La rentrée des classes

La page est tournée. La terrible déconvenue de l’équipe de France à l’Euro 2008 oubliée. Raymond Domenech confirmé dans ses fonctions, la Fédération française a profité de sa rentrée des classes, à l’occasion de la présentation de la sélection qui affrontera la Suède le 20 août, pour présenter son nouveau projet et ses nouvelles orientations. Un bel exercice de communication et beaucoup de vide.

Devant le parterre habituel des journalistes sportifs, c’est un Raymond Domenech bronzé et souriant qui s’est présenté, en compagnie de Jean-Pierre Escalettes (président de la fédération), pour annoncer une sélection rajeunie : un peu plus de 25 ans de moyenne d’âge. Lilian Thuram désormais retraité, Raymond la Science n’a pas pu échapper à la sélection de Philippe Mexes, réclamée de longue date par l’ensemble des spécialistes du football français. Aucune grande surprise par ailleurs. Seul l’appel de Rod Fanni intrigue. « Il joue à un poste un peu sinistré. Il a des capacités, de la puissance athlétique et il était intéressant de le voir en situation de responsabilités », a expliqué le sélectionneur français. Même raisonnement du côté des gardiens. Frey et Coupet ne figurent ainsi pas dans la liste, remplacés par les portiers prometteurs de Lyon et Marseille, Lloris et Mandanda. L’ultime rempart marseillais part avec une longueur d’avance sur son concurrent du fait de son expérience au dernier Euro, du moins « pour le moment ». Domenech nuance cependant : « Les deux autres (ndlr: Coupet et Frey) ne sont pas prêts. La vérité viendra en septembre. » La sélection du jeune espoir Yoann Gourcuff, le nouveau meneur de jeu girondin, est moins surprenante. « Maintenant qu’il joue dans un grand club », a ironisé le sélectionneur. « Maintenant qu’il joue régulièrement … », a aussitôt corrigé le président de la Fédération. Si l’absence d’Abidal est justifiée par sa suspension, aucun « vieux » n’est a priori exclu. « Tous les joueurs sont sélectionnables, de 18 à 42 ans », rappelle l’entraîneur tricolore. Makélélé et Coupet sont prévenus!

Un « staff France » remanié

Mais si évolution il y a, ce n’est pas sur le terrain qu’il faut la chercher. Abondamment critiquées en juin dernier, la communication du « club France » ainsi que le staff vont subir quelques remaniements. Le docteur Jean-Pierre Paclet, mis en cause dans le diagnostic de la blessure de Patrick Vieira sera remplacé, du moins en Suède, par le docteur Alain Simon, ancien médecin du PSG. Ce dernier devrait être confirmé par le prochain conseil fédéral qui se tiendra fin août. La principale nouveauté vient du staff technique avec l’arrivée de l’ancien champion du monde 98, Alain Boghossian. Pressenti depuis plusieurs semaines, le récent diplômé d’un DEPF, intègre la Direction technique nationale et arrive comme second adjoint de Domenech aux cotés de Pierre Mankowski. « On a ressenti le besoin d’avoir un technicien en plus. Alain va apporter sa fraîcheur et son vécu du monde professionnel », consent le sélectionneur, qui a mis un terme à la rumeur Barthez en confirmant Bruno Martini dans ses fonctions d’entraîneur des gardiens. Pas de changement fondamental donc dans le fonctionnement technique de l’équipe de France. L’accent ayant été porté sur l’aspect extérieur au terrain, tout aussi défaillant lors du dernier Euro.

Inculquer une éducation civique aux plus jeunes

Cette rentrée des classes, première étape de la phase de reconstruction annoncée lors du dernier conseil fédéral, sent le vide. Beaucoup de paroles, peu de concret. « Un bouleversement total dans l’organisation aurait été néfaste au souci de continuité qui s’imposait », se défend Jean-Pierre Escalettes. Néanmoins, la fédération a « pris conscience des nombreuses améliorations qui s’imposaient ». Elle veut instaurer « un vent nouveau ». Notamment dans la relation entretenue entre l’Equipe de France A, les médias et son public. Pour se faire, un nouveau responsable de la stratégie de communication du groupe France a été nommé : Pierre-Jean Golven. Il a ainsi été chargé de choisir une structure gérant l’image et la communication de l’équipe préférée des français afin « de renforcer les atouts de l’Equipe de France et la fierté nationale ». L’unique mesure concrète prévue et annoncée est le programme « Culture Bleus ». Il vise les équipes de jeunes, lesquelles seront soumises à des cours d’éducation civique, d’histoire de la sélection et à l’apprentissage de la Marseillaise. Vaste programme qui se déroulera, logiquement, à Clairefontaine. Les premières séances sont attendues fin aout, avec l’équipe des moins de 16 ans, sous le parrainage de Lilian Thuram. L’ancien défenseur international donnera d’ailleurs son nom à cette première promotion.

Beaucoup de promesses

Pour le reste, il faudra revenir. L’idée d’un manager général coordonnant les différentes sélections a été évoquée mais ni son rôle ni son nom ne sont encore à l’ordre du jour. « C’est le sujet le moins urgent », justifie Escalettes. De même, la fédération souhaite renforcer la relation avec les médias, fortement critiquée également lors de la bunkerisation tricolore en Suisse, mais selon quelles dispositions ? Le patron du foot français a aussi développé l’idée d’une charte que les joueurs sélectionnés devront signer et respecter. Bien entendu, la charte n’est encore qu’un projet et son contenu flou.

