Ainsi font, font, font les robotiques marionnettes de Morgan Euzenat

Du 23 au 27 décembre dernier, l’artiste Morgan Euzenat présentait sa dernière création aux Machines de l’Ile à Nantes. Téléguidant un robot nommé Klug, il a enchanté le public venu admirer l’Eléphant et le Carrousel des Mondes Marins. Portrait de l’homme caché derrière cette marionnette singulière.

Il est 13 h ce vendredi 27 décembre quand Morgan Euzenat fait son apparition dans le hangar des Machines de l’Ile. Vêtu d’une parka rouge et d’un jean il se présente sans son robot, Klug, qui profite de ses derniers instants de repos avant son ultime représentation prévue à 14h30. Avec le temps maussade et le vent qui souffle en rafale sur la cité des Ducs, la sortie de l’Eléphant est annulée. L’occasion pour le robot, fait de bois et de roues de fauteuils roulants, de jouer les premiers rôles dans la galerie crée par François Delarozière et Pierre Oréfice. Et pour son créateur de revenir sur son parcours.

capture_d_ecran_2013-12-29_a_10.04.38.pngA 39 ans Morgan Euzenat a trouvé sa voie, celle de la création de marionnettes robotiques. Passionné par les machines, il s’oriente, dès le début de ses études vers le domaine de la mécanique en passant un Bac STI génie mécanique puis en poursuivant dans un BEP maintenance des systèmes mécaniques de production. Cependant, frustré par l’absence de réalisation concrète, il décide de passer un concours d’éducateur spécialisé pour « allier l’art avec les enfants ayant eu un parcours difficile ». Un rôle d’accompagnement qui va renforcer son envie de divertir les autres par l’art de la manipulation.

Sûr de son choix, il refusera toutes les propositions de CDI et de CDD afin de se consacrer exclusivement à la marionnette. Il prendra même le statut d’intermittent du spectacle. En 2004, il rejoint la compagnie vannetaise l’Hémisphère de l’Ouest ou il participe à la création de spectacles burlesques. « Ca m’a permis de mettre le pied à l’étrier et de toucher à tout » se souvient-il. Néanmoins, par manque de confiance l’expérience s’achèvera. « Je ne me suis pas trouvé au niveau. Je ne me voyais pas construire un spectacle à 100% » explique-t-il pour justifier son départ de la troupe.

Quand la mécanique rencontre la marionnette

Mais ce n’est pas la seule raison. « J’étais plus dans la déambulation par rapport au public. C’est le premier aspect des marionnettes à fil. Au final ça a marché. En effet, sa rencontre en 2009 avec l’inventeur hollandais Fred Abels et la marionnettiste Mirjam Langemeijer, membres du groupe Electric Circus va marquer un tournant dans la trajectoire du jeune artiste. « Avec eux j’ai redécouvert les machines. Ils m’ont permis d’associer les savoirs passés. » C’est surtout de cette collaboration que va germer dans l’esprit de Morgan l’idée de la création d’un nouveau type de marionnette sous forme de robot. Une façon aussi de marier ses compétences techniques à sa passion pour les arts de la marionnette.

Construit en neuf mois et finalisé en 2009, Klug est l’aboutissement d’un long travail d’assemblage de divers matériaux. Les roues par exemple ont été récupérées sur un fauteuil roulant. Ce processus d’assemblage a aussi été parsemé de moments de doutes sur la réussite du projet. « J’ai eu des difficultés techniques. La déception fait révéler le manque de confiance. Je ne savais pas ce que je faisais » avoue-t-il. Mais il y a eu des moments plus intenses comme lorsqu’il a fallu poser les yeux de Klug. Ou celui de la mise en mouvement du robot qui reste, selon l’artiste, le moment le plus émouvant. D’où le rapport plutôt détendu qu’il entretien avec sa création. « Quand je manipule il y a un transfert. Je suis en connexion dans la tête. Au début j’ai eu peur de ne rien ressentir, de ne pas envoyer d’émotions » confesse-t-il.

klug.jpg Influencé par la fiction, les cartoons et surtout la science fiction il pense qu’« il y a du E.T dans Klug ». Fan du Donald Duck de Disney, Morgan n’hésite pas non plus à pousser la comparaison avec le célèbre canard « Comme Donald c’est un personnage attendrissant. Il est impressionnant et fragile ». L’aspect robotique de Klug a été inspiré par les films « Terminator » qui ont longtemps « habité » Morgan. De même, afin de créer les mouvements d’une de ses marionnettes il s’est directement inspiré du film « Dans la peau de John Malkovitch » en faisant des pauses pendant le visionnage afin de reproduire les mouvements des acteurs.

« J’ai du mal avec les cadres »

Présenté pour la première fois en 2009 à Charleville-Mézières pour un test, Klug va devenir une véritable attraction. Le succès populaire du robot continue d’ailleurs de surprendre son créateur. « Je voulais juste faire une machine. Tout de suite les gens ont été attirés » s’étonne t-il. Retravaillant le rapport de la marionnette au public, Morgan explique que son but était « que les gens se débrouillent et construisent leurs théories sur le robot ». Il aime ainsi se qualifier de « créateur de mémoire, de souvenirs » pour les enfants, qui repartent souvent émerveillés de leur rencontre avec Klug. Son meilleur souvenir ? « Un type qui avait l’air très macho et qui est tombé comme amoureux. Il est resté 2 heures avec la machine. Il lui faisait des signes de la main, des bisous» se rappelle-t-il ému.

