Haut Courant sur Radio Campus: les primaires socialistes

Cette semaine, la venue d’Arnaud Montebourg à Montpellier donne l’excuse parfaite pour parler des primaires socialistes. Comment se dérouleront-elles ? Qui se présentera ? Qui pourra voter ? Vous trouverez les réponses dans le podcast.

Au sommaire cette semaine

  Hugo Jolion-David explique comment vont se dérouler ces primaires socialistes.

 Damien Fournier présente un reportage sur la venue d’Arnaud Montebourg dans l’Hérault.

 Claire Peyrard fait le résumé d’une polémique née d’un article dans Direct Montpellier Plus.

 Lucie Delorme se met dans la peau d’un sympathisant allant voter, le 9 octobre prochain, pour les primaires.

Haut Courant sur RCM

Martine Aubry, cible privilégiée des attaques de Georges Frêche

Georges Frêche a le goût de la petite phrase. Sa récente « tournée » médiatique parisienne ne l’a pas démenti. Une nouvelle fois, le président de la région Languedoc-Roussillon s’est porté en héraut de la lutte contre le parisianisme. Avec une cible toute choisie : la première secrétaire du PS, Martine Aubry.

Vincent Peillon découvre les vertus de la politique-spectacle

Après sa décision de ne pas participer à un débat sur l’identité nationale sur France 2, Vincent Peillon, député européen, est sous le feu des critiques. Hommes politiques et journalistes lui reprochent d’avoir fait un « coup médiatique ». Retour sur la polémique de ce week-end.

Le coup médiatique de Vincent Peillon n’en finit pas de faire des remous au sein des sphères politique et médiatique. En faisant le choix de ne pas participer à l’émission « A vous de juger » sur France 2, jeudi 14 janvier, consacrée au débat sur l’identité nationale, le député européen aura réussi à créer la polémique.

« Un coup d’éclat tout à fait regrettable »

Tout au long du week-end, nombre de personnalités politiques ainsi que des journalistes sont revenus sur cette défection du membre du Parti socialiste. A commencer, par la principale intéressée, Arlette Chabot, présentatrice de l’émission « A vous de juger ». En direct, sur le plateau, la journaliste a regretté la décision de Vincent Peillon, fustigeant un « coup d’éclat tout à fait regrettable ». Le lendemain, sur Europe 1, la même Arlette Chabot ne jugeait « pas acceptable » ce refus du député européen de participer au débat. Dans l’émission « Pop Com’ » dimanche sur Canal +, la directrice générale adjointe de la chaîne publique a réitéré sa vindicte contre le socialiste qui a, à ses yeux, « privé les spectateurs du débat ». C’est « scandaleux et pas bien » poursuit Arlette Chabot. (Voir la vidéo)

Face à l’ampleur de la polémique, Patrick de Carolis, le PDG de France Télévisions a été contraint de réagir. Il a fait parvenir une lettre à Martine Aubry, première secrétaire du PS, dans laquelle il s’en prend à un « boycott volontaire des antennes de France Télévisions » qui « menace le fonctionnement même du débat démocratique dans les médias audiovisuels ».

A droite, les réactions ne se sont pas fait attendre. Le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre a fustigé « la fuite de M. Peillon ». Dans un communiqué repris par Le Figaro, il profite de la défection de Vincent Peillon pour se livrer à une attaque en règle contre le PS qui, selon lui, « est devenu un parti extrémiste qui pour exister n’hésite pas à utiliser les plus basses méthodes et désigne un ennemi, le président de la République« . Et de s’en prendre à un « parti aux abois, sans idées et sans projet, […] qui fuit le débat d’idées et la confrontation de projets« .

L’embarras du PS

Au Parti socialiste justement, la défection de Vincent Peillon ne fait pas l’unanimité. Elle l’embarrasse. La première secrétaire, Martine Aubry, soutient mollement le député européen. Si elle affirmait, lors de ses vœux à la presse vendredi qu’elle le soutenait « pleinement », elle s’est ensuite quelque peu rétractée. Ainsi affirmait-elle, dimanche lors du grand jury RTL-Le Figaro-LCI, que « si effectivement Vincent Peillon savait depuis quelques jours que l’organisation [du débat] était celle qui avait lieu […] et si, il a organisé cela, à l’évidence, c’est non seulement incorrect mais ce n’est pas bien ». Et la première secrétaire de se désolidariser de la demande de démission d’Arlette Chabot formulée par M. Peillon.

