A la voir en pyjama, affalée sur son canapé, on a du mal à imaginer la joueuse de tennis coquette et stressée qu’elle est devenue. Ignorée par les instances françaises, Sarah Manseri est repérée par l’agence Athletics Partner à l’âge de 16 ans. Une bourse universitaire pour poursuivre sa progression tennistique et ses études aux Etats-Unis lui est proposée. “C’était une décision très difficile à prendre”, se souvient la jeune femme. “Je suis très proche de ma famille et n’avais jamais quitté mon village. Mais ma mère m’a convaincue de l’opportunité unique que c’était.” Le bac STMG en poche, Sarah Manseri file pour le Kansas en 2017 avant de rejoindre la Floride et les Titans d’Eastern Florida en 2018.
16e des championnats universitaires américains
Une année intense, avec 3 à 4 heures d’entraînement quotidien, qu’elle boucle au 16e rang des “Junior College”. “Elle a fait d’énormes progrès là-bas, notamment sur le plan mental”, souligne son ancienne coéquipière au Tennis Club d’Uzès Joëlle Rollet. “Même si elle reste une fille extrêmement stressée, c’est vrai qu’elle a beaucoup gagné en maturité”, complète Christine, sa mère. Mais Sarah Manseri, qui admire Serena Williams pour sa combativité sur le court, ne compte pas s’arrêter là. “En 2019, je vais attaquer ma troisième année aux Etats-Unis et je vais passer en première division universitaire sous les couleurs de l’University of West Alabama. Je vais affronter des joueuses plus âgées que les années passées”, détaille-t-elle. “Je me donne encore deux ans pour progresser un maximum et, selon le niveau que j’aurai atteint, pourquoi pas tenter ma chance sur le circuit professionnel. J’aurai alors 22 ans. En France, ce serait inimaginable mais aux Etats-Unis, tout est possible. Des joueuses universitaires ont déjà brillé chez les pros.”
Numéro 8 française à 10 ans
Dotée d’un talent précoce pour la petite balle jaune, Sarah Manseri n’a pas perdu de temps. “Dès l’âge de trois ans, elle était déjà très motrice et ne tenait pas en place”, se souvient Christine. “Elle fouillait dans mon sac de tennis, mettait sa casquette à l’envers et s’amusait avec ma raquette deux fois plus grande qu’elle. On lui en a acheté une adaptée pour les enfants de son âge qui la suivait partout.” Il n’en fallait pas moins pour que cette joueuse amateur inscrive sa fille au mini-tennis quelques mois plus tard. Alors qu’elle n’a que 4 ans, le Comité du Gard la repère. “Elle centrait déjà toutes ses balles, en coup droit comme en revers, et avait une coordination exceptionnelle pour son âge”, détaille sa mère. Dès lors, sa progression est lancée. Sur les courts de Poulx, de l’AS Bas Rhône, des Hauts de Nîmes puis de Caissargues, elle gravit un à un les échelons. Au point d’être numéro 8 française à seulement 10 ans. “Nous n’avions pas les moyens de la mettre dans une académie pour accélérer sa progression. Elle s’entraînait en cours collectifs et individuels”, confie Christine Manseri.
Adolescente, Sarah se stabilise au Tennis Club d’Uzès avec son entraîneur Thibault Alcaide. A ses côtés, elle accumule les titres départementaux, mais la Montpelliéraine Léa Romain, référence française de sa génération, la barre systématiquement en finales régionales, la privant d’accéder au championnat de France. “Sarah est dotée d’un coup droit exceptionnel”, souligne Joëlle Rollet.” Mais elle avait un sale caractère ! Il lui a sans doute manqué un peu de maturité et de constance mentale pour progresser plus rapidement.”
Croyante et superstitieuse
Si elle n’a pas encore touché au Graal du professionnalisme, Sarah Manseri a déjà le sens du détail. Fan de mode, la jeune femme observe toujours la même routine d’avant match. “Je me coiffe avec beaucoup de soin et choisi des habits assortis”, souligne-t-elle. “Et puis, comme beaucoup de joueurs de tennis, je suis très superstitieuse. J’ai une tenue que je mets lors de tous mes premiers tours en compétition. Et même si je n’ai pas vraiment de religion, je fais toujours une prière avant d’entrer sur le court.”
Cinéphile et amatrice de musique, Sarah Manseri n’a qu’un rêve pour son avenir : rester aux Etats-Unis. “Si je n’arrive pas à percer sur le circuit pro, je me vois bien devenir coach ou bosser dans le management”, confie-t-elle. Une manière de mettre à profit son parcours d’exception.
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