A Bernauer Strasse, une commémoration placée sous le signe de l’émotion et du souvenir

Le Mémorial du Mur de Berlin ouvre le bal des commémorations en ce matin du lundi 9 novembre. Au 111 de la Bernauer Strasse, un bout de mur encore intact avec son mirador, une chapelle protestante de la réconciliation, un monument du souvenir et un centre de documentation… Quelques centaines de personnes, petites et grandes, sont venues rendre hommage aux victimes du Mur.

Il est des lieux où l’Histoire a laissé ses traces. Bernauer Strasse est de ceux-là. La construction soudaine du Mur, le 13 août 1961, a eu des conséquences particulièrement dramatiques pour les habitants de ce quartier. La rue a été divisée en deux. Ainsi, familles, amis et voisins furent séparés. Soudain, la maison d’en face faisait partie d’un autre système politique. Certains n’ont pas hésité à sauter de leurs fenêtres pour essayer de gagner Berlin Ouest et ont ainsi risqué leur vie. Certaines de ces tentatives de fuite réussirent. La violente séparation de la Bernauer Strasse a laissé derrière elle de profondes cicatrices, encore visibles aujourd’hui : une portion du dispositif de démarcation a été conservée.

C’est sur ce site que se dresse aujourd’hui le Mémorial du Mur de Berlin. Érigé en 1998, il porte l’inscription « À la mémoire de la division de Berlin du 13 août 1961 au 9 novembre 1989 et aux victimes du règne par la violence de la dictature communiste ». Le Mémorial comprend un tronçon du dispositif frontalier long de 60 mètres, conservé dans sa configuration originelle. Y a été ajouté un monument du souvenir, un centre de documentation du Mur de Berlin et la « Kapelle der Versöhnung » (la chapelle de la réconciliation). Ce qui constitue un ensemble de témoignages historiques qui sera transformé en un vaste lieu de mémoire au cours de ces prochaines années.

En ce lundi matin, la chapelle protestante de la réconciliation a accueilli une cérémonie religieuse rendant hommage aux victimes du Mur. Au milieu de la foule, des Berlinois, mais aussi des Autrichiens, des Polonais. Des enfants, des parents, des personnes âgées. L’émotion était palpable au milieu de cette foule disparate. À l’image de cette femme mettant une bougie devant le monument du souvenir. Nombreux furent ceux qui rendirent hommage par le dépôt d’une petite lumière ou d’une fleur. Un des côtés du Mur a effectivement accueilli des centaines de roses en son sein. Rouges, blanches, orangées. Des couleurs contrastant avec le froid et la tristesse que dégage cette paroi grise.