Les manifestations se suivent et ne se ressemblent pas. Une nouvelle fois les réformes de l’Éducation Nationale sont au cœur des débats. A Montpellier vendredi 12 décembre, ce sont les lycéens qui prennent les rênes de la contestation. Près d’un millier d’entre eux se sont mobilisés pour exprimer leur mécontentement devant les grilles des lycées Mermoz et Clémenceau notamment. Le manque d’organisation et la présence d’éléments perturbateurs extérieurs au mouvement ont néanmoins tendu les rapports entre manifestants et forces de l’ordre. Plusieurs altercations éclatent dès le début du rassemblement. Jets d’œufs et poubelles brulées contre bombes lacrymogènes, l’affrontement tourne vite à l’avantage de la police. Ces évènements ont rapidement mit fin au rassemblement, mais l’escalade et la radicalisation du mouvement stigmatise avant tout l’inquiétude des jeunes pour l’avenir de l’éducation en France.
Sifflets et gilets jaunes
Deux jours plus tôt même si l’ambiance est tout autre, la crainte est la même. Mercredi 10 décembre, l’atmosphère est bon enfant dans le cortège. Sifflets à la bouche, casseroles et cuillères en bois à la main, parents, enseignants, étudiants et lycéens étaient particulièrement bruyants. Un gilet jaune sur le dos, comme la plupart des parents d’élèves, Jean-Louis Gély, adjoint aux écoles de la Ville, ironise : « la voiture de l’Éducation Nationale est en panne, on attend la dépanneuse ».
Dans la plupart des villes de France (Paris, Rennes, Toulouse, Marseille…), la mobilisation à l’appel des principaux syndicats et association de parents d’élèves a été bien suivie. A Montpellier, 2 000 à 3 500 personnes (selon les estimations) ont manifesté de la place du Peyrou à la Comédie.
Outre les 13 500 suppressions de postes dans l’Éducation Nationale prévues pour 2009, les revendications sont multiples. «Nous sommes contre la fermeture des classes dans le primaire, contre la suppression des Rased [réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté], contre les suppressions de postes dans le second degré, contre la réforme des lycées notamment la suppression des SES, contre la dégradation des conditions de travail et la « masterisation » des IUFM », la liste du mécontentement est longue pour Julien Colet, secrétaire de la CGT Éducation 34. Autrement dit, c’est la défense du système éducatif français qui est au centre des préoccupations.
Mardi 9, à la veille de la mobilisation déjà, les parents d’élèves occupaient trois écoles sur quatre autour de Montpellier pour réclamer un investissement supérieur dans l’Éducation. Mardi après-midi, les IUT de la région manifestaient pour protester contre la loi de réforme des universités qui menacerait leur financement. La sanction du directeur de l’école maternelle de Saint-Jean de Védas, Bastien Cazals s’ajoute aux motifs de mobilisation. L’enseignant avait rédigé une lettre à Nicolas Sarkozy pour exprimer son refus de supprimer les Rased et d’appliquer les nouveaux programmes.
«Nous sommes en résistance»
Au coeur des manifestants, plusieurs élus ont dénoncé la politique du gouvernement. Jean-Louis Gély, venu pour « représenter le soutien de la majorité municipale au mouvement » insiste particulièrement sur la situation des écoles maternelles. « Une menace plane sur cette spécificité française », affirme t-il. « Enfants et parents vont perdre un lieu d’accueil et d’intégration sociale, les enseignants vont devoir faire face à de nouvelles suppressions de postes ». Conséquence : de plus en plus d’enfants en âge d’être scolarisés (3 ans) ne pourront plus être accueillis. Selon Patrick Tolédano, coordinateur académique du SnuiPP (FSU), c’est déjà le cas dans certaines écoles maternelle classées ZEP (zone d’éducation prioritaire). Manifestant également son mécontentement, Jean-Louis Roumegas, élu local et porte-parole national des Verts, rappelle pour sa part que « l’éducation est menacée par des suppressions de poste massive alors que les effectifs augmentent ». « C’est à n’y rien comprendre » conclue t-il.
Mercredi soir, le cortège festif s’est achevé sur un simulacre de vente aux enchères, place de la Comédie. Les manifestants ont procédé en vain à la mise en vente de la laïcité, « pilier de l’ Éducation » ou encore des classes de découvertes. En scandant « nous sommes en résistance dans tous les coins de la France», les manifestants n’entendent pas abandonner la lutte. Prochains rendez-vous: lundi 15 décembre à l’appel des lycéens et jeudi 17 décembre devant l’Inspection Académique pour demander la levée des sanctions contre Bastien Cazals. Toutefois, l’arrivée des congés de noël risque de jeter un coup de froid sur l’élan revendicatif amorcé au début de la semaine.