Le quotidien « La Marseillaise » à nouveau en redressement judiciaire

Le quotidien communiste « La Marseillaise », anciennement « L’Hérault du jour », vient d’être placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Marseille. Deuxième cessation de paiements en deux ans pour le journal, qui a déjà supprimé 90 emplois en 2015.

Le quotidien communiste La Marseillaise a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Marseille ce matin. Cette décision permet d’assurer les salaires de novembre et de geler les dettes du journal, qui perd plus d’un million d’euros par an. Le quotidien a annoncé lui-même la décision de justice. La faute à des recettes publicitaires trop faibles par rapport aux prévisions, et ce malgré une hausse de 15% des abonnements, a déclaré le président des Editions des Fédérés Pierre Dharréville à nos confrères de Marsactu. Le quotidien mise sur un soutien de l’État et des collectivités locales pour se relancer, au nom du « pluralisme ». Le tribunal doit maintenant examiner la situation économique du journal, qui a six mois pour se relancer selon l’AFP.

90 emplois supprimés depuis avril 2015

Le président des Éditions des Fédérés Pierre Dharréville, par ailleurs secrétaire départemental du Parti communiste des Bouches-du-Rhône, a lancé dès mercredi dernier un appel à l’aide dans les colonnes du quotidien. Sur Twitter, les soutiens du journal [se regroupent sous le hashtag
#MaMarseillaiseVivra->https://twitter.com/search?q=%23MaMarseillaiseVivra&src=tyah].

Le quotidien a déjà subi un redressement judiciaire en avril 2015, après s’être déclaré en cessation de paiements en novembre 2014. 90 emplois sur 210 ont été supprimés, entraînant plusieurs fermetures d’agences locales, notamment à Sète et Béziers. Autant d’éditions locales du quotidien disparues.

Un prix Albert Londres en 2014

Fondé sous l’Occupation en 1943, La Marseillaise débute comme journal clandestin jusqu’au 25 août 1944, date de son premier numéro autorisé. Longtemps d’obédience communiste, il se définit aujourd’hui comme « progressiste » et appartient toujours à une structure dirigée par le secrétaire départemental du PCF 13 Pierre Dharréville. Le quotidien profite de l’attention médiatique pour régler ses comptes avec le Front National et l’extrême-droite, ses ennemis de toujours, dans un éditorial piquant.

La Marseillaise est distribuée dans les Bouches-du-Rhône, les Alpes-de-Haute-Provence, le Var, le Vaucluse, le Gard et l’Hérault. En 2014, le quotidien a vu son reporter Philippe Pujol honoré du prix Albert Londres pour sa série d’articles « Quartiers Shit » sur le quotidien des petits trafics dans les quartiers de Marseille. Le lauréat a depuis fait partie des nombreux journalistes ayant quitté le quotidien marseillais.

La Marseillaise en redressement judiciaire : « La morosité s’était installée depuis quelques temps »

SA Seilpca, la société éditrice de La Marseillaise – L’Hérault du jour a demandé son placement en redressement judiciaire vendredi 14 novembre. L’heure est à la morosité dans les rédactions. Les réductions d’effectifs de ces deux dernières années n’ont pas suffi. Après un exercice 2013 à l’équilibre, le groupe accuse aujourd’hui un déficit cumulé de 2 millions d’euros et 1,5 millions supplémentaires de pertes prévisionnelles sur la seule année 2014. D’obédience gauchiste – communiste jusqu’en 1997 – les deux titres souffrent depuis le 1er janvier « d’une forte baisse de la communication institutionnelle, de la publicité et des annonces légales » selon Jean-Louis Bousquet son PDG. Une situation qui s’explique par le récent passage à droite de nombreuses municipalités, notamment de la région marseillaise.

État d’alerte à La Marseillaise. Les salariés du titre – qui publie aussi L’Hérault du jour – ont accueilli avec colère la mise en redressement judiciaire de leur société éditrice SA Seilpca. Le régime drastique des dernières années se révèle vain. Les départs s’étaient pourtant multipliés avec de nombreuses ruptures conventionnelles depuis 2012. On se souvient évidemment du « licenciement économique » de Philippe Pujol, prix Albert Londres remercié en octobre dernier. «On a déjà eu une grosse vague de départs il y a quelques mois, justement pour éviter cette situation, mais ça n’a pas suffi », rappelle un journaliste à l’AFP. « Cela a déstabilisé la rédaction et les lecteurs ne s’y retrouvent pas du tout », regrette-t-il. Jean-Marie Dinh, délégué SNJ-CGT, dénonce lui un passage en force de la direction.

