Saïd Niroumand: « Ils nous traitaient moins bien que des chiens »

Saïd Niroumand est sans-papiers. Il vit à Lyon depuis trois ans et entame une nouvelle procédure pour obtenir le statut de réfugié politique qui lui a déjà été refusé deux fois. Il a réussi à récupérer de nouvelles pièces qui confirment son récit et espère pouvoir les faire valoir pour obtenir un titre de séjour.

Né en Iran en septembre 1982, Saïd Niroumand a grandi dans une petite ville du sud-ouest Iranien. À 18 ans, il fait son service militaire chez les Pasdarans – les gardiens de la révolution. Il découvre alors un islam qu’il ne connaissait pas, qui le stupéfait d’abord, le révolte ensuite. À son retour de conscription, il forme un réseau secret avec quelques amis pour discuter politique, se former, partager les lectures et les connaissances. Le petit groupe jette des tracts dans la rue la nuit, dénonçant les discriminations faites aux femmes, une fois, incriminant le régime d’autres fois. Une nuit de tractage, son cousin disparaît. Il ne reviendra jamais. Saïd se sait en danger, il fuit le matin même – quelques semaines plus tard son domicile sera perquisitionné et son père torturé.

Le parcours du combattant : les galères ordinaires du migrant illégal

Il se réfugie chez un ami à Chiraz, près de chez lui, où il entre en contact avec un passeur. Arrivé en Turquie quelques semaines plus tard, il y séjourne trois mois avant d’obtenir un passeport danois. C’est accompagné d’une plantureuse lituanienne – qui détournera les éventuelles suspicions en jouant de ses charmes – qu’il décolle pour Paris en avril 2009. Il rejoint ensuite Lyon en train, où l’attend un nouveau contact qui devra l’emmener vers l’Angleterre. Le passeur ne viendra jamais, la police, si. On prend ses empreintes, on le photographie et on l’interroge. Il entreprend alors un voyage vers Calais pour gagner l’Angleterre. À Calais, la misère se conjugue à tous les temps. Saïd se souvient de la brutalité des passeurs, de leur manque d’humanité : « ils nous traitaient moins bien que des animaux ». Il arrive en Grande-Bretagne début mai 2009. Après trois mois sur le territoire anglais, il est finalement expulsé vers Lyon le 13 juillet [[Les accords de Dublin prévoient de renvoyer les immigrés sans-papiers vers le premier « pays sûr » dans lequel ils sont arrivés]]. Il dort quelques mois dehors puis enchaîne les hébergements précaires, il apprend la langue et la culture d’une société qu’il ne connaît pas et vit la peur quotidienne de milliers de sans-papiers en France. Sa première demande d’asile puis son recours seront refusés, faute de preuve de son … athéisme. Saïd se demande, perplexe : « comment prouver son athéisme ? Comment prouver mes activités militantes alors même qu’elles étaient par nature secrètes ? »
De demande d’asile en recours administratif, Saïd se fait des amis, rencontre des militants communistes comme lui, accumulent les petits boulots. En septembre 2012, il réussit à s’inscrire en licence d’histoire et de sciences politiques. Il entame aujourd’hui une nouvelle procédure de demande d’asile. Il est convaincu que c’est sur le terrain politique qu’il obtiendra une situation. Et même si aux yeux de beaucoup, son identité administrative éclipse ce qu’il est, il insiste : il est communiste avant d’être sans-papiers.

La Fête des Lumières à Lyon ou l’enfer de la foule

Organisée sur 4 jours depuis 1999, la Fête des Lumières de Lyon s’est déroulée cette année du 6 au 9 décembre. Cette 14ème édition a attiré plus de monde que la précédente. En effet, même s’il est difficile de donner un chiffre précis, l’Office du tourisme du Grand Lyon a enregistré 46 303 visites pendant les quatre jours. C’est 54 % de plus que l’année dernière.

Grande Roue. Place Bellecour.
Il y a du monde dans toute la ville, des lumières partout, de la musique à tous les coins de rue. Les vendeurs de vin chaud crient à tue-tête pour attirer la clientèle : « Vin chaud, vin chaud ! », « Un p’tit coup de chaud pour tout le monde ». « C’est bon aussi pour les enfants » plaisante une vendeuse à l’angle des rues Saint-Jean et Bombarde. Lyon fête ses lumières et pendant quatre jours, la ville s’immobilise.

