Une agence artistique à la recherche de nouveaux talents

C’est dans une petite ruelle du coeur de ville montpelliérain que se cache la nouvelle« Kurves Agency » . Son fondateur, Ludovic Bobée, nous accueille les bras ouverts pour nous parler de son étonnant projet : une agence artistique spécialisée en nouveaux talents, qui cherche à démocratiser l’art sous toutes ses formes.

« Rendre l’art accessible à tous, surtout aux plus jeunes »

Dans une ambiance intimiste et cosy, l’objectif est clairement affiché par le maître des lieux. « Ici, ce n’est pas une galerie conventionnelle mais plus une plaque tournante. On recherche des oeuvres de nouveaux artistes et on les expose pour les faire connaître. D’un autre côté on vise essentiellement le grand public, surtout les jeunes en pratiquant des prix abordables » .

Et de fait, les supports choisis par ses artistes collent relativement au profil de la clientèle recherchée : du plus classique avec des posters sérigraphiés ou des impressions sur toile, mais aussi du mobilier retravaillé comme une table basse de grande marque dont le support est recouvert d’un collage imperméable aux motifs bigarrés. On y trouve aussi des planches de skate peintes à l’huile qui, dépourvues de leurs roues, sont à accrocher dans votre salon.

Enfin, une ligne vestimentaire pourrait, à terme, venir s’ajouter à cette longue liste de produits dérivés disponibles sur place.
« Le but ce n’est pas de gagner de l’argent, mais qu’un étudiant moyen puisse s’offrir des objets d’arts numérotés et signés par les artistes avec des prix qui oscillent entre 30 et 800 euros » nous confie Ludovic entre deux coups de fil.

« La Factory d’Andy Warhol c’est l’objectif ultime de mon entreprise »

Il faut dire que le jeune montpelliérain est plutôt débordé ces derniers jours : entre la préparation de l’inauguration de son atelier, la recherche de nouveaux talents, et la gestion quotidienne de l’agence ; le rythme est plutôt soutenu.

Pour autant, sa porte reste ouverte et les visiteurs sont toujours les bienvenus.
C’est sur un fond de Serge Gainsbourg, massés dans un divan moelleux que se forme une petite assemblée faites d’amis proches et d’artistes en collaboration. Autour d’un café, ou d’un verre de fin, à toute heure de la journée, on y parle d’art bien sûr, mais aussi de musique ou de sujets plus personnels.

Un haut lieu de socialisation donc, comme le reconnaît volontiers notre hôte. « J’ai voulu reprendre le principe de la fabrique d’Andy Warhol, mais à une échelle moindre. Dans 30m2 j’ai réussi à créer un espace bureau, une deuxième partie pour l’atelier et enfin un espace d’exposition » .


Un objectif ambitieux que Ludovic semble bien prêt à réaliser. Il planche déjà sur de nouveaux projets qui devraient voir le jour sous peu, notamment la création d’un téléthon pour le mois d’Octobre 2013. En partenariat avec la mairie de Montpellier et l’association Etincelles, ce dernier s’inscrirait dans la lutte contre le cancer du sein.

Mais pour l’heure, les priorités restent ciblés autour de l’organisation de l’inauguration de l’agence qui aura lieu en cette fin de semaine. L’occasion pour ce jeune entrepreneur de faire connaître son projet et lancer ces jeunes artistes prometteurs, le tout dans une ambiance agréable et bon enfant.

Infos pratiques : Kurves Agency, 11 rue St-Anne, 34000 Montpellier. Accès libre du mercredi au dimanche inclus de 10h30 à 19h Inauguration le 22 et 23 Novembre 2012 de 19h à 23h.

« Hors-Lits », un réseau d’artistes hors du commun

La dernière soirée des Hors-Lits se tenait à Montpellier les 24 et 25 octobre derniers. Au programme, quatre représentations artistiques mêlant danse, théâtre et poésie. « A c’t’heure » avec Marie-Adeline Choquet. « Hublot » avec Eve Jouret et Laurence Dubard. « Le LR ou comment un oignon devient artichaut » par Elodie Paul et Hervé Debize, et « Une frite dans le sucre » par Sébastien Lagord.

Le concept est simple mais hors-norme : le temps d’une soirée, Hors-Lits réunit des artistes qui proposent quatre représentations de vingt minutes ouvertes à tous dans quatre appartements prêtés bénévolement par des particuliers. Nés à Montpellier en 2005, à l’initiative de Leonardo Montecchia, les Hors-Lits se sont exportés et développés dans d’autres villes telles que Paris, Toulouse, Bordeaux, Rennes, Marseille, Béziers, Sète, Barcelone (Espagne) ou encore Vevey (Suisse). Pour dix euros, les spectateurs suivent un parcours guidé et sillonnent le centre-ville allant d’appartement en appartement. Avec un maximum de 30 participants, les soirées Hors-Lits proposent une réécriture de la relation entre spectateurs, habitants et artistes. L’expérience est tout aussi particulière pour les artistes qui doivent s’approprier l’espace et s’adapter à chaque lieu de vie. «La contrainte d’espace et la proximité avec le public offrent de nouvelles opportunités», témoigne Marie-Adeline Choquet, danseuse contemporaine, «dans le cadre du spectacle en appartement, on ne peut pas tricher. C’est d’autant plus important de se donner à fond car l’intimité avec le public implique une tension et une concentration d’autant plus intense que sur une scène classique. Le retour d’énergie est plus direct».

