Chomsky est un penseur qui n’a pas sa langue dans la poche, un américain qui critique la politique et les médias de son pays. Le tout, sans aucun complexe. Théorie à l’appui, Noam Chomsky mène une croisade, depuis une trentaine d’années, contre l’instrumentalisation des relations publiques et le système de propagandes médiatiques.
De Paris à Boston, de Montréal à Toronto, Olivier Azem a réalisé ce long métrage en mai 2008. Le documentaire est un méli-mélo d’entretiens avec Chomsky et ses camarades de pensée, ainsi que des flashs-back historiques. Mermet et Azem offrent un espace simple et simpliste à Chomsky pour opposer trois principes qui lui sont chers : l’autodéfense intellectuelle, le libre arbitre et la liberté d’expression « la plus absolue SVP ! ».
Le militant, en effet, défend le principe de la liberté d’opinion… Même quand il n’approuve pas les messages qu’elle véhicule. D’ailleurs, le documentaire revient sur l’affaire Faurisson [[Robert Faurisson, un révisionniste qui provoqué une polémique en reniant l’existence de la Shoah]]. Chomsky justifie sa position au nom de la liberté d’expression. Un point de vue très critiqué par certains intellectuels français. Mais Chomsky nous pousse à poser la question suivante : Peut-on tout dire au nom de la liberté d’expression ? En France de nombreux journalistes et sociologues s’interrogent sur le sujet. Certains d’entre eux mettent des garde- fous, d’autres préfèrent « se la jouer philosophe », mais personne n’a de réponse définitive.
Notre cher Chomsky aurait bien fait de se pencher sur le sujet au lieu d’assassiner la bonne foi de l’information. Le critique « accrédité » des médias américains ne dissocie pas les medias et la presse. D’autant plus que ce sont deux concepts et phénomènes différents.
A ce propos le journaliste Edwy Plenel nous confie « Chomsky est certes un grand linguiste mais en tant que sociologue des medias, sa critique n’est pas vraiment pertinente. Il ne se remet pas en question. De plus, Il opte pour une sociologie critique alors qu’il n y a pas mieux qu’une sociologie compréhensive pour comprendre les medias ».
Or, dans le documentaire, l’intellectuel donne sa version de sa sociologie « Je ne veux pas amener les gens à me croire, pas plus que je voudrais qu’ils suivent la ligne du parti, ce que je dénonce : autorités universitaires, médias propagandistes avoués de l’état, ou autres .Par la parole comme l’écrit». Certes, les travaux de Noam Chomsky sont une référence en France notamment dans le domaine de la linguistique, mais ses théories sur la critique des medias ne peuvent pas être appliquées en Europe ou en France car chaque société médiatique possède ses propres enjeux et ses dynamiques d’action. Patricia Jullia, enseignante et chercheuse à l’université Montpellier 3 pense que le modèle de critique que propose Chomsky est exclusif à la société médiatique américaine, car les medias français ne fonctionnent pas de la même manière. Bref, il n y a pas de comparaison possible.
Enfin, Chomsky et cie sont des amis qui nous veulent du bien puisqu’ils nous conseillent un cours d’autodéfense intellectuelle. Leçon n°1 : choisissons nos sources. Leçon n°2 : comparons-les et leçon n°3 : faisons notre propre opinion ! C’est le meilleur antidote contre toute manipulation médiatique ou idéologique… du public.
Toujours à l’affiche à l’Utopia (Montpellier)
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