Manuel Valls, député-maire (PS) d’Evry s’est voulu quant à lui plus sévère. Interrogé sur France inter samedi, l’élu de l’Essonne a estimé « qu’on a toujours intérêt à débattre, à présenter ses idées ». Manuel Valls a surtout dénoncé « la méthode » : « Dire qu’on y va pour ne pas y aller après, ça pose forcément toujours un problème de crédibilité ». Le socialiste Pierre Moscovici n’est pas plus tendre à l’égard de son camarade. Dans un entretien au Parisien, le député du Doubs regrette cette « politique de la chaise vide », indiquant que pour sa part, il n’était « pas un amateur de coup d’éclat ».

Mais M. Peillon compte aussi plusieurs soutiens, tels Claude Bartolone, David Assouline, Patrick Mennucci ou encore … Georges Frêche. Sur Europe 1 samedi, le Président de l’agglomération de Montpellier admet que Vincent peillon a « fait un coup médiatique ». « Je n’aime pas trop la forme …] mais il a raison […] c’est finalement pas mal joué. La seule chose qui me gêne c’est qu’il demande la démission d’Arlette Chabot » a-t-il ajouté ([écouter l’interview).

De son côté, la presse, ce week-end n’a pas été en reste. Le Figaro éditorialisait ainsi samedi sur « La dérive de M. Peillon ». Le député européen y est présenté comme un « Saint-Just aux petits pieds …] qui a empêché le débat ». Tout aussi sévère, le quotidien régional [Ouest-France qui dénonce une désertion qui donne « de lui-même [Vincent Peillon] et du PS une image poltronne et, à ses détracteurs, une merveilleuse occasion de l’affaiblir ». Et l’éditorial d’ajouter « En faisant un coup, il réitère ce qu’il reproche à Ségolène Royal dont il fut l’allié ».

Dans les pas de Ségolène Royal

Il est sûr que le refus calculé de Vincent Peillon de participer au débat n’est pas sans rappeler les « coups médiatiques » de Ségolène Royal, dont il fut le lieutenant pendant deux ans. Car en se décommandant ainsi auprès de la chaîne publique, le député européen fait preuve de son appétence pour le « blitzkrieg » médiatique, cher à son ex-associée. Une « méthode » contestable mais efficace. Il s’agit pour ces anciens alliés de faire le plus de bruit possible (quitte à être critiqué) afin d’acquérir une plus grande visibilité médiatique.

En quête de reconnaissance, le député européen n’a donc pas agit autrement que Ségolène Royal qui, au mois de novembre, s’était « invitée » au rassemblement «social, écologique et démocrate», organisé par … Vincent Peillon. A la seule différence peut être que, comme le notent plusieurs responsables socialistes, « Ségolène Royal va là où elle n’est pas invitée alors que Vincent Peillon, au contraire, ne va pas là où il est invité ».

Dans les pas de Ségolène Royale, le député européen aura découvert ce jeudi 14 janvier les vertus de la « politique spectacle ».

La censure de la taxe carbone : « une confirmation de l’analyse du Parti socialiste »

Véritable camouflet pour le président de la République, Nicolas Sarkozy, l’annulation de l’impôt écologique par le Conseil constitutionnel, mardi 29 décembre, vient avaliser la position du Parti Socialiste qui termine ainsi l’année 2009 sur un succès en demi-teinte.

Suite à la censure de la taxe carbone par les Sages du Conseil constitutionnel, la réaction du Parti socialiste ne s’est pas fait attendre.
« L’annulation de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel est un revers majeur pour Nicolas Sarkozy » a ainsi jugé la première secrétaire du parti, Martine Aubry. La maire de Lille n’omettant pas de préciser que l’annulation faisait suite à « une saisine par les parlementaires socialistes ». Selon Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, « la méthode Sarkozy une fois de plus n’a pas marché ». Et le maire de Nantes de plaider pour « une réforme fiscale qui soit plus écologique, plus protectrice de l’environnement ».

Ségolène Royal qui déjà à La Rochelle, à la fin du mois d’août, fustigeait « un impôt absurde, injuste et historiquement décalé dans le temps » s’est empressée de saluer « une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des Français et contre la pression fiscale intolérable exercée par le gouvernement ».

Toujours prompte à l’autosatisfaction, la présidente de la région Poitou-Charentes n’a pas oublié de rappeler qu’elle avait été «la première à dénoncer cette taxe dès le mois d’août dernier et ce malgré le consensus général qui entourait cette mesure ».