Même dans le centre-ville on garde la tradition des lumignons aux fenêtres le soir du 8 décembre.
Les rues sont encombrées par la foule. Les transports en communs sont pleins à craquer. Et il devient difficile de circuler dans le centre-ville. Les Lyonnais sont donc de plus en plus nombreux à fuir les Illuminations. Tout ce monde et l’attente dans le froid les dissuadent de sortir. Florence habite dans la banlieue lyonnaise, elle n’a pas quitté son appartement de tout le weekend : « Je n’ose pas aller en ville. J’ai peur qu’il y ait trop de monde et qu’il faille faire des heures de queue pour ne pas voir grand-chose ». Quelques courageux sortiront seulement le samedi 8 décembre. Car c’est bien cette date qui est à l’origine des Illuminations. La fête des Lumières c’est avant tout le moment où chacun met des petits lumignons à ses fenêtres. Beaucoup cultivent encore la tradition. Certains préféreront sortir le dimanche soir, espérant trouver des rues un peu plus calmes.

Rue de la République, dimanche 9 décembre.

Entre deux animations, on croise donc majoritairement des touristes. Dans le métro, deux quinquagénaires Ardéchois se renseignent sur le chemin à prendre pour se rendre dans le vieux Lyon. Manque de chance, ceux à qui ils s’adressent sont aussi des touristes : « On est comme vous, on vient de la campagne. On est un peu perdu ». Des Français sont venus de tout le pays mais aussi des étrangers. Les Italiens sont les plus nombreux. Et la notoriété de la fête des Lumières s’étend petit à petit : « Hier j’ai même entendu des gens parler une langue que je ne connais pas », affirme Ludwig, jeune Lyonnais.

Les enfants aussi sont nombreux. Les poussettes gênent d’ailleurs souvent la circulation dans des rues où il est déjà difficile de faire des gestes les bras tendus. Au restaurant McDonald’s des Cordeliers, samedi soir, une mère change la couche de son bébé à même la table sur laquelle elle vient de manger !
La foule est au rendez-vous.

Les fourgons de la Gendarmerie encerclent la Place Bellecour.
Pour gérer tout ce monde, la gendarmerie est déployée dans les secteurs les plus fréquentés. Une dizaine de fourgons borde la place Bellecour. La police, elle, encadre à moto la procession aux flambeaux du samedi soir. Philippe Barbarin, l’archevêque de Lyon mène la marche depuis la cathédrale Saint-Jean, jusqu’à la basilique de Fourvière.

La Basilique de Fourvière vue du parc des Hauteurs.

Des postes de secours sont installés, par-ci, par-là. De temps en temps, la masse de gens s’ouvre, comme la mer devant Moïse, pour laisser passer un camion de pompier ou une ambulance. Les consignes de sécurité sont même incorporées à certaines animations. Sur la place des Terreaux, le public, guidé par une voix féminine, suit les flèches vertes pour sortir de la place une fois le spectacle fini. Dans le métro, on reçoit aussi la consigne d’« utiliser tout l’espace disponible et de libérer l’accès aux portes ».
Certaines consignes de sécurité sont intégrées aux animations, comme sur la place des Terreaux.

1,1 millions spectateurs pour
Place des Terreaux, on en voit de toutes les couleurs.
Pour tous ceux qui bravent le froid et la foule, l’émerveillement est au rendez-vous. Petite déception tout de même : certaines animations ont un air de déjà-vu.

Mais globalement, de la Confluence – le nouveau quartier que la ville souhaite dynamiser – jusqu’à l’Ile Barbe, on en prend plein la vue et on en voit de toutes les couleurs. D’ailleurs, rares sont ceux qui ne prennent pas de photos. Les appareils sont dans toutes les mains. Les flashs crépitent. Et de la montée du chemin neuf, qui mène à la colline de Fourvière, le public ressemble à un ciel étoilé devant la cathédrale Saint-Jean. Les écrans d’appareils et de mobiles scintillent par centaine.

Rue du Président Edouard Herriot.
Les couleurs de la queue du dragon se reflètent dans la fontaine.

10 000 cyclistes ont pédalé sur les velo'v place Bellecour pour illuminer le Magic Cube conçu par Gilbert Moity.
Sur le place Bellecour, les plus dégourdis montent sur les Vélo’v et pédalent pour éclairer le Magic cube et la statue de Louis XIV qui trône au milieu de la place. Une bonne solution pour se réchauffer et participer on ne peut plus activement à la fête.
On pédale, on pédale.
Tout à coup, la statue s'illumine.

