Silence ça pousse. La capitale de l’Hérault souhaite renforcer sa végétalisation par des initiatives citoyennes. « Montpellier cité-jardin » prévoit également la plantation de 1000 arbres chaque printemps. Pour Jacques Tassin, chercheur-écologue au CIRAD, l’arborisation participe à réduire la température d’un espace urbain de 2 à 8 degrés. Les arbres assainissent l’air dans un rayon de 30 mètres, ils captent et filtrent les polluants avec leur feuillage. Le végétal a aussi une influence non négligeable sur le lien social. Il apaise, concourant à diminuer les violences urbaines. Une étude norvégienne publiée dans The International Journal of Environmental Research and Public Health en 2015 révèle, en effet, une régulation du rythme cardiaque et de la pression artérielle des individus observant des images de nature. Outre l’apaisement visuel, Jacques Tassin évoque « des effets directs sur nos cellules par l’émanation de substances volatiles produites par le feuillage » qui réduit notre stress.
Pour Errol Vela, enseignant-chercheur en botanique à l’Université de Montpellier, cette initiative permettrait de redonner vie à certains espaces délaissés. Placer des bacs à plantes dans les rues aurait aussi un intérêt pour la récupération des eaux de pluie et une diminution du ruissellement, conséquent à Montpellier. De son côté, Laure Cormier, maitre de conférences en urbanisme- paysagisme à l’Université de Tours, souligne l’aspect innovant de cette appropriation de l’espace public, réservé jusque-là aux seules puissances publiques : « On donne plus de possibilités à tout un chacun de s’investir pour que cela soit un espace de dialogue plus spontané, pas forcément organisé autour d’une manifestation culturelle». Cependant, cette ouverture pose la limite d’une privatisation du domaine public par quelques acteurs dominants dont les choix ne font pas toujours unanimité. Une autre difficulté de ce type de projet repose sur la gestion à long terme. « Que deviennent les plantes si les riverains déménagent ? »
L’impact sur la biodiversité reste également mitigé. Même si Errol Vela salue les intérêts humains d’une « ville jardinée », il met en garde contre des bonnes intentions parfois contraires à l’écologie fonctionnelle .« Si c’est arracher une vraie biodiversité discrète ou que les gens n’aiment pas, pour en cultiver une fausse achetée en pépinière, d’un point de vue scientifique, c’est potentiellement une perte ». Mais pour Jacques Tassin, l’intérêt du permis de végétaliser est avant tout de fédérer une action collective autour du vivant. Une sensibilisation essentielle pour l’écologue au CIRAD qui considère que :« l’une des plus grandes extinctions actuelles vient de la perte de notre confrontation au vivant qui entraîne une indifférence à l’érosion de la biodiversité».
Le permis de végétaliser, qu'est ce que c'est ? L'initiative fait suite au projet « embellissons nos murs », lancé il y a dix ans à Rennes, qui visait à fleurir l'espace public. Elle s'est ensuite essaimé travers la France, avec la volonté de créer des espaces de proximité, alliant jardinage et sociabilisation. Paris, Bordeaux, Marseille ou Strasbourg, ces villes sont aujourd'hui nombreuses à disposer du permis de végétaliser. Il offre à chaque habitant la possibilité de faire une demande auprès de la mairie afin d'obtenir une autorisation d'aménagement d'une rue ou d'un quartier. Il peut s'agir de plantations aux pieds des arbres, de l'installation de bacs à cultiver dans les rues ou encore d'implantations de micro fleurissements. Il est cependant préférable de cultiver des plantes locales. L'entretien est à la charge du particulier qui en fait la demande. Pour plus d'informations sur les procédures à Montpellier rendez vous sur le site de la mairie de Montpellier.