Beaucoup d’annonce pour pas grand-chose. Enfin si, un passionnant match amical du mois d’aout qui devrait présager du futur visage de l’équipe chargée de se qualifier pour le Mondial 2010 et de laver l’affront d’un Euro cauchemardesque.

Le crépuscule d’un bref numéro 1

Relayé deuxième dans la hiérarchie des gardiens derrière Barthez en 2006, Grégory Coupet a disputé avec cet Euro 2008, sa seule et unique compétition en tant que gardien titulaire des Bleus. Fraîchement auréolé d’un doublé avec l’Olympique Lyonnais, comme ses partenaires, il n’a pas été au niveau de ce championnat d’Europe. Retour sur l’un des nombreux fiascos de cette équipe de France.

Grégory Coupet n’aura disputé que trois rencontres d’une compétition internationale comme gardien titulaire de l’équipe de France: aucune victoire, six buts encaissés et dernière place du groupe derrière la Roumanie. La défaite française contre l’Italie a mis de nombreux « anciens » à la retraite, internationale du moins. Le moins prestigieux d’entre eux est le gardien lyonnais. Six buts encaissés en trois matches pour le successeur de Fabien Barthez. Responsable sur au moins deux buts hollandais lors de l’historique déculottée subie contre les hommes de Marco Van Basten, il n’a pas été à la hauteur de l’événement. Comme une grande majorité du navire Bleu, Coupet a coulé. Pas franchement rassuré par une défense aux abois (erreurs de Thuram et Abidal, lenteur de Sagnol), le gardien de 36 ans n’a pas non plus rassuré même s’il s’est repris contre l’Italie.
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Longuement blessé en début de saison, ses bourdes, inhabituelles, à son retour, avaient déjà laissé perplexes. Le portier s’énervait alors : « J’avoue que certaines interrogations que j’ai entendues ou lues ces derniers temps dans les médias à mon sujet, comme sur celui de la hiérarchie des gardiens en France, m’agacent un peu. Tu as l’impression que certains savent tout, qu’ils peuvent tout expliquer… » La hiérarchie a bien été respectée, à l’exception de Michaël Landreau. Parti brièvement du stage de préparation à la coupe du Monde 2006 à Tignes, mécontent d’être coiffé sur le poteau par Barthez, Coupet bénéficiait de la confiance totale du sélectionneur avant cet euro austro-suisse. Une joie à la hauteur de la déception.

Malgré l’échec et l’âge, Coupet se verrait bien continuer en Bleu

L’origine du mal se trouve peut-être dans ce manque de réelle concurrence au poste. Du moins, aux yeux de « Raymond la science ». En 1998, 2000 et 2006, la France avait pu compter sur un grand gardien. Capable de gérer l’énorme pression de la concurrence de Bernard Lama d’abord, puis de Grégory Coupet ensuite, Barthez avait su se transcender dans ces conditions et affirmer sa légitimité. Il aura peut-être manqué cette concurrence à Coupet. Un grand gardien ne le laissant pas dormir sur ses deux oreilles, un concurrent capable de frapper à la porte et de permettre au dernier rempart tricolore de se dépasser. Eliminé après le premier tour et seulement trois matches, Coupet n’aura guère eu le temps de goûter aux joies et à l’adrénaline du haut niveau international. Triste fin à 36 ans pour un gardien au palmarès exceptionnel (sept titres de champions de France avec l’OL), au summum de sa superbe en 2006 … Place désormais à Frey, Mandanda et autres Lloris. Pourtant, Greg’ se verrait bien continuer, comme il l’annonçait à l’issue de l’élimination contre nos voisins transalpins. « Je pense également que cette équipe est une équipe d’avenir. Est-ce que je m’inscris dans cet avenir ? Je voudrais bien, mais ce n’est pas moi qui décide. » Il n’est pas certain que le prochain sélectionneur voit l’avenir du même œil. Dans l’optique de la préparation de la coupe du Monde 2010, il parait plus judicieux de préparer la relève.

La retraite, le PSG, ou l’Amérique ?

Quel avenir désormais pour le futur ex-gardien rhodanien de 36 ans ? Après avoir annoncé son départ du club de Jean-Michel Aulas au terme de la finale de la coupe de France remportée contre le Paris-Saint-Germain, Coupet souhaiterait continuer à jouer. Mais son avenir semble désormais plutôt flou. Un temps annoncé à Tottenham, le club anglais semble désormais pencher pour Heurelho Gomes, le gardien brésilien du PSV Eindhoven. Charles Villeneuve, le nouveau président du PSG, qui ne voue pas une grande confiance à Landreau, avait aussi pensé au portier formé à Saint-Etienne. Depuis la piste s’est refroidie. Adieu l’Europe, bonjour les Etats-Unis ? La solution la plus sérieuse emmènerait Coupet outre-Atlantique. Il en rêve et les Américains ne sont pas avares d’anciennes stars du Vieux Continent. Le rêve bleu envolé, place pour Coupet au « rêve américain » ?