Sur la colline de Fourvière trône le traditionnel écriteau

Fête des Lumières : le casse-tête des transports lyonnais

Chaque année, pendant les quatre jours de la fête des Lumières, le réseau TCL (Transports en commun lyonnais) transporte des milliers de passagers. Le réseau est modifié et les transports sont pleins : un enfer pour les Lyonnais qui préfèrent rester chez eux au chaud. Certains quittent même la ville. En effet, peu de Lyonnais ont le courage d’attendre dix à quinze minutes pour rentrer dans une station de métro ou faire en une heure un trajet qui dure d’habitude un quart d’heure.

Un important dispositif est mis en place par les TCL pour que tout se passe au mieux et que la clientèle puisse voyager sans problème, mais beaucoup d’usagers n’en voient ni le sens, ni l’efficacité. Ce dispositif est défini par le SYTRAL (l’autorité organisatrice des transports de l’agglomération lyonnaise) dès le mois de septembre et est validé ensuite par Keolis (opérateur privé de transports public de voyageurs) qui exploite le réseau.

Il comprend des tickets de bus « en fête » sont mis en vente. Pour 2,60 euros, ils permettent de circuler sur l’ensemble du réseau de 16 h et jusqu’à la fin du service. Malheureusement, l’information concernant le principe de ces tickets passe mal auprès des nombreux touristes : « Il y a beaucoup de touristes qui demandent à se faire rembourser leur ticket parce qu’ils croyaient qu’ils allaient pouvoir l’utiliser le dimanche matin, alors qu’ils quittent Lyon avant l’heure où le ticket est valable », rapporte Yves, agent de ligne en charge de la station de métro Bellecour.

Puisque les plus grosses animations des illuminations se déroulent sur la Presqu’île, le dispositif est concentré dans le centre-ville et plus particulièrement sur les stations de métro Bellecour, Perrache, Vieux Lyon et Hôtel de Ville. Les bus transitant habituellement vers la place Bellecour et ses alentours, sont tous déviés vers la gare de Perrache, ce qui provoque une surcharge de celle-ci, d’habitude plutôt calme.

Les bus se remplissent en quelques secondes à la gare de Perrache. Certains usagers sont contraints d'attendre le prochain bus.

Pendant les quatre jours, des parcours sont organisés dès 16h dans les couloirs des stations de métro pour que les flux de passagers n’aient qu’une seule direction . « Les gens râlent tout le temps à cause de ça, mais ils ne se rendent pas compte que c’est pour que ça avance mieux », indique l’agent de ligne. Un affichage mobile est posé. Des agents de médiation, employés par la société Medialys, et des agents de sécurité, sont en poste dans de nombreuses stations de métro et arrêts de tram. Cette année, sur toute la durée de la fête, ce sont 173 agents de médiations et 381 agents de sécurité des sociétés APR, Prestige et Abscisse qui ont été mobilisés. Les postes d’agents de ligne ont aussi été doublés.

Le dispositif le plus poussé est celui de la station Bellecour

C’est la station de Bellecour que gère Yves qui a « le dispositif le plus complet puisque tous les usagers du réseau y passent forcément ». Samedi 8 décembre, journée la plus chargée, « les quais de Bellecour n’ont pas désempli de 16h à 19h. Les gens ont piétiné pendant trois heures », rapporte Yves, stupéfait. Le soir, il a même fallu faire tourner le service quarante-cinq minutes de plus que prévu pour évacuer tout le monde. Avec Yves, six agents de ligne TCL étaient en poste par jour au lieu de trois. Sur cette seule station, 108 agents de sécurité se sont occupés de gérer la clientèle de 15h30 à 2h du matin.

Globalement, tout s’est bien passé. Seul un incident technique sur la ligne D – circulant entre Vaise et Venissieux – a interrompu le service pendant une heure le vendredi 7 décembre au soir. Et comme à chaque fois que le service est interrompu, les TCL devront payer une amende à l’operateur Keolis pour chaque minute d’immobilisation des rames.

Rencontre avec le mouvement islamique Ennahda à Lyon

La Tunisie s’apprête à élire une assemblée constituante, le 23 octobre prochain, afin de tourner définitivement la page du régime Ben Ali. Pour la première fois, les Tunisiens de l’étranger seront également représentés. En France, des scrutins auront lieu les 20, 21 et 22 octobre. L’Hexagone a été divisé en deux circonscriptions: le nord (Paris, Pantin, Strasbourg) et le sud (Lyon, Marseille, Toulouse, Grenoble, et Nice). Le mouvement islamique Ennahda, favori des élections, sera représenté pour la tête de liste sud par un Lyonnais. Rencontre.

