Pékin-Express : « Rien n’est truqué »

Le 24 avril débute une nouvelle saison de « Pékin-Express » qui transporte le téléspectateur de M6 du Vietnam à l’Indonésie. Cette année, deux Toulousains, Jacky et Alexia, père et fille, ont participé à l’aventure. Jacky nous raconte son périple asiatique.

Pourquoi avoir participé à Pékin-Express ?

Ma fille Alexia, 23 ans, m’a inscrit et m’a dit : « Papa, c’est avec toi que je veux le faire ! La raison principale était de vivre une belle aventure avec ma fille ».

Comment avez-vous vécu cette aventure ?

Quand j’ai su que je partais en Asie, c’était l’occasion pour moi de retrouver de vraies valeurs, tels que le partage, la solidarité. Certains habitants m’ont ému aux larmes. Le peu de choses qu’ils avaient, ils nous l’ont offert. De telles rencontres apprennent l’humilité.

Comment se déroule en « off » une émission de télé-réalité ?

J’avais en tête que tout était trafiqué. J’étais loin de me douter des difficultés physiques de l’aventure. Les journées commençaient très tôt, se terminaient très tard. On avait souvent faim, on n’était jamais rassasié. L’hygiène était limite, il y avait la mousson. Bref, on s’est mis souvent minables et la production ne nous aidait pas ! Et puis, même si l’on est pas familier de la caméra, on l’oublie très vite. Nous étions entièrement dans le jeu, avec les populations. Le hic, c’est qu’on était nous-mêmes. On ne s’imagine pas alors le poids des images. N’ayant pas vu les émissions, c’est ma principale inquiétude : savoir à quelle sauce on va être mangés…

C’est dans la boîte

Top et flop de la semaine télé.

Flop

Lundi dernier, le Lido à Paris reçoit en direct les globes de cristal. Sorte de remise des oscars où les invités reçoivent des prix décernés par un vote de près de 4600 journalistes.
Une cérémonie vieillotte présentée par Carole Gaessler et Jean-Luc Delarue.
Au sommaire des récompensés : Sylvie Testud, Vincent Cassel, Yamina Benguigui, Anais, Julien Doré, Valérie Lemercier…
Delarue se fait Dechavanne et, pour une fois, nous fait regretter Nikos de TF1.

Tel un enfant effronté, surexcité, l’insupportable présentateur n’a pas su la fermer.
Au sommaire: Pique pour Jacques Attali, le président du jury : « Ça fait du bien d’être président vous qui avez été près du président pendant longtemps ? »
Lors de l’annonce de la récompense de la meilleure actrice, il dit ouvertement « Ah, c’est pas passé loin, Yolande! » au sujet de l’actrice pressentie, Yolande Moreau.
Le titre de la chanson d’Anais devient « Leçon d’amour », une chanson que, dit-elle, elle ne connaît pas. Julien Doré se voit lancer un formidable « bravo Jérôme ». Sans parler des grasses allusions tout au long de la soirée. Yamina Benguigui elle, a craqué. En lui remettant la récompense de la meilleure réalisatrice, l’animateur lui a demandé si elle voulait qu’il «lui tienne son ou ses globes.» Elle exige des excuses publiques dans Le Parisien. Un débit inaudible de stupidités versées avec un relent de pseudo compassion trop dégoulinante pour être honnête qui n’avait pas lieu d’être. A vomir.

Jeudi soir, pas d’Envoyé spécial, mais l’intervention solennelle du chef de l’Etat. Entouré de journalistes qu’il a choisis, le président a lancé des pistes « a discuter » pour résoudre la « crise du siècle ». Le point fort de l’émission ? L’habile stratégie journalistique de l’angle choisi. Celui-ci a consisté à faire croire que les manifestations se limitaient à la peur de la crise, éliminant ainsi les protestations liées à la politique du gouvernement qui ont aussi poussé les gens dans la rue. Du coup, les journalistes, petits écoliers en face du maître, ne se sont pas risqués à l’interroger sur les questions qui fâchent.