Comédien et bricoleur Morgan Euzenat profite de son indépendance. « J’aime la liberté. J’ai du mal avec les cadres. Je n’ai pas fait les beaux arts. Pourtant je suis libre ». clame-t-il fièrement. Artiste plutôt solitaire, Morgan reste attentif à tous les modes de manipulation de l’objet et du public. Avec la réussite du projet Klug qui l’a entraîné sur les routes de France, de Belgique et du Canada, il avoue se concentrer désormais sur la recherche. En attendant, le hangar des Machines de l’Ile et ses automates issus de l’univers de Jules Verne est un théâtre idéal pour cet admirateur de l’écrivain nantais et son attachant robot.

Montpellier Comédie Club : laboratoire de talents au Macadam Pub

Tous les troisièmes mercredis du mois, le sous-sol du Macadam Pub s’anime à l’occasion du Montpellier Comédie Club (MCC). La quinzaine d’artistes présents ce soir-là fait ses derniers préparatifs. Le spectacle commence à 20h et dès 19h45, une foule importante s’amasse devant l’entrée. Ce sont majoritairement des jeunes, entre 20 et 30 ans. Pourtant, pas de publicité, pas de grandes pancartes, rien ne semble annoncer l’événement.

20h. le public descend l’escalier raide en métal qui mène à la cave. Les spectateurs payent l’entrée puis pénètrent dans cette pièce sombre, exiguë, aux murs en pierre et au plafond bas et voûté. Au fond de la salle, une petite scène avec un simple rideau noir. Les verres tintent. Un petit bar est accessible sur la gauche du public. On s’y accoude, on discute, on échange avec les artistes, histoire de se détendre avant le début du spectacle. Puis les lumières s’éteignent, la musique démarre, le MCC peut commencer.

Julien, à l’origine du projet et présentateur du soir, lance avec entrain : « Montpellier Comédie !? » Et le public de répondre: « Club ! ». « Le MCC, ça marche surtout par le bouche-à-oreille. C’est l’effet « Fight Club » : les gens entrent dans le bar, se demandent ce qu’il y a en bas et quand ils apprécient, ils en parlent à leurs potes » annonce Julien. « On a imprimé 5 000 flyers, on n’en a distribué que 200. […] Et ce soir je ne pouvais pas faire entrer tout le monde » rajoute-t-il.

DSC_1072.jpg

Julien (un autre) à la guitare, Mélie en slameuse, Momo et Jérôme en animateurs de centre de loisirs irresponsables, Benoît en conteur : il y en a pour tous les goûts. Les interventions durent environ cinq minutes, le rythme y est. Sur scène, on crie, on bouge, on se vanne et on communique avec la salle. Le ton est vif, caustique et poétique. Les jeux de mots pleuvent et le public apprécie. Les spectateurs se marrent, interviennent et répondent parfois aux artistes. « Dans une salle de spectacle, les gens s’assoient et se disent: «Allez, fais-moi rire ». Ici, tout le monde réagit, c’est cette proximité que j’aime » s’enthousiasme Julien.

Robin est conteur au MCC. Pas d’artifices. En deuxième partie du spectacle, il relate seul, d’une voix calme et posée, l’histoire d’un vizir malchanceux enfermé dans les geôles d’un Sultan. Plus aucun bruit dans la salle, seule la voix du conteur résonne dans le sous-sol du Macadam. « Le conte nous fait retourner en enfance, le public voyage. La différence avec le sketch, c’est qu’à la fin, le public ne nous dit pas « bravo » mais « merci » » confie-t-il. « Au MCC, on mêle différents arts et je pense que le public s’y retrouve » conclut-il.

DSC_0174.jpg

Le conteur ne fait pas si bien dire. Luc, étudiant, ressort du pub le sourire aux lèvres : « J’ai connu le MCC grâce à un de mes amis. Je m’attendais à n’avoir que de l’humour mais en fait on découvre beaucoup d’autres univers. En plus l’ambiance est vraiment intimiste, il y a un côté plus véritable de l’artiste. »

Rémy, gérant du Macadam, a tout de suite accepté la proposition de Julien de créer une scène ouverte à Montpellier. « J’étais persuadé que ça allait marcher […] Dès la première édition, ça a été un succès ». Le tenant du pub, à l’accent du Midi prononcé et à la carrure de handballeur ajoute : « Ca me permet de découvrir de nouveaux artistes et ça peut leur permettre de faire des plus grandes salles par la suite. »

Le MCC existe depuis maintenant trois ans et la salle du Macadam ne désemplit pas. La diversité des artistes et l’interaction avec le public font l’originalité de cette scène ouverte atypique. Comme le résume Pitta, slameur : « Le MCC, c’est un laboratoire. Les artistes se testent face à un public et le public vient tester de la nouveauté. »

« Hors-Lits », un réseau d’artistes hors du commun

La dernière soirée des Hors-Lits se tenait à Montpellier les 24 et 25 octobre derniers. Au programme, quatre représentations artistiques mêlant danse, théâtre et poésie. « A c’t’heure » avec Marie-Adeline Choquet. « Hublot » avec Eve Jouret et Laurence Dubard. « Le LR ou comment un oignon devient artichaut » par Elodie Paul et Hervé Debize, et « Une frite dans le sucre » par Sébastien Lagord.