Un bureau, un ordinateur, une grande table de réunion, un canapé, et un cadre orné d’un verset du Coran. C’est le nouveau local des militants d’Ennahda (Renaissance), le parti islamique tunisien. Situé à Saint-Priest, dans la banlieue lyonnaise, il est «provisoire, le temps des élections», nous confie Neji Jmal, tête de liste du mouvement, accompagné de trois militants.
A première vue, rien n’indique les orientations politiques de ce cadre de 46 ans, docteur en histoire et père de 5 enfants. S’exprimant dans un français impeccable, ce réfugié politique arrive en France en 1986, pour ses études.
Mais il ne retournera pas en Tunisie, le dictateur Ben Ali mène alors une campagne de répression terrible contre le mouvement, accusé de vouloir le renverser. Des milliers de militants sont arrêtés et torturés, d’autres, à l’instar du leader Rached Ghannouchi, sont contraints à l’exil. S’en suit une longue traversée du désert pour le mouvement.

« Nous ne voulons pas gouverner seuls »

Jusqu’à cette fameuse révolution, inaugurant le printemps arabe. Pendant des années, le parti est parvenu à maintenir une structure, essentiellement à l’étranger, malgré la répression et la dispersion de ses membres. Son activité consistait essentiellement à organiser des conférences pour dénoncer la situation des droits de l’homme, et à collecter des fonds pour les familles en Tunisie dont les membres étaient en prison.
Comme tous les observateurs, les dirigeants d’Ennahda n’ont rien vu venir, surpris par l’ampleur du soulèvement. «Pour les plus optimistes des Tunisiens, le changement pouvait venir de l’intérieur du système, mais personne n’imaginait un soulèvement populaire» admet Neji Jmal. Le parti soutient bien évidemment la révolution, mais tient à ne pas apparaître sur le devant de la scène. «Nos membres ont rejoint la révolution en Tunisie, et nous avons organisé des manifestations de soutien en France. Mais nous étions conscient que le régime tunisien était soutenu par les puissances occidentales. Et nous ne voulions pas que Ben Ali puisse prétexter des manifestations islamistes, pour diaboliser le soulèvement. Quant à ceux, en Tunisie, qui nous accusaient de vouloir récupérer la révolution, ils ne devraient pas oublier que c’est notre mouvement qui a le plus payé des années de plomb et qui a fait le plus de sacrifices».
Neji Jmal regrette que les puissances occidentales regardent le mouvement Ennahda «à travers les lunettes de Ben Ali». Il souhaite que son parti puisse travailler avec d’autres, à l’issue du scrutin :«Le mouvement Ennahda ne veut pas gouverner seul. La situation exige une participation politique large et un consensus entre les parties, d’autant que la rédaction de la Constitution concerne tous les Tunisiens. Toutefois si nous avons la majorité absolue nous assumerons». Mais la crainte de devoir diriger un pays seul se fait ressentir, car Ennahda n’en a pas l’expérience, et ne souhaite pas susciter l’hostilité des puissances occidentales, bien que le mouvement refuse toute ingérence.

La liberté, la dignité et la justice sont des valeurs islamiques

Neji Jmal tient à rassurer. Si le mouvement Ennahda est bien un mouvement islamique, il ne s’agit ni d’interdire ni d’imposer la religion par la force.
Certes, il tient à l’article premier de la Constitution qui dispose que «L’Islam est religion d’Etat», et ne conçoit pas «de voter une loi en contradiction avec nos références religieuses». De même qu’il n’envisage pas une quelconque relation avec Israël «tant que le problème palestinien ne sera pas réglé», une approche, selon lui, partagée par la majorité des Tunisiens.
Mais Neji Jmal tempère. «Nous avons notre lecture de l’Islam, que nous adaptons et que nous contextualisons. Par exemple, le système bancaire actuel fonctionne avec l’intérêt, ce qui est contraire à l’Islam. Mais le système de finance islamique n’est pas assez fort et répandu pour pouvoir l’adopter. Donc nous garderons le système traditionnel jusqu’à ce que nous trouvions un meilleur système. Nous appliquerons nos références petit à petit».
Une logique de persuasion, et non de contrainte, qui serait contre productive dans une Tunisie encore marquée par une laïcité imposée de manière autoritaire sous Bourguiba et sous Ben Ali. Neji Jmal tient toutefois à rappeler que «les valeurs que réclament les Tunisiens, la liberté, la justice, la dignité sont des valeurs islamiques. C’est cela qu’il faut commencer à mettre en place».
Une position partagée par les militants. Comme Bechir, qui ajoute qu’au sein du parti, «il existe des frères qui ne portent pas la barbe et des sœurs qui ne portent pas le voile. Nous sommes pour la liberté et tous ceux qui partagent notre programme peuvent nous rejoindre. Nous n’imposons rien à personne».
Ennahda tient à convaincre que son projet est d’édifier une Tunisie moderne et musulmane.

