Elle s’habille chic dans les poubelles

«Il n’y a pas longtemps j’ai trouvé un jean Levi’s et une robe Etam.» Amy fait parfois les magasins, mais ce qu’elle aime surtout, c’est fouiller dans les poubelles de Montpellier. Si elle regarde encore autour d’elle, consciente de faire un geste étrange, l’étonnante fouineuse est toujours contente d’échanger sur ses trouvailles. Entretien avec une jeune professeure des écoles de 23 ans, qui s’habille « chic récup’ » :

  • Comment t’es venue l’idée de récupérer des fringues dans les poubelles ?

C’est une évidence pour moi. Si les gens ne veulent plus de quelque chose, je me dis que je peux le prendre. Et plutôt que de laisser l’objet à son triste sort, je préfère le récupérer. Souvent, je tombe sur ces vêtements quand je me balade. Alors je me dis que ce n’est pas pour rien qu’ils sont sur mon chemin. J’aime la gratuité et puis je ne trouve pas ça crade. Je n’ai pas peur de prendre les habits dans mes mains, de les analyser sous toutes leurs coutures.

  • Pourquoi ne fais-tu pas comme la plupart des gens, c’est-à-dire, acheter dans les magasins ?

À choisir, je préfère trouver quelque chose qui me plaît dans les poubelles plutôt que de l’acheter dans les magasins. Ce que je fais rarement pour des raisons éthiques. Payer pour des vêtements fabriqués en Asie, dans des conditions de travail lamentables m’attriste. Ça m’arrive tout de même de craquer pour des pièces qui me plaisent beaucoup. Mais j’essaye d’aller plutôt dans des vides-dressing, on y trouve plein de belles choses.

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  • Comment reconnais-tu une poubelle qui a du potentiel ?

La plupart du temps les vêtements sont posés sur ou à côté des conteneurs. Je fouille rarement dedans. À part quand c’est un déménagement. Là, il y a plein d’affaires qui dépassent, ça déborde ! Dans ce cas-là je regarde dans les poubelles pour voir s’il y a d’autres trésors. Et c’est souvent le cas. Sinon pour les bons plans le dimanche ou le lundi matin c’est pas mal. Les gens prennent de leurs temps pour faire le tri dans leurs affaires. Et dans mon quartier je connais les grandes résidences où il y a fréquemment des vêtements.

  • Quels genres d’habits trouves-tu ?

De tout ! Dernièrement j’ai trouvé un jeans Levi’s et une robe Etam. Les collants, les t-shirts, les robes sont aussi légions. Parfois je m’amuse à les customiser. J’utilise surtout mes ciseaux. Etant donné que c’est gratuit, je n’ai pas de remords à les trouer. Je fais des crop tops (des hauts courts) avec des t-shirt larges, des shorts avec des jeans ou juste des trous. Mais je ne garde pas tous les vêtements. J’en distribue certains à mes amis ou je les donne à la Gratiferia aux Arceaux. C’est un événement qui a lieu une fois par mois, tout est gratuit.

  • Trouves-tu autre chose dans les poubelles ?

Oui, plein de meubles de mon appart’ viennent de la rue. Mes produits de beauté aussi. J’ai peut-être des pouvoirs magiques ! Dernièrement j’ai senti que je trouverais quelque chose en prenant un chemin que je n’avais jamais pris pour rentrer. Et j’ai trouvé la plus grosse pile de livres d’apprentissage du français de ma vie ! Ça tombe bien : je donne des cours de français ! Et c’était dans les poubelles, je n’ai rien volé !

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Pic Saint-Loup, 50 ans de saga

Des années d’efforts et de combats pour obtenir trois lettres : AOC. Sophie Landreau, directrice du syndicat des vignerons du Pic Saint-Loup raconte la saga cinquantenaire de ce grand vin.

En septembre 2016, moins d’un mois après que les parcelles du Pic Saint-Loup aient été durement frappées par la grêle, l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) a émis un avis favorable au classement du terroir Pic Saint-Loup en Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). Cette reconnaissance aura mis plus de 13 ans à aboutir. Sophie Landreau, directrice du syndicat de vignerons raconte.

Comment les vignerons ont accueilli le passage en AOC ?

Tout d’abord, c’est un travail qui se fait depuis 13 ans et repose sur l’historique, le savoir-faire et l’expérience de l’appellation. Avec l’épisode de grêle qui a ravagé les parcelles de vignes durant le mois d’août 2016, la reconnaissance du Pic Saint-Loup en AOC un mois après a particulièrement été symbolique pour les vignerons. Ils l’ont accueilli comme une belle récompense. Cette reconnaissance est à la fois pour les viticulteurs d’aujourd’hui mais aussi pour les anciennes générations qui ont façonné les vignes pour qu’elles existent aujourd’hui. Ce passage en AOC est l’aboutissement d’un travail de 50 ans vers la qualité. Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir des domaines transmis de génération en génération. D’autres sont donnés à de nouveaux venus mais toujours avec une logique de transmission de la part des anciens vignerons. La prochaine étape pour le syndicat est de faire reconnaître également ses vins blancs et d’aller encore plus loin dans la hiérarchisation des vins du Pic Saint-Loup.

Pourquoi le Pic Saint-Loup est une appellation historique ?

