Deux ans après une intervention qui a mal tourné, le capitaine de police Santi, laisse derrière lui une veuve éplorée et Théo, un enfant attristé mais totalement admiratif de son papa. Décrit comme immense et valeureux, une statue à son égérie, arme au poing, est dressée face à la mer. Pourtant, au cours d’une arrestation et par hasard, sa veuve, Yvonne, lieutenant de police, découvre qu’il était en réalité un ripou et un « salaud ». Antoine, innocent derrière les barreaux depuis 8 ans en est sa plus grosse victime. Décidée à rétablir la justice, elle le retrouve à sa sortie de prison en lui cachant tout de son identité. S’en suivent des aventures toutes plus loufoques les unes que les autres, mêlées à leur vie sentimentale respective et leurs démons des huit dernières années.
Une histoire du soir pour rompre avec le deuil
L’histoire du soir pour endormir le petit Théo est le fil conducteur du film, sous forme de flashbacks dignes de James Bond. La première scène s’ouvre sur le capitaine Santi (Vincent Elbaz), glorieux policier en train d’arrêter des criminels avec une facilité sans nom. « Il était fort papa » se console Théo, admiratif. « Comme un lion », confirme sa maman, conteuse des récits volontairement enjolivés. Mais à mesure qu’Yvonne (Adèle Haenez) apprend la réalité sur son mari, l’histoire du soir se transforme : non, son père n’était pas le parfait justicier fantasmé. Théo ne comprend pas pourquoi sa mère lui conte soudainement un père magouilleur et malhonnête. Celle-ci entreprend alors une mission : rétablir la justice pour que le véritable coupable se retrouve derrière les barreaux, dans l’imaginaire de Théo. S’affranchira-t-il de l’image héroïque du père ?
« La réalité se transmet par la fiction », Pierre Salvadori.
Si Théo doit avancer avec ses yeux d’enfant, le chemin est plus long pour Yvonne. À son deuil s’ajoute l’acceptation. Huit années passées avec lui sans jamais rien savoir de ses agissements et de sa malhonnêteté… Perdue, elle se rend coupable des agissements d’un autre : son défunt mari. Une quête de rédemption dans laquelle elle retrouve l’amour avec Louis (Damien Bonnard), mais a-t-elle le droit d’aimer un autre que l’inconnu avec lequel elle vivait ? La réalité la pousse et l’aide à quitter son deuil marital, en quête de justice.
De la mort au rire : quand la vie rembourse
L’histoire s’annonce triste, dramatique et bouleversante mais à l’écran, rien de cela. Loin du polar et sous couvert d’humour, Pierre Salvadori campe des situations rocambolesques avec des personnages toujours plus fous : un psychopathe qui se promène avec sa tante découpée dans un sac ou encore un meurtrier accueilli très joyeusement au commissariat. Antoine (Pio Marmaï) et Yvonne s’entrechoquent dans une folie partagée croisée de mensonges. Antoine ignore jusqu’au prénom d’Yvonne, qui se fait appeler Louise et qu’il croit être prostituée. Leur planque au cœur d’un ancien bordel sadomasochiste, un braquage en tenue de latex et masques de bondage alimentent ce délire loufoque. Tout semble improbable et pourtant tout s’accorde à merveille.
L’injustice entre le mensonge et l’innocence
Pierre Salvadori se confie : certaines scènes ne sont pas « vraisemblables mais ça n’empêche pas les personnages d’arriver à une vérité ». Et la vérité finit par éclore : « Mieux vaut être un salaud qu’une victime. » Ainsi, le mensonge reste une fois de plus au cœur de l’œuvre du réalisateur. Yvonne ment parce qu’elle refuse la vérité. Elle en a « marre d’être coupable » quand Antoine, frappé par l’injustice en a « marre d’être innocent ». Parce qu’on lui « a volé 8 ans de sa vie, pour rien » il s’adonne à toutes les transgressions pour devenir coupable tandis qu’Yvonne tente de le réparer pour se sentir à nouveau innocente. Mais huit ans d’absence ont laissé une cassure dans le quotidien d’Antoine et sa compagne, Agnès (Audrey Tautou), même si leur amour semble intact. Elle ne le comprend pas, trouve qu’il est revenu avec la « cruauté des victimes » mais le poursuit pendant qu’il s’adonne, perdu, à des folies avec Yvonne sans vouloir perdre sa promise. Tout prête alors à croire qu’Antoine et Yvonne seront prêts à transgresser jusqu’aux règles de la fidélité.
En liberté ! est dédié au directeur de casting, Philippe Elkouby, décédé le 17 mars dernier.