Légendes lyonnaises : la Tête d’Or du Christ toujours recherchée

Ce week-end, Haut Courant vous propose une série consacrée aux mystères. Dans la capitale des Gaules, les légendes sont aussi nombreuses que les bouchons lyonnais. Chaque quartier peut se targuer d’avoir une histoire non expliquée, un mystère historique ou une énigme fameuse à raconter. Mais de tous ces mythes urbains, un seul est connu et aimé de l’intégralité des Lyonnais : celui de la Tête d’Or du Christ.

Le parc de la Tête d’Or est le poumon de Lyon. Avec une centaine d’hectares de terrain, un lac et un jardin zoologique, il est la bouffée d’air vert de la ville. Tout Lyonnais a une histoire avec ce parc. L’apprentissage du vélo étant enfant, le jogging à la tombée de la nuit, les après-midi sur les grandes étendues d’herbe grasse et verte, le pique-nique à l’ombre d’un immense séquoia, les batailles de boules de neige dans les allées structurées à l’anglaise… on ne compte plus les témoignages prouvant que la Tête d’Or est bien le Jardin des Gones.

Une légende plusieurs fois centenaire

Mais peu connaissent la véritable histoire que renferment les enceintes de ce lieu. Le parc a été bâti en 1856 grâce aux paysagistes Denis et Eugène Bulher, et à l’instigation du sénateur-maire Claude-Marius Vaïsse qui voulait «offrir un jardin aux Lyonnais qui n’en ont pas.» Or, le nom du lieu ne trouve pas son origine lors de la construction du parc, il est beaucoup plus ancien. Sous François Ier, dans les années 1530, le terrain alors marécageux est déjà connu sous ce nom. Dès cette période, une légende circule à son propos. Des croisés auraient caché un trésor dans le sol flottant du terrain, dont une tête de Christ en or. Le mythe a ainsi perduré jusqu’au XIXe siècle, période à laquelle les recherches de la fameuse sculpture précieuse se sont accentuées.

L’une des versions de l’histoire mentionne une voyante qui aurait été engagée pour retrouver le trésor tant recherché. Mais cette interprétation est peu racontée car elle se termine beaucoup trop rapidement : la voyante aurait été incapable de soulager l’attente des Lyonnais, et la Tête d’Or serait restée introuvable.

Une autre variante de la légende est bien plus attrayante et plus amusante à conter. Elle tire son origine des canuts, les tisseurs de soie qui au XIXe siècle ont connu une longue période de crise. Lors de la construction du parc en 1856, les soyeux au chômage auraient été engagés pour aider à creuser le terrain destiné à l’accueil du futur lac. La pioche de l’un d’eux aurait butté sur un bloc dur. La Tête d’Or du Christ, après plusieurs siècles, est retrouvée.

Des canuts vénaux, un Christ attristé

C’est là que l’histoire prend un tournant hautement métaphysique. Les compagnons du bienheureux, envieux de sa trouvaille, le rossent de coups. Une violente rixe se déclenche rapidement. Il est alors raconté que le Christ, attristé par le comportement vénal de ces hommes, se serait mis à pleurer par l’intermédiaire de sa statue. Il faut croire que les pleurs du fils de Dieu sont perçus comme plus importants que n’importe quel mortel. Ses larmes auraient suffi à fournir toute l’eau du lac qui était en train d’être creusé. Par ce déluge, la Tête d’Or aurait été à nouveau perdue.

Si peu de Lyonnais connaissent la véritable histoire de la Tête d’Or, une grande partie sait cependant qu’une rare sculpture est enfouie dans les profondeurs du lac. Légende ou réalité, personne ne le sait vraiment, bien sûr. Mais il est fréquent, lorsque l’on se laisse promener le long des rives calmes du lac, d’entendre des enfants excités à l’idée de trouver le trésor perdu.