« Taxe écologiquement inefficace et socialement injuste »

Il est sûr qu’au départ, le consensus ne s’était pas fait autour de Ségolène Royal, y compris au sein du Parti socialiste. Laurence Rossignol secrétaire nationale à l’environnement au PS jugeait ainsi, au début du mois de septembre, que « Ségolène Royal parle en son propre nom. Quand elle parle de la taxe carbone, cela n’engage qu’elle-même ». Aujourd’hui, Mme Rossignol se félicite, au même titre que Mme Royal, de l’annulation « d’une taxe à la fois « écologiquement inefficace et socialement injuste ».

Sur le fond, force est de constater que les propos de l’ancienne candidate à l’élection présidentielle sur cet « impôt injuste » étaient largement fondés. Tous les caciques socialistes n’ont d’ailleurs eu de cesse, par la suite, de reprendre cette position, à commencer par Martine Aubry qui dénonçait une taxe
« inefficace sur le plan écologique et injuste socialement ».

Position partagée par le porte-parole du parti, Benoît Hamon, qui, dès le mois de septembre, estimait également que l’impôt n’aurait pas « les effets écologiques attendus » et serait « injuste socialement ». La formule a depuis fait florès. Reprise par l’ensemble des dirigeants socialistes, elle a de facto permit au parti de parler d’une seule voix, sans cacophonie.

Une annulation salutaire pour le PS

Dès lors, Martine Aubry peut aujourd’hui s’enorgueillir de cette décision du Conseil constitutionnel dont « les motifs confirment la position prise par le Parti socialiste ». En effet, dans leur décision du 29 décembre, les Sages reprennent en grande partie l’orientation du parti. Le Conseil constitutionnel parle ainsi dans sa décision de mesures « contraires à l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique et [qui] créent une rupture caractérisée de l’égalité devant les charges publiques ». Ségolène Royal ne disait pas autre chose à
La Rochelle au mois d’août …

Salutaire pour les ménages français, cette annulation de la taxe carbone l’est également pour un Parti socialiste qui termine cette difficile année 2009 sur une petite victoire. Surtout, cette « confirmation de l’analyse du PS » par le Conseil constitutionnel en matière de fiscalité écologique lui permet de redevenir crédible sur le sujet, tout en prenant le dessus sur la majorité présidentielle.

Martine Aubry n’a d’ailleurs pas manqué de le rappeler. Pour la première secrétaire, « cette annulation vient rappeler au président de la République qu’il ne suffit pas de faire des discours pour faire avancer la cause de l’environnement ; qu’il ne suffit pas de nommer un impôt « taxe carbone » pour qu’il soit écologique ». Et de poursuivre, toujours à l’encontre de Nicolas Sarkozy, « après l’échec du Sommet de Copenhague, ce nouveau revers révèle la réalité de la politique du Président de la République : beaucoup d’agitation mais peu de résultats ».

Jeudi noir et blancs benêts

Éducation, transport, services publics et entreprises privées, préparez-vous: la France s’arrêtera jeudi 29 janvier. Et alors que l’angoisse commence tout doucement à monter dans les chaumières, certains font déjà des nuits blanches rien qu’à l’évocation du blackout qui se profile. Petit medley des réactions de nos personnages politiques.

Jeudi noir et blancs benêts

Éducation, transport, services publics et entreprises privées, préparez-vous: la France s’arrêtera jeudi 29 janvier. Et alors que l’angoisse commence tout doucement à monter dans les chaumières, certains font déjà des nuits blanches rien qu’à l’évocation du blackout qui se profile. Petit medley des réactions de nos personnages politiques.

Le PS ou l’asociale démocratie

Ce soir encore on ne parle que d’elles. Toujours engluées dans leur escarmouche politique, Ségolène Royal et Martine Aubry accaparent les plumes comme jamais. Jeudi dernier pourtant, alors que se déroulait le premier tour de ces élections tant contestées, les militants socialistes devaient également désigner leurs secrétaires de fédération et de section. Là encore, la zizanie et la confusion dictaient la mesure. A en croire les socialistes de la fédération de l’Hérault, la démocratie façon PS est ainsi faite, privilégiant depuis l’ère Mitterrand le choc des cultures au débat d’idées. Si François est mort, le parti socialiste, lui, en est toujours au même stade, occupé qu’il est à recompter ses voix.

