Il existe à quelques pas de la rue de la Loge, placée timidement entre deux brasseries de la place Jean Jaurès, une ruelle sillonnante que l’on nomme « Petite Loge ». Dans ce chemin de bitume, une adresse fait figure de maquisard. « L’Enchanthé ». On s’assoit à même le sol, on y fume le narguilé, on y boit un coup. L’ambiance est étudiante, conviviale et rock. Et pourtant, après l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics au 1er janvier 2008, « L’Enchanthé » fermait ses portes deux mois durant. Daniel Pierre-Laurent, employé enchanté, raconte : « Nous sommes les seuls sur Montpellier à proposer encore du narguilé de manière tout à fait légale. Après deux mois de fermeture, nous nous sommes reconvertis en association privée. Inutile de vous dire qu’il était difficile d’obtenir toutes les autorisations en Préfecture« .
Le concept nouveau de « L’Enchanthé » : une adhésion, une carte de membre à vie pour 4 petits euros. Seuls les membres peuvent consommer, fumer. Et une reconversion : « Depuis la réouverture, nous nous proposons désormais comme débit d’alcool, en plus des narguilés« . Réfléchi, Daniel ne remet pas en cause la loi, mais tempère : « C’est une bonne loi. Il fallait la faire. Mais ils auraient dû faire des dérogations. J’ai entendu dire que du côté de Marseille, des commerçants brandissaient des pancartes « Sarko, laisse-nous bosser ! ». Renaud, le patron, a même écrite une lettre au ministre de la Santé. Sans retour« .
Daniel admet, lucide, « que les premiers mois étaient difficiles« . « En tant qu’association, on ne peut pas faire de publicité. Tout est passé par le bouche-à-oreille, ou des réseaux comme Facebook et les blogs. Mais depuis cet été, les affaires remarchent plutôt bien« . Mais tous n’eurent pas le courage de cette reconversion. Fin 2007 et début 2008, le « Butterfly » et le « Shandra », deux institutions à Montpellier, mettaient la clef sous la porte, conscients qu’ils ne pouvaient plus vivre d’une activité principale devenue illégale. Ni public, ni privé, « entre les deux« , comme l’affirme Daniel, « L’Enchanthé » a réussi à légaliser un commerce qui ne demandait qu’à partir en fumée il y a un an.
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