La rupture tranquille de Michael Moore avec le capitalisme

Après les armes à feu, les multinationales et Georges Bush, Michael Moore propose un pamphlet anti-capitaliste dans Capitalism : A Love Story.

Le capitalisme et Michael Moore, c’est fini. Le réalisateur se rappelle à notre souvenir avec sa dernière production : Capitalism : A Love Story. D’emblée, le ton est donné et Michael Moore regrette le temps de sa jeunesse. Un capitalisme dans lequel son père ouvrier à Flint était bien payé et où les grandes fortunes étaient fortement taxées. Cette nostalgie d’un passé idéalisé face à un présent où le mal est partout est la thèse principale défendue dans le film.
Du Michael Moore tout craché. Si le choix du sujet est comme toujours excellent, son traitement sentimentaliste laisse quant à lui à désirer.
Quant au spectateur, il a la chance de découvrir trois Michael Moore pour le prix d’un.

Michael Moore le justicier

À l’image d’un Don Quichotte des temps modernes, le réalisateur met en scène sa confrontation, avec les grands moulins de Wall Street. Cette particularité se trouvait déjà, dans ses précédents films. On se souvient de Bowling for Colombine et de l’affrontement entre Michael Moore et Charlton Heston (1923-2008) grand défenseur des armes à feux. Comment oublier également, la rencontre entre le réalisateur et Phil Knight, le PDG de Nike, où ce dernier semblait tout ignorer du sort réservé aux ouvriers de ses usines asiatiques.
Cette fois, Moore stigmatise avec virulence, la cupidité des grandes entreprises et des banquiers, tellement avides d’argent, qu’ils vont même jusqu’à spéculer sur la mort de leurs salariés.

Michael Moore l’humoriste

C’est une autre facette du personnage, qui revient là encore avec récurrence dans ses anciennes productions. Michael Moore utilise l’humour pour faire passer son message. Le comique de situation comme lorsqu’il demande le plus sérieusement du monde à un policier d’arrêter le patron de Citibank. Cette prédilection pour l’humour se manifestait également dans les anciens documentaires où il maniait souvent le second degré. On se souvient ainsi de la manière dont il ironisait sur la politique de la peur menée par Georges W. Bush dans Fahrenheit 9/11.

Michael Moore l’affectif

Le côté obscur du personnage. Michael Moore se sent obligé d’indiquer au spectateur qui il doit aimer et détester. La musique, les images et les montages l’aident à montrer au public quel est le bon choix. Mais ce sont les gros plans sur les gens attristés qui sont les plus insupportables. Un voyeurisme dont on se serait volontiers passé. Cette infantilisation du public est regrettable. D’autant qu’elle dessert le message essentiel que l’auteur entend porter.