Dans la nuit montpelliéraine du jeudi 20 Novembre, le local de la fédération héraultaise ne paye pas de mine. Rien ne différencie plus le 907 avenue Saint-Maur de ses congénères nocturnes sinon la timide rose qu’il arbore sur ses murs délavés et le soupçon de vie que l’on y devine derrière la porte entrouverte. Comme une invitation à la participation citoyenne en cette première veillée électorale, le portail blanc s’ouvre mollement sur une grande cour que l’obscurité et quelques moustiques s’affairent à occuper. Là encore, seule la lumière que laisse échapper l’unique porte trahit un semblant d’activité humaine. On imagine aisément les débats passionnés, les salves de hargne socialiste qui ont dû s’y échanger dans cette longue et ultime journée précédant l’instant fatidique qu’est, semble-t-il, l’élection du nouveau secrétaire du parti socialiste, LE parti de l’opposition. Mais à 21h30 il n’en est rien, ou presque. Là, cachée dans la pénombre, une voix au timbre masculin bien assuré interpelle le journaliste égaré : « si vous cherchez le parti socialiste, c’est ici ». Nous voilà rassurés. Que tous les politologues et autres experts qui s’épuisaient à dénicher dans les rangs de Jaurès et de Blum une dernière trace cohérente de vie abandonnent leur quête désormais vaine. Car deux apprentis journalistes, même pas encartés, l’ont trouvée. « Le parti socialiste c’est ici » et nulle part ailleurs. Au croisement de la rue de la Pépinière et du boulevard Ernest Renand, dans le quartier des Aubes, Montpellier, 34000.

En plus de Georges Frêche, Ségolène Royal peut se targuer du soutien de la maire Hélène Mandroux et de Robert Navarro, le secrétaire réélu de la fédération héraultaise.

Justement ce jeudi soir là, le parti socialiste est en ébullition. Alors que s’entassent cannettes et cadavres de boîte à pizza sur un bureau déserté de tous, une quarantaine de personnes que la notion de « nouvelle génération socialiste » promue par Ségolène Royal exclurait sans doute se partagent autour d’urnes électorales au plastique mutilé. Parmi elles, une tablée attire la majorité des regards. Et pour cause, l’on y décompte le vote « national » des encartés socialistes de la fédération héraultaise dans un calme monastique. «Ségolène une fois, Ségolène à nouveau, Ségolène, encore. Ah, Benoît Hamon. » Parfois, comme un rappel, un timide « Martine Aubry » sort des urnes et s’étend sur la pile de bulletins dépliés. Une voix s’exclame, «faudrait savoir, on dit un Ségolène ou un Royal quand on dit un Aubry ?». Sans s’attarder plus longuement sur la question, le cirque prend note et reprend sa litanie où se suivent cette fois les « Ségolène Royal » et un peu moins souvent les noms de ses adversaires. A quelques mètres de là, plus discrète sans être moins importante, de l’autre table proviennent des Robert Navarro, des Michel Guibal, ces noms que connaissent bien les sympathisants socialistes de Montpellier. De ce côté le combat est semble-t-il plus équilibré. Contre toute attente le secrétaire de la fédération Robert Navarro a lutté pour arracher la majorité et être finalement reconduit avec 58% des voix. « Un écart de 16% avec seulement 700 voix d’écarts ça me paraît un peu énorme » commentait son challenger du soir Michel Guibal au micro de Montpellier Journal alors que les médias investissaient les locaux. A ses côtés, le conseiller général Robert Vézinhet s’adonne à une pratique depuis en vogue dans les rangs socialistes, le recomptage des voix : « je vérifie si cet écart est bien celui des chiffres, de toutes façons Robert Navarro devrait tirer une leçon de ce scrutin : c’est une sacrée mise en garde contre le fonctionnement d’un parti qui ne fonctionne pas ». Preuve en est, alors que Robert Navarro et la maire Hélène Mandroux soutiennent farouchement la motion présentée par Ségolène Royal, le tandem Guibal/Vézinhet prévoyait une nette victoire au second tour de Martine Aubry grâce au ralliement « assuré » des pro-Hamon. Tout le monde se connaît, tout le monde se toise au sein de la pièce désormais remplie, toutefois le débat reste tu.

Soutien inconditionnel de Michel Guibal, André Vézinhet considère le score de 42% de son poulain comme une mise en garde adressée à Robert Navarro.

