Il y a du monde dans toute la ville, des lumières partout, de la musique à tous les coins de rue. Les vendeurs de vin chaud crient à tue-tête pour attirer la clientèle : « Vin chaud, vin chaud ! », « Un p’tit coup de chaud pour tout le monde ». « C’est bon aussi pour les enfants » plaisante une vendeuse à l’angle des rues Saint-Jean et Bombarde. Lyon fête ses lumières et pendant quatre jours, la ville s’immobilise.
Les rues sont encombrées par la foule. Les transports en communs sont pleins à craquer. Et il devient difficile de circuler dans le centre-ville. Les Lyonnais sont donc de plus en plus nombreux à fuir les Illuminations. Tout ce monde et l’attente dans le froid les dissuadent de sortir. Florence habite dans la banlieue lyonnaise, elle n’a pas quitté son appartement de tout le weekend : « Je n’ose pas aller en ville. J’ai peur qu’il y ait trop de monde et qu’il faille faire des heures de queue pour ne pas voir grand-chose ». Quelques courageux sortiront seulement le samedi 8 décembre. Car c’est bien cette date qui est à l’origine des Illuminations. La fête des Lumières c’est avant tout le moment où chacun met des petits lumignons à ses fenêtres. Beaucoup cultivent encore la tradition. Certains préféreront sortir le dimanche soir, espérant trouver des rues un peu plus calmes.
Entre deux animations, on croise donc majoritairement des touristes. Dans le métro, deux quinquagénaires Ardéchois se renseignent sur le chemin à prendre pour se rendre dans le vieux Lyon. Manque de chance, ceux à qui ils s’adressent sont aussi des touristes : « On est comme vous, on vient de la campagne. On est un peu perdu ». Des Français sont venus de tout le pays mais aussi des étrangers. Les Italiens sont les plus nombreux. Et la notoriété de la fête des Lumières s’étend petit à petit : « Hier j’ai même entendu des gens parler une langue que je ne connais pas », affirme Ludwig, jeune Lyonnais.
Les enfants aussi sont nombreux. Les poussettes gênent d’ailleurs souvent la circulation dans des rues où il est déjà difficile de faire des gestes les bras tendus. Au restaurant McDonald’s des Cordeliers, samedi soir, une mère change la couche de son bébé à même la table sur laquelle elle vient de manger !
Pour gérer tout ce monde, la gendarmerie est déployée dans les secteurs les plus fréquentés. Une dizaine de fourgons borde la place Bellecour. La police, elle, encadre à moto la procession aux flambeaux du samedi soir. Philippe Barbarin, l’archevêque de Lyon mène la marche depuis la cathédrale Saint-Jean, jusqu’à la basilique de Fourvière.
Des postes de secours sont installés, par-ci, par-là. De temps en temps, la masse de gens s’ouvre, comme la mer devant Moïse, pour laisser passer un camion de pompier ou une ambulance. Les consignes de sécurité sont même incorporées à certaines animations. Sur la place des Terreaux, le public, guidé par une voix féminine, suit les flèches vertes pour sortir de la place une fois le spectacle fini. Dans le métro, on reçoit aussi la consigne d’« utiliser tout l’espace disponible et de libérer l’accès aux portes ».
Pour tous ceux qui bravent le froid et la foule, l’émerveillement est au rendez-vous. Petite déception tout de même : certaines animations ont un air de déjà-vu.
Mais globalement, de la Confluence – le nouveau quartier que la ville souhaite dynamiser – jusqu’à l’Ile Barbe, on en prend plein la vue et on en voit de toutes les couleurs. D’ailleurs, rares sont ceux qui ne prennent pas de photos. Les appareils sont dans toutes les mains. Les flashs crépitent. Et de la montée du chemin neuf, qui mène à la colline de Fourvière, le public ressemble à un ciel étoilé devant la cathédrale Saint-Jean. Les écrans d’appareils et de mobiles scintillent par centaine.
Sur le place Bellecour, les plus dégourdis montent sur les Vélo’v et pédalent pour éclairer le Magic cube et la statue de Louis XIV qui trône au milieu de la place. Une bonne solution pour se réchauffer et participer on ne peut plus activement à la fête.