Jusqu’en septembre dernier, nous étions une dénomination « AOC Pic Saint-Loup Languedoc » avec le cahier des charges de l’AOC Languedoc. Dans les années 70, les vignerons ont fait le choix de se tourner vers la qualité plutôt que la quantité. Cela a mis du temps car la vigne est quelque chose qui évolue sur le long terme et les cépages mettent du temps à se développer. Ensuite, la hiérarchisation du Pic Saint-Loup dans les vins du Languedoc s’est faite dans les années 80. Une modification très importante du cahier des charges s’est établie durant les années 90. Cela avait pour but d’exprimer les spécificités des vins du Pic Saint-Loup. Nous pouvons dire que la saga du Pic Saint-Loup commence avec cette modification très forte et la volonté d’aller vers une appellation en nom propre. C’est le socle de l’histoire du Pic Saint-Loup.

Sachant que les vins du Pic Saint Loup sont reconnus par les amateurs et jouissent d’une forte notoriété, quel est l’intérêt, pour les vignerons, d’obtenir une reconnaissance en AOC ?

Ce qui nous importe, c’est de se protéger et de protéger le nom du Pic Saint Loup à l’échelle national et internationale. Vis-à-vis de la loi et de la protection des noms, nous étions très limités pour intervenir contre les personnes qui pouvaient utiliser l’appellation frauduleusement. Désormais, nous pourrons intervenir plus facilement et avec plus de légitimité. C’est l’intérêt majeur de la reconnaissance du Pic Saint-Loup. De plus, l’AOC est aussi une garantie pour le consommateur. Les acheteurs savent que derrière l’appellation, il y a un cahier des charges de production contraignant.

Quelles ont été les différentes étapes pour que le Pic Saint-Loup soit reconnu AOC ?

La première chose à savoir est qu’une reconnaissance AOC est très longue. En 2003, le syndicat du vignoble du Pic Saint-Loup a formulé une demande de reconnaissance AOC à l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO). Cette demande détaille toutes les spécificités du terroir et toute son histoire. L’Institut National prend en compte à la fois les caractéristiques géologiques, historiques, humaines et tout ce qui est lié au savoir-faire et à la conduite des vignobles. Lorsque l’INAO a répondu favorablement à la demande, une commission d’expert s’est réunie pour travailler, en premier lieu, sur l’aire géographique de l’appellation. Une fois le périmètre général approuvé, nous avons détaillé, avec des experts mandatés, la délimitation de chaque parcelle. Autrement dit, il y a eu une sélection de toutes les parcelles correspondant aux critères géologiques de l’appellation grâce à de nombreuses analyses de sol…
Aujourd’hui, nous avons encore des délais administratifs car l’appellation est soumise à la signature de plusieurs ministres. Ensuite, le décret paraîtra dans le Journal Officiel qui homologuera le cahier des charges. Nous retrouverons le sigle AOC sur les bouteilles du millésime 2017.

AOC, AOP, IGP… Glossaire des appellations du vin

AOC, AOP, IGP… Voici quelques-unes des appellations que le consommateur peut retrouver sur les étiquettes des bouteilles de vin mais que signifient-elles ? Sont-elles vraiment synonyme de qualité ? Présentation des différents sigles pour pouvoir les décrypter plus facilement.

Comme 55% des français, vous n’êtes pas connaisseur de vin et depuis deux heures, vous êtes dans les rayons infinis de vin dans un supermarché ? Vous n’y comprenez rien entre AOC/AOP, IGP et autres sigles/appellations ? Voici un glossaire pour s’y retrouver.

Le maquis des sigles.

L’appellation d’origine contrôlée (AOC) a été mise en place en France en 1935 pour lutter contre les fraudes et protéger le nom du vin. Depuis 1990, les AOC désignent l’ensemble des produits agricoles et alimentaires dont toutes les étapes de fabrication, de production et de transformation sont concentrées dans la même zone géographique. Concernant les vins, l’appellation, fixée par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), définit également les cépages autorisés et leurs proportions, les méthodes de culture et de taille des vignes, les rendements maximaux (en hectolitres par hectare), le degré d’alcool, les techniques de vinification et les durées d’élevage autorisées. L’appellation d’origine protégée (AOP), équivalent européen de l’AOC, a été établie en 1992 et appliqué aux vins en 2009.

Dénomination européenne, l’Indication Géographique Protégée (IGP) remplace, depuis 2009, son équivalent français : le vin de pays. L’IGP, appellation géographique dont le cahier des charges est moins restrictif que l’AOC, protège les vins dont au moins une des étapes de culture ou de vinification a eu lieu dans la zone géographique. Il existe trois types d’IGP : régionales, départementales et de petites zones.

Au dernier niveau, les Vins Sans Indication Géographique (VSIG) aussi appelés Vins de France (et anciennement nommé Vin de table), regroupent les vins dont l’origine géographique n’est pas spécifiée sur l’étiquette et qui sont définis via leurs cépages ou des noms de marque.

Quelle appellation choisir ?

En théorie, les vins de meilleure qualité seraient les AOC/AOP et ceux de moindre qualité seraient des VISG. Mais, selon l’association de consommateur UFC-Que Choisir, l’AOC est aujourd’hui « une appellation galvaudée ». Si le système des appellations est utile pour garantir aux consommateurs la protection de terroirs viticoles et le savoir-faire des vignerons, il est insuffisant pour juger de la qualité d’un vin. Qui reste avant tout une affaire de goût… Heureusement.