Citoyen de seconde zone, une oeuvre de Buchi Emecheta

Par le 16 février 2010

Buchi Emecheta est sans doute l’une des romancières africaines les plus traduites en français. Née à Lagos en 1944, elle vit en Grande-Bretagne depuis l’âge de 22 ans où elle a, peu à peu, par ses œuvres, conquis le public. Adah, l’héroïne de « Citoyen de seconde zone », le premier de ses romans, publié en 1975, emprunte les traces de sa créatrice et offre une intéressante observation sur l’exil nigérian en Grande Bretagne.

C’est une démarche militante posant un regard féminin sur l’émigration africaine, la condition féminine et le partage entre deux cultures, qui rythme ce roman, véritable invitation au voyage. En lisant Citoyen de seconde zone, je me suis mis dans la peau de l’auteur, je me suis identifié à elle et j’ai vécu toutes sortes de sensations depuis son Nigeria natal jusqu’à son pays d’accueil.

L’oeuvre place Adah, personnage principal et, vraisemblablement, double de l’auteur, comme le porte parole des femmes et des immigrés. L’auteur adopte son point de vue par une focalisation interne et donne un ton personnel même si la narratrice parle d’elle à la troisième personne.
Grâce à ces techniques, j’ai vécu le combat de cette héroïne, orpheline de père à neuf ans, dans une culture machiste où la femme n’est réservée qu’aux tâches ménagères. Ce livre est porteur de messages essentiels, dans un contexte hostile où l’auteur nous montre comment cette femme battante, va renverser son destin grâce à sa motivation, son désir d’aller à l’école et d’apprendre. Son parcours est intéressant et mérite d’être un cas d’étude dans un monde où beaucoup de jeunes n’ont pas envie d’aller à l’école et ce, malgré leurs conditions sociales favorables. L’œuvre est instructive. Elle offre aux lecteurs la découverte de deux mondes différents (africain et européen) et transporte ainsi le lecteur dans un voyage de découvertes culturelles sans précédent.

Ce qui frappe surtout, c’est le récit d’une libération, d’une autonomisation : la conquête de la légitimité de la femme dans les années soixante, au sein d’une Afrique traditionnelle. Son regard est remarquable mais véhicule plusieurs stéréotypes qui ne sont pas toujours positifs. Par exemple, l’image de son mari Francis, paresseux, fainéant, jaloux, machiste. Elle dénonce cette société patriarcale. Ce point de vue me déplait car il a tendance à caricaturer l’homme africain.

Pourtant, j’ai aimé voir cette femme qui se libère en prenant la parole, en souhaitant écrire un livre dans une culture africaine de tradition orale. Elle nous offre un portrait de la femme africaine comme un modèle, un pilier fondamental de la société. Une femme à la fois mère, agent économique, éducatrice. Ce qui n’est pas négligeable. Le titre du livre Second class citizen renvoie à une personne considérée comme inférieure en statut et en droit comparé aux autres. Dans cette vision, l’auteur joue sur le sens de cette expression en l’attribuant à Adah en tant que femme mais aussi en tant que personne de couleur.

Même trente ans après la parution de cette œuvre, derrière une dimension historique intéressante, transparait une immédiate actualité. Ce livre présente de manière intemporelle la problématique de l’immigration à notre époque où ce sujet fait encore débat. L’héroïne, à travers ses mésaventures à Londres en tant qu’immigrée, est confrontée aux problèmes de logements, de discrimination, de racisme, de chômage. Le choc des cultures montre des visages qui pourraient faire comprendre à beaucoup de jeunes africains candidats à l’immigration vers l’Europe, que l’Occident est loin d’être un paradis.

En somme, ce livre est bénéfique aux Occidentaux : il permet de voir d’une part la condition féminine de l’auteur, les croyances machistes, les difficultés économiques de sa société et sa bravoure exemplaire pour dompter ses contraintes. D’autre part, elle est porteuse d’espoir pour certaines personnes en leur permettant de relativiser leur situation et de se rendre compte de toutes les chances qu’elles ont par rapport à la vie d’Adah, orpheline et pauvre, reléguée au second rang de la société.

Personnellement, la lecture de Citoyen de seconde classe m’a permis de voyager, de m’instruire encore plus sur la culture de l’auteur, sur les conditions féminines, sur les combats des femmes… Choses que je ne pourrais partager entièrement avec vous, car rien ne vaut une réelle expérience par soi-même en se plongeant au cœur du livre. A vous donc de vivre l’aventure.

Catégorie(s) :
Étiquettes : , , , , ,

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le !

à propos de l'auteur

Auteur : Ibra Khady Ndiaye

Pour emprunter le titre du livre de Gérard Holtz, « je suis bien plus petit que mes rêves » et cette réalité a fait de moi un aventurier de Linguère au Sénégal à Montpellier en passant par Ndiayène Parba et tant d’autres endroits lointains. Autant d’endroit aux situations et aux souvenirs exceptionnels où à chaque fois mes rêves ont fait de moi un aventurier. De mon ancien collège et lycée Alboury Ndiaye de Linguère du nom du roi de cet ancien royaume du Sénégal, où j’étais aussi photographe couvrant les semaines culturelles, les soirées…..à mes vacances à Mbour sur la petite côte au Sénégal où, aventurier, je m’improvisais pêcheur pendant toutes les vacances une histoire de se faire des économies pour chaque rentrée scolaire. Mes mêmes rêves m’ont fait faire débarquer sur Montpellier un quinze octobre 2000 en plein nuit avec cent francs dans mes poches sans tuteur et plein d’espoir de suivre mes études en Europe. Et depuis grâce à mes rêves, je navigue comme je peux jusqu’à ce master de journalisme. J’ai entre temps fait un deug médiation culturelle et communication, une maîtrise en Information et communication, un Master II en marché de l’art et Management, une licence III et un Master en Droit et science politique. Pour nourrir mes rêves aussi, j’ai du travailler en parallèle de mes cours depuis cette fameuse date de mon débarquement comme plongeur d’abord ensuite cuisinier de 2000 à Aout 2005 à la Pizzéria chez Vincent au quartier Beaux art sur Montpellier ensuite chef cuisinier depuis cette même date au 31 Août 2009 à la cigale au boulevard des Arceaux. Ce travail m'a permis de réaliser de grands rêves même en étant étudiant. Médiateur de réussite scolaire premier septembre 2009 à Main 2010 au Lycée Professionnel Pierre Mendés France de Montpellier où je mettais ma petite expérience à la disposition des jeunes lycéens. Mon passage dans ce master de journalisme s’explique entre autre par l’intérêt particulier que je porte sur l’actualité partout dans le monde qui résulte de ce vilain défaut qui est la curiosité. Fondateur du Mouvement Citoyen Black Blanc Beur www.mcb3.fr voir portrait réalisé par Sarah Huppert http://www.mcb3.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=11&Itemid=10 P.S: Master Professionnel obtenu haut la main. Je suis depuis décembre 2010, journaliste à Africa 24TV première chaîne mondiale d'information pour l'Afrique. J'étais Chef d'édition jusqu'en Juin 2012 avant de rejoindre le pôle Desk pour réaliser au quotidien des sujets pour les différentes éditions de la Chaîne. www.africa24tv.com Je suis par ailleurs le correspondant à Paris du Journal Le Quotidien ( un Journal papier quotidien du Sénégal). www.lequotidien.sn Recevoir Africa 24 Afrique Sud-saharienne Canal satellite Horizons, réseaux MMDS Aux Etats-Unis Dish Network, chaine 653 En France SFR/Neuf Box, chaine 269 ORANGE/LiveBox, chaine 166