Et s’il neigeait à Montpellier…

La capitale languedocienne échappe depuis fin novembre aux massives chutes de neige qui touchent une partie importante du pays. Certaines villes, comme Lyon, se sont retrouvées partiellement ou totalement bloquées. Face à ces risques, la mairie s’estime « préparée ».

Un manteau blanc recouvrant la place de la comédie, des files interminables de voitures ralenties par la poudreuse, une situation rarement connue dans la cité méditerranéenne. Un dispositif existe pourtant pour contrer les effets néfastes des intempéries neigeuses. « Il y a quatre entreprises d’astreintes du 1er décembre au 31 mars et une régie des ateliers si nécessaires, on a en tout une dizaine de saleuses opérationnelles », affirme un des responsables du service de génie urbain de la ville. Le déclenchement du mécanisme dépend de météo France, une fois l’alerte donnée, une cellule de crise se met en place et les machines sont réquisitionnées. « Il faut deux heures, soutient le technicien, entre le signal et le déploiement des épandeuses sur la ville. »

Si l’exécution du dispositif est rapide, il reste soumis aux priorités. Deux circuits de salage existent, « Il y a tout d’abord le circuit d’urgence, qui comprend les voiries structurantes, les plus stratégiques, comme les grands axes de circulation et les voies de bus. Vient ensuite le circuit inter quartier », explique le responsable de la mairie. Selon ce technicien, les épisodes neigeux dans le montpelliérain sont généralement trop faibles pour emprunter les deux : « L’année passée, le plan a été mis en place plusieurs fois. Mais avec 5 à 10 cm au maximum, seul le premier parcours est emprunté. Je suis arrivé ici il y a trois ans et nous n’avons jamais eu besoin d’activer le second. »

Des solutions alternatives

Montpellier

Mais la faible intensité habituelle de ce type d’intempérie dans la région ne met pas Montpellier à l’abri de chutes de neiges exceptionnelles. Lyon en a fait l’amère expérience fin novembre. Couvert par 25 cm de neige, la cité rhodanienne est restée bloqué plusieurs heures durant et les critiques ont fusé en direction des services municipaux. Gérard Collomb, maire de Lyon, a invoqué un sentiment d’impuissance devant les journalistes de sa région : « Fallait-il faire autre chose que ce qui a été fait pour gérer cet épisode neigeux ? » Un constat partagé par le responsable montpelliérain du génie urbain, « Collomb a décidé de ne pas renforcer le dispositif lyonnais contre la neige. Une décision qui se justifie, Ces phénomènes sont trop sporadiques, surtout ici et ne valent pas le coup d’effectuer d’onéreuses dépenses. »

Le rapport de force est pourtant déséquilibré entre Montpellier et Lyon.. Gérard Collomb revendique la disposition d’une centaine de camions. Dans une telle situation de blocage, Hélène Mandroux pourrait faire appel aux services de la préfecture, qui activeraient alors le PIAM, Plan Intempéries de l’Arc Méditerranéen. Dirigé par le préfet de zone, situé à Marseille, il permet, selon Christophe Donnet, responsable du service interministériel de défense et de protection civile, « la centralisation des pouvoirs décisionnaires, stratégiques et arbitrales ». Une décision qui permet l’intervention de la sécurité civile mais enlève tout pouvoirs au maire de la ville. Pour l’agent de l’État, « Il faut vraiment que la mairie soit dépassée pour faire appel à nous, mais ça permet l’intervention de nombreux acteurs comme la police, la gendarmerie ou la Croix-Rouge. »

À Lyon, la Fête des Lumières est écolo

Le mois de décembre à Lyon est soumis à deux fêtes très importantes: Noël, bien sûr, mais également le 8 décembre qui célèbre les Lumières, vaste mise en valeur de la ville par des éclairages artistiques. Cette célébration de la Vierge Marie ouvre officiellement la période de Noël. Cette année, comme depuis 2002, la fête a l’immense mérite d’être écolo.

Plusieurs millions de visiteurs, 80 projets de mise en lumière, huit millions de lumignons vendus, et la totalité du parc hôtelier qui affiche complet pendant quatre jours, telle est la fête des Lumières à Lyon. Et si les habitants se plaignent désormais de ne plus pouvoir descendre dans les rues le huit décembre, c’est parce que ce soir-là, la ville est noircie de monde. En 1850, Lyon lance un concours pour la réalisation d’une statue de la Vierge Marie qui serait installée au sommet de la colline de Fourvière. Un an plus tard, c’est le sculpteur Fabisch qui voit sa statue plaquée or inaugurée le huitième jour du mois de décembre. À cette occasion, les lyonnais agrémentent leurs fenêtres de lumignons et la tradition s’est poursuivie sans interruption jusqu’à aujourd’hui.

