« C’est bien de déguster les vins, mais il faut pouvoir les vendre après »

Par le 9 février 2018

Comment un caviste bio indépendant visite un salon du vin bio ? Nous avons suivi le caviste de la Cave du Boutonnet pendant une matinée.

-574.jpgLe caviste Laurent de Zanet goûte avec application les vins du salon. Crédit photo : ©Fanny Rousset

Il est arrivé au salon avec une liste de quelques producteurs à aller voir. Muni de son cahier – et de son palais -, le commerçant de la Cave du Boutonnet, Laurent de Zanet, a prévu d’arpenter le salon sur deux jours à la recherche de nouveautés à proposer à ses clients. Il en profitera aussi pour aller voir les producteurs avec qui il travaille déjà : « cela permet d’entretenir des relations de fournisseur à distributeur » précise-t-il.

Analyser ses besoins

« Avant de débarquer sur le salon, il y a un travail de préparation, un travail de recherche » explique le caviste. Pour la liste des nouveautés à aller voir, il a d’abord analysé ses besoins. Là, il manque notamment de Bourgogne, et cherche, si possible, un chablis : « je travaille déjà avec un château mais j’aimerais trouver plus abordable », annonce-t-il. Problème : « certains exposants n’ont plus de vin à vendre et ne sont là que pour voir leurs clients établis » soupire le caviste bio.
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Le business avant le plaisir

L’autre difficulté est de ne pas se laisser emporter par des dégustations car « les vins il faut pouvoir les vendre après ». Le caviste se rappelle cela à lui-même, après une dégustation d’un champagne bio qui l’a subjugué, à en croire ses commentaires : « c’est magnifique ça c’est fin c’est élégant, c’est… ». A la fin de la dégustation, il prend la carte des vignerons et prévient qu’il prendra contact avec eux pour parler prix. « Il faut toujours avoir en tête de replacer les choses dans mon contexte de petite cave de quartier ». Il explique qu’il achète des nouveautés en fonction des prix d’abord, de sa clientèle, et aussi de ses goûts personnels « mais parfois je me trompe, j’ai des bouteilles qui ne partent pas » avoue-t-il. N’ayant « pas la place et peu de demande » pour les vins étrangers, il se consacre aux vins français. Pendant les dégustations, le caviste marque ses impressions dans son carnet (« léger », « croquant », …) et attribue des notations aux vins sous forme de « + ».

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Le commerçant a sélectionné, en amont du salon, huit producteurs à aller voir.
Crédit : © Fanny Rousset

Le caviste se dirige maintenant vers un stand de Bourgogne et reconnaît un vigneron héraultais, Louis Aleman (Domaine du Clos Roca) : « il me livre tous les mois, on se connaît bien ». Et là, c’est parti pour une dégustation de toute sa gamme. Le « 15 » – comprenez 2015 -, le « 16 », son nouveau vin sans sulfite… Les dégustations s’enchaînent et les commentaires avec : « c’est joli à la fin », « le 16 est moins souple, il n’est pas serré », et le caviste n’hésite pas à dire ce qu’il pense à son copain vigneron : « je trouve que là ça… ça manque de caractère ».

Arrivé au stand bourguignon, Laurent est content de trouver un producteur certifié Demeter, le label gageur de la production en biodynamie. Il goûte toute la gamme, soit tout de même douze vins différents ! Mais il faut bien tester la marchandise. Heureusement, il recrache tous les vins qu’il goûte.
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Il enchaîne ensuite sa visite avec un vigneron du Languedoc, à Millésime Bio pour la première fois. Là encore, il est plutôt satisfait de ce qu’il goûte. Il demande une carte des prix avant de s’éloigner faire une petite pause débrief.

Cet habitué de Millésime Bio, mais aussi des salons off qui ont lieu en même temps à Montpellier, met donc beaucoup de sérieux et d’application dans les visites de ces salons. Mais « les producteurs tentent surtout d’attirer des importateurs qui prennent beaucoup de volumes, plutôt que des cavistes indépendants comme moi », confie-t-il.

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à propos de l'auteur

Auteur : Fanny Rousset

Intéressée par les sciences humaines, je me suis orientée vers la sociologie après le bac. Ce cursus m’a permis de travailler sur une grande diversité de thèmes de société : famille, travail, économie, environnement, éducation… C’est durant mes années de licence que j’ai envisagé le métier de journaliste. Ce métier me permettait en effet de pouvoir aborder des sujets divers et de questionner le monde. En conséquence, j’ai réalisé un stage en Presse Quotidienne Régionale (Midi Libre) en 2013. Aujourd’hui, je suis particulièrement sensible aux questions d’environnement, c’est pourquoi j’aimerais travailler pour un média comme Reporterre ou Actu-environnement par exemple. Je suis aussi intéressée par la presse locale.