Top

Pour ceux qui sont restés sur France 2 après l’irruption présidentielle, formidable documentaire de Guillaume Moscovitz. « Belzec ».
Le film ouvre sur un terrain calme, ombragé, sans passé apparent. Un champs qui abrite pourtant une histoire, celle du camp de Belzec. Premier camp d’extermination en Pologne où plus de 600 000 Juifs périrent en 1942, il fut détruit par les nazis soucieux de ne laisser aucune trace. Aujourd’hui, il ne reste plus que les arbres plantés sur les charniers par des hommes qui ont semé sur les corps pour mieux cacher. D’abord labouré par des chercheurs de dents en or, Belzec, est un lieu de fouille qui brasse les os calcinés.
Le documentaire est poignant et pourtant, il est construit autour de pas grand-chose: les images du champ aujourd’hui, les témoignage des habitants du village, des bruits de nature. Pas de voix off, de musique de fond. Un documentariste que l’on perçoit à peine à travers les murmures de questions que la traductrice rend audible aux témoins interrogés… Peu à peu, le passé se montre, une survivante témoigne…le champ se dévoile… la terre aussi garde des cicatrices. Un documentaire émouvant et fort, même sans la présence d’ images d’archives.

Télé en panne

Top et flop des soirées télé de la semaine.

Lundi
France 3 ouvre le bal télévisuel avec un documentaire sur le déni de grossesse : « Ces bébés clandestins ». «Il faut le voir pour le croire» commente le grand-père d’une petite Manon.
Uranus sur ARTE en hommage à Claude Berri. « Il y en avait pour tout le monde, les communistes, la résistance ». Un Galabru remarquable en collabo. «Dans l’horreur toutes les idées se valent, nous sommes des lâches et des hypocrites comme la majorité des gens.»
Soir 3 annonce le cessez-le-feu à Gaza. Complément d’enquête sur France 2 : «Ces ados qui nous échappent». Entre exhibitionnisme et dangers d’internet, il y a aussi ceux qui battent leur parent. La voix off a du mal à y croire : « Théodore la terreur fait 1m60 et a une gueule d’ange. »

Mardi
Sur la Une, Koh lanta échappe de justesse à la bagarre et Faites entrer l’accusé sur France 2 revient sur l’affaire des réseaux pédophiles d’Angers.
43 enfants victimes, 66 accusés. Des portraits d’hommes et de femmes paumés qui trahissent une misère intellectuelle accablante. « Moi, mes enfants, j’en ai rien à foutre! » dixit le père d’un des principaux accusés, lui-même victime de sévices dans son enfance.
TF1 enchaîne avec Enquêtes et révélations sur «Le tourisme sexuel à Madagascar». Entre réalité et prétextes abusifs, le bilan est que ce sont les français les plus impliqués.
Investiture du nouveau président des États-Unis oblige, Ce soir ou jamais s’interroge sur «Obama président, quelle est sa vision du monde ?»

Mercredi
66 minutes sur M6. Sujet : France : les Noirs au pouvoir ? Le rêve n’a pas traversé L’Atlantique. « Les noirs et les arabes sont sur les listes mais ils sont à la fin.» No comment.
23H sur France 2. Après ses déboires lors du direct du week-end dernier, Delarue continue son flot ininterrompu et laisse deux minutes aux invités entre ses déjections verbales. Sujet du reste passionnant comme d’ordinaire : «Obsession amoureuse : jusqu’où peut mener la passion ?»
France 3 Ce soir où jamais sur: «Le capitalisme doit-il être « moralisé » ?» Des intellectuels et hommes d’affaires se posent la question : qui est le responsable ?
L’homme ou le système ? Là est la question…

Jeudi 
M6 fait un Retour vers le futur: le premier de la célèbre trilogie qui n’a pas vieillie. France 3 ouvre les Championnats d’Europe 2008 de patinage artistique. Cela se passerait bien des commentaires de certains.
Envoyé spécial sur France 2 : boum de la rose au Kenya, sujet intéressant, très peu médiatisé. Puis, retour sur Gaza. Quid de la voie off : « Où étaient les membres du Hamas pendant ces trois semaines de guerre ?
Infrarouge sur France 2: «Vivre avec 15 000 euros». Quatre portraits de cette classe oubliée. Le premier est émouvant, celui d’une mère et sa fille à Paris. Martine, 62 ans et Aliénor, la vingtaine, de la musique plein la tête mais une dépression qui guète.
ARTE : documentaire réussit sur le nouveau cinéma espagnol dont l’un des nombreux extraits de films avant-gardistes pourrait servir de mot de la fin au débat de mercredi : « La fourmi c’est une salope de spéculatrice »

