Certains commerçants et artisans ont le sentiment de perdre un peu plus chaque année de la magie de Noël sur leur marché, situé cette année sur l’esplanade Charles-de-Gaulle. On y trouve en effet de plus en plus de gros commerçants ou de simples revendeurs qui n’ont pas vraiment leur place. « Une année, il y avait même des pulls Nike » s’inquiète Sophia, créatrice d’objets de décoration et de peluches, qui vend sur le marché depuis la première édition. « On retrouve trop souvent les mêmes produits d’un stand à l’autre et ça crée de la concurrence entre nous. C’est pas du tout ça l’esprit de Noël. On ne vient pas là pour avoir ça ! » Et surtout, indique François, producteur de foie gras, « certains créateurs de bijoux et de vêtements de la région auraient peut-être plus leur place ici, que d’autres plus gros qui ne devraient pas être là ». Les deux exposants, dirigeants de petites entreprises, ont l’impression qu’on vole la place à leurs homologues : « On voit trop des gros commerçants et même des gens qui ne font que de la revente, qui pourraient vendre sur n’importe quel autre foire et laisser la place à des plus petites structures qui ont besoin de cet avantage ». Avec l’augmentation du prix des chalets – 3 800 euros pour un emplacement simple et 8 000 euros pour un double – de moins en moins de petites structures se présentent. Elles n’ont pas les moyens d’assumer tous les frais qu’un mois de marché représente. Elles ont également peur de ne pas résister à la concurrence. « Avec une sélection plus poussée, on pourrait éviter tous ces problèmes », assure Sophia.
La sélection des exposants est faite sur dossier, par la commission d’attribution des chalets, dirigée par le service des affaires économiques de la ville. Les commerçants, artisans et producteurs remplissent donc ce dossier de candidature six mois avant le début du marché. Il comporte une description des produits vendus. Une exigence de seulement cinq photos des produits doit être suivie. Les candidats ont l’obligation par ailleurs de joindre un justificatif d’enregistrement à la Chambre de commerce et d’industrie ou la Chambre de métiers et de l’artisanat. Selon Sophia, c’est un dossier « trop léger ». S’il était plus complet et s’il comportait des critères plus poussés quant à l’origine des produits, on éviterait bien des problèmes sur le marché. Aussi, il pourrait être différencié selon le type d’activité du candidat, car c’est un dossier unique.
Ben, agent technique du service des domaines et espaces publics, également membre de la commission, indique que la ville souhaite « équilibrer l’offre » et favoriser la diversité. Pourtant, le marché semble « dériver » d’après Sophia. Il s’éloigne de l’esprit des marchés de Noël et perd de sa qualité. Il était autrefois plus folklore et plus agréable : on y jouait de la musique et l’on y présentait des spectacles, raconte l’artisan. Aujourd’hui, même le contact avec les organisateurs se perd. Ces derniers venaient régulièrement en début de journée voir les exposants pour s’assurer que tout allait bien. Désormais « on se fout de nous », déplore l’une des plus anciens artisans du marché. Sophia remarque qu’« on ne contrôle même plus si l’on vend bien ce qu’on a indiqué dans notre dossier ». Alors même s’« il en faut pour tous les goûts et toutes les bourses » comme le martèle François, une révision des critères de sélection pourrait redonner de la qualité et de l’authenticité au marché.
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