« Sera-t-on payés à la fin du mois ? »

« La direction a cédé à une forme de précipitation qui nous surprend. Nous avons le sentiment qu’elle passe en force, au mépris du personnel. Elle ne nous a pas donné les informations que nous réclamons, notamment sur l’état du passif et de l’actif, et sur ses objectifs », s’indignait Jean-Marie Dinh. « Tout cela est très précipité. Nous regrettons de ne pas avoir été consultés sur la situation du journal ». Et pourtant, l’épée de Damoclès était bien visible, suspendue juste au-dessus de la tête des rédactions ces derniers mois : « Les notes de frais mettaient de plus en plus de temps à être payées ».
Si les salariés sont bien conscients de l’état désastreux des finances de leur employeur, ils se refusent à abdiquer. Interrogé sur l’imminence d’un plan social par l’AFP, un journaliste annonce, clairvoyant, « On s’y attend. On veut réduire au maximum son amplitude ». Tous plaident la spécificité de leur titre : « Nous sommes pleinement convaincus de la nécessité de maintenir ce journal. On est conscient de sa valeur historique.».

«Une voie différente»

Né clandestinement de la volonté du Front National (pas celui des « Le Pen ») pendant la Résistance, le quotidien fait valoir la singularité de sa ligne éditoriale dans le paysage de la presse locale. Fortement ancré à gauche, communiste jusqu’en 1997 avant d’élargir ses horizons, La Marseillaise – L’Hérault du jour « n’est adossée à aucun grand groupe financier ou industriel, elle ne dégage pas de dividendes et participe depuis soixante-dix ans à l’animation du débat public » pour L’Humanité. « Nos territoires ont besoin de ce journal » ajoute l’organe du PCF. Ce dernier soutient directement La Marseillaise via son antenne locale PCF13 : « Les communistes se placent aux côtés des salariés et de la direction, afin d’assurer la pérennité du journal. La Marseillaise nous est essentielle ». Même son de cloche chez Annie Menras, chef d’agence de L’Hérault du jour à Montpellier et rédactrice en chef du quotidien régional : « Nous nous refusons à envisager la disparition de ce titre. Les conséquences seraient désastreuses du point de vue du pluralisme de la presse. Nous sommes une voie différente».

Des licenciements à venir

Cette ligne très à gauche pose problème. En effet, comme le soulignait Les Échos, les élus de droite mènent la vie dure aux deux quotidiens du groupe : « La nouvelle majorité UMP de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole a par exemple décidé de se limiter aux annonces obligatoires, et réduit son budget de 300 000 euros. ». Un conflit qui se retrouve dans de nombreuses communes et communautés de communes passées à droite en 2014. La Marseillaise, qui tire six à sept fois moins que La Provence ou Midi-Libre s’en trouve prise à la gorge comme l’évoque son PDG Jean-Louis Bousquet : « Nous allons adopter un plan de sauvegarde pour tenir le coup. Nous allons en appeler à nos lecteurs, au monde politique, et chercher d’éventuels partenaires. La situation nous contraint à cette démarche pour préserver la continuité de notre titre. ». Un « plan de sauvegarde », en vérité un joli moyen de dire qu’il faudra trancher dans les effectifs – 213 salariés dont 75 titulaires de la carte de presse. Le PDG insiste sur la nécessité de « geler les dettes » car les difficultés de trésorerie empêchent pour l’heure de moderniser le titre, selon ses dires.

Une AG exceptionnelle se tenait ce lundi à 12h30. Des précisions sur l’avenir du groupe et de ses employés sont donc à venir rapidement. Pour l’heure, Annie Menras le rappelle « Nous acheter, c’est la première façon de nous aider ! ». Les lecteurs eux, expriment leur soutien sur Facebook et Twitter

*Le groupe La Marseillaise – L’Hérault du jour ne soumet pas ses chiffres de tirage et de diffusion à l’OJD. Aucune donnée officielle n’est donc disponible à ce sujet.

Fuzz.fr ne fait plus de Buzz

Depuis deux semaines, l’affaire fait couler beaucoup d’encre sur internet. Plus exactement, elle fait le « buzz » sur les sites communautaires. L’histoire s’est conclue jeudi par une condamnation. Sans aucun doute, il ne s’agit que d’un épisode de l’histoire du Web 2.0.

Le TGI de Paris a jugé jeudi 27 mars en référé que Fuzz.fr, un site d’information alimenté par les internautes eux-mêmes, avait porté atteinte à la vie privée de l’acteur Olivier Martinez. Son avocat, Me Emmanuel Asmar, assure que cette décision « fait jurisprudence ». Selon lui, tous les sites internet devront dorénavant être considérés non plus comme de simples hébergeurs, mais comme des éditeurs, responsables de leurs contenus.
Condamné à verser 1 000 euros de dommages et intérêts à Olivier Martinez, ainsi que 1 500 euros de frais de justice, Eric Dupin, le créateur de Fuzz.fr, édité par la société Bloobox.net, estimait jeudi, qu’il s’agissait « d’un jour noir pour le web collaboratif français car c’est la porte ouverte à toutes les procédures».

