Une course aux chiffres aux effets dramatiques

Représentant la société civile dans les centres de rétention, la Cimade a présenté, jeudi 25 avril à Paris, un rapport accablant sur le sort réservé aux clandestins.

La course aux chiffres des immigrés sans papiers entraîne des conséquences humaines désastreuses. C’est ce que constate le rapport annuel de la Cimade qui dénonce aussi des pratiques policières et administratives aussi « absurdes » que « dramatiques » sur le plan humain.
Selon la Cimade, la durée légale de rétention s’est allongée de 12 à 32 jours, les centres se sont multipliés ainsi que le nombre de places (786 en 2003, 1 700 fin 2007). Enfin, l’annonce d’objectifs chiffrés d’expulsions (25 000 pour 2007 non atteint, 26 000 pour 2008) a eu des « effets dévastateurs » estime aussi la Cimade. 181190.jpg

En région aussi, Jean-Paul Nunez, délégué national de la Cimade sur Montpellier, trouve intolérable les conséquences de quotas sur le traitement des immigrés clandestins : « On veut faire du chiffre et pour ça, on n’hésite pas à remettre en cause l’Etat de droit. »

Des droits de plus en plus souvent bafoués

Le nombre d’interpellations, et surtout leurs motifs, ne cessent d’augmenter sans pour autant déboucher sur des expulsions. « Le travail des tribunaux et des magistrats est bouleversé avec l’augmentation constante des quotas », regrette Jean-Paul Nunez qui se déclare aussi irrité par la manière dont les gens sont appréhendés par une « police de l’immigration ». « Les interpellations se déroulent de manière dramatique. Ces deux dernières années, la souffrance des personnes devient de plus en plus insoutenable. Beaucoup ont été cherchés directement à leur domicile et sont terrorisés ».
Sur la région Languedoc-Roussillon, la capacité de rétention des sans-papiers a triplé : « Nous sommes passés de 60 places à 180 avec l’extension du centre de Rivesaltes et surtout la création de celui de Nîmes ». En moyenne, une personne sur deux, placée dans ces centres, est libérée sous dix jours dans la région. « Les centres régionaux sont le plus souvent occupés par des Marocains. Mais si jusqu’alors, il n’y avait pas beaucoup de femmes et d’enfants, cela ne va pas en s’arrangeant », déplore Jean-Paul Nunez.
Un constat partagée par Julie Chansel, coordinatrice du rapport de la Cimade, évoquant la conséquence de la course au chiffre : « Elle s’accompagne de la mise en place progressive d’un dispositif juridique qui réduit les droits des étrangers ».