0,1% de la consommation annuelle d’énergie

Place des jacobinsChaque année, la ville est illuminée par ses habitants. Tous sont très attachés à cette fête, d’autant plus qu’elle signifie l’entrée de la ville dans les fêtes de fin d’année. Cette date est généralement le signe qu’il faut acheter sapins de Noël, boules de verre et autres guirlandes éclatantes.

La Mairie de Lyon a cependant adapté cette fête religieuse aux exigences de notre temps, et en a fait la vitrine au combien visible de la ville. C’est désormais un dispositif gigantesque qui est installé chaque année pendant quatre jours. En 2002, la Ville a créé l’association LUCI (pour Lighting Urban Community International). Cette organisation qui regroupe désormais 64 villes du monde entier vise à mettre en valeur le rôle que tient l’éclairage dans le développement d’une ville. Vaste lieu d’échange entre cités, LUCI a d’abord été créée pour l’installation de la fête des Lumières. Grâce à elle, les quatre jours de réjouissances ne brûlent que 0,1% de la consommation annuelle d’énergie.

328 sites mis en lumière pour une facture de 3000 euros

Les lampes à incandescence, mangeuses boulimiques d’énergie, ont été remplacées par des LED, à la consommation très basse. Les matériaux utilisés sont pour la plupart recyclables, et la puissance des lanternes a été réduite de 40%. Ainsi, chaque année, la facture d’électricité s’élève à moins de 3000 euros, alors que le nombre de sites mis en lumière est passé de 107 à 328 depuis 1989. Une grande partie des éclairages mis en place pour le huit décembre reste généralement durant toutes les fêtes de Noël.

Si la réputation de cet événement n’est plus à faire tant les visiteurs se bousculent pour y participer, le but de la Ville de Lyon est désormais de promouvoir son côté écolo. C’est l’objet même de l’existence de LUCI, et de la décision de rendre permanentes certaines illuminations. La Manufacture des Tabacs est ainsi constamment illuminée de milles couleurs dès que la nuit s’installe. La halte ferroviaire de Jean Macé est incessamment teintée d’un bleu électrique. La tour TDF, petite tour Eiffel, qui culmine à la droite de la basilique de Fourvière, s’illumine de jaune or chaque soir. Une ville entière mise en beauté pour seulement onze euros par habitant et par an. Le prix est bas pour un tel résultat.

Ligue des Champions (3e J) : Lyon confirme, l’OM décolle

La Ligue des Champions a animé le milieu de semaine sur le Vieux Continent. Lyon réalise un sans-faute, l’Olympique de Marseille retrouve l’espoir d’une qualification et Auxerre poursuit son chemin de croix… Bilan après trois journées.

Dans un groupe largement à sa portée en tant que tête de série, l’Olympique Lyonnais n’a pas tremblé avec une troisième victoire en autant de journées. Face l’adversaire le plus difficile en théorie, le Benfica Lisbonne, les Lyonnais ont glané une belle victoire 2 à 0 avec des buts de Jimmy Briand et Lisandro Lopez. « Du beau, du bon, du Lyon » résume L’Equipe à sa Une ! Pas trop d’inquiétudes donc pour l’OL… En revanche, pour qu’un second club l’accompagne en 1/8e de finale, la route reste longue.

L’OM ouvre son compteur

Le club le mieux placé, Marseille, s’est relancé dans sa poule avec une première victoire face aux slovaques de Zilina (1-0) au Vélodrome grâce à un but sur corner de Diawara en début de seconde mi-temps. La victoire de Chelsea à Moscou (0-2) fait les affaires de l’OM mais le niveau de jeu de l’équipe phocéenne reste inquiétant. La défense semble avoir retrouvé sa solidité mais l’attaque pêche dans l’animation offensive avec un Gignac moyen et en manque de repères. Ces trois points doivent être bonifiés lors de la prochaine journée en Slovaquie et la qualif’ devrait se jouer face au Spartak dans le froid moscovite… dure tâche pour les Olympiens !

