Un monde où le dopage sportif est roi, où le public vote pour choisir le meilleur athlète, où les transformations chirurgicales deviennent la norme. Impossible ? Pas pour Alain Delort.
Ce Rochelais d’adoption publie son premier roman Les Jeux Libres . Page après page, il se demande ce que deviendrait le sport si le dopage était autorisé en toute impunité et jusqu’où serait prêts à aller les athlètes pour gagner. Le résultat fait froid dans le dos.
A 37 ans, Alain Delort est gérant d’un fonds de capital-risque spécialisé dans la santé. Ce fan de sport a choisi de s’emparer du sujet en réaction à toutes les dérives. « Il existe une vraie hypocrisie. Le dopage ternit l’image de la compétition mais rien n’est fait pour l’empêcher réellement », dénonce l’auteur. D’où l’idée provocatrice de raconter une histoire où le dopage serait roi. Il renchérit : « Des amis m’ont dit que je vantais les mérites de cette tricherie. C’est faux ! Je vais simplement, dans mon roman, au bout de la logique : puisqu’on ne fait rien pour lutter autant laisser faire les athlètes à fond ».
« Il faudra que les gens acceptent de voir moins de performances »
L’auteur fait un bond dans le temps. En 2024, l’ère du dopage est terminée. Un nouveau test universel et fiable permet de vérifier que les sportifs ne prennent pas de substance interdite. Il pense ainsi rendre le sport propre. Revers de la médaille, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Les athlètes n’honorent pas la devise des Jeux Olympiques « plus vite, plus haut, plus fort ». Les spectateurs s’ennuient, quittent les stades et réclament le retour de leurs idoles déchus à cause du règlement antidopage.
Des écailles sur la peau…Pierre de Say, un homme d’affaires, va alors lancer un nouveau concept : « Les Jeux Libres ». La règle ? Il n’y en pas ! Tous les moyens sont bons pour gagner. Et le public est là. Le spectacle, malgré les résistances de certains, attirent de plus en plus de monde. Les téléspectateurs peuvent même participer à la sélection des athlètes en votant pour leur chouchou.
La compétition prend alors un nouveau tournant. Après avoir épuisé toutes les sortes de pilules existantes, les nageurs et autres sprinters décident de se plonger dans la chirurgie. Des hommes avec des pieds de quinze centimètres de plus, des écailles collées sur la peau et des mains palmées font leur apparition aux bords des bassins. Mi-homme mi-animal, les athlètes transforment leur corps pour pulvériser leur record et gagner davantage de médailles. Mais quarante ans plus tard, l’ère du tout technologique finira par perdre le sport et les athlètes.
Moins de performances ? Attention ! Il ne faut pas oublier que tout le livre sort de l’imagination de son créateur, même si des passages reposent sur des faits ou des personnages réels. « Admettons que le test antidopage universel existe, il faudra que les gens acceptent de voir moins de performances. Le Tour de France ne pourra plus faire 2 500 km. Les spectateurs ne sont peut-être pas prêts à l’accepter », avertit-il.
De son expérience en tant que directeur général d’un laboratoire pharmaceutique, Alain Delort a puisé la matière de la deuxième partie de son livre. Il affirme que « la technologie avance très vite. Le lien entre le secteur médical et sport est étroit. Dans 20 ans, beaucoup de choses seront devenues réalité ».
A travers de nombreuses recherches et sa culture sportive personnelle, Alain Delort a écrit son roman en un an. Il a même appris qu’« à l’époque des premiers Jeux grecs, les athlètes se « dopaient » déjà. Selon les disciplines, ils mangeaient des viandes différentes ».
Mais il prévient : malgré ce sujet brûlant, il n’a pas de message à faire passer. « Je veux simplement que les lecteurs passent un bon moment avec mon livre. C’est un roman avant tout », prévient-il. Le virus de l’écriture ne le lâche plus. Depuis trois mois, un nouveau livre est en préparation. Mais pour l’instant le sujet reste secret. Une certitude : il ne traitera ni de dopage ni de sport.