«Mes chers compatriotes,
[…] Le moment de postuler et d’élire le Conseil d’Etat, son président, ses vice-présidents et secrétaires, est arrivé.
J’ai occupé l’honorable charge de Président depuis de nombreuses années (ndlr: depuis 1976). […] Avant, j’avais exercé au poste de Premier Ministre pendant près de 18 ans. J’ai toujours disposé des prérogatives nécessaires à l’instauration de l’œuvre révolutionnaire avec l’appui de l’immense majorité du peuple.
Connaissant mon état de santé, beaucoup de gens à l’étranger pensaient que mon retrait provisoire de la charge de président du Conseil d’Etat, le 31 juillet 2006, que j’ai laissée entre les mains du premier vice-président, Raul Castro, serait définitif. Raul lui-même, qui occupe en outre le poste de ministre des forces armées révolutionnaires par son mérite personnel, et les autres camarades de la direction du Parti et de l’Etat ont été réticents à me considérer écarté de mes charges, en dépit de mon état de santé précaire.
Cette position était inconfortable face à un ennemi qui a fait tout ce qui était imaginable pour se débarasser de moi. Je n’avais aucune envie de lui donner satisfaction.
[…] D’autre part, j’ai toujours eu le souci, en parlant de ma santé, d’éviter les désillusions apportées par des informations traumatisant notre peuple au milieu de la bataille. Le préparer à mon absence, psychologiquement et politiquement, était mon obligation première après tant d’années de lutte.
[…] Mon désir a toujours été d’accomplir mon devoir jusqu’à mon dernier souffle. C’est ce que je peux offrir.
A mes chers compatriotes, qui m’ont fait l’immense honneur de m’élire il y a quelques jours comme membre du Parlement […], je vous communique que je n’aspirerai ni n’accepterai, je le répète, je n’aspirerai ni n’accepterai la fonction de président du Conseil d’Etat et de Commandant en chef.
[…] Le chemin sera difficile et requerra l’effort intelligent de tous. Je me méfie des chemins faciles de l’apologétique, et de l’autoflagellation, son contraire. Il faut toujours se préparer pour la pire des possibilités. Etre aussi prudents dans la réussite que fermes dans l’adversité est un principe à ne pas oublier. L’adversaire à battre est extrêmement fort mais nous sommes parvenus à le tenir à distance pendant un demi siècle.
Je ne vous fais pas mes adieux. Je souhaite seulement combattre comme un soldat des idées. Je continuerai d’écrire sous le titre « Réflexions du camarade Fidel ». Ce sera une arme de plus dans l’arsenal avec laquelle il faudra compter. Peut-être ma voix est-elle écoutée. Je serai prudent.»