Le concept est simple mais hors-norme : le temps d’une soirée, Hors-Lits réunit des artistes qui proposent quatre représentations de vingt minutes ouvertes à tous dans quatre appartements prêtés bénévolement par des particuliers. Nés à Montpellier en 2005, à l’initiative de Leonardo Montecchia, les Hors-Lits se sont exportés et développés dans d’autres villes telles que Paris, Toulouse, Bordeaux, Rennes, Marseille, Béziers, Sète, Barcelone (Espagne) ou encore Vevey (Suisse). Pour dix euros, les spectateurs suivent un parcours guidé et sillonnent le centre-ville allant d’appartement en appartement. Avec un maximum de 30 participants, les soirées Hors-Lits proposent une réécriture de la relation entre spectateurs, habitants et artistes. L’expérience est tout aussi particulière pour les artistes qui doivent s’approprier l’espace et s’adapter à chaque lieu de vie. «La contrainte d’espace et la proximité avec le public offrent de nouvelles opportunités», témoigne Marie-Adeline Choquet, danseuse contemporaine, «dans le cadre du spectacle en appartement, on ne peut pas tricher. C’est d’autant plus important de se donner à fond car l’intimité avec le public implique une tension et une concentration d’autant plus intense que sur une scène classique. Le retour d’énergie est plus direct».

«Nous laissons à chaque artiste sa chance»

La valeur ajoutée du réseau, c’est l’éclectisme artistique qu’il propose avec des représentations ouvertes à tous genres (théâtre, chant, peinture, danse, body art, arts plastiques,…).
«Nous ne sélectionnons pas les artistes», explique Leonardo Montecchia, «nous laissons à chaque artiste sa chance, et même en tant qu’organisateurs, nous découvrons les performances des artistes en même temps que les spectateurs. C’est dans cette relation de confiance que s’inscrit Hors-Lits». Le réseau s’est propagé en France et à l’étranger à l’initiative seule des artistes qui ont tout de suite adhéré au concept. Ils n’ont d’ailleurs pas fini de s’immiscer dans nos intérieurs puisqu’ils ont déjà pour projet de se développer à Nantes et à Nice prochainement.
En attendant le prochain évènement à Montpellier qui se tiendra courant mars-avril 2013, Hors-Lits donne rendez-vous à Sète les 14 et 15 novembre prochains.

www.horslits.com

Le Pass’culture de Montpellier : sept ans de démocratisation culturelle

Mis en place en 2004, le Pass’culture continue encore de se développer. Proposant aux étudiants montpelliérains une offre culturelle à des coûts privilégiés, il a su satisfaire les jeunes acteurs de la vie culturelle. Retour sur un projet qui marche.

La Vie parisienne d’Offenbach

La Vie parisienne d’Offenbach symbolise la fête, les plaisirs, l’étourdissement de vivre. Elle rencontre un succès devant un public conquis au théâtre du Domaine d’0, à ciel ouvert.

L’opéra est pour certains jeunes un spectacle ennuyeux et réservé aux seniors.
La Vie parisienne d’Offenbach est une opérette et une comédie musicale qui va changer ces aprioris et ne vous laissera pas indifférents. L’orchestre Avignon Provence, les chœurs de l’Opéra de Montpellier font parti de ce grand spectacle. Son titre renvoie dès la création de l’œuvre à une « photographie » de la vie
à Paris à une époque bien précise, avec des situations et des personnages
fortement caractérisés en fonction d’un contexte historique et culturel. «J’ai donné à mon interprétation de la vie parisienne le sous-titre de l’Egotisme de l’Hédonisme» précise Carlos Wagner metteur en scène.

Le décor place dans un écrin de dentelles noires l’action menée par les amiraux suisses, les dandies parisiens, les élégantes, les touristes et les généraux à plumer. Et tous dansent un quadrille qui, à un siècle et demi de distance, n’a rien perdu de sa virevoltante folie.

Nous les avons rencontré lors de leur dernière répétition au Parc des
expositions. Ce résultat édifiant est le fruit d’un travail colossal comme en témoigne le metteur en scène, les comédiens et le chef d’orchestre lors de ce reportage de 7LTV.

La représentation se déroule à ciel ouvert les 7, 9 et 10 juillet au domaine d’O à Montpellier. Malgré la pluie qui a interrompue plusieurs fois le spectacle lors de la représentation du 9 juillet, sans doute un clin d’œil à la vraie vie parisienne, les comédiens ont reçu un standing ovation de la part des spectateurs totalement conquis.