Commerces et écoles fermés, habitants bloqués par la pénurie d’essence, touristes immobilisés, la Guadeloupe est en panne. La grève générale s’accompagne d’une grève des stations d’essence aux lourdes conséquences. Un collectif regroupant 46 organisations syndicales et associatives, le «Liyannaj Kont Pwofitasyon» (LKP) rassemble les foules autour de lui, dans des manifestations historiques. Le 31 janvier, ils étaient 65 000 selon le LKP et près de 20 000 selon la police dans les rues de Pointe-à-Pitre sur une population de 405500 habitants.
Le 1er février, Yves Jégo, Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, décide de s’installer en Guadeloupe jusqu’au règlement de la crise qu’elle traverse.
« Ils ne feront pas ce qu’ils veulent dans notre pays »
La priorité pour les manifestants ? Le pouvoir d’achat et la lutte contre « la vie chère ». Concrètement, il s’agit, entre autres, d’une baisse des prix des produits de première nécessité, des impôts et des taxes, ainsi que d’une augmentation des salaires, retraites, smic ou minimum vieillesse. Mais c’est bien un ras-le-bol général qui s’exprime. Education, formation, production, service public, emploi… autant de domaines concernés par les 146 revendications du LKP. Le tout dans un climat politique tendu, étayé par des slogans tels que « La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo : yo péké fè sa yo vlé an péyi an-nou » (« La Guadeloupe nous appartient, elle ne leur appartient pas : ils ne feront pas ce qu’ils veulent dans notre pays »).
Les gérants de stations-service grévistes, eux, refusent l’implantation de nouveaux concurrents.
Tardives négociations
Six jours de fortes mobilisations pour de premières discussions, cela peut paraître long. Et les organisateurs n’ont pas été insensibles à cette attente. Désormais, ils veulent de vraies réponses. Des négociations entamées le 26 janvier sont suspendues le 31. Devant la détermination du mouvement à ne pas lâcher prise, Yves Jégo s’est vu contraint de considérer ces évènements sérieusement, estimant la « situation explosive ».
Finalement arrivé sur place le 1er février, il évoque l’application anticipée d’un Revenu de Solidarité Active (RSA) dès 2009 pour 61 000 foyers, « un accord sur la baisse de la TVA appliquée aux produits de première nécessité », ou encore le gel du montant des loyers HLM. Il insiste sur sa volonté de contrôler la transparence des prix en Guadeloupe.
Un plan de 56 millions d’euros a aussi été posé sur la table des négociations par la région, le département et l’association des maires. Ce plan prendrait la forme de baisses de taxes et de redéploiements de crédits.
Le 2 février, Yves Jégo a annoncé la réouverture de 25 stations services (sur les 115 que compte l’île) et prévoit une réouverture de toutes les stations le 4. Optimisme forcé ou début de conciliation ?
Le Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, en fonction depuis mars 2008, affronte un premier mandat ministériel qui ne manque pas d’obstacles. La sortie de crise de la Guadeloupe s’annonce délicate. Un risque de contagion est aussi à envisager, en Martinique notamment. Certains syndicats ont d’ores et déjà lancé un appel à la grève pour le 5 février. En mars, il devra gérer la question du référendum sur la départementalisation de Mayotte, qui attise la colère des Comores voisines.
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