En préparant un café ristretto, Aurel avoue qu’il n’était pas destiné à devenir dessinateur. Dans sa jeunesse, il considère le dessin comme un simple loisir qu’il ne cherche pas à partager.
Au lycée, passionné de musique, il a les cheveux longs et joue du piano dans plusieurs groupes. Son jazzband, le Flying Pélardon, acquiert même sa petite renommée. Seulement le jazz, confie-t-il avec un sourire malicieux, « c’est moins funky et sexy que le hard rock pour devenir la star du lycée.»
« Charb, c’était mon idole quand j’avais 15 ans.» Encore maintenant, il a les yeux qui sourient en parlant du dessinateur de Charlie Hebdo, notamment « son trait, d’une efficacité redoutable et son humour dévastateur. C’est le seul qui puisse me faire hurler de rire ». À cette époque, il ne conçoit pas le métier de dessinateur autrement que par la publication dans Charlie Hebdo, véritable institution à ses yeux. Il commence donc à leur envoyer ses dessins mais son parcours sera tout autre.
Après un bac scientifique et deux échecs au concours de pharmacie, il envisage enfin une carrière artistique. Comme aucune école d’arts ne lui ouvre ses portes, il s’inscrit en BTS de bio-chimie sous la pression de ses parents. « Après deux ans de bachotage en pharma, c’était facile à suivre. » Il s’offre alors le luxe de suivre, en parallèle, une formation de bande dessinée par correspondance. Major de promo, il refuse la place en école d’ingénieur qui lui est pourtant réservée.
« Je considère Tignous comme mon père dans le métier »
En terminant sa tasse de café, Aurel explique que tout s’accélère lors de sa rencontre avec Tignous, dessinateur à Charlie Hebdo. Il devient en quelque sorte son mentor et lui permet d’atteindre l’objectif qu’il s’est fixé : percer dans le métier en seulement un an. Il aide Aurélien, le conseille, le soutient, critique son travail lorsque c’est nécessaire. Aurélien encaisse et progresse. « C’est difficile de ne pas prendre la critique de manière personnelle quand tu mets tes tripes dans chaque dessin, encore aujourd’hui ». Le travail paie, il commence à publier dans l’Héraut du jour, Cocazine et le Courrier du club de la presse de Montpellier.
Aurélien doit choisir rapidement une signature, un nom qui deviendra sa deuxième identité, celle de l’artiste. Bien que cela n’ai jamais été son diminutif, il devient Aurel.
« Là où je suis le plus à l’aise et le plus heureux c’est derrière ma planche à dessin.» Aurel fait un choix risqué mais payant, celui de renoncer à la capitale et son réseau. En vivant à Montpellier, il a prit le parti de conserver un confort de vie personnel et familial pour produire des dessins de qualité.
Un pied dans l’engrenage de la presse régionale, s’ensuivent de nombreuses publications notamment dans : Psikopat, Le Monde, CQFD, Jazzmagazine, Politis, le Nouvel Observateur ou encore Yahoo ! Actualité. Il varie les supports et les exercices : « Sujets imposés ou carte blanche, tout est stimulant. »
« Dans le boulot, c’est l’envie et le désir qui prime »
S’il tire le principal de ses revenus du dessin de presse, Aurel se considère avant tout comme un dessinateur tout court. Il ne se prive de rien, il veut goûter à tout. Illustrations de plusieurs bandes dessinées et de carnets de voyages, co-réalisation d’un court métrage d’animation avec Florence Corre, co-initiateur de la première application smartphone et internet française d’abonnement à du dessin de presse : Ça ira mieux demain. Il n’est pas boulimique de travail, il est juste gourmand.
Actuellement, il prévoit l’illustration de trois bandes dessinées et un film d’animation en long métrage. Un autre projet qui lui tient à cœur : achever l’écriture d’un disque, dont les chansons seront interprétées par des amis chanteurs.
Aurel ne sait pas où il sera dans dix ans, mais une chose est sûre il sera là où il a envie d’être, il ne veut rien s’interdire.