Saint Valentin : les secrets d’un vieux couple amoureux

Le 14 février, les amoureux fêtent la Saint Valentin. C’est l’occasion de déclarer sa flamme ou de la raviver, l’occasion aussi de faire vœu pour que dure le temps de l’amour. Liliane et Guy sont ensemble depuis 17 ans. Ils nous livrent leur recette de l’amour fou.

Jamais l’un sans l’autre, bras dessus-bras dessous, à petits pas, ils se promènent dans les rues du quartier des Arceaux « en attendant que la vie s’arrête ». C’est comme un rituel. Chaque matin, qu’importe la saison, aux alentours de huit heures trente, ils sortent. Première sortie de la journée, toujours le même trajet, ils se rendent à la supérette. Quelques courses, juste le nécessaire pour les repas de la journée et ils rentrent bras dessus-bras dessous. Si besoin, ils ressortent ensemble, toujours bras dessus-bras dessous. L’après-midi, c’est sûr : ils sortent en promenade.

« Mon mari, c’est ma canne. »

Le ciment de ce couple d’amoureux, c’est elle, Liliane. A bientôt 90 ans, elle garde de l’allure : toujours vêtue d’une robe et chaussée de ballerines. Elle se tient bien droite. Elle marche sans difficulté, mais elle craint de perdre l’équilibre. « Mon mari, c’est ma canne. » ; confie-t-elle avec le sourire. Lui, c’est Guy. Il l’accompagne. Il parle peu. Il veille sur sa belle avec attention.Il l’écoute et l’aide à trouver ses mots quand sa mémoire se trouble.

Entretenir ses passions

Liliane avoue attendre que la vie s’arrête, mais vieillir ne l’effraie pas. Elle accepte les marques du temps sur son corps. Elle continue à prendre soin d’elle, elle l’a toujours fait. Elle lève les bras en couronne et explique : « Il fallait être belle pour être danseuse. Etre exigeante avec soi-même pour s’exprimer avec des gestes gracieux.»
Le passé rejaillit et Liliane sourit. Enfant, elle suivait sa mère qui était ouvreuse au casino de Montparnasse, à Paris. C’est là, qu’elle a caressé le rêve d’être danseuse, « danseuse classique », précise-t-elle. Ses parents manquaient de moyens pour lui payer des cours. Son père était vendeur dans une quincaillerie qu’il lui a fallu racheter quand le propriétaire à cesser son activité. Sa passion de la danse était forte. Liliane a tenu à en faire son métier. Le jour où elle a repéré une affiche pour une proposition de cours gratuits au ballet de l’Opéra, elle a convaincu sa mère de l’inscrire. Elle se souvient avoir fondu en larmes quand elle a obtenu sa première paire de chaussons de danse. A 17 ans, elle est devenue danseuse professionnelle sous le nom de Liliane Délhia.

Une carrière d’artiste

Elle est émue, heureuse de retracer son parcours d’artiste. Sa fierté : avoir dansé « La mort du cygne » dans plusieurs salles de spectacle parisiens. Elle a suivi des saltimbanques et des troupes d’artistes pour partir en tournée. Elle a beaucoup voyagé dans les pays d’Afrique du Nord. Liliane a résolument aimé la vie d’artiste qu’elle a menée. Elle n’a pas eu une grande carrière. Qu’importe… L’important, c’est d’être aimé du public. Elle se fout de l’argent.
À 44 ans, Liliane a estimé ne plus être assez gracieuse en chaussons de danse. Elle s’est tournée vers le cinéma pour de la figuration. À son actif : trente-cinq apparitions dans des films portés sur le grand écran dont les grands succès « Papa poule », « On l’appelle catastrophe » et des tournages de spots publicitaires comme la célèbre publicité pour Les pruneaux d’Agen.

« Aimer, ça embellit.»

C’est un autre rêve, « vivre sa retraite en province » que Liliane a réalisé en venant vivre à Montpellier en 1991. Elle bénéficie d’une retraite d’artiste, pas grand-chose car elle n’a pas toujours cotisé. Elle s’en contente et vit au jour le jour. Elle persévère à s’occuper d’elle pour plaire à son mari. « Aimer, çà embellit.» dit-elle. Ils se sont rencontrés dans le quartier des Arceaux, il y 17 ans. Ils ont sympathisé et ont décidé de s’unir en 1997 pour finir ensemble leur vie.
La peau de son visage joliment rond reste tendue. Un peu de crème lui donne bonne mine. Rien de plus. Ses rides sont apparentes. Liliane ne cherche pas à les dissimuler. Malgré l’âge, elle tient à rester féminine. Pour elle, le maquillage, ce n’est plus de son âge. Elle ne veut pas « paraître vulgaire ». La coquette a gardé le rouge à lèvres pour souligner d’un trait léger sa bouche. Sa chevelure blanche lui tombe jusqu’aux épaules. Elle s’applique à tracer une raie de milieu, bien droite. C’est son point de repère pour dégager son visage en relevant quelques mèches dans un mouvement qu’elle maintient avec deux barrettes.
Liliane s’intéresse toujours à la mode. Elle regrette celle de sa jeunesse. Elle déplore de ne plus trouver de jolies robes, « seulement des robes confectionnées en tissu de caoutchouc, des robes trop collantes ».
Liliane était heureuse à l’idée de vivre les réjouissances de l’an 2000. Mais désormais elle est déçue de tous les changements qui ont rendu la vie plus dure. Son dernier rêve : partir dans l’au-delà avec son mari. En attendant avec des mots gentils, un baiser, un sourire… chaque jour, Liliane donne son cœur à Guy… sans chichi.

