuiser et on aura aucune alternative.

De tels changements ne seraient-ils pas très coûteux? Les objectifs d’Europe Écologie sont-ils chiffrés ?

Si l’on ne fait rien, le réchauffement climatique va coûter très cher. C’est ce que nous dit le rapport Stern commandé par le gouvernement anglais [ndlr. ce rapport est un compte rendu publié en 2006 sur l’effet du changement climatique et du réchauffement global sur la planète rédigé par l’économiste Nicholas Stern. Ses principales conclusions sont qu’un pour cent du PIB investi maintenant suffirait à fortement atténuer les effets du changement climatique et qu’autrement ce serait risquer une récession jusqu’à vingt pour cent du PIB mondial].

Synthèse du Rapport Stern

Je prône une transition qui sera moins coûteuse au niveau macro-économique, que si l’on continue les tendances politiques actuelles. Ne rien faire amènera des situations de crises auxquelles il faudra s’adapter, et c’est cela qui coûtera cher. De nombreuses personnes ont travaillé sur cela. L’association Negawatt, par exemple [ndlr. située à Mèze], a bâti un scénario pour un système énergétique viable, basé sur la sobriété des économies d’énergie.

Scenario Negawatt

Tout n’a pas été chiffré. Il est difficile de tout anticiper.

Cela va-t-il forcément de pair avec une augmentation des impôts ?

Par forcément. C’est une question d’allocations des ressources. Aujourd’hui, d’énormes gaspillages sont faits. Quand vous passez une heure dans les embouteillages, cela coûte cher en termes de dépenses énergétiques. Si l’on fait en sorte que les gens travaillent plus près d’où ils vivent, cela générera des économies que l’on pourra allouer à des investissements comme ceux que je viens de développer. C’est une question de transition.

Avez-vous des régions ou pays modèles ?

Des choses intéressantes ont été faites ailleurs. Dans le Sud-est asiatique, aux Philippines, par exemple. Ce sont des pays qui ont relativement réussi à se protéger de la mondialisation financière et qui ont essayé de conserver leurs capitaux pour les réinvestir. Le fait de ne pas ultra-libéraliser s’est traduit une sortie de crise plus aisée. L’exemple de la Corée du Sud est aussi intéressant. Elle a pu développer son industrie en réinvestissant ses capitaux et en ayant une stratégie industrielle claire : plutôt que de vendre ses entreprises à l’étranger, elle a auto-construit ses pôles industriels, et cela a permis de générer un cycle économique vertueux, donc du pouvoir d’achat. Le miracle coréen a été basé là-dessus. A contrario, d’autres pays ont joué la mondialisation à fond comme l’Argentine et ont fait faillite.

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Océans, une nouvelle odyssée des mers

Jacques Perrin et son complice Jacques Cluzaud signent avec « Océans » une magnifique odyssée sous-marine. Après « Le Peuple migrateur », ils nous entraînent des banquises polaires aux tropiques pour nous faire redécouvrir les mystères des océans et de leurs créatures parfois connues, quelques fois étranges et souvent ignorées.

Entre tumultes et silence abyssal, laissez-vous embarquer par le dernier opus de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud. Ni documentaire, ni reportage animalier, c’est un véritable hymne au monde sous-marin, « un monde dont on ne soupçonne pas les mystères« . Ils nous offrent un ballet tempétueux magnifié par la musique de Bruno Coulais, entre les cavalcades des dauphins, la grâce des méduses, le déploiement précieux d’une raie manta, les jeux des otaries, le chant des baleines, … Autant de héros que les deux acolytes ont mis sous les feux de leurs projecteurs : des acteurs parfois connus (les baleines à bosse, les cachalots, les requins) et d’autres plus étranges (le labre à tête de mouton, le poisson scorpion gingembre, le grondin volant), des acteurs presque irréels tant la caméra est proche et nous les rend accessibles. Les animaux nous regardent droit dans les yeux, à l’image de ces phoques de Weddell. Mille couleurs s’offrent au regard émerveillé du spectateur : coraux fluorescents, poissons et algues vives et chatoyantes. On croirait voir flotter une étoffe soyeuse aux teintes psychédéliques : ce n’est qu’une danseuse espagnole.

Trombinoscope des espèces

Cependant, Jacques Perrin nous le rappelle : « il serait facile de se perdre dans l’immensité« . Or, dans ce monde majestueux, les prédateurs ne sont pas absents, à l’image d’une horde d’oiseaux frégates attaquant et torpillant des bébés tortues à peine émergés du sable. Prédateurs parmi lesquels l’Homme n’est pas le moindre. Sans vouloir être moralisateur, Océans nous rappelle les conséquences sur les fonds marins de la présence humaine : « la trace du génie humain souille« . Et Perrin de questionner : « combien d’espèces avons nous fait disparaître ? Combien sont en voie de disparition ? Combien sont menacées ? » . On peut se poser cette question lorsque l’on voit un phoque aux côtés d’un caddie au milieu d’une pollution envahissant tout son territoire.

Il est aussi important de rappeler quelques chiffres au sujet de ce film : 8 ans de travail en lien constant avec des biologistes du monde entier, 4 ans de tournage, 12 équipes, 75 expéditions sur 54 sites, près de 500 heures d’images. Les techniques les plus modernes ont été utilisées : caméras équipées d’un système de gyrostabilisation placées à bord d’une torpille, embarquées à bord d’un mini-hélicoptère ultra-silencieux… Pour les prises de vue nocturnes, un nouveau procédé imitant le clair de lune a été mis au point. Un système de sonorisation capable de restituer les bruits sous-marins : la symphonie de la houle, le chant des phoques, les crépitements émis par le plancton et les crevettes… a aussi été utilisé.

Planisphère, lieux du tournage

Enfin, comment parler du dernier opus de Jacques Perrin et de Jacques Cluzaud sans évoquer le Commandant Cousteau ? Jacques-Yves Cousteau qui, pendant plus de cinquante ans, a parcouru les mers du monde entier et réalisé 144 films. De Par dix-huit mètres de fond (1942) aux Promesses de la mer (1997) en passant par Le Monde du silence (1955) pour lequel il a reçu une Palme d’Or à Cannes, ses documentaires ont fait connaître à un large public les mystères d’un monde sous-marin jusque là quasiment inaccessible. Ses films ont favorisé une prise de conscience sur la fragilité du milieu marin et ont sensibilisé et responsabilisé chacun au respect et à la protection de l’environnement. La diversité des espèces est, en effet, indispensable à notre propre existence. Le Commandant Cousteau nous a fait rêver enfant. Aujourd’hui, Jacques Perrin poursuit l’œuvre de l’explorateur au bonnet rouge.

A l’heure, où l’écologie est devenue une mode, il est nécessaire de voir ce genre de films qui rappellent la fragilité de notre planète et l’urgence de la défendre. Pour les générations futures.

Julie DERACHE