Droit de vote des étrangers : ce que nous dit la loi

Conviée sous le thème « Pourquoi donner le droit de vote aux immigrés », une quinzaine de personnes est venue assister au café citoyen bimensuel du C6R.[[http://www.c6r.org/]]

Cet intitulé sans équivoque arrive à point nommé, à la suite des déclarations du ministre de l’intérieur Claude Guéant.[[Lors du Grand Rendez vous Europe 1/I-Télé/Le Parisien du 27/11/2011 [cette question] «va plus loin que la proposition de loi qui va être discutée au Sénat puisque cet accord prévoit l’éligibilité. Cela veut dire que nous pourrions avoir des maires étrangers. Très franchement, je n’ai pas envie de voir dans le département de la Seine-Saint-Denis qui a une forte population étrangère, la majorité des maires devenir étrangers».]] En réponse, le lendemain soir au Broc’ café, M. Alliès, professeur de Sciences Politiques à l’université de Montpellier 1 et spécialiste du droit constitutionnel, prend les commandes de la discussion. « La question de la nationalité relève de la décision du parlement, non du gouvernement.« , rappelle t il. « Or, si cette proposition de loi est votée, un référendum doit ensuite l’approuver« .

Pour ceux à qui la question rappellerait quelques souvenirs, revenons trente ans en arrière. En 1981, le candidat à la présidentielle François Mitterand, promettait parmi ses 110 propositions pour la France, la reconnaissance de ce droit. L’étape suivante sera engagée par le gouvernement Jospin : le 04 avril 2000, l’Assemblée Nationale adopte la proposition de loi. Cependant, Lionel Jospin ne se risquera pas à la faire passer à l’examen des sénateurs, chez qui il n’a pas la majorité. Mais à droite aussi cette promesse a été utilisée, et par Nicolas Sarkozy qui plus est. Le 25 octobre 2005, il déclarait dans « Le Monde » : « Je ne trouve pas anormal qu’un étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins dix ans en France puisse voter lors des élections municipales. » Destiné à ne rester qu’une simple promesse pré-électorale? En effet, ajoute le professeur Alliès : « Depuis 1999 les sondages indiquent que la majorité des français y seraient favorables« . Mais alors, pourquoi en rester indéfiniment au stade de la promesse?

Une simple question de nationalité ?

Depuis une semaine, MM. Fillon [[Samedi 26 novembre 2011, devant des cadres de l’UMP réunis à Paris, M. Fillon affirmait : »le droit de vote ne se justifie pas par les impôts que l’on paye. C’est le résultat d’une volonté scellée par l’acquisition de la nationalité française ».]] et Sarkozy répètent invariablement que le droit de vote est rattaché à la nationalité [[Le 23 Novembre 2011, à l’occasion du 94ème Congrès de l’Association des Maires de France (AMF), au Palais de l’Élysée M. Sarkozy déclare : « Le droit d’être élu doit demeurer un droit attaché à la nationalité.]]. Or, remarque Paul Alliès,  » l’article 72 de la Constitution, reconnaît l’auto-administration des collectivités territoriales« . Par conséquent, dés lors qu’une personne vit et participe à la vie locale, son droit de vote concernant les décisions prises par sa collectivité, devrait être systématique. Sans qu’il y ait pour cela besoin d’être français. Mais la logique voudrait que le vote aux élections locales, implique la participation aux législatives et par extension, aux sénatoriales. Sans compter que ce même article 72 a été modifié en 2008 et donne la possibilité d’organiser un référendum local. Un référendum municipal sur le droit de vote des étrangers?

Un des participants témoigne : « Avant que je n’ai la nationalité française, j’étais représentant au Conseil d’Administration de mon université et je pouvais intervenir dans les décisions concernant l’ensemble des étudiants. C’est bien la preuve que c’est uniquement en politique que ce droit est nié. » Alors, la politique serait elle en retard par rapport aux pratiques populaires ? En effet,le meilleur moyen d’intégrer une personne à une population n’est il pas de lui reconnaître les mêmes droits qu’à tous ? Dans 13 pays de l’Union Européenne[[ Il s’agit de l’Irlande, la Belgique, Le Luxembourg, la Suède, la Slovaquie, le Danemark, les Pays-Bas, l’Estonie, la Slovénie, la Lituanie, la République Tchèque et la Finlande]] ce droit de vote est accordé aux élections municipales. Et pourtant, alors qu’il est prévu que le vote soit soumis le 8 décembre à la Haute Assemblée, M. Fillon qualifie cet évènement comme [[Toujours ce 26 /11/ 2011 devant les représentants UMP]] : « (…)une sorte d’atteinte à un fonctionnement normal de la démocratie« .