«Nous laissons à chaque artiste sa chance»

La valeur ajoutée du réseau, c’est l’éclectisme artistique qu’il propose avec des représentations ouvertes à tous genres (théâtre, chant, peinture, danse, body art, arts plastiques,…).
«Nous ne sélectionnons pas les artistes», explique Leonardo Montecchia, «nous laissons à chaque artiste sa chance, et même en tant qu’organisateurs, nous découvrons les performances des artistes en même temps que les spectateurs. C’est dans cette relation de confiance que s’inscrit Hors-Lits». Le réseau s’est propagé en France et à l’étranger à l’initiative seule des artistes qui ont tout de suite adhéré au concept. Ils n’ont d’ailleurs pas fini de s’immiscer dans nos intérieurs puisqu’ils ont déjà pour projet de se développer à Nantes et à Nice prochainement.
En attendant le prochain évènement à Montpellier qui se tiendra courant mars-avril 2013, Hors-Lits donne rendez-vous à Sète les 14 et 15 novembre prochains.

www.horslits.com

L’East Side Gallery peinte par des Français

L’East Side Gallery est le plus grand vestige du Mur de Berlin. Long de 1,3 km, il est situé entre la gare de l’Est et le pont Oberbaumbrücke. Ce pan du Mur est célèbre pour sa centaine de peintures réalisées en 1990, par 118 artistes de 21 nationalités différentes. Rencontre avec deux artistes français, Muriel Raoux, Thiery Noir, qui ont participé à la réalisation de la plus grande galerie d’art en plein air.

« Ce qui était le plus surprenant, se rappelle Muriel Raoux, c’était la présence des gardes-frontières encore en poste en janvier 1990 lorsque nous avons commencé à peindre. Quelques mois auparavant, ils nous auraient tiré dessus. Là, ils nous ont laissé entreposer notre matériel dans les locaux du Checkpoint, et nous ont même prêté une échelle pour peindre en hauteur ! »

Cette jeune Française exilée à Berlin, côtoie à l’époque le milieu artistique berlinois. Elle prend des cours pour entrer aux Beaux Arts, et c’est grâce à l’appui d’un ami artiste berlinois, qu’elle a l’opportunité de laisser sa trace sur le Mur. Sa création appelée Yeux Grands Ouverts évoque, selon elle, l’avenir, l’espoir, tout en gardant en mémoire les évènements du passé, la nécessité de rester vigilant et de garder les yeux ouverts sur le présent.

Cette galerie à ciel ouvert est le symbole de la liberté retrouvée, celle de circuler. Pendant longtemps, cette partie du Mur située à l’Est reste inaccessible et austère, toute tentative pour l’approcher est immédiatement réprimée. Pourtant, dès 1984, deux jeunes artistes français, Thierry Noir et Christophe Bouchet, ressentent le besoin « de faire quelque chose contre ce mur angoissant ». Ils entament donc la création d’une vaste fresque murale qu’ils doivent peindre le plus vite possible pour éviter la répression. Leur but ? « Que les couleurs rongent le béton comme de l’acide, jusqu’à créer des trous énormes et faire tomber le colosse ». Ce phénomène devient rapidement une mode à Berlin-Est, et de nombreux jeunes artistes laissent ainsi leurs empreintes sur le mur.

Après le 9 novembre 1989, un projet spontané émerge et des artistes connus ou moins connus, berlinois ou internationaux, s’expriment sur le mur d’East Side Gallery avec pour seul fil rouge : Berlin divisé et sa réunification. Christine Mac Lean est la première artiste à y peindre en décembre 1989, immédiatement après la chute du Mur. De nombreux tableaux suivront dont le célèbre baiser fraternel entre Brejnev et Honecker du Russe Dimitri Vrubel.

Muriel Raoux se souvient : « les gens s’arrêtaient pour nous interroger, il y avait une ambiance bien particulière, créatrice, en ébullition. Les Berlinois de l’Est étaient ravis de voir le Mur prendre vie et se colorer. Quant à ceux de l’Ouest, ils pouvaient enfin voir l’autre côté du Mur. »

Mais la fresque subit rapidement les intempéries, la pollution et les graffites. C’est pourquoi en 2000, grâce au financement des associations Deutsches Lackinstitut GmbH et East Side Gallery e.V. une partie est restaurée. Neuf ans après, à l’occasion du vingtième anniversaire de la chute du Mur, la Künstlerinitiative East Side Gallery initie le projet de contacter tous les artistes ayant peint le mur en 1990, afin qu’ils reproduisent à l’identique leurs créations sur un mur entièrement vierge et colmaté. Ce projet ambitieux a coûté 2,5 millions d’euros et est financé en partie par l’Union Européenne, l’État allemand et la Fondation Lotto. La plupart des artistes répondent présents à l’appel et s’aident des clichés pris en 1990 pour reproduire leur œuvres.

Muriel elle aussi est revenue même si elle est maintenant traductrice. « J’ai hésité à venir car j’ai abandonné la peinture depuis plusieurs années, avoue-t-elle. Mais je ne regrette pas d’avoir fait le déplacement, tout était bien organisé. J’ai retrouvé des artistes au côté desquels j’avais travaillé sur le mur mais également des proches de Berlin. Par ailleurs, j’ai ressenti de nouveau l’enthousiasme des passants, et des Berlinois ravis de voir les couleurs reprendre vie. » Si c’est l’engagement et l’amour de l’art et de l’Histoire qui semblent avoir guidé le retour de Muriel Raoux à Berlin, ce n’est pas le cas de deux des artistes peintres qui ont refusé l’indemnité de 3 000 euros accordé par l’association. Barbara Greul Aschanta et Bodo Sperling ont demandé 15 000 euros pour reproduire leurs peintures.

Jusque là, les pouvoirs publics ont uniquement financé la restauration prévue pour les commémorations du 9 novembre dernier, et seuls des donneurs privés et l’association East Side Gallery e.V. contribuent à la restauration et la préservation de toutes les peintures depuis 1990. Reste maintenant à trouver un avenir à ce lieu de mémoire artistique pas comme les autres.