Vendredi
Entre bébés chanteurs, houla-up et dresseurs en couche, la Une se demande Qui sera le meilleur ? Une spéciale enfants prodiges où la p’tite môme Piaf remporte la partie. Désolant pour ne pas dire insupportable et vulgaire, l’éternel Dechavanne assure le show même enrhumé, accompagnée de sa poupée blonde. Café littéraire de Daniel Picouly avec Philippe Sollers pour son dernier roman « Les voyageurs du temps » et Jérôme Clément, auteur de «Plus tard, tu comprendras».
Mais le pire, c’est Soir 3 à propos d’un fait divers en Belgique. Dans une crèche, un jeune homme de 20 ans tue deux bébés et une puéricultrice. Le correspondant de la chaîne donne des précisions sur l’enquête : « L’agresseur avait le visage maquillé de blanc et de noir. Ce qui a choqué les enquêteurs. C’est que ce maquillage ressemble à celui du Joker dans le dernier Batman, le Chevalier noir. D’autant plus que, coïncidence frappante, c’est aujourd’hui l’anniversaire de la mort de l’acteur.»
Le remaniement ministériel n’est pas en reste. Au sujet de Xavier Bertrand nommé secrétaire général de l’UMP, la voie off se lâche. Elle commente le sujet sur fond d’images de toupies : «comme ces toupies qu’il aime tant, Xavier Bertrand est rond et avance vite ».
Quand rien n’est bon, rien n’est drôle, les informations deviennent un vrai régal.

La vie continue

Top et flop des soirées télé de la semaine.

Lundi.
Nouveaux horaires. 20h35 devant la télé. On passe sur les Drôles de dames de la 6 par respect pour le feuilleton des années 60. Ce sera Kika d’Almodovar diffusé sur ARTE. Étrange univers qu’on aime ou qu’on déteste. Le scénario déroutant croque la cruauté de personnages menteurs et caricaturaux qui trahissent la pauvre Kika, icône de crédulité. Les répliques sont explosives : « La moindre des choses si tu passe ton temps à violer c’est de mettre une capote ! ». Les scènes sont grotesques. Victoria Abril est terrible en racoleuse perverse et voyeuriste prête à tout pour faire fonctionner son émission de télé-réalité obscène. Sur la Une, Garou acteur. Pff… Sur la deux, l’éternel Mireille Dumas. Re-pff…
Soir trois, les réservistes israéliens sont en route pour la bande de Gaza, un professeur de lycée se fait poignarder, venue d’un 4ème opérateur en France, décès du dernier nabab du cinéma français, Claude Berri.

La 2ème partie de soirée s’ouvre sur un Mots croisés consacré à Gaza. Le mot d’ordre lancé par Bernard Kouchner est repris par chacune des parties en présence: Trop c’est trop! Trop de victimes pour le ministre, trop d’immunité internationale pour Leila Shadid, déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union Européenne, trop de tirs de roquettes du Hamas selon Danie Shek, ambassadeur d’Israël en France. Bernard Kouchner au sujet de l’attaque israélienne ?
« Disproportionnée oui, légitime ? Je ne me prononce pas.» TF1 rediffuse les vieux épisodes d’Esprits criminels dont les citations philosophico-moralisantes finissent de plomber la soirée. Mais le mot de la fin est au slogan du sponsor de l’émission de Victoria qui se veut rassurant : « N’oubliez pas, quelque chose de bien pire aurait pu vous arriver. »

Mardi. « Je ne vous décevrai pas, je ne vous trahirai pas… » Entre deux messages apaisants du Président de la République, la soirée s’annonce sous le signe de l’optimisme.
D’ailleurs, c’est « Le retour des héros » de Koh-lanta sur TF1. Alors pour reprendre Moundir, un des candidats, « comme on dit en anglais, hemdoulah ! » Sur France 2, on assassine Henry 4. On laisse faire surtout que Faites entrer l’accusé arrive après. Ça devrait bien se goupiller.

ARTE diffuse un théma sur la santé. « D’ici 20 ans, plus de cancer plus de sida ! » « Aujourd’hui, 95 % des enfants leucémiques survivent » selon les spécialistes. Ça s’annonce plutôt bien. De la poudre magique pour faire repousser les doigts ?! Euh… Il ne faut pas être aussi enthousiaste. France 3 : Nice / le Havre. Pas de surprise. La 6 s’évertue à vendre des maisons malgré la crise. Soir 3 Brice s’en va au ministère du travail. Son bilan ? 29 800 reconduites à la frontière. Plus que l’objectif fixé à 26 000. Al Italia et Air France KLM se marient.
La Une enchaîne avec Appel d’urgence. « Personne ne sort tant qu’il n’a pas été palpé » Le sujet ? Champs Élysée, une avenue sous haute tension. Le capitaine Haddouche sauve Jo le coiffeur sous l’emprise de racketteurs pendant que le lieutenant Leroux traque les « JV= jeunes voyous » d’origine « NA= nord africains. »
Un petit groupe s’est fait pincer avec quelques habits volés. Dans la voiture de police, ils appréhendent la réaction des parents. « Une baffe et on retourne tous au bled ! » On comprend mieux l’histoire des retours volontaires.