Ségolèniste convaincue, Fanny Dombre Coste, secrétaire réélue de la quatrième section héraultaise, confirme cette ambiance typiquement socialiste: « Au moment des congrès il y a toujours des mouvements de fonds, comme des plaques tectoniques qui bougent. C’est important que tout le monde puisse s’exprimer ; il y a des influences, des affrontements, mais tous les courants se sont exprimés en toute liberté, dans la transparence et dans le respect de la démocratie. » Elle-même confie qu’au sein de sa section« ça n’a pas été facile, on a eu deux autres candidats, l’un soutenant Benoît Hamon (Ndlr : Serge Martin) sans souci, l’autre menant une campagne beaucoup plus agressive ». Parmi toutes ces voix dissonantes, celle plus timorée d’un militant nommé Rémi Roustan hésite à se faire entendre. Pendant qu’il contrôle les allées et venues vers la table où s’assiéront les cadres du PS héraultais pour un ultime relevé électoral, Rémi Roustan se remémore « Au parti il y a toujours eu des courants. A l’époque c’étaient les mitterrandistes et les chevènementistes, aujourd’hui c’est Royal et Aubry… quoi de plus normal! » Comme pour se justifier il ajoute pudiquement « jusqu’à aujourd’hui on n’a pas trouvé mieux pour faire vivre la démocratie. » Nous sachant sur le départ le petit neveu de Marius Roustan, ministre de l’Éducation nationale durant l’entre deux guerres, conclut avec une petite phrase bien à lui, empreinte de modestie : « moi je suis parti de rien, je suis arrivé à rien, mais j’y suis arrivé tout seul ». Vu de loin comme de près, de l’Hérault ou de Paris, le PS moderne lui ressemble beaucoup : un parti de masse qui, pour l’instant, n’arrive pas à grand-chose.

La girouette PS et le vent du Modem

Le vent tourne, la tête du PS aussi. Les alliances et discussions de l’entre-deux tours des élections municipales 2008 révèlent les contradictions idéologiques qui minent un parti socialiste, pourtant gagnant du scrutin.

Débat stratégique au PS

La contradiction la plus flagrante est l’œuvre de l’ancien couple socialiste le plus célèbre, Ségolène Royal – François Hollande. Dès le soir du 1er tour, dimanche 9 mars, la candidate à l’élection présidentielle s’est exprimée en faveur d’alliances avec le Modem. « La gauche doit s’allier partout avec le MoDem » a-t-elle déclaré devant les caméras et les militants. Le lendemain, le premier secrétaire du PS jusqu’en novembre a tenu à nuancer ces propos : « Il ne peut pas y avoir de discussions nationales (ndlr : avec le Modem) ». Se joue donc la future orientation idéologique du PS. Les pontes du parti tardent à prendre position. Georges Frêche, président de la région Languedoc-Roussillon qui négocie son retour au PS et vise un strapontin sénatorial, a fait son choix : « Comme Ségolène Royal l’a déclaré dès dimanche soir, j’appelle moi aussi, pour ce second tour, à l’union avec le MODEM dans toutes les villes et dans tous les cantons de notre région afin d’amplifier le mouvement du premier tour. Avant d’enchaîner, Il faut poursuivre dans cette voie dimanche prochain car se joue, sous nos yeux, le laboratoire d’une prochaine majorité de gouvernement. »
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Ce débat au sujet de la drague du Modem met en exergue, plus que jamais, la problématique du prochain congrès : l’aggiornamento, la rénovation, certes, mais vers quel côté ? Vers le centre, donc vers Bayrou comme le souhaite la frange la plus « libérale » économiquement du PS ? Ou bien vers la gauche, le PCF, les Verts et la gauche anti-capitaliste ?

Des alliances contradictoires

Ainsi la stratégie d’alliance dépend étroitement du bon vouloir du Modem. A Périgueux, le Modem s’est allié pré-premier tour à la liste UMP du très sarkozyste Xavier Darcos, ami personnel de François Bayrou. Il en va de même à Bordeaux où Alain Juppé a été élu dès le premier tour avec le soutien des centristes. Cette position « normande », « ptet ben à droite, ptet ben à gauche », de Bayrou énerve coté socialiste. François Hollande raille cette indécision : « il y a autant de positions du modem que de villes en France ». Les négociations hétérogènes menées au cas par cas, ville par ville, donne un reflet parfait de la problématique socialiste.

Quelques exemples caractéristiques:

A Paris, la liste de Bertrand Delanoë, qui comprenait des communistes, a rapidement décidé de récompenser « la fidélité » des Verts mais a catégoriquement réfuté toute fusion de liste avec le Modem parisien de Marielle de Sarnez. Une option vers la gauche. Le Modem sera de la triangulaire.