…Auxerre presque éliminé

En revanche pour le troisième club français engagé en Champion’s League, l’AJ Auxerre, la situation est très compromise. Dans le « groupe de la mort » comprenant le Real Madrid, le Milan AC et l’Ajax, l’AJA reste scotché au sol avec 0 point et même la 3e place, synonyme d’Europa League, va être dure à accrocher. La défaite de mardi à Amsterdam 2 à 1 compromet fortement les chances d’Auxerre qui laisse beaucoup de plumes sur la scène européenne et qui doit aussi combiner avec une situation difficile en championnat.

Logo de la Ligue des Champions

En bref dans les autres rencontres, les gros bras européens ont sorti les muscles. Dans le choc de la 3ème journée, le Real a battu le Milan AC 2 à 0 ; même score pour l’ennemi juré de Madrid, le FC Barcelone qui a vaincu Copenhague dans la douleur. Les Anglais ne sont pas en reste avec les Londoniens d’Arsenal qui continuent leur promenade de santé avec une victoire 5 à 1 face au club ukrainien de Donetsk. Manchester United, dans une période difficile avec l’épisode Wayne Rooney, l’emporte à la minimale face aux modestes turcs de Bursaspor (1 à 0). A noter enfin la victoire du champion d’Europe intériste 4 à 3 face à Tottenham après avoir mené 4-0 à la mi-temps !

Guillaume De Stordeur

Les Girondins au pied du mur

Même si Laurent Blanc déclarait hier que « l’exploit est dans leurs cordes », les Girondins de Bordeaux auront fort à faire ce soir au Stade Chaban-Delmas. Vaincus 3-1 à l’aller face à une équipe de Lyon qui renaît de ses cendres en cette année 2010, les hommes de Blanc vont devoir marquer deux buts sans en encaisser pour accéder aux demi-finales de la Ligue des Champions.

Ne pas prendre de buts. Mission impossible ? Difficile à dire après la rencontre perdue face à Nancy (1-2), samedi dernier à domicile. S’il y a quelque chose qui ne roule pas tout seul ces temps-ci dans l’effectif bordelais, c’est bien sa défense.

Retrouver cette confiance

Ciani depuis sa sélection en équipe de France (la faute de Raymond ?) n’affiche plus la sérénité qui avait fait de lui un des défenseurs les plus efficaces d’Europe en ce début de saison. Avec un possible retour de Marc Planus (blessé depuis le 10 mars) qui s’est entraîné normalement lundi avec le groupe, Blanc retrouverait un des cadres de son équipe : enfin une bonne nouvelle. Cela permettrait au technicien cévenol d’aligner aux côtés de Diarra, le jeune Sané plus à l’aise dans l’entrejeu qu’en défense centrale.
Cette charnière doit retrouver sa confiance pour être efficace. Le retour du capitaine Alou Diarra (suspendu à l’aller), auteur d’un bon match samedi dernier, pourrait insuffler cet esprit de sérénité qui a cruellement manqué à ses coéquipiers au match aller. Les Marine et Blanc pourraient ainsi renverser la tendance et pourquoi pas créer l’exploit ce soir à Chaban-Delmas. Tout est possible, c’est ça le football.

Les Lyonnais ont une forme olympique

De son côté, l’Olympique lyonnais sera privé de Lisandro Lopez et de son capitaine Sidney Govou, tous deux suspendus. Bafétimbi Gomis devrait donc évoluer en pointe. Contrairement aux Bordelais, les Lyonnais sont sur une bonne dynamique en 2010 puisqu’ils n’ont perdu qu’une seule rencontre face à Marseille (2-1 lors de la 29e journée). Le weekend dernier, ils sont allés battre Rennes chez eux, chose difficile. Ils viennent en Gironde pour marquer ce petit but qui rendrait les affaires de Bordeaux très très compliquées. En effet, en cas de but lyonnais, les Girondins devraient marquer plus de trois buts pour être qualifiés.
Au niveau de l’enjeu , les hommes de Puel sont à quelques mètres de cette demi-finale. La pression accumulée ne pourrait-elle tout bonnement leur exploser à la figure ? Si c’était le cas, le président lyonnais Jean-Michel Aulas serait inconsolable, lui qui attend ce moment depuis une décennie.

Une rencontre explosive

Au total, sur notre droite, nous avons une équipe lyonnaise en forme qui va devoir assurer. Sur notre gauche, une équipe bordelaise en panne de confiance et de réussite. Mais comme le soulignait très justement Marouane Chamakh aux caméras de Stade 2 dimanche dernier, « c’est lorsque nous sommes au pied du mur que nous sommes meilleurs ». Ce qui nous donne un beau quart de finale en perspective où chacun aura sa chance. Que le meilleur gagne.