V-Day : flashmob réussi à Montpellier

À Montpellier, le V-Day a rassemblé une centaine de personnes le temps d’un flashmob dansant pour dénoncer les violences faites aux femmes le jour de la saint-valentin.

V comme Vagin, Victoire et Valentin. Hier, vers midi, une centaine de personnes se sont rassemblées sur la place de la comédie à l’occasion du V-Day journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, pour une opération flashmob plutôt réussie. Lancé par la campagne « One Billion Rising » de l’association V-day, le flashmob consistait à effectuer une chorégraphie sur la chanson « break the chain » (« brisons les chaînes »), créée spécialement pour l’occasion. Le public, à grande majorité féminin, s’est donc prêté au jeu en répétant plus ou moins bien les pas de danse. Trois bénévoles des associations partenaires de l’événement, dont Osez le Féminisme, Collectif contre l’Homophobie ou le planning familial étaient là pour assurer la chorégraphie.

Trois bénévoles d'associations assuraient la chorégraphie sur scène

L’idée d’un flashmob est récente puisque habituellement ce sont des représentations théâtrales ou des conférences qui animent cette journée. Le public, autant que les organisatrices, sont satisfaits du résultat : « On est venu pour une lutte importante et c’est encore mieux de le faire en s’amusant » expliquent Claire et Aurélie, étudiantes, venues pour la manifestation. Danser, c’est aussi une manière de s’exprimer et de transmettre un message : « l’intérêt est de se réapproprier son corps, de dire « levez-vous », « battez-vous! » » précise Marie de l’association Osez le féminisme. « Par la danse, on peut aussi toucher un public plus large » indique-t-elle. En effet, tous les âges se mélangent et la chorégraphie n’effraie pas les plus âgées. Au loin, les passants intrigués s’approchent : « On a entendu de la musique puis on a vu des gens danser alors on est venu » , affirment Pauline et Julie. « C’est une très bonne initiative et ça change de l’ordinaire.» concluent-elles. La visibilité de l’événement attire du monde et nombreux sont ceux qui s’osent à quelques pas. La bonne humeur est au rendez-vous malgré des chiffres alarmants cités au micro : « En France, une femme meurt tous les 3 jours à la suite des coups de son conjoint », « Un milliard de femme sont battues ou violées durant leur vie, soit 1 femme sur 3 ». Les réactions du public ne se font pas attendre : « Ces chiffres sont désespérants, il faut absolument agir ! », s’attriste une danseuse. Le flashmob, bien que divertissant, ne perd donc pas de vue sa mission première : dénoncer une triste réalité et renforcer la mobilisation de lutte contre ces violences.

La St Valentin et l’Islam

Trop commerciale pour les uns, condamnable et impie pour les autres, la St Valentin ne fait pas l’unanimité dans le monde musulman. Si l’uniformisation des modes de vie et des cultures de part le monde tend à généraliser les pratiques des amoureux, certains pays résistent encore.

La St Valentin comme synonyme de mondialisation

Tantôt considérée comme une fête chrétienne, tantôt inspirée de mythes païens, la perception de la St Valentin a considérablement changé ces dernières décennies. Dans la pratique, l’échange de cadeaux, de billets doux et les invitations au restaurant correspondent à l’expansion d’une société commerciale, où les loisirs trônent désormais en maître. L’Europe, les Etats Unis d’Amérique et le Japon arrivent en tête des pays participant à l’évènement. Sur un blog iranien, Ghazale, 19 ans, refuse de ne pas participer à cette célébration de l’amour sur le seul principe qu’il s’agisse d’une pratique étrangère importée. «Je ne crois pas aux frontières qui séparent différentes parties du monde. Une bonne tradition peut devenir universelle»

Une atteinte aux bonnes mœurs?

Yémen. Un avis qui n’est pas partagé de tous. Une jeune yéménite, étudiante sur Montpellier, nous assure que, contrairement aux idées reçues, il n’est pas interdit de fêter la St Valentin dans son pays. « Comme en France, on peut trouver dans les magasins des cadeaux, de la couleur rouge. Les gens marchent avec des bouquets de fleurs. » Une liberté qui n’est pas totale cependant. «En tant que musulmane, je pense que seuls les couples mariés peuvent la fêter. » Cheikh Hamoud al-Tharihi, vice président d’un « comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice » n’apprécie pas l’internationalisation de ces pratiques. «Le Yémen est le pays de la foi et de la sagesse. Mais avec la mondialisation, notre pays a subi une invasion d’immoralité ».

Arabie Saoudite. En matière d’ordre moral et de vertu, l’Arabie saoudite arrive en tête lorsqu’il s’agit de réagir à des pratiques courantes banalisées dans d’autres pays. Cette monarchie absolue, contrôlée par la famille Saoud depuis plus d’un siècle, combat la pratique de la St Valentin depuis plusieurs années. La constitution du pays puise ses principes dans le Coran et la Sunna. En résumé, aucune manifestation ou culte d’une autre religion n’est accepté sur ce territoire. Ceux qui tentent d’exprimer une opinion contraire sont passibles d’emprisonnement ou de peine de mort. On comprend facilement, dans ces conditions, que la St Valentin n’y soit pas à l’honneur.

Une question de choix. Point d’amalgame cependant, la pratique de la St Valentin est avant tout une affaire de choix. Manon, jeune convertie à l’Islam, ne s’oppose pas à cette célébration. « Aucun pays arabe n’est l’exemple absolu d’une application juste de cette religion. La fête me laisse plus ou moins indifférente mais interdire de la fêter ne laisse plus le choix… et ça, ça me dérange. »
Elle finit par nous assurer qu’il existe plusieurs manières de lutter contre cette pratique en somme. « Se contenter de trouver cliché et dépassé cette fête commerciale est suffisante. »