Montpellier, géographiquement diamétralement opposée à la capitale, stratégiquement aussi. C’est à la tête d’une liste d’union avec le Modem qu’Hélène Mandroux est arrivée en tête du premier tour avec 47,11%. Situation exceptionnelle, du coup, ce sont les Verts, forts de 11%, qui partiront seuls au second tour, faute d’un accord avec le PS. Un échec des négociations que le parti écologiste attribue à Frêche, confirmant l’orientation « ségoléniste » du PS local : « tout était scellé d’avance : les responsables locaux du parti socialiste ne voulaient pas d’accord. Nous avons appris depuis que c’est Georges Frêche en personne qui a plaidé notre exclusion devant le conseil fédéral du PS hier soir. Le PS obéit à ses exclus » peut-on lire sur le site des Verts montpelliérains.

Autre schéma qui se retrouve fréquemment : une liste PS/PC affronte au second tour une liste Modem/UMP. C’est le cas dans le très symbolique département de la Seine-Saint-Denis. A Noisy-le-Sec, la liste socialiste menée par Elisabeth Guigou a fusionné avec la liste PC et sera confrontée dimanche prochain à une liste UMP/Modem.

La victoire de la gauche lors de ces municipales ne devra pas occulter la rénovation annoncée du parti. Cette nouvelle échéance électorale aura néanmoins permis de confronter le Parti socialiste aux différents courants qui le tiraillent. D’ici novembre et le congrès du PS, le vent peut tourner. Reste à savoir vers quel horizon les divers courants auront emporté le bateau socialiste.

Papy fait de la résistance

« Les Françaises et les Français ont majoritairement apporté leurs suffrages sur les candidats de gauche et sur les élu-es et candidat-es communistes qui font de notre Parti la troisième force politique de notre pays ». Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, peut se réjouir de ce 9 mars 2008. Le principal apprentissage de ce premier tour des municipales ne réside pas dans la défaite attendue de la droite ni dans la victoire, moins large qu’espérée, du PS mais dans les bons scores du parti communiste.

Le PCF jouait sa survie dans ce scrutin. Au lendemain du premier tour, il est toujours présent et bien vivant. Troisième formation politique du pays, le parti communiste devance le Modem, sensé être le grand arbitre du scrutin, et démontre une fois de plus l’importance de son assise locale. Des bastions perdus en 2001 sont reconquis (Dieppe par exemple), d’autres, lorgnés par le PS, ont été ou sont en passe d’être conservés.
La secrétaire nationale du PCF s’exprime le soir du premier tour
Ces résultats posent une question fondamentale à la gauche française et notamment au parti socialiste. De quel côté doit il tourner son regard ? Vers le centre et le Modem comme l’a fait Ségolène Royal, réitérant ses appels du pied à François Bayrou ? Ou vers un PCF revigoré par une audience sensiblement accrue par rapport aux scrutins de 2007 ?

La stratégie socialiste était pourtant simple : en finir avec l’assistanat de leur voisin de gauche, en finir avec ce qui leur paraissait être de l’acharnement thérapeutique. Ainsi de nombreuses listes dissidentes PS entraient en concurrence avec des listes PCF dès le premier tour dans 7 des 13 municipalités de Seine Saint Denis, historique « banlieue rouge ». La Courneuve et Bagnolet, villes symboliques tant l’assise et la tradition « rouge » y sont fortes, ont confirmé la résistance communiste. La bataille sera rude pour la présidence du département de Seine-Saint-Denis, communiste depuis sa création en 1967, qu’entend ravir le socialiste Claude Bartolone. Les citoyens ont préféré faire confiance aux équipes communistes sortantes qu’aux nouveaux venus socialistes. Un aveu de confiance et de fidélité au PCF autant qu’un avertissement à un PS « embourgeoisé » (Laurent Joffrin) qui réussit ses meilleurs scores grâce à l’électorat « bobo » des centres-villes.
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Mais la résistance est nationale. A Vénissieux, à Martigues, à Arles, à Vierzon ou à Dieppe …, les équipes communistes sont élues dès le 1er tour ou en ballottage très favorable en vue du second. Fort d’une légitimité démocratique retrouvée, le PCF met en garde le PS : « les alliances avec le Modem sont contre-nature » explique un dirigeant du parti.
Pendant que l’UMP et le PS vont se battre les faveurs de François Bayrou, le « vieillissant » parti communiste français résiste et entend bien démontrer que la gauche française doit encore compter sur lui. Un argument de poids en cas de fondation, à l’italienne, d’un nouveau parti à gauche auquel les communistes pourraient participer.