Guéant , porte flingue de la nouvelle droite

Prend t-on les électeurs pour des billes?
La réponse est sans appel.
Taper sur les minorités pour faire oublier
l’incompétence d’un gouvernement a beau
être un procédé vieux comme le monde,
il semble toujours à la mode, là bas, à l’Élysée.
Quelle autre conclusion tirer des stigmatisations
incessantes des deux dernières semaines
opérées par les ministres UMP, Guéant en tête.
Sa dernière invention: mettre à jour les fraudes
« spécifiques aux étrangers » en recoupant leurs
fichiers avec ceux de la sécurité sociale.
Il y aurait un « certain nombre » d’étrangers fraudeurs
, nombre que le ministre ne peut « quantifier précisément »,
nous voilà bien avancés!
Il faut dire que pour gagner le jeu
du « qui veut (re)gagner des électeurs »,
frontistes de surcroit, le porte flingue de la nouvelle
droite et ses acolytes vont devoir se surpasser.
Comment en effet, faire mieux que
ces 5 dernières années passées à banaliser les
discours de la droite décomplexée auprès des Français?
Voilà l’impasse de ce gouvernement.
Quand on a établi un climat sécuritaire qui n’a
pas résolu les problèmes de sécurité, qu’on
s’est adonné à une stigmatisation généralisée des immigrés
par un lien plus que douteux entre insécurité et immigration,
et défendu la République prétendument en danger, il devient difficile d’être inventif. Mr Guéant essaie, cependant, avec cette dernière annonce.
Il faut se rendre à l’évidence, en cette période
pré-électorale la machine UMP est rouillée et s’enlise
inéluctablement dans la boue nauséabonde des extrémismes.

Le long chemin des étrangers vers la France

Pour respecter la loi française, les étrangers qui souhaitent résider en France doivent se rendre en préfecture. Ce qui les attend, c’est beaucoup de dossiers à remplir, de rendez-vous à prendre, de temps d’attente. Tout cela leur apprend la qualité administrative française. Reportage.

Une course aux chiffres aux effets dramatiques

Représentant la société civile dans les centres de rétention, la Cimade a présenté, jeudi 25 avril à Paris, un rapport accablant sur le sort réservé aux clandestins.

La course aux chiffres des immigrés sans papiers entraîne des conséquences humaines désastreuses. C’est ce que constate le rapport annuel de la Cimade qui dénonce aussi des pratiques policières et administratives aussi « absurdes » que « dramatiques » sur le plan humain.
Selon la Cimade, la durée légale de rétention s’est allongée de 12 à 32 jours, les centres se sont multipliés ainsi que le nombre de places (786 en 2003, 1 700 fin 2007). Enfin, l’annonce d’objectifs chiffrés d’expulsions (25 000 pour 2007 non atteint, 26 000 pour 2008) a eu des « effets dévastateurs » estime aussi la Cimade. 181190.jpg

En région aussi, Jean-Paul Nunez, délégué national de la Cimade sur Montpellier, trouve intolérable les conséquences de quotas sur le traitement des immigrés clandestins : « On veut faire du chiffre et pour ça, on n’hésite pas à remettre en cause l’Etat de droit. »

Des droits de plus en plus souvent bafoués

Le nombre d’interpellations, et surtout leurs motifs, ne cessent d’augmenter sans pour autant déboucher sur des expulsions. « Le travail des tribunaux et des magistrats est bouleversé avec l’augmentation constante des quotas », regrette Jean-Paul Nunez qui se déclare aussi irrité par la manière dont les gens sont appréhendés par une « police de l’immigration ». « Les interpellations se déroulent de manière dramatique. Ces deux dernières années, la souffrance des personnes devient de plus en plus insoutenable. Beaucoup ont été cherchés directement à leur domicile et sont terrorisés ».
Sur la région Languedoc-Roussillon, la capacité de rétention des sans-papiers a triplé : « Nous sommes passés de 60 places à 180 avec l’extension du centre de Rivesaltes et surtout la création de celui de Nîmes ». En moyenne, une personne sur deux, placée dans ces centres, est libérée sous dix jours dans la région. « Les centres régionaux sont le plus souvent occupés par des Marocains. Mais si jusqu’alors, il n’y avait pas beaucoup de femmes et d’enfants, cela ne va pas en s’arrangeant », déplore Jean-Paul Nunez.
Un constat partagée par Julie Chansel, coordinatrice du rapport de la Cimade, évoquant la conséquence de la course au chiffre : « Elle s’accompagne de la mise en place progressive d’un dispositif juridique qui réduit les droits des étrangers ».