Début mars, Olivier Martinez assigne en justice une vingtaine de sites web pour avoir évoqué sa liaison avec Kylie Minogue. Parmi eux, Fuzz.fr qui, par le système des liens hypertextes, renvoyait vers un article du site Celebrites-stars.blogspot.com qui évoquait la liaison.

« C’est comme si on condamnait le kiosquier du coin parce qu’il expose les unes des magazines people au public.»

Le site Fuzz.Fr (hors ligne aujourd’hui), était construit sur le modèle du site Digg.com. Les internautes proposaient et composaient intégralement le contenu. Leurs votes permettaient de faire « remonter l’information » en première page du site. Il n’y avait donc pas d’implication directe de Fuzz.fr dans le choix des actualités publiées.
Or, le juge des référés a estimé que, par la création d’une rubrique intitulée People dans laquelle était insérée l’article contesté, Fuzz.fr « avait opéré un choix éditorial ». Il considère par ailleurs que « l’acte de publication doit être compris non pas comme un simple acte matériel, mais comme la volonté de mettre le public en contact avec des messages de son choix. ».

Dans un communiqué, Eric Dupin estime que, «le choix du tribunal est porteur de nombreuses contradictions qui risquent d’insuffler un climat de peur et d’insécurité néfaste à toute l’économie d’internet ainsi qu’à sa liberté d’expression. »
Gérald Sadde, l’avocat de Fuzz.fr déplore également cette décision « C’est comme si on condamnait le kiosquier du coin parce qu’il expose les unes des magazines people au public. C’est aller très loin dans la responsabilité » .

Fuzz.fr ne fait plus de Buzz

Depuis deux semaines, l’affaire fait couler beaucoup d’encre sur internet. Plus exactement, elle fait le « buzz » sur les sites communautaires. L’histoire s’est conclue jeudi par une condamnation. Sans aucun doute, il ne s’agit que d’un épisode de l’histoire du Web 2.0.

Le TGI de Paris a jugé jeudi 27 mars en référé que Fuzz.fr, un site d’information alimenté par les internautes eux-mêmes, avait porté atteinte à la vie privée de l’acteur Olivier Martinez. Son avocat, Me Emmanuel Asmar, assure que cette décision « fait jurisprudence ». Selon lui, tous les sites internet devront dorénavant être considérés non plus comme de simples hébergeurs, mais comme des éditeurs, responsables de leurs contenus.
Condamné à verser 1 000 euros de dommages et intérêts à Olivier Martinez, ainsi que 1 500 euros de frais de justice, Eric Dupin, le créateur de Fuzz.fr, édité par la société Bloobox.net, estimait jeudi, qu’il s’agissait « d’un jour noir pour le web collaboratif français car c’est la porte ouverte à toutes les procédures».

Début mars, Olivier Martinez assigne en justice une vingtaine de sites web pour avoir évoqué sa liaison avec Kylie Minogue. Parmi eux, Fuzz.fr qui, par le système des liens hypertextes, renvoyait vers un article du site Celebrites-stars.blogspot.com qui évoquait la liaison.

« C’est comme si on condamnait le kiosquier du coin parce qu’il expose les unes des magazines people au public.»

Le site Fuzz.Fr (hors ligne aujourd’hui), était construit sur le modèle du site Digg.com. Les internautes proposaient et composaient intégralement le contenu. Leurs votes permettaient de faire « remonter l’information » en première page du site. Il n’y avait donc pas d’implication directe de Fuzz.fr dans le choix des actualités publiées.
Or, le juge des référés a estimé que, par la création d’une rubrique intitulée People dans laquelle était insérée l’article contesté, Fuzz.fr « avait opéré un choix éditorial ». Il considère par ailleurs que « l’acte de publication doit être compris non pas comme un simple acte matériel, mais comme la volonté de mettre le public en contact avec des messages de son choix. ».

Dans un communiqué, Eric Dupin estime que, «le choix du tribunal est porteur de nombreuses contradictions qui risquent d’insuffler un climat de peur et d’insécurité néfaste à toute l’économie d’internet ainsi qu’à sa liberté d’expression. »
Gérald Sadde, l’avocat de Fuzz.fr déplore également cette décision « C’est comme si on condamnait le kiosquier du coin parce qu’il expose les unes des magazines people au public. C’est aller très loin dans la responsabilité » .