Mercredi.
Le crime est à l’honneur sur la Une : New York section criminelle et Les experts. Foot sur France 2 : PSG contre Lens, 2-0. M6 diffuse 66minutes sur les femmes battues, les SDF au Bois de Vincennes, les braquages de petits commerces. Un ronronnement habituel interrompu par Soir 3 et la relaxe générale pour les hormones de croissance. Grève à Marseille et verglas à Lyon. Gaza dépasse les 1000 morts.
C’est reparti pour Les infiltrés sur la Deux. Sujet: immigration clandestine, enquête sur les passeurs de Calais.

Rassemblés autour d’un feu dans une forêt, une musique passe en boucle sur un portable : « Tous un peu différents, tous un peu les mêmes… » Les flics en planque scrutent : « Ça ressemble à des clandés !» Les commentaires des invités ? Première impression pour Smaîn Laacher, sociologue et spécialiste des filières d’immigration clandestine :« Et bien, en réalité j’ai très peu appris sur le rôle et les réseaux de passeurs.» Ce soir ou jamais s’interroge « Le monde bascule? » après une musique de Pharell Williams: « Tôt ou tard, tout fini par s’effondrer ». Pierre Rosanvallon médite : « l’histoire est une addition de crises », Michel Onfray est sceptique : « Toujours autant de bêtises et de stupidités, ce monde n’est pas nouveau. » En arrière plan, un bruit de verre brisé. C’est la fin.

Jeudi.
C’est le jour d’Envoyé spécial sur la Deux. Le sujet est consacré à la situation à Gaza : un enterrement dans un cimetière rempli, les noms de cadavres écrits sur des cartons. « Il suffit d’une averse et il ne reste plus de trace » commente la voix off.

Côté israélien, une école. Des enfants que l’on prépare pour les attaques avec des chansons appropriées. « Il faut se dépêcher, dépêcher, dépêcher car c’est un peu dangereux. Mon cœur fait boum boum, boum. Ça tombe boum. Et maintenant on peut se relever. »
ARTE diffuse un Woody Allen, Meurtre mystérieux à Manhattan. Une enquête avec le Roberto Benigni américain. Un jeu de bluff bien mené.
Ce soir ou jamais sur l’immigration. Pour Pasqua, le bilan est positif. 29 000 au lieu de 26 000 reconduites à la frontière. Pour Fatou Diame écrivain, moins : « immigration choisie ! On choisi qui ? Le mot choix me dérange : c’est de l’esclavage économique ». L’économiste du plateau précise que le chiffre intègre les départs volontaires. Du coup il revient à peu près au même taux que les autres années. Le sociologue Emmanuel Todd, pour compenser les pertes, se démultiplie : il est aussi sur la 2 en deuxième partie de soirée. Sur la 6, les Bad boys reviennent pour nous rappeler que lorsqu’il y a des héros noirs à la télé, c’est que le film est américain.

Vendredi.
Am stram gram… France 2 pour Les petits meurtres d’Agatha Christie. Série plutôt réussie. On y voit le fils Coluche en inspecteur Lampion et Antoine Duléry en commissaire Larosière. Quelques jolies images et plans de film. Des dialogues encore un peu frileux bien qu’assez délicieux : « Je vous offre à diner mon cher ami et je vous expliquerais que la vie est une immense comédie. » A noter, la petite touche française du commissaire dans cette atmosphère british: « La rose est au jardin ce que la saucisse est au cassoulet. » TF1, Legros et Rousseau sont dans un bateau… qu’est ce qui tombe à l’eau ? Les 30 histoires les plus mystérieuses. Le meilleur de la soirée ? L’étrange pont sur lequel se suicident les chiens. Avis à la SPA.

Mais il faut croire aux miracles. Soir 3: amerrissage extraordinaire de l’Airbus A320 sur l’Hudson. Suivi des chaises musicales ministérielles annonçant l’entrée d’Eric Besson au ministère amer.
France 2 toujours pour finir en beauté, Taratata oblige. « Ce matin, rapport sur le climat. Il ne survivrait que des rats. » Tryo ouvre le bal. Surprenant duo sur « A change is gonna come » entre Ayo et Gary Dourdan qui visiblement n’a pas que des yeux verts et un rôle dans les Experts. Who are you ? Who, who ?
Une fin de semaine en musique pour laisser place au silence merveilleux d’un week-end sans télé.